Article du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Kostas Fragogiannis au journal « ΤΑ ΝΕΑ Savatokyriako » intitulé « Libye : la voisine inconnue » (17.07.2021)

Nous avons été chaleureusement accueillis partout, avec toujours cette phrase « vous êtes dans votre seconde patrie ».  Devrions-nous être surpris ? Apparemment, l'empreinte et la mémoire des anciennes colonies grecques en Cyrénaïque persistent, des dizaines de siècles plus tard. Nous avons rapidement compris l'opportunité de retourner le compliment : « Si la Libye est notre deuxième patrie, alors la Grèce est une deuxième patrie pour vous tous. »

En arrivant sur la place centrale de Benghazi, la grande dévastation causée par les deux guerres civiles de la dernière décennie est évidente et difficile à cacher. Bien que la reconstruction ait déjà commencé et qu'une grande partie des décombres ait été enlevée, l'ancienne gloire doit encore être restaurée. Certaines blessures ne seront jamais guéries.  Un exemple tragique est l'église orthodoxe grecque d'Evagelistria, qui a été endommagée et se trouve maintenant en ruine dans la vieille ville, dans l'attente d'un miracle.

Je me suis rendu il y a quelques jours dans notre pays voisin, réalisant en peu de temps la promesse faite par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis lors de sa visite officielle en Libye en avril dernier, d'assister à l'inauguration de notre consulat à Benghazi. Et surtout, transmettre un message de soutien du gouvernement grec aux efforts de paix et de progrès de la Libye. Loin des armées et des intérêts étrangers. Et avec la sécurité et la prospérité en Méditerranée comme seule boussole.

Les développements de la dernière décennie ont peut-être limité nos relations économiques, mais en réalité, la présence commerciale grecque en Libye n'a jamais été interrompue. Il existe des perspectives de coopération entre les deux pays dans des domaines tels que l'énergie, la construction, le transport maritime et la santé. Mais il y a d'autres domaines, comme le tourisme, l'éducation, la culture, où l'on peut aussi faire beaucoup. Mais un lien traditionnel entre les deux pays est aussi celui de la défense et de la sécurité. Plus de 280 officiers libyens ont été diplômés au cours des dernières décennies dans les écoles des forces armées grecques, tandis que des officiers des garde-côtes libyens ont été formés et sont formés au Centre de dissuasion navale.

Toutefois, le fondement du nouveau point de départ des relations entre les deux pays doit être la sincérité, la volonté de dialogue et, surtout, la foi dans les principes de la légalité internationale, du droit international et la condition préalable à tout progrès est le retrait immédiat et complet des troupes étrangères et des mercenaires du territoire libyen. C'est d'ailleurs ce que tous les pays européens ont demandé. Et, bien sûr, pour nous, très importante est l'annulation des documents illégaux qui ont été présentés comme des accords prétendument interétatiques mais qui n'ont aucune force juridique, comme le Conseil européen l'a explicitement décidé.

La Grèce protège ce nouveau point de départ entre les deux pays grâce aux communautés grecques de Benghazi et de Libye en général, qui sont restées dans le pays pendant les années de crise et sont prêtes à aider à sa reconstruction. À ce jour, leur réalisation la plus impressionnante est constituée par les bâtiments de la communauté grecque qui abritent désormais le nouveau consulat et la magnifique école européenne, qui n'a cessé de fonctionner pendant toute la période de troubles. En effet, l'estime dont jouit la communauté grecque auprès de la collectivité locale témoigne de la qualité de son travail, qui porte en lui la noblesse de l'hellénisme paroissial par son « action variée d'adaptations réfléchies ». Les quelques étudiants grecs vivent en harmonie avec les Libyens et les étudiants d'autres nationalités. En outre, la participation à l'éducation grecque a toujours été notre meilleure arme.

July 17, 2021