C'est avec un grand plaisir que je me trouve aujourd'hui au Musée de la guerre pour que nous accueillions ensemble la publication d'un ouvrage historique hautement esthétique en trois volumes. Une œuvre de mon ami et collègue, Kostas Gioulekas.
Kostas Gioulekas a réussi à compléter une remarquable collection de publications de journaux grecs et étrangers. Journaux publiés pendant les années critiques, du début de la révolution grecque à la fondation de l'État grec (1821-1831).
Cet ouvrage est le résultat de nombreuses années de recherche scientifique, d'un travail laborieux.
L'idée d'aborder la révolution grecque et la régénération nationale à travers la presse de l'époque est une approche pionnière des événements. Et, bien sûr, cet ouvrage est maintenant à la disposition du public en tant qu'héritage historique.
Il met notamment en évidence le rôle du journalisme dans la lutte de l'Hellénisme pour son existence.
L’ouvrage comprend principalement en tant que documents d’archives des centaines d'articles et d'extraits de journaux accompagnés de commentaires de l'auteur, une chronologie détaillée des événements les plus importants et des extraits des mémoires des combattants de 1821.
Cela permet au lecteur de revivre, comme s'il était à cette époque, l'intensité de la lutte et de ressentir la charge émotionnelle des protagonistes, ainsi que la soif de liberté.
Et le lecteur ne peut qu'admirer la force de la presse qui mène finalement son propre effort, sa propre lutte pour se libérer du joug turc.
Chaque article contribue à la formation de l'identité nationale d'une nation en lutte. Des journaux manuscrits d'abord, comme l’ « Efimerida tou Galaxidiou », d'autres journaux imprimés, comme par exemple l’« Ellinikos Tilegraphos » publié à Vienne depuis 1812, le « Salpix Elliniki » qui est le premier journal imprimé publié à Kalamata depuis le début de la Révolution, le « Geniki Efimeris » qui est le journal officiel de l'administration, l’« Efimeris Ionion Nison » qui est publié dans ma ville natale de Corfou par les Anglais, mais aussi les journaux germanophones comme le « Leipziger Zeitung » et le « Wiener Zeitung ».
Tous ces éléments reviennent à la vie et entrent en contact avec le public grec par le biais d'élégants volumes et nous permettent de nous replonger mentalement dans ces temps où la liberté était assurée par le sang versé des Grecs, et reflétée dans les premières Constitutions.
Des jours de gloire mais, comme toujours dans l'histoire de notre peuple aussi des jours sombres. Les deux sont représentés grâce au grand effort de Kostas.
Nous constatons que la presse de l'époque met en avant la conscience collective des Grecs révolutionnaires et mûrit au fur et à mesure que la Révolution progresse. Elle va de pair avec l'histoire de la Révolution.
La constatation d'une telle qualité de presse présuppose l'existence et le respect du quatrième pouvoir à une époque et dans des circonstances où cela n’était pas évident, c'est-à-dire avant même la formation d'un État.
Il s'agit donc d'un élément qui renforce inconsciemment l'existence d'une entité et d'une société nationale et étatique. Il met également en exergue, de manière claire, efficace et évidente, la langue grecque. Ce n'était pas non plus une évidence à cette époque. Et ainsi, il crée une unité culturelle et met en évidence une continuité pour la nation.
En définitive, à travers cette œuvre, telle qu'elle est présentée, son auteur est mis en avant indirectement, comme c'est le cas pour toute entreprise humaine. A travers ce travail sont révélées les multiples qualités de Kostas, celles d'un homme politique, d'un juriste, d'un journaliste et d'un chercheur historique.
Kostas,
Je ne voudrais pas te faire part de mes félicitations de manière conventionnelle. Nous le ferons tous.
Je tiens à te féliciter solennellement pour l'effort que toi et les remarquables contributeurs de cette importante édition de collection avez fait pour livrer à la mémoire collective et à la société grecque d'aujourd'hui un produit qui est la preuve de notre continuité historique.
Je voudrais également souhaiter un bon parcours à cet ouvrage et espérer qu’il servira d’élan créatif pour les lecteurs actuels et futurs, pour les générations à venir. Pour les Grecs des générations futures qui souhaitent comprendre les événements et avoir un sentiment de continuité du parcours de notre nation.
Je voudrais vous dire, Mesdames et Messieurs, que le sentiment de continuité du parcours de notre nation est un sentiment étrange.
Et permettez-moi de vous dire que, dans ma carrière, qui n'est plus si courte, je l'ai ressenti le plus vivement avant-hier dans une salle d'Odessa où a commencé l'histoire dont nous parlons aujourd'hui : la révolution grecque et la lutte pour l'État grec moderne, telle qu'elle est reflétée dans cet ouvrage.
Merci beaucoup.
April 5, 2022