Extraits du discours prononcé par Dimitris KOURKOULAS, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères lors d’une conférence organisée par MEDEF sur le thème « L’Europe que veulent les entreprises » (Paris, 20.04.14)

•    L’Europe sort d'une crise financière et économique très sévère. La construction institutionnelle européenne et surtout la zone euro n’étaient pas bien préparées. Elles ne disposaient pas des instruments efficaces nécessaires pour y faire face.
•    Lorsque la crise à éclaté aux Etats-Unis en 2008, nous avons sous-estimé les risques de contamination et par conséquent, nous avons tardé à développer une réponse cohérente à la crise.
•    La crise a clairement montré les lacunes du cadre institutionnel de la coordination macroéconomique au sein de la zone euro, et les faiblesses de leur mise en œuvre.
•    L’exemple de mon pays, la Grèce, est très lucide. Après l'accession dans la zone euro, la Grèce, qui était une économie à base productive très faible, avec des déficits temporels dans le compte courant et le commerce extérieur, a vu son endettement étatique augmenter énormément à cause d’un accès facile aux marchés financiers avec des taux d’intérêt très bas. Ceci a conduit à un laxisme qui a continué malgré les signes inquiétants de récession de 2008.
•    Malheureusement les mécanismes de contrôle au niveau européen n’étaient pas assez efficaces pour éviter, en temps utile, une détérioration rapide de la situation.
•    Les risques d’une désintégration de la zone euro ont poussé l’UE à réagir d’une façon déterminée en choisissant des chemins innovants. D’ailleurs, on a pris conscience que la zone euro est loin d’être une zone optimale.
•    Il y a d’autres domaines, au niveau de l’Union bancaire et de la gouvernance économique sur lesquels l’Europe devrait mettre l’accent, à commencer par la politique industrielle. Le Conseil Européen du mois de mars a déjà donné des orientations dans le domaine de la politique industrielle et de la politique de l’énergie et du changement climatique.
•    Je voudrais rappeler que suite à la présentation de la communication de la Commission « Pour une renaissance industrielle européenne », le Conseil de Compétitivité du 20 et 21 février 2014 a souligné l'importance capitale que revêt l'industrie pour la croissance économique en mettant l'accent sur la mise en œuvre des initiatives proposées par la Commission.
•    Le Mécanisme de résolution unique pour les banques constitue la base d’une vraie union bancaire et le point de départ pour la stabilité du système bancaire européen. Les inégalités au niveau du financement vont être réduites. Les inégalités du prix de l’énergie seront aussi abaissées avec la mise en œuvre d’une politique énergétique plus forte.
•    Ensuite, le Conseil Européen du 20 et 21 mars 2014 à mis l’accent en particulier sur les politiques visant à renforcer la compétitivité, à soutenir la création d’emplois et à lutter contre le chômage, en particulier chez les jeunes, ainsi que sur le suivi des réformes destinées à améliorer le fonctionnement des marchés de travail. Le Conseil a évalué aussi la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020 et a répété que l’objectif pour une croissance intelligente, durable et inclusive demeure essentiel. Enfin, les Chefs d’Etats et de Gouvernements ont décidé en mars dernier d’intégrer la question de la compétitivité dans tous les domaines d’action de l’UE.
•    L’UE contribue de son coté par son budget pour un meilleur usage des instruments de l’UE tels que le programme Horizon 2020 ; le mécanisme pour l’interconnexion en Europe, les fonds structurels et d’investissement européens et le programme COSME ; ainsi que les instruments financiers fondés sur le marché et d’autres instruments financiers innovants afin de renforcer la compétitivité et l’accès des PME au financement. 100 milliards d’euros de fonds structurels sont prévus dans le Cadre financier pluriannuel 2014-2020.
•    La mise en œuvre de la Stratégie Europe 2020 est importante. Il faut cependant regarder plus loin. Nous soutenons aussi le Cadre 2030 pour le climat et la politique énergétique.
•    Nous espérons que les avancés au niveau européen aussi bien dans le cadre de l’Union bancaire que dans le cadre de la compétitivité de l’économie européenne vont apporter des résultats tangibles.
•    Force est de rappeler que l’industrie européenne reste malgré tout compétitive. Cela est confirmé par un excédent commercial très important presque dans tous les secteurs de l’industrie, sauf les matières premières et l’énergie. Il faut aussi saluer l’effort notable fait par certaines de nos entreprises industrielles qui investissent dans l’innovation et se dirigent vers de nouveaux marchés. C’est un signe de dynamisme et de capacité non seulement pour les grandes mais aussi pour les petites et moyennes entreprises.
•    Ce sont les entreprises et plus spécialement les entreprises industrielles qui doivent contribuer pour leur part au développement économique. Il incombe aux autorités nationales et européennes de créer un environnement favorable pour les entreprises. Les entreprises et les autres partenaires sociaux doivent assumer leur part de responsabilité. Je note avec intérêt les initiatives du MEDEF pour faire face aux exigences posées par le Pacte de stabilité.
•    Les prochaines élections européennes peuvent donner le signal pour une nouvelle ère de la vie économique de l’UE, avec moins de scepticisme et beaucoup plus de participation.
•    Notre époque ne justifie plus d'un retour au passé. Notre époque mondialisée nous oblige à réagir avec la responsabilité et la conscience de notre place dans l’histoire économique non seulement de notre continent mais aussi du monde entier.
•    L’année 2014 marque le centenaire de la Première guerre mondiale et nous rappelle l’apport historique de l’intégration européenne à la paix et la prospérité de notre continent. Je suis persuadé que 2014 sera aussi l’année de la sortie définitive de la crise pour l’Union européenne.

April 24, 2014