Le Parcours vers la paix, la stabilité et l’intégration européenne
L’Europe du Sud-est a été traditionnellement une région complexe et historiquement chargée. Cependant, beaucoup sont ceux qui ont tendance à négliger son potentiel. De même, ses réalisations n'attirent pas toujours l'attention qu'elles méritent.
L'une des réussites les moins connues en Europe du Sud-Est est la relation bilatérale entre la Grèce et la Croatie. Cette année, alors que nous célébrons le 30e anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques, c'est l'occasion d'évaluer les réalisations des trois dernières décennies, ainsi que d'envisager les moyens de les renforcer à l'avenir.
La Grèce et la Croatie n'étaient pas destinées à être des partenaires naturels dès le début. Elles n'étaient pas idéalement faites l'une pour l'autre. Géographiquement, les deux pays sont situés aux extrémités opposées de l'Europe du Sud-Est. Nous avons des antécédents historiques et religieux différents. Dans une région qui « produit plus d'histoire qu'elle ne peut en consommer », cet élément pourrait faire la différence. Et force est de constater que le début de ces relations n'a pas toujours été libre de perceptions négatives.
Toutefois, les deux pays ont voulu montrer l'exemple et regarder vers l'avant, et non vers l'arrière. Athènes et Zagreb ont travaillé ensemble pour forger une relation bilatérale qui reflète les valeurs du 21e siècle, et non du 19e siècle. Valeurs sauvegardées par le traité de l'UE, la charte des Nations unies et le traité de l'Atlantique Nord. Des valeurs telles que le respect du droit international, le règlement pacifique des différends, le respect de la convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), qui fait partie de l'acquis européen.
Nous avons commencé notre coopération multilatérale dans des enceintes régionales, telles que le processus de coopération de l'Europe du Sud-Est, qu'Athènes a présidé jusqu'à il y a quelques semaines. Un élément clé qui a considérablement aidé nos relations à progresser a été la poursuite stratégique et les efforts de Zagreb pour rejoindre l'Union européenne et l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, candidatures qu'Athènes a fortement soutenues dès le début. Cette démarche s'inscrit dans notre objectif commun de garantir une perspective européenne pour la région plus élargie, y compris les Balkans occidentaux.
Nous sommes fermement convaincus que la seule voie vers la paix, la stabilité et la prospérité dans la région est celle qui mène à la famille européenne. Nous accordons notre plein soutien à l’ouverture des négociations d'adhésion avec l'Albanie et la Macédoine du Nord, ainsi qu’ à une voie européenne pour la région. Cela découle de notre ferme conviction que si nous ne prenons pas des actions positives et n'apportons pas notre aide et notre soutien à tous ceux qui cherchent à rejoindre l'édifice européen, d'autres forces déstabilisantes et concurrentes combleront le vide qui sera inévitablement créé. Nous avons également pris des initiatives pour défendre l'inviolabilité des frontières, qui reste pour nous l'un des principes fondamentaux de notre politique.
Afin d'assurer une gouvernance meilleure et plus représentative, les prochaines élections en Bosnie-Herzégovine devraient se dérouler librement et démocratiquement, sur la base du principe d'égalité des trois groupes ethniques constitutifs et de non-discrimination pour tous les citoyens. La réforme constitutionnelle et électorale doit être achevée de toute urgence. Celle-ci, associée à d'autres réformes cruciales, elle permettra au pays d'avancer de manière décisive sur la voie européenne.
Ces dernières années, les rencontres et les contacts politiques bilatéraux, y compris à haut niveau, se sont multipliés, offrant la possibilité de renforcer la coopération économique et commerciale entre les deux pays, un domaine où le potentiel est encore inexploité. Dans le contexte de l'Union européenne, les vues et les positions de nos deux pays convergent dans un certain nombre de domaines importants de la politique européenne.
La Croatie, qui a assuré la présidence du Conseil de l'UE au premier semestre 2020, s'est tenue aux côtés de la Grèce et a joué un rôle clé pour aider la Grèce à protéger ses frontières et à prévenir une vague de migration illégale. Athènes et Zagreb ont également « redécouvert » leurs liens méditerranéens, solides et anciens. Depuis l'année dernière, la Croatie participe pleinement au groupe EUMED9, qui vise à renforcer la coopération entre les États membres du sud de l'UE.
Rétrospectivement, Athènes et Zagreb ont, pendant 30 ans, défini ensemble les principes de base d'un « abécédaire » de bonnes relations bilatérales et multilatérales, et en ont tiré les leçons. Maintenant, notre ambition, notre devoir envers nos peuples et nos voisins est d'aider à appliquer ces leçons dans l’intérêt commun de notre famille européenne.
En ces temps particulièrement troublés, alors que le monde semble plus sombre après l'invasion russe de l'Ukraine, nous devons offrir un rayon de lumière. Et montrer à tous qu'il existe un meilleur avenir. Il existe des exemples de réussite sur lesquels nous pouvons compter. Tel est le sens de la relation entre la Grèce et la Croatie.
July 17, 2022