«Mesdames et messieurs,
Chers collègues,
Tout d’abord je voudrais vous souhaiter la bienvenue à Athènes. C’est un grand plaisir pour moi de vous voir tous ici aujourd’hui, notamment à l’heure où de longs débats politiques se déroulent dans nos capitales après les élections européennes. Mais justement le moment actuel est propice afin que les thématiques abordées aujourd’hui soient pertinentes.
Les élections européennes sont venues confirmer que l’Union européenne, notre foyer commun, se trouve dans une conjoncture cruciale et le Conseil des ministres à la croisée des chemins.
Les problèmes politiques résultant des élections pour le nouveau parlement européen sont les suivants :
La hausse de l’extrême droite ou même des questions en suspens liées aux nouveaux partis de l’extrême droite dans certains Etats membres.
La réflexion linéaire selon laquelle tout cela est la conséquence de la crise économique est erronée. Car il y a des Etats membres qui traversent une grave crise mais qui n’attestent pas de phénomènes similaires. Et, en outre, il y a des Etats membres qui ne sont pas gravement touchés par la crise mais qui, toutefois, sont témoins de ce phénomène. Par conséquent, nous devons étudier à fond les déplacements dans la stratification des sociétés européennes et les limites du comportement politique des citoyens européens.
Une Union européenne impersonnelle, bureaucratique devient une cible facile, au nom de la démocratie, de la souveraineté nationale et de la cohésion sociale. Nous constatons par conséquent l’existence d’un phénomène contradictoire : les valeurs fondamentales de l’UE qui sont des instruments pour la promotion de l’intégration européenne, deviennent des arguments hypocrites de l’extrême droite.
Deuxièmement, la hausse de l’euroscepticisme de toute sorte. Outre l’euroscepticisme politique nationaliste traditionnel, nous avons aussi l’euroscepticisme économique résultant des effets produits par les politiques européennes.
Troisièmement, l’angoisse évidente manifestée par de nombreuses sociétés européennes à l’égard de la politique économique. La demande fondamentale de croissance et de création d’emplois doit être adoptée par toutes les politiques concernées de l’Union et par les institutions de gouvernance économique elles-mêmes, tant de l’Union des 28 que de la zone euro. Les citoyens européens veulent que les politiques nationales et européennes combinées apportent les meilleurs résultats pratiques possibles pour eux-mêmes.
Par conséquent, le processus de sélection du nouveau Président de la Commission et la dotation en effectifs pour ce qui est des postes cruciaux au sein de la construction institutionnelle de l’Union, tels que le Président du Conseil européen, le Haut Représentant, etc., porte avant tout sur la reconnaissance du rôle renforcé du Parlement européen et les relations entre le Parlement et le Conseil européen, mais aussi sur l’interprétation en effet des résultats des élections européennes et sur notre perception de la réelle situation sociale et politique en Europe.
Cela concerne le rapport de forces européen, tels qu’il se reflète dans la composition du Parlement européen mais aussi les rapports intergouvernementaux qui, à leur tour, concernent les stratégies nationales immuables des Etats membres et les rapports politiques conjoncturels à l’intérieur des Etats membres.
Par conséquent, il faut en fait aujourd’hui formuler une narration intégrée pour l’Europe ce qui implique des accords entre les partis politiques européens mais aussi entre les Etats membres. Par ailleurs, il est tout à fait normal que cela soit lié aux évolutions politiques intérieures dans tous les Etats membres.
Par conséquent le processus de sélection du nouveau Président de la Commission européenne et tous les autres choix, est un processus crucial qui porte sur l’interprétation du Traité et la relation entre les organes.
Toutefois, le plus important est de procéder, avant ledit processus, à une interprétation intégrée de la situation en Europe et de prendre des décisions politiques sur le fond qui donneront une réponse aux angoisses et aux priorités des citoyens européens.
Les questions figurant à l’ordre du jour d’aujourd’hui ne visent pas à engager des débats sur d’éventuels changements du Traité.
Les traités en vigueur qui ont été conclus après une longue période de réflexion sont les plus appropriés pour le fonctionnement efficace des relations interinstitutionnelles et offrent des opportunités qui ne sont pas encore pleinement exploitées.
La Présidence hellénique opte pour une discussion sur le renforcement du CAG et sur la perspective d’arrangements interinstitutionnels portant non seulement sur leur dimension institutionnelle, mais notamment sur l’étude des choix en matière de politique.
L’UE a besoin du Conseil des Affaires générales en tant que forum de dialogue politique substantiel et les accords interinstitutionnels en tant que gardiens de l’équilibre institutionnel et du fonctionnement efficace de l’UE.
Nous vous avons d’ores et déjà transmis deux documents de consultation dans lesquels nous présentons nos réflexions concernant les deux questions à l’ordre du jour.
Nous attendons aujourd’hui vos commentaires afin que nous puissions élaborer un plan efficace capable d’apporter des résultats au cours des deux présidences suivantes ».
May 30, 2014