Entretien accordé par le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères D. Kourkoulas sur Radio France International et à la journaliste Colette Davidson (20/4/2013)

Journaliste : Quel est le rôle de la Grèce en Méditerranée ?

D. Kourkoulas : La Grèce se trouve à un endroit géopolitique crucial, au carrefour de trois continents et a une position clé en tant que membre de l’UE, qui a des frontières communes avec le Moyen-Orient. La Grèce a toujours été l'un des premiers pays à participer à des initiatives européennes pour promouvoir les relations entre les pays de la région. Et elle continuera de participer à ces initiatives, car tout ce qui arrive en Méditerranée influencera l'avenir de l'Europe.

Journaliste : Pensez-vous que la Grèce devra renégocier son rôle au sein de l’Europe après la crise ?

D. Kourkoulas : Il est désormais manifeste que la crise n’était pas une crise grecque seulement, mais une crise de l’euro. C’est pourquoi, l’Europe essaie d’apporter une solution, par le biais du renforcement des institutions de la zone euro, afin qu’elle puisse relever de tel défis. Nous avons perdu 20% du PIB, le taux de chômage est élevé. Mais pour la première fois après de nombreuses années, nous afficherons cette année un excédent primaire, nos exportations sont dynamiques et augmentent et le tourisme devrait atteindre des niveaux record. Il y a donc des signes positifs et toutes les réformes qui ont été appliquées jusqu'à aujourd'hui produisent des résultats en rendant l’économie plus compétitive.

Journaliste : En France, François Hollande met l’accent sur la croissance, alors qu’en Allemagne, Angela Merkel met l'accent sur l'austérité. Où se positionne la Grèce ?

D. Kourkoulas : Notamment après notre expérience acquise au cours de ces quatre dernières années, nous pensons qu’il est dans l’intérêt de tous les Etats européens de prendre des mesures et des initiatives en faveur de la croissance. La discipline budgétaire est importante car on ne peut parvenir à la croissance en accumulant des déficits. D’un autre côté, toutefois, on ne peut réaliser les objectifs de discipline budgétaire sans croissance. On doit donc trouver un équilibre. L’UE doit prendre des initiatives dans ce sens. Nous sommes sur la même longueur d’ondes avec le gouvernement français quant à la nécessité de prendre de telles mesures sans plus tarder pour remédier notamment au chômage des jeunes et relancer la croissance.

Journaliste : En ce qui concerne la croissance, quels sont vos plans pour l’avenir ?

D. Kourkoulas : Nous espérons qu’après six années de récession, notre pays pourra revenir sur des rythmes positifs l’année prochaine ; cela dépend toutefois du climat économique qui prévaudra dans les autres pays de la zone euro qui sont nos plus grands partenaires. Nous accélérons par ailleurs le programme de privatisations et le marché du travail enregistre une plus grande flexibilité. Je pense que toutes ces mesures nous permettrons de stimuler la croissance.

Journaliste : Quelle est la position générale des Grecs après une année passée qui s’est avérée particulièrement difficile ?

D. Kourkoulas : Je pense que les Grecs ont fait preuve d'une grande responsabilité. Leur vie a été fortement influencée mais ils ont fait preuve de maturité et de patience. Ils attendent maintenant de voir le bout du tunnel. Ils ont tiré les leçons de leurs erreurs et ne souhaitent pas les répéter. Nous réorganisons le secteur public, nous luttons contre l'évasion fiscale, nous  prenons des mesures pour lutter contre la corruption, nous créons un climat plus favorable pour les entreprises. D’ores et déjà des progrès ont été réalisés et les investisseurs reviendront.

April 22, 2013