Le 9 mai 1950, en prononçant un discours historique pour la coopération politique au sein de l’Europe, Robert Schuman jetait les bases de l’Union européenne. Après sept décennies marquées par la paix et la prospérité, l’Europe unie a dans une large mesure rendu justice à sa vision, en devenant une Union multinationale de 500 millions de citoyens, unis par la même monnaie forte, les mêmes valeurs et politiques, laquelle dans son noyau dur est parvenue à une convergence de plus en plus grande.
L’Union européenne a été plusieurs fois critiquée et contestée pour ne pas être rapide, audacieuse et efficace. En dépit de cela, non seulement elle y a résisté et n’a pas été dissoute, mais au cours de ses 71 ans d’existence que nous fêtons cette année, elle est lentement et sûrement devenue plus forte sur le plan économique et politique. Et elle s’est avant tout avérée un organisme vivant, dynamique et en constante évolution.
Au cours de ces deux dernières années, en dépit de certaines faiblesses initiales, l’UE a fait face de manière efficace à la grande crise collective de la pandémie, en aplanissant les divergences de ses membres et en renouvelant son arsenal au moyen de l’élaboration de politiques non conventionnelles. Le Fonds de relance, l’assouplissement des contraintes budgétaires, la négociation conjointe avec les compagnies pharmaceutiques ne constituent que quelques instruments et pas innovants vers son intégration plus profonde.
Dans ce même esprit, l’Union européenne a insufflé un nouvel élan à sa Politique sociale, à travers la réunion au sommet sociale du Portugal où nous avons participé ces derniers jours avec le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis. Lors de ce sommet, l’Europe a fait preuve de sa détermination de renforcer son modèle social et de donner le signal pour la relance immédiate après la pandémie.
La Déclaration du Porto place au cœur des efforts européens une relance juste, durable et résiliente sans exclusions. Elle donne priorité à la création d’emplois plus nombreux et meilleurs, mais aussi à l’acquisition de compétences professionnelles et à leur enrichissement. Elle soutient la transition verte et numérique, elle promeut la lutte contre la pauvreté et les discriminations, tandis qu’elle place le renforcement des groupes vulnérables au cœur de sa politique. En effet, elle accomplit la promesse de prospérité, de progrès et de convergence que l’Europe a faite envers ses citoyens.
La Déclaration constitue d’ailleurs une réussite majeure de la Grèce. Les propositions grecques y relatives que j’ai eu le plaisir de soumettre à la Présidence portugaise ont été dans une large mesure incluses dans le texte final de la Déclaration, tandis que l’attitude constructive de notre pays a été largement appréciée. Une attitude résolument attachée à la paix sociale qui nous dicte à ce jour la vision de Konstantinos Karamanlis. Comme avait coutume d’affirmer ce dernier, l’Union européenne pourrait devenir « une grande communauté qui conjuguera la liberté à l’ordre et l’ordre à la justice sociale. Car sans ordre, il ne peut y avoir de paix, tout comme il ne peut y avoir d’ordre sans justice sociale ».
Quoi qu’il en soit, la discussion sur l’Europe sociale ne finit pas ici. Elle se poursuivra dans le cadre aussi de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe qui commence dans quelques jours et dont l’objectif sera de nous mettre d’accord sur l’Europe que nous voulons. Sur ses priorités, ses politiques et son empreinte sur la scène mondiale.
En Grèce nous croyons beaucoup en ce dialogue paneuropéen qui invite les citoyens européens à faire entendre leur voix et à participer. Nous participons de manière active en soumettant nos propositions et idées, le point de départ étant les 6 +1 axes de la proposition grecque : le cadre européen de défense et de sécurité, les politiques européennes de cohésion, l’environnement et le changement climatique, la question migratoire, la recherche et l’innovation, en mettant l’accent sur le rôle de la jeunesse, la stratégie d’approfondissement de l’UME et le triptyque « Etat de droit- Démocratie- Droits de l’Homme ».
Enfin, à travers la Conférence, nous, Grecs, pourrons non seulement confirmer notre orientation européenne ferme mais aussi façonner ensemble l’avenir de notre continent et unir nos forces dans cette lutte pour une nouvelle Europe, une Europe ouverte, ambitieuse et puissante. Et, en restant fidèles à cet objectif, nous poursuivrons nos efforts au cours de la prochaine décennie aussi afin que notre maison européenne excelle dans son voisinage mondial.
Joyeux anniversaire l’Europe !
May 9, 2021