Cher Dmytro,
Je vous remercie de m'accueillir aujourd'hui ici à Kiev, dans des circonstances vraiment uniques. Cette grande ville, ainsi que le reste du pays, subit quotidiennement des attaques violentes, ce qui a comme conséquence que des dizaines de personnes innocentes non armées trouvent la mort et sont blessées.
La Grèce condamne ces attaques dans les termes les plus forts. Permettez-moi de dire que ces attaques constituent des crimes de guerre.
C'est ma troisième visite en Ukraine depuis le début de la guerre. J'ai visité Odessa deux fois, comme Dmytro le sait déjà. Une ville liée à l'histoire grecque et à la communauté grecque d'Ukraine.
Je dois dire que je considère également ma visite comme symbolique, car je suis ici aujourd'hui afin d'exprimer la pleine solidarité du gouvernement grec - le gouvernement du Premier ministre Mitsotakis - de la société grecque et du peuple grec au gouvernement ukrainien et au peuple ukrainien.
Je répéterai ici ce que je n'ai cessé de dire. Pour la Grèce, le respect du droit international, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les pays est le « saint évangile » de notre politique étrangère. Dès le premier jour, nous avons condamné l'invasion russe en Ukraine. Nous ne reconnaissons pas l'annexion illégale des régions de l'Ukraine.
Nos peuples sont liés par une longue histoire d'interaction pacifique. Depuis des siècles, les Grecs sont présents surtout sur les rives de la mer Noire. Dans des villes comme Odessa, comme Marioupol, qui a un nom grec, la ville de Marie, de la Vierge Marie. Odessa a été le lieu de naissance de la société secrète « Filiki Eteria » qui a contribué à la guerre d'indépendance grecque, avec le symbole « Eleftheria i Thanatos », « La liberté ou la mort », que Dmytro vient de répéter et qui représente l'effort actuel du peuple ukrainien et de la société ukrainienne.
Tout d'abord, je dois dire que la Grèce est également fortement engagée en faveur de l’établissement des responsabilités pour les crimes de guerre. J'ai envoyé une lettre pertinente au Procureur de la Cour pénale internationale et je me suis moi-même rendu à La Haye. Nous n'oublierons jamais les crimes commis à Marioupol. Dans nos efforts pour aider l'Ukraine, nous soutenons sans équivoque la décision du Conseil européen d'accorder à l'Ukraine le statut de pays candidat à l'UE. Nous avons également proposé le port d'Alexandroupolis comme plaque tournante pour les Alliés qui souhaitent envoyer de l'aide à l'Ukraine. Et bien sûr, nous appliquons toutes les sanctions contre la Russie.
Nous avons également répondu efficacement aux besoins de dizaines de milliers de citoyens ukrainiens cherchant à fuir la guerre. Et je voudrais remercier Dmytro pour avoir reconnu cela.
Et nous sommes prêts et travaillons ensemble pour la promotion de la candidature du centre historique d'Odessa pour inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Je dois également remercier profondément et du fond du cœur l'Ukraine pour avoir soutenu la candidature de la Grèce à un siège au Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2025-26.
Cher Dmytro,
Personne ne peut mieux vous comprendre que les Grecs. Car les Grecs ont aussi un grand voisin à l'Est. Un voisin qui a lancé une menace de guerre, un casus belli, contre nous. Un voisin qui appelle à la démilitarisation de notre territoire, tout en rassemblant des forces importantes juste en face de nos frontières. Un voisin qui prétend illégalement qu'une partie de notre territoire lui appartient. Un voisin qui répète sans cesse qu'il peut venir soudainement la nuit. Un voisin qui déclare que si nous ne nous plions pas à ses désirs, nous connaîtrons le sort de l'Ukraine.
Cher Dmytro,
Notre réponse est très simple dans tous les cas.
Nous soutenons l'Ukraine.
Nous sommes aux côtés de l'Ukraine.
Merci beaucoup de m'a avoir accueilli ici aujourd'hui.
JOURNALISTE : Au cours des derniers mois, nous vivons en Grèce sous une réelle menace de guerre. Concernant la Grèce, avez-vous un message spécifique à envoyer à Ankara depuis ici ? Et votre visite ici symbolise-t-elle quelque chose de plus?
N. DENDIAS : Tout d'abord, ma visite ici est symbolique dans le sens où je voudrais manifester le soutien de notre gouvernement et de notre société au peuple ukrainien et à la société ukrainienne qui se bat pour sa liberté.
Mais elle a également une signification plus générale. La société ukrainienne et le peuple ukrainien, dans leur effort, luttent contre tout gouvernement autoritaire qui attaque les pays étrangers et tente par la force de modifier les frontières internationalement reconnues. Et nous sommes totalement opposés à tout récit de ce type. Donc, une victoire de l'Ukraine signifiera une victoire du droit international contre la force, contre la force brutale. Et cela s'applique à tous ceux qui copient les arguments utilisés par la Russie dans son effort pour assujettir l'Ukraine.
JOURNALISTE : Concernant les véhicules blindés BMP-1 40, la partie allemande n'a pas encore confirmé le début du cercle d'échange. Pourriez-vous préciser les termes de l'échange entre l'Allemagne, l'Ukraine et la Grèce et nous dire s'il y a d'autres développements à cet égard?
N. DENDIAS : Eh bien, je préférerais ne pas parler d'échanges d'équipements militaires en public, mais j'ai informé mon collègue en privé de la situation, sur instruction directe de mon Premier ministre.
JOURNALISTE : Nous, ainsi que les Ukrainiens ici présents, assistons au meurtre de civils et à des moments très difficiles, mais, vous, M. Dendias, avez également parlé des menaces auxquelles notre pays est confronté. J'aimerais donc savoir si vous pensez que la position de Poutine et de la Russie envers l'Ukraine présente des similitudes avec la position de la Turquie envers la Grèce.
N. DENDIAS : Tout d'abord, je voudrais vous dire que je suis choqué par ce dont j'ai été témoin aujourd'hui à Kiev, à savoir une grande ville attaquée et la mort de civils - c'est-à-dire de cibles non militaires. Ceci, à notre avis, mais aussi à l'avis de tout être humain et selon le droit international, constitue un crime de guerre.
En dehors de cela, dans ma déclaration initiale, j'ai souligné un par un les éléments de similitude entre ce à quoi la société grecque est confrontée aujourd'hui et ce à quoi l'Ukraine était confrontée avant l'invasion. J'espère toutefois que les succès ukrainiens et la défaite du récit révisionniste serviront d'exemple à ceux qui croient pouvoir ignorer le droit international. Et cela est valable pour toute l'humanité.
October 19, 2022