Article du ministre délégué aux Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis sur le Site PROPAGO (21.03.21)

Après une année difficile d’escalade prolongée en Méditerranée orientale et en Egée, les premiers mois de l’année 2021 sont marqués par des relations entre la Grèce et la Turquie inscrites dans un contexte assez différent. Les voies de communication ont ouvert, deux nouveaux tours de contacts exploratoires se tiennent et, lorsque les conditions seront réunies, l’entente pourra s’étendre au niveau politique. Cette reprise du dialogue est manifestement un premier pas positif en avant et nous la saluons.

Pour sa part, la Grèce n’a jamais craint le dialogue et elle a toujours aspiré au règlement pacifique du seul différend qui nous oppose à la Turquie sur la base du droit international. Il est donc important de souligner que, malgré les difficultés, nous reparlons avec nos voisins, ce qui ne se serait pas produit si nous n’avions pas insisté pour qu’il y ait une désescalade concrète et constante de la part de la Turquie. La pression exercée par l’Union européenne sur la Turquie a également été déterminante, montrant qu’elle perçoit son agressivité envers la Grèce comme une menace pour la sécurité de l’Europe dans sa globalité et l’invitant à choisir entre l’isolement ou la coopération avec les 27.

Pour autant, nous ne nous berçons pas d’illusions. La reprise des contacts exploratoires ne peut constituer une occasion de simple apaisement pour la Grèce en vue du sommet de mars, ni effacer la rhétorique belliqueuse de ces derniers mois, qui a créé un climat de défiance envers nos voisins. Pour réinstaurer la confiance, la Turquie doit continuer sur la voie de la diplomatie et se conformer au droit international. Non pas de manière occasionnelle, mais dans la durée. Dans un esprit de bonne foi et par des actions tangibles. Les paroles à elles seules ou les vœux pieux ne suffisent pas. Et les menaces ou l’extension de l’agenda à des questions que la Grèce n’a pas l’intention de soulever lors des négociations vu qu’elles portent atteinte au cœur même de sa souveraineté, n’aident pas.

Le Conseil européen imminent est l’occasion de revoir de manière constructive les relations de la Turquie avec l’Europe. Devant cette perspective, la Grèce est prête à examiner les points d’un agenda positif, mais seulement si la Turquie s’acquitte des obligations qu’elle a assumées – comme l’application fidèle de la déclaration conjointe sur la gestion du problème migratoire. Mais, en revanche, elle insistera pour maintenir la possibilité de prendre des mesures à son encontre, si celle-ci adopte de nouveau un comportement transgressif.

Les Grecs croient en l’Europe et sa capacité à apporter des solutions, même si parfois elle tarde à le faire. Ainsi, nous pensons que nous pouvons trouver un terrain d’entente et apporter la solution diplomatique que nous recherchons dans cet espace institutionnel qui, depuis 40 ans, garantit notre sécurité géopolitique. Reste à voir si la Turquie répondra à cette invitation.

March 21, 2021