D. AVRAMOPOULOS : Nous avons eu, comme c’est toujours le cas, une discussion très intéressante et utile avec le vice-président du gouvernement et nouveau ministre des Affaires étrangères. J’aimerais souhaiter à ce dernier la bienvenue à notre ministère et lui souhaiter tout le succès dans ses nouvelles fonctions.
Les circonstances actuelles prêtent à des discours et ceux-ci sont parfois plus ou moins longs de ce qu’il fallait être. En tant que ministre sortant, je voudrais vous dire que tout au long de cette année j’ai partagé avec vous des moments mémorables. Je tiens à remercier tous les fonctionnaires du ministère grec des Affaires étrangères, lesquels en faisant preuve de dévouement, en prenant d’initiatives et en apportant leur soutien, ont été à la hauteur de leur rôle institutionnel pour un mandat qui, malgré sa courte durée, a légué une œuvre importante. Le plus important est éventuellement le fait que le ministère des Affaires étrangères s’est vu confier le rôle institutionnel qu’il méritait. Les hommes politiques et même les gouvernements se succèdent, mais ce qui demeure est la durée et la continuité institutionnelles de l’Etat et comme cet Etat a subi de nombreuses épreuves au cours des dernières décennies, le fait que de grands changements ont eu lieu et que les fonctionnaires recrutés selon des critères dictés par des intérêts politiques ou des relations personnelles ne sont plus au ministère, est particulièrement important.
Cela est, à mon sens, un résultat important qui est venu justifier cette décision, puisque les diplomates grecs, les fonctionnaires et tous les départements se sont adaptés à ce nouveau climat et, comme je l’ai tout à l’heure dit, ont été à la hauteur de leur mission.
Je n’aborderai pas des questions plus spécifiques. Nous avons évoqué ces questions avec le vice-président et nouveau ministre des Affaires étrangères, et bien évidemment, pendant toute cette période de transition, nous serons en contact pour toute éventuelle clarification, si cela est jugé nécessaire. Force est de signaler que M. Vénizélos, de par sa formation scientifique et sa carrière politique, est aussi défenseur des institutions. Par conséquent, ce ministère continuera d’offrir ses services utiles et d’importance historique en une période particulièrement difficile pour notre pays.
Ce gouvernement dont le mandat commence aujourd’hui, devra accomplir une œuvre difficile. C’est un gouvernement qui épuisera son mandat de quatre ans et qui devra faire face à de grands problèmes. La cohésion, la coopération et le consensus sont nécessaires. Nous voyons pour la première fois se matérialiser en Grèce le principe du consensus ce qui constitue la signification même du régime démocratique, à savoir l’art politique de la synthèse. Le fait que les deux partis coopèrent, coexistent et sont conscients tous les deux de l’importance de leur mission est très important et marque une nouvelle étape dans l’histoire politique du pays. Et cet enjeu permanent de la défense des intérêts nationaux et de la protection de l’indépendance du pays, fait partie de l’idéologie du ministère des Affaires étrangères. C’est pourquoi j’ai tout à l’heure dit qu’il est très important que ce ministère et son personnel soient valorisés davantage, non seulement par notre gouvernement mais aussi par les gouvernements futurs.
Nous avons, à travers notre coopération, accompli beaucoup de choses. Tout d’abord, nous avons évité à ce que tous ces efforts visant à l’adaptation budgétaire plus stricte influent sur le fonctionnement du ministère des Affaires étrangères. Nous avons réussi à maintenir un niveau élevé dans l’exercice des fonctions de tout le personnel en Grèce et à l’étranger. A ce stade, permettez-moi de vous assurer que, en tant que membre de ce gouvernement mais aussi dans l’avenir, je ferai de même. Toutefois, il y a des questions qui demeurent en suspens et nous les connaissons très bien.
Je suis certain que sous la direction du nouveau chef de la diplomatie grecque, du vice-président et ministre des Affaires étrangères, des pas encore plus importants seront faits dans ce sens. C’est dans cet esprit donc que je voudrais adresser mes remerciements à vous tous, à mes collaborateurs, les Secrétaires d’Etat aux affaires étrangères, M. Kourkoulas et M. Tsiaras qui ont été non seulement d’excellents collègues, mais aussi des hommes publics compétents, tout au long de cette période au cours de laquelle j’ai eu le plaisir et l’honneur de les avoir à mes côtés, ainsi que les Secrétaires généraux, tels que l’ambassadeur Mitsialis et son prédécesseur Kaskarelis et M. Mihalos lesquels ont donné le meilleur d’eux-mêmes afin de mener à bien notre mission.
Monsieur le vice-président et ministre,
Cher ami,
Je vous assure que toutes les questions dont vous allez vous occuper ont fait l’objet d’une élaboration excellente par le ministère des Affaires étrangères. Nous sommes prêts pour la présidence, nous avons façonné un environnement de sécurité et de stabilité dans la région, nous avons revalorisé le rôle géopolitique et géostratégique du pays, nous avons restauré son image internationale. Et derrière toutes ces décisions se trouve le personnel compétent du ministère des Affaires étrangères, les diplomates et les fonctionnaires de tous les départements à l’égard desquels je vous prie de faire aussi preuve de confiance et d’attachement.
C’est donc dans cet esprit qu’a lieu cette cérémonie de passation de pouvoirs au ministère des Affaires étrangères. Je voudrais vous adresser tous mes vœux de bienvenue et vous remercier tous. Merci.
E. VENIZELOS : Je voudrais adresser mes chaleureux remerciements à mon cher ami, Dimitris Avramopoulos, pour l’accueil chaleureux qu’il m’a réservé, pour ses propos élogieux et notamment pour le travail excellent qu’il a accompli cette dernière année en sa qualité de ministre des Affaires étrangères de la République hellénique, dans un environnement qui lui est très familier en raison de son parcours au sein du service diplomatique.
Par ailleurs, le parcours politique de Dimitris Avramopoulos, un parcours riche en expériences, a été une garantie de la réussite de sa mission au sein du ministère des Affaires étrangères et son expérience acquise sous le gouvernement de Papadimos au poste de ministre de la Défense nationale lui permettent maintenant d’exercer de nouveau ses fonctions dans un environnement qui lui est également familier, celui du ministère de la Défense nationale où il sera en charge du deuxième pilier aussi important de la politique étrangère et de la politique de sécurité et de défense du pays.
Toutefois, comme la journée d’aujourd’hui est importante non seulement pour le ministère des Affaires étrangères, mais aussi en général pour le pays, la société, les citoyens et leurs préoccupations, je pense qu’il est nécessaire de présenter certaines réflexions concernant le cadre politique qui régit l’accord entre les deux partis et notre décision de répondre à une obligation nécessaire urgente et d’avancer ensemble dans un environnement de stabilité au cours des trois années à venir, jusqu’à la fin de cette période parlementaire, la plus critique sans doute de la dernière décennie pour notre pays.
Nous avons décidé d’avancer et nous procédons, avec constance et détermination, à l’application d’un projet national de reconstruction grâce auquel notre pays sort définitivement de la crise et ce, dans un environnement international et européen extrêmement difficile.
La crise est toujours là, au niveau international et européen. En exerçant cette politique difficile, la seule politique possible – il n’y a pas eu de plan B et il n’y en a toujours pas – nous protégeons notre pays non seulement contre la crise grecque, mai aussi contre la crise européenne et internationale qui se ravive. Les délégations des deux partis sont d’ores et déjà en train de travailler sur l’actualisation de l’accord de programme de gouvernement lequel, au-delà des objectifs politiques généraux, est divisé en domaines spécialisés. Cette nouvelle composition du gouvernement permet, à travers aussi ma participation personnelle en tant que vice-président et ministre des Affaires étrangères, la pleine coordination de l’œuvre gouvernementale sur une base journalière.
Les énormes sacrifices du peuple grec apportent des résultats. Le déficit structurel, financier de la Grèce est actuellement le plus bas par rapport aux autres pays de la zone euro et cela nous permet de dire à nos partenaires institutionnels, l’Union européenne et le Fonds monétaire international, que le peuple et l’économie nationale ne peuvent pas supporter d’autres mesures financières, mesures qui alimentent la récession et le chômage.
Par conséquent, nous nous sommes fixés deux objectifs fondamentaux, deux objectifs nationaux. Croissance et emploi, soutien aux entreprises et aux projets d’investissement, mise en place des mesures pour contenir et réduire le chômage, protection des groupes vulnérables de la société, réparation progressive des injustices. Telles sont nos premières priorités. Ces réformes qui ont fait l’objet d’une élaboration bien détaillée, avec le consensus le plus élargi possible et la détermination nécessaire, revêtent une importance vitale pour l’économie, mais aussi pour la société, la plus importante de ces réformes étant celle dans l’administration publique et le fonctionnement de l’Etat en général. La réforme fiscale intégrale est également importante dans le cadre d’un système fiscal national qui prend en compte l’ensemble de la charge fiscale et la situation de chaque ménage, un système simple, juste, antibureaucratique, à caractère social et au service de la croissance. Notre pays a également besoin d’un renouvellement radical et responsable du système politique à travers la révision de la constitution. La majorité gouvernementale des deux partis prend l’initiative de mettre en route dans les plus brefs délais la procédure y relative et ce dans un esprit marqué par le plus large consensus politique et social possibles.
Dans ce cadre, mesdames et messieurs, j’ai assumé non seulement, comme je l’ai tout à l’heure dit, les fonctions de vice-président du gouvernement, mais aussi celles de ministre des Affaires étrangères. Assumer ces fonctions au sein du ministère des Affaires étrangères ne constitue pas seulement pour moi un grand honneur mais aussi un acte de responsabilité à l’égard de mon pays. Par ailleurs, telle est la pratique suivie en Europe dans le cas des gouvernements de coopération. Le chef du deuxième partenaire gouvernemental assume les fonctions de vice-président et de ministre des Affaires étrangères.
Le ministère des Affaires étrangères est pour moi ces dernières années le troisième avant-poste de la défense de la souveraineté nationale après le ministère de la Défense nationale et le ministère des Finances. La crise économique influe malheureusement sur les paramètres critiques de notre puissance nationale, à l’exception de notre idéologie et de notre volonté. Notre souveraineté monétaire, budgétaire et financière a été malheureusement limitée, soit parce que nous croyons à l’intégration européenne et nous participons à celle-ci à travers la concession des responsabilités, soit parce qu’il faut sauvegarder des biens économiques et sociaux majeurs qui constituent le noyau même de notre existence nationale. Notre indépendance nationale et notre fierté revêtent une importance encore plus grande dans des conditions de crise et souvent le peuple grec voit cela comme une insulte et même comme une humiliation qu’il ne peut pas accepter. C’est pourquoi notre politique étrangère continue à ce jour d’être exercée en fonction d’une politique de principes tout en étant axée sur le respect du droit international et des relations de bon voisinage en Europe du Sud-est et en Méditerranée orientale.
Dans ce contexte, la Grèce maintient et exerce tous ses droits souverains. En assumant aujourd’hui les fonctions de ministre des Affaires étrangères, je tiens à adresser mes salutations fraternelles nationales au peuple chypriote qui traverse une épreuve difficile et est confronté à une question majeure, non celle de la crise économique, mais celle de l’invasion et de l’occupation d’une grande partie du territoire d’un Etat membre de l’Union européenne, une solution juste et viable étant toujours l’objectif recherché dans le cadre des résolutions y relatives de l’Organisation des Nations Unies. J’adresse mes salutations fraternelles nationales aux Grecs de l’étranger et à l’Hellénisme du monde entier.
La Grèce participe de manière active aux processus liés à la gouvernance économique de l’Union européenne et notamment de la zone euro, tout en revendiquant son égalité devant les institutions, en dépit des obligations contraignantes du programme d’ajustement. Nous sommes en train de nous préparer ou plutôt, comme l’avait affirmé M. Avramopoulos, nous sommes prêts pour la présidence imminente de la Grèce au Conseil européen. Une présidence qui coïncide avec un semestre particulièrement critique pour les évolutions européennes, en dépit du fait que les présidences permanentes existantes au Conseil européen et certaines formations du Conseil et d’Eurogroupe ont limité l’importance du système de rotation de la présidence, celle-ci demeure toujours très importante.
Je sais très bien, mesdames et messieurs que le personnel diplomatique ainsi que les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères sont de haute qualité et que vous, toutes et tous, avez la volonté d’apporter votre contribution à la nation, au-delà de vos responsabilités liées strictement à vos fonctions.
Je compte sur votre professionnalisme de haute qualité, votre expérience, la longue tradition et le sentiment patriotique des fonctionnaires qui savent exécuter de la meilleure façon les décisions des instances constitutionnelles de la République hellénique.
Je regrette le départ de mon collègue, M. Tsiaras. Il a accompli un travail excellent. Je compte sur la coopération étroite avec les Secrétaires d’Etat, M. Dimitris Kourkoulas que je connais de par le passé et mon collègue au sein du parlement, Akis Gerontopoulos.
Je regrette que ce changement soudain de la scène politique et le remaniement ont eu comme résultat le suspens du mandat aussi réussi de mon cher ami, Dimitris Avramopoulos. Mais, comme je l’ai tout à l’heure dit, le fait qu’il continuera d’exercer ses fonctions au sein du ministère de la Défense me réconforte.
Je me réjouis de l’occasion qui m’est offerte par mes nouvelles fonctions d’avoir avec lui une coopération étroite quotidienne et d’avoir aussi avec vous tous, ici au ministère des Affaires étrangères, une coopération étroite quotidienne au niveau des services et à titre personnel. Je vous remercie.
June 25, 2013