« La confrontation sans fin ne saurait être une option »
Le centenaire de la signature du Traité de paix de Lausanne, célébré aujourd'hui, est un jalon historique du 20e siècle. En tant que traité multilatéral, le traité a parfois exercé une influence significative sur la région élargie de l'Europe du Sud-Est, de la Méditerranée orientale et du Moyen-Orient, affectant même le pays contractant, bien que lointain, qu'est le Japon. Il s'agit également d'un jalon important dans l'histoire moderne de la Grèce, puisqu'il a permis de régler la fameuse « question d’orient », de réglementer le cadre juridique international de notre région élargie et d'établir des frontières définitives et stables.
Pour notre pays, il y a également eu des pertes douloureuses, comme le fait que la Thrace orientale, Imbros et Tenedos ont été rattachées à la Turquie et que l'échange obligatoire de populations, une pratique si violente qui n'a jamais été appliquée depuis lors au niveau international, a été finalisé.
D'un autre côté, après presque un siècle d'existence de l'État grec, le traité a été le déclencheur d'une politique étrangère qui a mis l'accent sur le développement et la consolidation de la position du pays sur la scène européenne et internationale. En outre, il a contribué de manière décisive à la formation de l'identité nationale de notre pays, avec l'intégration des réfugiés dans la société grecque.
Le Traité a formellement réglementé les relations entre la Grèce et la Turquie, créant un cadre stable pour la coexistence des deux peuples. Au cours des années qui ont suivi, la Grèce est restée fermement engagée à respecter les termes du Traité.
En réfléchissant à l'histoire mouvementée de l'Europe moderne, j'ai le sentiment que notre pays a bénéficié de cet engagement. Il a défendu efficacement son intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières définies par le traité, et a également obtenu de l'Italie, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'incorporation des îles du Dodécanèse. Aujourd'hui, notre pays fait partie intégrante de la famille européenne, constitue un pilier de stabilité dans la région élargie de la Méditerranée orientale et des Balkans et est un partenaire solide dans les forums internationaux bilatéraux et multilatéraux. Au risque d'une simplification excessive, qui survient nécessairement lorsqu'on évalue un événement juridique en fonction de son résultat, le Traité de Lausanne est considéré comme un succès dans la mesure où il a survécu à l'épreuve du temps et est aujourd'hui l'une des conventions internationales les plus durables en vigueur dans le monde.
Outre ce qui précède, je pense que l'anniversaire d'aujourd'hui a une autre leçon précieuse à nous offrir, en particulier dans la conjoncture actuelle. Si, en 1923, au lendemain d'une guerre féroce ayant entraîné des pertes énormes pour les deux parties, la Grèce et la Turquie ont pu trouver la voie du compromis et ont réussi à surmonter leurs différences, nous devons nous aussi, dans des circonstances incomparablement meilleures, emprunter la voie de la coopération pacifique avec sincérité et honnêteté et rechercher la compréhension, conformément aux principes et aux règles du droit international. Une confrontation sans fin n'est pas envisageable.
En concluant mes réflexions sur cette journée, j'éprouve le besoin de partager avec les lecteurs les sentiments de confiance en soi suscités par l'examen du parcours difficile, mais finalement couronné de succès, que la Grèce a accompli au cours des cent années qui se sont écoulées depuis la signature du traité. Et surtout, de souligner le poids de la responsabilité de ceux d'entre nous qui exercent des fonctions publiques et qui sont appelés à gérer nos intérêts nationaux. Responsabilité pour les Grecs d'aujourd'hui, mais aussi pour les générations futures. Auxquelles nous devons léguer une patrie fière, attachée aux droits nationaux et, s'il y a une réponse, un voisinage international pacifique.
July 24, 2023