Allocution prononcée par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. E. Vénizélos devant les membres du Comité des représentants permanents des Etats membres de l’UE (COREPER) à Bruxelles (MAE, 22.05.2014)

Deputy Prime Minister and Foreign Minister Venizelos’ speech to Coreper Ambassadors during their visit to Athens (22 May 2014)« C’est avec un grand plaisir que je vous accueille tous à Athènes, au ministère grec des Affaires étrangères, à quelques jours des élections du Parlement européen et à quelques semaines de la fin de la Présidence hellénique du Conseil de l’UE.
La Grèce a assumé la Présidence dans une conjoncture critique pour notre foyer européen commun : en plein milieu de la crise la plus pire qu’a jamais connu l’Europe après la Seconde guerre mondiale, une crise à la fois économique et sociale.
Une crise qui a remis en cause les fondements mêmes de l’idée européenne et les certitudes européennes du passé : la crédibilité de l’Union et sa capacité de réaction ont été souvent remises en cause, tandis que la solidarité au sein de la famille européenne a été souvent mise à l’épreuve.

Nul part la crise n’a été ressentie de manière aussi directe et épouvantable qu’en Grèce. Mais maintenant il est clair que, grâce à la détermination et aux sacrifices du peuple grec, nous tournons une nouvelle page : la Grèce retourne à la normalité européenne, elle regagne sa place d’égalité au sein de l’Union européenne et de la zone euro.

Nous sommes parvenus à une adaptation impressionnante sans précédent. Un excédent primaire sans précédent. Un déficit budgétaire situé bien au dessous de la limite du 3% du Pacte de stabilité. Notre secteur bancaire a été recapitalisé. Il y a un mois, nous avons effectué un retour impressionnant sur les marchés internationaux. Et la viabilité de la dette publique a été confirmée.

Les changements structurels profonds que nous avons opérés dans le domaine de l’administration publique, du marché du travail, du système de sécurité sociale, de l’ouverture du marché et des professions, sont également impressionnants.

Mais la crise, mesdames et messieurs, est une crise européenne. Et devant ces défis extrêmement sérieux, nous assistons à une poussée de l’euroscepticisme et à des tendances extrémistes dans toute l’Europe.

Tous ici nous savons bien sûr qu’une Europe stable et prospère doit disposer d'institutions solides et capables de marginaliser les conséquences des idéologies extrémistes. Et, par conséquent, les efforts coordonnés que nous déployons sans cesse en vue de faire face à la crise de la dette et de son grave impact, doivent aller de pair avec le renforcement de la légalisation démocratique et l’obligation des instances européennes de rendre compte de leurs actes.

Il était donc, à notre sens, important d’exercer la Présidence en se fixant comme objectif de parvenir à des résultats pour ce qui est des dossiers qui requéraient toute notre attention : des questions d’intérêt immédiat pour les peuples européens et pour l’Union dans son ensemble, vu que notre Présidence doit accomplir son oeuvre au cours d’une législature d’une durée beaucoup plus courte.
Tout au long des quatre et demi mois de la Présidence hellénique, d’importantes questions législatives ont d’ores et déjà fait l’objet d’une négociation, ont été convenues et des accords y relatifs ont été conclus avec le Parlement européen.

Et au cours de ces deux derniers mois de la Présidence hellénique, nos efforts sont concentrés sur la promotion du débat, de l’élaboration et de l’adoption des textes d’importance majeure, tels que la Stratégie pour la sécurité maritime et les Lignes directrices stratégiques concernant l’évolution future du secteur Justice et Affaires intérieures (période de l’après Stockholm) qui constituent deux domaines de priorité pour la Présidence hellénique.

Notre principal objectif à ce jour a été de promouvoir l'oeuvre législative de l’Union d’une manière équilibrée au niveau de toutes les formations dans lesquelles siégeait le Conseil.

En mettant bien entendu l'accent sur les priorités déclarées de notre Présidence :

(A) Pour ce qui est de la croissance, de l’emploi et de la cohésion, nous avons essayé de :

•    Parachever la législation relative au Cadre financier pluriannuel qui est axé sur la croissance
•    Promouvoir le parachèvement des Actes I et II pour le Marché unique.
•    Soutenir l’augmentation du capital du Fonds d’investissement européen et de trouver des possibilités de financement alternatives en vue de renforcer la capacité d’emprunt des PME qui sont les principaux acteurs visant à créer des emplois au sein de l’économie européenne.
•    Lancer le débat sur le financement à long terme de l’économie.
•    Appliquer l’Initiative pour la Jeunesse en vue de créer des emplois pour la partie la plus vulnérable de notre population.

(B) S’agissant de l’approfondissement de l’Union et particulièrement de l’UME, nous avons mis l’accent sur des politiques visant à l’amélioration des lacunes dans l’architecture de la zone euro.

Pour ce qui est de l’Union bancaire, l’accord qui a été conclu en mars entre le Conseil et le Parlement européen, concernant le Mécanisme de résolution unique marque une étape historique dans l’évolution de la zone euro.

Dans le même temps, nous mettons en avant des questions liées à la fraude et à l’évasion fiscales ainsi qu’à la taxation sur les transactions financières.

C) S’agissant de la migration, de la gestion des frontières et la mobilité des citoyens de l’Union, dans le cadre de l’amélioration de la sécurité européenne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, notre objectif est que le Conseil européen adopte la formulation des Lignes directrices stratégiques concernant l’évolution future du domaine de la Justice et des Affaires intérieures (de la période de l’après Stockholm). Dans le même temps, nous suivons les progrès accomplis par la Task force pour la Méditerranée.

Enfin, concernant la thématique horizontale des Politiques maritimes européennes, l’idée principale est de redéfinir et de renouveler la Politique maritime européenne dans tous ses aspects – sécurité, croissance, énergie – dans le but d’adopter un texte concernant la stratégie maritime lors du Conseil européen de juin 2014.
La Présidence oeuvre sur la Politique européenne existante. Notre objectif est d’assurer que les intérêts stratégiques et les responsabilités de l’UE et des Etats membres dans l’espace maritime se reflètent dans le texte.

Mesdames et messieurs,

Lors des élections européennes de samedi, les citoyens de l’UE exprimeront leurs points de vue et leurs inquiétudes à l’égard d’une Europe axée sur une coopération politique de plus en plus étroite, sur une représentation accrue, sur la transparence de la prise de décisions et l’obligation des parties impliquées de rendre compte de leurs actes ainsi que sur des politiques efficaces au service des intérêts de citoyens.

En outre, ces élections constituent un défi étroitement lié à la récente crise économique puisque l’enjeu est essentiellement le rétablissement de la confiance dans la construction européenne et l’adoption d’une nouvelle narration européenne qui redéfinira les valeurs principales de l’Union, les valeurs de la démocratie, de l’Etat social, de la solidarité, de la croissance viable et de la prospérité.

Mesdames et messieurs,

Comme vous le savez tous, notre Présidence a coïncidé également avec la crise en Ukraine et, par conséquent, avec la crise dans les relations entre l’Union européenne, entre l’espace euro-atlantique et la Russie.

Cette question, et n’oublions pas la Syrie, a monopolisé les débats lors du Conseil des Affaires étrangères, au cours de notre Présidence puisqu'elle met à l’épreuve les fondements géopolitiques de la Politique étrangère et de sécurité commune.
Toutefois, l’intérêt de la Présidence hellénique à l’égard du Voisinage sud et des Balkans occidentaux a toujours été très marqué. La réunion ministérielle entre l’UE et les Balkans occidentaux tenue le 8 mai à Thessalonique a relancé de manière efficace l’Agenda de Thessalonique de la précédente Présidence hellénique en 2003.

Et dans quelques jours, le 10 juin, nous accueillerons ici à Athènes la Réunion ministérielle entre l’UE et la Ligue arabe, tout en mettant l'accent sur l’importance que nous accordons aux relations de la famille européenne avec son Voisinage sud.

Par conséquent, en dépit des défis, nous sommes déterminés à maintenir l’élan insufflé au parcours de notre Présidence jusqu’à la fin du mois de juin, date à laquelle nos amis italiens, avec lesquels nous coopérons étroitement, prendront le relai de la présidence pour la seconde moitié de l’Année méditerranéenne.

Enfin, je tiens à remercier le Comité des Représentants permanents pour les efforts consentis en vue d’atteindre nos objectifs communs et je voudrais personnellement vous remercier pour votre contribution précieuse à nos efforts communs.

Souhaitons que le parcours d’ici la fin de la Présidence hellénique sera à la fois sans heurts et constructif.

Je vous remercie ».

May 22, 2014