Allocution du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors de la conférence de l'Economist intitulée « Europe in times of unrest: taking the vision of unity and solidarity to the next level » (Thessalonique, 08.09.2022)

Monsieur le Président,
Vos Excellences, Mesdames et Messieurs,

C'est un grand honneur et un plaisir pour moi d'être ici ce soir pour m'adresser à vous en présence d'un grand ami de notre pays et ancien président d'un grand pays ami.

Car je pense que nous savons tous très bien que les liens entre la France et la Grèce sont très anciens. Tous les enfants grecs qui terminent leur scolarité savent très bien qui était l'amiral De Rigny, ce que nous lui devons pour le succès de la révolution grecque. Tous les diplômés de l'université grecque savent bien qui est le général Maison, qui a chassé les troupes ottomanes de Grèce à l'époque de Kapodistrias. Et étant ici à Thessalonique, je ne peux que dire que nous savons tous qui était le général Sarrail, qui était ici dans cette ville lorsque les soldats grecs et français se sont battus côte à côte pendant la Première Guerre mondiale. Et bien sûr, nous avons combattu ensemble pendant la Seconde Guerre mondiale. Les plus anciens se souviennent des coupures de journaux après la visite du Général De Gaulle en Grèce et sa rencontre avec Konstantinos Karamanlis en 1963. Et bien sûr, Monsieur le Président, je m'adresse à vous pour vous dire, au nom du gouvernement grec, mais je pense aussi au nom du peuple grec et de la société grecque, que nous n'oublions pas l'aide que vous nous avez apportée.

La solidarité et l'unité que vous avez enseignées, Monsieur le Président, sont des éléments dont nous avons besoin, malheureusement, encore plus en Europe aujourd'hui. Afin de relever les  défis modernes et faire face aux forces du révisionnisme qui émergent à nouveau au XXIe siècle. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a été une énorme épreuve pour l'édifice européen. Et elle continue de l'être. Mais de cette épreuve, comme de toutes les autres crises, l'édifice européen sort renforcé.

Notre patrie, la Grèce, a contribué à cet effort en agissant avec discernement, comme lui imposent ses principes, ses valeurs et ses positions fermes. Des positions qui sont toujours compatibles avec le droit international.

C'est dans ce même contexte que nous faisons face au défi énergétique. Et je pense qu'ici, à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, c'est peut-être l'endroit approprié pour se référer à cela. Les gazoducs, le TAP, l'IGB sont des éléments permettant de relever ce défi. Ils prouvent l’esprit perspicace de notre pays.

Mais les défis de notre époque pour l'Europe, pour l'édifice européen et pour notre pays ne viennent pas seulement du Nord. Malheureusement, ils viennent aussi de l'Est. Mesdames et Messieurs, ces derniers jours, nous avons assisté à une intensification considérable des provocations de la Turquie à l'égard de la Grèce. Et à une aggravation qualitative incroyable et inédite de ces provocations qui constitue une menace directe pour l'intégrité territoriale, pour l'existence même de notre patrie. Nous n'avons encore jamais entendu quelqu'un remettre en question le caractère grec des îles de la mer Égée. Et permettez-moi de répéter ici à Thessalonique ce que j'ai dit ce matin au Parlement grec, en présentant le protocole d'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Alliance de l'Atlantique Nord.

Notre pays, notre peuple, notre société, ne sont pas découragés par ces menaces. Notre pays, notre peuple, notre société, rejettent ces menaces. Et nous appelons nos alliés, nos amis et les membres de notre famille européenne à comprendre l'ampleur du défi auquel notre pays est confronté.

Monsieur le Président, j'ai également eu le plaisir de recevoir avant-hier à Athènes la ministre des Affaires étrangères de la République française, Catherine Colonna, et je lui ai répété que la Grèce compte sur l'aide française et que la Grèce compte sur la relation stratégique et l'alliance qu'elle a avec la République française.

Je veux donc dire clairement et à toutes les personnes concernées que notre réponse aux défis auxquels nous sommes confrontés est la réponse qui convient à une démocratie européenne moderne et forte. Une réponse qui rejette le révisionnisme d'où qu'il vienne. Une réponse qui rejette les concepts et les pratiques néo-ottomanes et se tourne vers un avenir européen commun d'unité et de solidarité.

Merci beaucoup.

September 8, 2022