Déclaration d’Athènes : Une nouvelle « Bible » pour la Démocratie, l’Etat de droit et les droits de l’homme
Dans quelques jours, la Présidence de la Grèce du Conseil de l’Europe arrive à sa fin. Un parcours de six mois qui a porté la Grèce au cœur des débats sur la Démocratie, l’Etat de droit et la protection des droits de l’homme et qui s’achève le 18 novembre, laissant la Grèce plus forte et renforcée au niveau international.
L’exercice de la Présidence de la Grèce d’une Organisation de 47 Etats membres et 850 millions de personnes dans un contexte de contraintes liées au Covid était d’emblée un défi de taille. Nous avons finalement transformé ce défi en opportunité afin de redonner sens aux valeurs de la plus ancienne Organisation politique d’Europe, qui plus est dans un contexte sans précédent en temps de paix.
Car la pandémie n’a pas seulement été une épreuve pour nos vies, mais aussi pour nos démocraties, comme ce fut le cas il y a 2500 ans avec la peste d’Athènes. Les personnes n’ont pas été les seules vulnérables, en effet les Etats, les institutions et les économies ont également été touchés.
Au nom de la protection de la santé publique, nous avons vu des libertés humaines fondamentales se restreindre, comme la liberté de circulation, de travail, d’exercer des activités sportives, la liberté de réunion, d’accès à la justice, ainsi que les droits électoraux. Les fausses nouvelles (Fake news) ont submergé les réseaux, les systèmes judiciaires ont été mis à l’épreuve, des élus de la collectivité locale se sont éloignés et les élections nationales ont été reportées.
Six mois plus tard, nous osons dire que notre choix de mettre au cœur des priorités de la Présidence de la Grèce la protection des droits de l’homme fondamentaux en période de pandémie, a été justifié.
Lors de la Présidence numérique (E-Chairmanship) que nous avons instituée pour la première fois dans l’histoire de l’institution, nous avons fait clairement savoir que la démocratie, l’Etat de droit et les droits de l’homme ne peuvent constituer les pertes collatérales d’une crise sanitaire, quelle qu’elle soit. Que les discriminations et la stigmatisation sociale des groupes les plus vulnérables ne sont pas acceptables. Que la santé doit être accessible à tous.
Ces positions de principe, la Présidence de la Grèce entend bien les intégrer dans un texte unique – un patrimoine. La Déclaration d’Athènes du 4 novembre, qui, par heureuse coïncidence sera signée ici, dans le berceau de la Démocratie, ce mercredi, dans le cadre de la 130e réunion du Comité des Ministres du Conseil, date coïncidant avec la célébration du 70e anniversaire depuis la signature de la Convention européenne des droits de l’homme.
Il s’agit d’un texte juridique et politique, qui définira pour la première fois au niveau mondial des lignes directrices sur la protection de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’homme en situation de crise, comme la pandémie. Et nous espérons que ce texte deviendra une feuille de route précieuse pour les prochaines générations afin qu’elles puissent faire face aux situations d’urgence, une sorte de nouvelle Bible des droits de l’homme.
L’héritage que nous léguons, en tant que Présidence de la Grèce, est tout aussi important, avec la mise en place d’un Observatoire pour l’étude et l’enseignement de l’histoire, qui constitue un outil précieux pour pouvoir faire face aux révisionnismes dangereux et aux tentatives de réécrire la vérité historique.
La lutte pour la défense de la démocratie est permanente et quotidienne. Elle ne se terminera pas quand la pandémie aura pris fin. Nous sommes néanmoins convaincus que la fin de la Présidence de la Grèce du Conseil de l’Europe permet de renforcer l’esprit de la démocratie et les citoyens de l’Europe, notamment les plus jeunes plus sensibilisés. Et cela est encore une conquête de la Présidence de la Grèce.
Car comme l’a dit Thomas Jefferson, la démocratie a besoin d’une vigilance éternelle.
November 1, 2020