Article du ministre délégué aux Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis publié au journal « TA NEA Savatokyriako » (10.10.2020)


« La Turquie doit assumer les conséquences ses choix ».

Dix jours après le dernier Conseil européen, les relations entre l’Union européenne et la Turquie semblent s’inscrire dans un nouveau cadre. Le texte final des conclusions a été le fruit d’âpres négociations menées par le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis et tous ceux qui ont participé à la délégation grecque. D’ailleurs, les réactions de la partie turque montrent que la partie grecque a atteint son but.

La Turquie n’a pas réussi à diviser l’Europe. Au contraire, l’Union européenne a fait preuve d’unité, de solidarité et de détermination, en envoyant des messages clairs à la Turquie, message qu’elle ne peut désormais ignorer sans en assumer les conséquences.

L’UE a fait clairement savoir qu’elle n’envisage plus les différends gréco-turcs comme un problème bilatéral qui se répète, mais comme une question plus large ayant trait à la sécurité régionale et à la stratégie géopolitique à ses frontières au sud-est. Qu’elle préfère gérer ce problème de manière pacifique et par le biais du dialogue, qu’elle est prête à utiliser les autres options de réaction si l’attitude provocatrice en violation du droit international perdure. Qui plus est sur une durée déterminée.

Nos partenaires ont montré à Erdogan la « carotte » et le « bâton ». La Turquie a le choix entre deux voies : celle de la coopération, à travers la normalisation de ses relations avec la Grèce et Chypre, qui apportera un nouvel agenda dans les relations avec l’UE. Ou bien celle de l’illégalité qui conduira à un éloignement du cadre européen et à des sanctions économiques. Que la Turquie choisisse donc et qu’elle assume les conséquences de ces choix.

Néanmoins, au-delà des relations UE – Turquie, le Conseil européen s’est exprimé expressément – qui plus est à deux reprises – sur le cadre des relations Grèce – Turquie. Sans « notes de bas de page », ni « astérisques », il a reconnu qu’il n’y avait pas beaucoup de différends à résoudre, mais un seul : la délimitation des zones maritimes. La narration Erdogan n’est plus convaincante. Ni la Grèce, ni l’Union ne voit un autre différend sur la table du dialogue.

S’agissant de Chypre, les résolutions 550 et 789 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur Varosha constituent pour la première fois une partie de décision européenne. Et cette référence expresse aux résolutions acquiert une valeur particulière après les dernières actions provocatrices de la Turquie sur l’ouverture de Varosha. Et par ces actions, la Turquie se met à dos une organisation internationale de plus, elle ignore dans la pratique les appels européens et internationaux à la désescalade et, finalement, est loin d’améliorer ses relations avec l’Union.

Et cela, Ankara doit le comprendre, s’agissant également de la question des contacts exploratoires. Si la Turquie décide de nous suivre, tant mieux. Elle doit prouver que sa volonté de dialogue est franche et non un prétexte. Sinon, qu’elle considère que rien n’est acquis pour son avenir avec la Grèce et l’Union.

October 10, 2020