Avec la décision de la Cour d'appel correctionnelle d'Athènes du 7 octobre 2020, la « Némésis » l’a emporté sur « l’Hybris » que constituait l'Aube dorée pour l'État de droit. La formation néo-nazie a tenté de mettre à l’épreuve la résistance de notre démocratie. Elle a reçu la réponse appropriée.
Comme je l'avais mentionné dans ma lettre, le 19/9/2013, lorsque j’étais ministre de l'Ordre Public et de la Protection des Citoyens, lettre que j’avais adressée au Procureur de la Cour de cassation de l'époque, Mme Efterpi Kouzamanis, lors de la transmission des 32 dossiers contenant les actes criminels de membres-partisans d'Aube Dorée et constituant le point de départ de l'enquête judiciaire qui a abouti à la décision historique de la Justice, l'activité du groupe néonazi s’étendait bien au-delà de cas isolés. Elle provoquait le sentiment public, sapait l'autorité de l'État de droit, portait atteinte aux droits de l'homme et à la dignité humaine et mettait en danger l'ordre public et la sécurité intérieure du pays.
J'avais d’ailleurs signalé dans mon discours au Parlement, dès le 27/8/2012, qu'il n'y aurait pas la moindre tolérance pour l'action des troupes d’assaut dans notre pays.
Les organes compétents de la République hellénique doivent être attentifs à toute réapparition du phénomène sous d'autres formes. Pour y faire face au moyen des actions appropriées, comme ils le font déjà et je suis sûr qu'ils continueront à le faire. Des phénomènes tels que les attaques perpétrées contre des opposants idéologiques et des membres de partis - dont la condamnation unanime s’impose au-delà des différends et des opinions politiques - devraient nous faire réfléchir.
Toutefois, s'attaquer aux causes profondes du phénomène ne relève pas seulement de l'État mais aussi de la société civile. La crise économique sans précédent de la dernière décennie n'est plus le « détonateur » de l'émergence de successeurs ou imitateurs potentiels du phénomène néonazi, qui tentent d' « empoisonner » même les âmes adolescentes avec leurs idées répugnantes. Ce sont les discours de haine répandus, l'adoption de théories du complot et le sentiment d'aliénation d'une partie des citoyens vis-à-vis du système politique, en association avec l'insécurité causée par la pandémie, qui engendrent des phénomènes similaires non seulement en Grèce mais aussi dans d'autres pays, même ceux qui sont théoriquement avancés. Des phénomènes que les adeptes d'une idéologie odieuse ont tendance à exploiter pour revenir sur le devant de la scène.
Dans ce sens, la démocratie parlementaire se doit de rechercher une réponse convaincante. Pour empêcher un autre meurtre comme celui de Pavlos Fyssas et pour empêcher une autre organisation criminelle avec les caractéristiques d'Aube dorée. C'est notre devoir à tous.
October 7, 2021