Article du ministre délégué aux Affaires étrangères, M. Varvitsiotis, publié dans le journal français «L’Opinion» sous le titre «La Grèce est de retour avec une vision pour l’Europe» (18.09.2019)

Article du ministre délégué aux Affaires étrangères, M. Varvitsiotis, publié dans le journal français «L’Opinion» sous le titre «La Grèce est de retour avec une vision pour l’Europe» (18.09.2019)Après dix ans de crise, la Grèce est de retour sur la scène de l’Union européenne, prête à jouer un rôle plus actif et dynamique, tout animée de sa foi et de son désir d’œuvrer pour construire une nouvelle Grèce et une nouvelle Europe. Une Europe qui, elle aussi, après la crise financière et migratoire, la hausse du populisme et de l’euroscepticisme, a choisi de tourner le regard vers l’avenir, attachée à ses principes historiques. Lors des élections successives, nos électeurs ont transmis un message fort, à savoir qu’ils sont en faveur d’une Union européenne plus efficace et puissante, plus sûre et plus juste socialement. Mais afin d’y réussir, on doit mettre en œuvre immédiatement des politiques nouvelles et radicales sans nous contenter de belles paroles.

Plus particulièrement, pour ce qui est du premier pilier de politique, nous établissons le lien entre le développement économique et la lutte contre le changement climatique. La transition énergétique vers les sources d’énergie renouvelables peut conduire à la mise en place d’une nouvelle industrie européenne de production d’énergie, avec la création des centaines de milliers de nouveaux emplois, qui assurera l’autonomie énergétique de l’UE. Par exemple, la Grèce, en raison de sa position géographique, pourrait d’ici à 2030 non seulement s’approvisionner à 100 % en énergie électrique grâce à l’énergie éolienne et solaire mais aussi exporter de l’électricité bon marché vers les Balkans et sa région élargie.

Dans le même temps, nous soulevons en tant que pilier solide du développement économique la créativité, l’innovation et l’atténuation de la fuite des cerveaux de l’UE, un phénomène particulièrement marqué en Grèce. Il est indispensable de faire de l’UE un pôle d’attraction de nos meilleurs talents qui, actuellement expatriés, travaillent pour le MIT, Caltech et la Silicon Valley.

En plus, face au défi de la sécurité, le renforcement des domaines de l’immigration, de l’asile, de la sécurité intérieure et de la garde des frontières extérieures doivent devenir une priorité pour l’UE. FRONTEX devrait déjà disposer de 10 000 gardes-frontières tandis qu’une agence européenne centrale chargée de la gestion de tous les centres d’accueil des réfugiés et financé par les fonds européens aurait dû déjà être mise en place.

Par ailleurs, dans le domaine de la défense, outre la mise en place de la CSP (ou PESCO) et le lancement du Fonds européen de la Défense, on doit faire un saut qualitatif dans plusieurs directions. Premièrement, quant au financement des opérations militaires, le coût supplémentaire qui pèse sur un pays disposant ses propres forces doit être partagé parmi les Etats membres proportionnellement à leur PIB, afin de valoriser nos capacités existantes, telles que les Groupements tactiques de l’UE (Battlegroups). L’élaboration de programmes communs pour le développement de systèmes d’armement de l’UE doit être également entamée en tant que premier pas vers la création d’une force armée européenne véritablement commune. La mise en place d’une Direction générale de la Défense qui soutiendra les activités d’un Commissaire en charge des questions relevant de la défense promouvra également la sécurité des Etats ainsi que la mise de l’accent de l’Haut représentant sur la politique étrangère.

Afin d’atteindre tous ces objectifs, il est nécessaire de parachever en 2019 la négociation sur un Cadre financier pluriannuel puissant et assurant la cohésion sociale et le fonctionnement du marché unique.

En 2021, la Grèce célébrera le 200e anniversaire de la Révolution grecque qui, comme la résistance grecque au nazisme, était aussi une affaire européenne. C’était le premier coup porté au système politique européen rétrograde après la Révolution française et le point de départ pour les mouvements d’indépendance dans tous les Etats balkaniques. Il conviendrait donc de célébrer le début à la fois d’une nouvelle Grèce et d’une nouvelle Union européenne.

Cela dépend entièrement de nous.

September 18, 2019