« Les défis de la politique étrangère pour 2023 »
La politique étrangère de notre pays a toujours été régie par des principes et s'articule autour de la stabilité, de la sécurité, du respect de l'indépendance et de l'intégrité territoriale des États, de l'attachement au droit international et au droit international de la mer. Afin de défendre nos valeurs et nos intérêts nationaux, d'interagir avec notre environnement régional et international et d'atteindre nos objectifs, nous avons choisi pour cette nouvelle année de mener une politique étrangère constructive et fructueuse, qui repose sur des champs d'action interdépendants.
Un premier champ est notre présence en Europe, non seulement dans le cadre de l'UE, dont nous sommes l'un des membres les plus anciens, avec une participation active à toutes ses institutions et à tous ses organes et avec un travail systématique pour son approfondissement et son intégration, mais aussi au niveau bilatéral, avec les pays du continent, avec lesquels nous sommes unis par des liens d'amitié et de coopération.
Les développements en Europe, suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, constituent désormais un scénario sensiblement différent, qui requiert la vigilance de la communauté européenne et internationale pour faire face aux graves défis associés et aux forces du révisionnisme. Et ce sont précisément ces défis du révisionnisme qui sont directement liés à nos intérêts nationaux. Comme je l'ai montré lors de mes trois visites en Ukraine depuis l'invasion russe, ce récit et cette façon de penser peuvent également transformer la région de la Méditerranée orientale en une « poudrière ».
Mais aussi, parallèlement aux développements sur les champs de bataille, les crises énergétique et alimentaire peuvent agir comme des accélérateurs de développements au niveau mondial, avec un intérêt particulier pour notre pays, notamment dans le domaine de l'énergie et de la capacité de la Grèce à contribuer à la sécurité énergétique de l'Europe.
Notre relation stratégique de coopération avec les États-Unis constitue un deuxième champ de coopération, qui trouve son fondement dans la défense conjointe des valeurs de liberté et de démocratie, dans notre participation à des organisations de défense et à d'autres organisations internationales et dans la valorisation de l'importance géopolitique de notre pays pour la promotion et la consolidation de la sécurité et de la stabilité dans la région plus élargie.
Troisième champ, une région avec laquelle notre pays entretient des liens historiques et culturels étroits depuis les temps anciens : Moyen-Orient, Golfe, Afrique du Nord. La situation en Libye reste une question que nous nous efforcerons de résoudre avec sincérité et compréhension mutuelle avec le gouvernement qui émergera des élections nationales dans ce pays.
Le quatrième champ est la région des Balkans occidentaux, dans laquelle la Grèce cherche à maintenir des relations de bon voisinage, à consolider la stabilité et la sécurité et à créer les conditions du développement. Afin d'atteindre ces objectifs, la Grèce est en faveur et soutient la perspective européenne des Balkans occidentaux.
Les pays asiatiques tels que l'Inde, le Japon, le Vietnam, l'Indonésie, avec lesquels la Grèce partage des positions communes sur les développements internationaux, ainsi que l'Australie, continent qui accueille une présence importante et dynamique de la diaspora grecque, constituent le cinquième champ de notre action. Nos relations avec le continent africain, et en particulier avec l'Afrique subsaharienne, constituent un autre domaine d'intérêt pour nous, car les flux migratoires en provenance de la région et la possibilité d'émergence de foyers de terrorisme sont des défis importants dans lesquels notre pays peut jouer un rôle important.
Enfin, la présence active de la Grèce dans les organisations internationales et régionales est importante, au sen desquelles notre pays articule un discours cohérent et convaincant, formule des propositions clés et recherche des solutions innovantes pour relever les défis mondiaux et consolider la coopération internationale. En 2023, nous poursuivrons nos efforts pour que la Grèce soit élue membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2025-2026 lors du scrutin de 2024.
Dans un texte qui évoque les défis de la politique étrangère grecque, il serait souhaitable que toute référence à la Turquie voisine dans un contexte de rivalité soit absente. Cependant, notre pays est confronté à un crescendo sans précédent de contestations et de provocations, ce qui est loin de toute notion de bon voisinage. Dans ce bras de fer, nous opposons avec calme et détermination un argumentaire basé sur le droit international et le droit international de la mer, et nous réaffirmons que la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale de notre pays ne font pas l'objet de débat et ne sont pas susceptibles de la moindre remise en cause.
Dans un environnement international et régional en pleine mutation, la politique étrangère de la Grèce continuera à refléter en 2023 l'osmose constante entre les évolutions nationales, régionales et internationales et les défis qui les déterminent.
December 30, 2022