E. VENIZELOS: Je suis particulièrement heureux d’accueillir, au nom de l’intérêt général et de la continuité de la politique étrangère du pays, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Nikos Kotzias ainsi que les deux nouveaux ministres délégués, MM. Nikos Chountis et Euclide Tsakalotos, auxquels je souhaite tous mes vœux de succès.
Je connais M. Kotzias depuis longtemps et je suis heureux que le portefeuille des Affaires étrangères soit confié à une personne qui a une longue expérience dans des domaines différents, mais tout aussi cruciaux, comme le mode de fonctionnement des partis et leurs procédures internes ainsi que les rapports de force, en raison de son long parcours au sein du parti communiste et du PASOK.
M. Kotzias a également une longue expérience au ministère des Affaires étrangères. En effet, il a été le collaborateur de l’ancien Premier ministre, Georges Papandréou pendant de nombreuses années. Il a exercé les fonctions d’expert, haut fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, et possède des connaissances approfondies sur tous les dossiers cruciaux. Enfin, j’estime tout particulièrement le fait qu’il appartienne au milieu universitaire et il est bien connu pour sa solide formation théorique.
J’ai eu l’occasion de remettre à M. le ministre une lettre de 16 pages strictement confidentielle, avec mes constatations, mes remarques et mon expérience pour ce qui est des questions en suspens relevant de la politique étrangère grecque. Je m’adresse avant tout, Mesdames et Messieurs, à mes collaborateurs, les Secrétaires d’Etat, MM. Dimitris Kourkoulas et Akis Gerontopoulos, que je remercie chaleureusement pour leur coopération étroite et sans nuages.
Je remercie également le Secrétaire général, l’ambassadeur Anastassis Mitsialis, mon collaborateur le plus proche en ce qui concerne les questions ayant trait au fonctionnement du ministère ainsi que le Secrétaire général aux relations économiques internationales, l’ambassadeur Panayiotis Mihalos.
Je remercie également tous les fonctionnaires du ministère, les directeurs généraux, les directeurs, les chefs des missions et tout le personnel, diplomatique et autre. Tout au long de mon mandat, j’ai pu m’appuyer sur la méritocratie, j’ai valorisé au mieux le sens accru du devoir et la qualité du personnel du ministère des Affaires étrangères.
Tout au long de mon mandat, aucun membre du personnel, que ce soit des conseillers, collaborateurs extérieurs ou personnel détaché, n’a été impliqué de quelque manière que ce soit dans une affaire relevant de la politique étrangère ou concernant le ministère.
Nul besoin de souligner que notre politique est axée sur la coopération étroite avec le Parlement hellénique, la Commission permanente Affaires étrangères et Défense, les Commissions Affaires européennes et Diaspora grecque et bien entendu le Conseil national sur la Politique étrangère car la politique étrangère est la politique par excellence du meilleur consensus possible et de la continuité.
Nous avons tenté de prouver dans la pratique que la politique étrangère est une politique de principes, dont le noyau n’a pas été touché, à savoir tout ce qui concerne les questions de souveraineté nationale et la liste des questions nationales après l’expérience difficile de la crise de ces cinq dernières années et très certainement au cours des 19 dernières mois où j’ai directement été chargé de la politique étrangère.
Le fait que la souveraineté économique et budgétaire du pays ait été touchée ne signifie en aucun cas que la souveraineté nationale du pays a été touchée pour ce qui est des questions de politique étrangère, de sécurité et de défense.
Nos actions s’articulent toujours autour de deux axes, le premier est la liste restreinte des grandes questions nationales et priorités de la politique étrangère. Le deuxième concerne les questions internationales et régionales, sur fond de crise, en tenant bien entendu compte de notre qualité en tant qu’Etat membre de l’Union européenne et de l’OTAN.
S’agissant de ces questions, nous avons toujours agi avec modération et rationalité, tout en essayant au niveau de l’Union européenne et de l’OTAN, de protéger les relations entre la Grèce et les pays tiers, outre le cercle des Etats membres de l’UE et de l’OTAN, de défendre les intérêts nationaux, ce qui est notamment visible dans la manière dont l’élargissement politique de l’Union européenne et la politique des portes ouvertes de l’OTAN ont évolué.
Cela a, dans une large mesure, dicté la position de la Grèce concernant toutes les crises internationales en cours. La position de la Grèce pour ce qui est des autres questions est tout de suite rentabilisée dans le champ étroit des questions nationales. Nous voulons donc faire des choix qui soient bénéfiques et qui ne portent pas préjudice aux questions nationales et nous distinguer seulement lorsque cela en vaut la peine, au nom de l’intérêt national.
Nous avons également eu l’occasion pendant mon mandat d’exercer, avec dignité et succès, la Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne pendant le premier semestre 2014 et de participer aux consultations sur les questions en suspens de la politique européenne, notamment des questions de gouvernance économique.
S’agissant de la liste des questions nationales, j’aimerais publiquement mentionner que concernant le dossier chypriote, qui est une priorité nationale absolue, notre action est axée sur la coopération étroite et sans faille avec le Président de la République de Chypre, qui comme chacun sait est aussi le dirigeant de la Communauté chypriote grecque lors des négociations entre les deux communautés.
La Grèce a eu la position qu’elle devait avoir pour ce qui est de l’élaboration du texte de base, qui est la déclaration conjointe du 11 février 2014, à savoir elle rejette toute idée de conférence ou procédure quadripartite et telle est notre position immuable.
Vous savez que nous avons accepté les rencontres croisées avec les négociateurs des deux parties, dans la mesure où le Président Anastassiadis nous l’a demandé et nous mettons en avant deux questions principales, l’importance de l’existence même et la continuité de la personnalité juridique internationale de la République de Chypre et le référendum en tant qu’aboutissement de la négociation, quelle qu’elle soit, et toute décision devra être acceptée par la voie démocratique et directement par le peuple chypriote, à savoir les membres légaux des deux communautés.
Nous avons géré la crise en cours du Barbaros, qui constitue une violation flagrante des droits souverains de la République de Chypre sur son plateau continental et sa Zone économique exclusive, en étroite coopération avec le Président Anastassiadis et le gouvernement chypriote et nous avons essayé de faire connaître clairement à la communauté internationale la responsabilité de la Turquie.
En ce qui concerne les relations gréco-turques, j’aimerais souligner que nous avons une excellente coopération avec le ministère de la Défense nationale pour ce qui est de mesures de confiance et de manière générale des activités aéronautiques, question que nous avons largement abordée lors d’un entretien en tête à tête avec M. le ministre.
En ce qui concerne le domaine crucial des contacts exploratoires en cours depuis 2002, nous avons à l’heure actuelle affirmé clairement que, de notre point de vue, l’objet des discussions est la délimitation du plateau continental et de la Zone économique exclusive, non seulement dans la mer Egée mais aussi en Méditerranée orientale et pour nous, il est primordial de clarifier la règle de référence qui a d’ores et déjà été acceptée lors des consultations, à savoir que celle-ci s’intègre dans le corpus de la jurisprudence internationale y afférente. Je pense – sans vouloir entrer dans le détail – que ce sont là des évolutions très importantes.
S’agissant du nom de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, comme vous le savez, nous respectons et suivons la procédure menée sous la direction de M. Nimetz. En outre, notre position a été confirmée à l’OTAN, lors de la réunion au sommet des ministres de la défense en juin à Bruxelles, notamment dans les conclusions du sommet de Cardiff en septembre.
En ce qui concerne l’Union européenne, notre position a été confirmée dans les conclusions du Conseil Affaires générales de décembre 2014. Notre politique concernant les Balkans occidentaux a été formulée lors de la réunion au sommet des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et des Balkans à Thessalonique, à la fin de la présidence hellénique et de ma tournée dans tous les pays de la région en ma qualité de président du Conseil en mars.
S’agissant des relations entre la Grèce et l’Albanie, force est de souligner l’accord conclu sur la question des toponymes, qui revêt des aspects historiques et politico-internationaux très élargis.
Nul besoin de dire que notre intérêt pour la minorité nationale grecque est constant, mais nous n’avons pas pu nous entendre sur le parachèvement des procédures concernant la validation et la ratification de l’accord sur la délimitation des zones maritimes conclu en 2009.
Je ne voudrais pas entrer dans le détail, toutefois cette question me permet de rebondir sur le sujet suivant qui est la grande priorité horizontale de ces derniers 19 mois au ministère des Affaires étrangères.
A savoir les efforts coordonnés sur la délimitation des zones maritimes. Je me suis d’ores et déjà référé aux questions ayant trait à notre relation avec la Turquie et l’Albanie. Vous savez très bien que nous avons investi dans notre relation avec l’Egypte. J’ai effectué quatre visites au Caire pendant cette période. Et l’aboutissement en a été la déclaration du Caire de novembre.
Par ailleurs, nous avons avancé dans les négociations avec l’Italie en ce qui concerne la transformation de l’ancienne convention de 1977 sur la délimitation du plateau continental en convention sur la délimitation de toutes les zones maritimes, à savoir la ZEE et nous attendons très prochainement la confirmation définitive de la partie italienne.
Malheureusement, la situation politique difficile en Libye ne nous a pas permis d’en faire de même, mais nous avons valorisé au mieux les frontières ultimes du plateau continental et de la ZEE qui ont été définies par la loi 4001 de 2011 et avons procédé, en coopération avec le ministère de l’Environnement, à l’appel d’offres sur les blocs maritimes dans la mer Egée et au sud de la Crète.
De ce point de vue, l’acte juridique international que nous avons effectué il y a quelques jours revêt toute son importance. Nous avons révoqué et en même temps de nouveau soumis la déclaration modifiée sur l’acceptation de la compétence, de la compétence unilatérale de la cour internationale de la Haye, déclaration que nous avons soumise en vertu de l’article 298 du droit de la mer, de la Convention sur le droit de la mer en rapport avec la compétence du Tribunal international du droit de la mer.
Nul besoin de mentionner l’importance de notre coopération tripartite avec Chypre et l’Egypte. Tout comme avec Chypre et Israël, des coopérations tripartites qui ne revêtent pas un caractère agressif, mais visent à la paix et à la stabilité dans la région, sur la base commune du respect du droit international et notamment du droit de la mer.
La deuxième grande politique horizontale est la diplomatie énergétique. Je ne parlerais pas de la question du gazoduc TAP et de nos relations avec l’Azerbaïdjan. Je me réfèrerais néanmoins à l’importance que revêt la déclaration du Président Poutine concernant un nouveau couloir et un centre aux frontières gréco-turques.
Ce qui, à mon sens, doit être examiné en priorité dans les prochains mois et il est très important de dire aussi que la Grèce participe activement à toutes les discussions sur ledit « couloir central », avec la valorisation des réseaux existants entre l’Egée et la Baltique en coopération avec les pays de Višegrad et les deux autres pays membres de l’UE de la région, à savoir la Bulgarie et la Roumanie. Par ailleurs, le projet de l’East Med en rapport avec Chypre est toujours une éventualité.
En ce qui concerne le voisinage sud et nos relations avec le monde arabe, la Grèce a investi, en tant que présidence, et vous vous souvenez de cet événement majeur à Athènes, avec le Sommet des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne et la Ligue arabe. Le groupe méditerranéen des pays européens, des pays membres de l’Union européenne a été reconstitué avec un rôle actif de la part de la Grèce et nous avons investi dans les relations avec des pays comme l’Egypte, l’Algérie, le Liban et avons créé une relation particulièrement équilibrée et fiable entre Israël et la Palestine.
Nous avons, par ailleurs, développé des relations privilégiées avec les pays du Golfe, un partenariat avec les Emirats arabes unis et des relations plus poussées avec le Kuweit, Qatar et l’Arabie saoudite.
Nous avons participé, ce qui ne s’était pas produit dans le passé, à toutes les conférences sur la Libye, à Rome et Madrid. A Genève II pour ce qui est de la Syrie. Nous n’avions pas participé à Genève I et à la conférence du Caire sur Gaza.
Nous avons accordé une importance particulière à notre relation avec l’Iran, j’ai visité Téhéran et j’ai rencontré mon homologue à trois reprises, en dehors de Téhéran, et nous attendions peu avant la proclamation des élections la visite du ministre iranien des Affaires étrangères qui, je l’espère, aura lieu très prochainement.
En ce qui concerne le voisinage oriental, nous suivons très attentivement les événements qui se déroulent dans la région élargie de Marioupol, notre objectif étant d’assurer la sécurité du Consulat général et la sécurité de tous les citoyens d’origine grecque. J’étais en contact permanent avec le nouveau Consul général.
Nos relations avec le gouvernement ukrainien sont au niveau de nos relations avec les Etats membres de l’UE et j’aimerais signaler à cet égard le niveau de nos relations avec la Moldavie, la Géorgie et l’Arménie.
J’avais accepté l’invitation de mon homologue russe, M. Sergei Lavrov de visiter Moscou à la fin du mois de janvier, en réponse à sa visite à Athènes. Cette visite n’a pas eu lieu en raison des élections et j’espère qu’elle aura lieu très prochainement.
En ce qui concerne les pays du BRICS et outre les questions concernant la Russie et la Chine avec laquelle nous entretenons des relations économiques et politiques développées, sans oublier le grand nombre de rencontres organisées au niveau des ministres des Affaires étrangères, j’aimerais rappeler notre très bonne relation avec l’Inde, comme l’a attesté ma dernière rencontre avec mon homologue indien en marge de l’AG de l’Organisation des Nations Unies. Néanmoins, de nombreux efforts doivent être déployés pour que notre relation bilatérale avec le Brésil soit plus concrète, relation qui est dans une large mesure influencée par le mode de participation du Brésil au C.A. du Fonds monétaire international.
Sur le plan de la diplomatie économique, nous avons accordé une importance particulière à la coopération avec le ministère du Développement grâce aux efforts des conseillers économiques et attachés du ministère des Affaires étrangères.
Les questions ayant trait à la Diaspora grecque ont été gérées avec beaucoup de dextérité par M. Gerontopoulos, tout comme M. Kourkoulas a particulièrement bien géré toutes les questions relevant de la politique européenne.
J’aimerais saluer très chaleureusement tous les Grecs de l’étranger et les assurer que la Grèce assure le consensus et la continuité dans les questions relevant de la politique étrangère.
Nous accordons une très grande importance à la diplomatie ecclésiastique et permettez-moi de conclure en mentionnant deux nouvelles très importantes, à mon sens, qui concernent les réparations allemandes et le prêt imposé à la Grèce durant l’occupation allemande.
Le 19 janvier, il y a quelques jours, le ministre des Finances m’a transmis le rapport confidentiel du groupe de travail du Service général de comptabilité de l’Etat sur l’évaluation des demandes du secteur public grec que j’ai de suite transmis au Président du Conseil juridique de l’Etat en attendant l’avis de la plénière.
Le 14 janvier, en réponse à des déclarations y relatives du porte-parole du ministère allemand des Finances, j’ai fait une déclaration publique en mentionnant la nécessité de résoudre ces questions par la voie diplomatique dans le cadre du respect mutuel et du respect commun du droit international et de la vérité historique. Et cette déclaration a été remise sur mes ordres par note verbale au ministère des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne.
Sur ces propos, j’aimerais de nouveau remercier les journalistes accrédités qui sont aussi des acteurs de la diplomatie publique ainsi que tous les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Permettez-moi de vous accueillir M. le ministre et MM. les ministres délégués et avant que vous ne preniez la parole, j’aimerais vous demander de donner la parole à M. Akis Gerontopoulos qui aimerait faire une brève déclaration.
K. GERONTOPOULOS : Puisque je n'ai pas assisté à la cérémonie de prise de fonctions, je voudrais dire quelques mots lors de la cérémonie de remise de pouvoirs. Tout d'abord, j'aimerais remercier le Président, M. Antonis Samaras pour l'honneur qu'il m'a fait ainsi que pour la confiance qu'il m'a accordée. Je tiens également à remercier M. Vénizélos pour l'excellente coopération que nous avons eue tout comme M. Kourkoulas.
Je voudrais également remercier tous les fonctionnaires avec lesquels nous avons coopéré pendant toute cette période ainsi que les diplomates de mon cabinet avec lesquels nous avons voyagé à travers le monde. Et comme l'a indiqué M. Vénizélos, nous avons tous voyagé dans les régions les plus reculées.
Les résultats de la politique nationale extérieure ne sont pas toute de suite visibles. Je pense que nos successeurs seront sévères à notre égard; mais ils seront aussi justes. Et j'aimerais tout simplement signaler qu'il y a toujours de la continuité dans l'Etat et d'autant plus dans la politique étrangère.
J'aimerais encore une fois remercier tous les journalistes qui nous ont soutenus car, comme l'a indiqué le Ministre ces derniers ont contribué à nos efforts diplomatiques. Je vous remercie beaucoup.
E. VENIZELOS : Monsieur le ministre vous avez la parole.
N. KOTZIAS: Monsieur le ministre et monsieur le Président du PASOK, je vous remercie pour votre introduction chaleureuse lors de cette cérémonie marquant la prise de fonctions de la nouvelle direction du ministère des Affaires étrangères. Je tiens à remercier publiquement Alexis Tsipras qui a confié à moi et aux deux ministres délégués l’exercice de la politique étrangère du pays, une politique qui - je dois le signaler – est exercée grâce aux compétences et à l’aide précieuse du personnel du ministère des Affaires étrangères.
Si quelqu'un me demandait dans la rue: « Comment tu te sens? » - il y a ceux qui se rappellent de l'année 1992, date à laquelle j'ai réussi aux examens du ministère des Affaires étrangères - je lui répondrais en une seule phrase : Je suis content car je rentre chez moi. Je suis content de revoir des amis et des collaborateurs du passé.
De quoi le ministère des Affaires étrangères a-t-il toujours besoin ? Qu'ai-je appris pendant mon parcours de 18 ans ici? Le ministère doit apprendre à penser davantage, il doit apporter sa contribution en faisant preuve d'un esprit critique à une politique étrangère active. Il ne suffit pas, chers collègues, chers collaborateurs, d'exprimer tout simplement son opinion et de remplir des formalités conformément aux procédures bureaucratiques.
On a besoin de propositions, je veux que vous fassiez preuve d'esprit critique et que vous présentiez des propositions. Un bon diplomate, un bon expert, un bon fonctionnaire dans tous les domaines du ministère est celui qui cherche à trouver, en toute liberté d'esprit, la meilleure façon d'agir dans l'intérêt des Grecs et de la souveraineté de la Grèce au sein du système international.
Je vous invite donc tout d'abord à agir en toute liberté d'esprit. Vous savez qu'en 1989 je n'appartenais à aucun parti, vous savez qu'aujourd'hui je n'appartiens toujours à aucun parti et que nous, nous trois qui sommes au ministère des Affaires étrangères, nous voulons nous battre pour une Grèce qui cessera de se vider de son sang.
Pourquoi avons-nous besoin aujourd'hui plus que jamais de l'esprit critique de chaque personne qui travaille dans le domaine de la politique étrangère? Parce que les problèmes sont devenus plus complexes et comportent de nombreux dangers par rapport au passé. Les problèmes sont plus complexes car vous savez mieux que moi que la mondialisation et l'intégration européenne avancent et que notre pays ne doit pas se dissocier de ces deux processus.
La Grèce est souveraine lorsqu'elle apporte sa contribution à travers la politique étrangère, à travers sa réflexion et ses intérêts, aux organisations internationales, aux négociations multilatérales et à l'Union européenne elle-même. Et la Grèce défendra sa souveraineté tout comme elle doit défendre la souveraineté démocratique de son peuple et sa souveraineté au sein du même système international.
J'aimerais partager avec vous mes principales réflexions et inquiétudes. Nous vivons dans une région marquée par l’instabilité. La Grèce se trouve au milieu d'un triangle d'instabilité dont le sommet en haut est l'Ukraine, le sommet en bas à la gauche est la Libye et le sommet de base à la droite et le Moyen-Orient.
La Grèce est un phare lumineux de stabilité et nos alliés doivent également le comprendre tout comme nos partenaires, et notamment ceux qui pensent pouvoir, à travers la dette et les mémorandums, déstabiliser la Grèce et sa position au sein du système international.
Toute absence de stabilité, une stabilité qui est indispensable dans la région, pourrait entraîner de nombreux malheurs pour le peuple grec ainsi que pour l'Union européenne tout entière. Par conséquent, nous devons participer aux négociations imminentes tout en respectant les résultats de la Démocratie.
Je voudrais encore dire que la politique étrangère doit soutenir et servir le pays dans cette bataille qui sera livrée par le nouveau gouvernement de sauvetage en vue d'une négociation rationnelle et un règlement des problèmes liés à la dette souveraine et aux mémorandums.
La politique étrangère en cette époque marquée par les mémorandums et la grande dette souveraine doit être une politique étrangère active qui doit établir des ponts avec tout le monde.
Nous sommes un pays européen et moi-même personnellement ainsi que les ministres délégués sont des pro-européens. Nous sommes un pays pro-européen, mais nous voulons aussi construire des ponts avec le nouveau monde émergent, avec les pays du BRICS, avec des pays tels que la Chine, avec la Russie avec laquelle nous entretenons des relations traditionnelles, avec l'Inde comme l'a indiqué le ministre, avec le Brésil et avec de nombreux autres pays.
Nous ne pensons pas, comme certains veulent nous imposer cette réalité, que notre adhésion et notre parcours européens et nos relations avec les nouvelles forces émergentes sont deux choses contradictoires.
Nous sommes un pays qui n'a jamais été colonialiste au cours des derniers 500 ans du capitalisme. Nous n'avons jamais porté atteinte à nos relations en raison d'une certaine agressivité à l'égard des peuples tiers et par conséquent notre pays pour des raisons historiques et culturelles peut contribuer au développement des relations entre l'Union européenne et les marchés et les forces émergentes.
Par ailleurs, cette relation, ce pont entre l'Union européenne et ces pays nécessite le développement de nos capacités et moyens, à savoir la Grèce, dans ce nouveau monde qui émerge, doit développer ses capacités dans le triptyque « médiation, arbitrage et négociation » pour son propre intérêt ainsi que pour le compte d'autres Etats se trouvant dans des régions de crise.
Et ce triptyque comporte nos premières priorités au niveau de nos fonctions qui sont également liées - et à ce stade j'aimerais remercier le ministre pour nous avoir reçus aujourd'hui - au fait que nous devons demain soir nous rendre à Bruxelles car une négociation très difficile est en cours sur la question de la troisième vague de sanctions contre la Russie et comme vous le savez, jeudi se tiendra la réunion extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires étrangères.
Et permettez-moi de dire depuis cette tribune que certains de nos partenaires n'ont pas fait preuve de la meilleure des attitudes à notre égard. Ils ont violé les règles de fonctionnement de l'Union européenne et ont essayé de nous mettre devant des faits accomplis avant même l'investiture du nouveau gouvernement. Nous l'avons clairement fait savoir dès le début, cela ne sera pas acceptable. Ceux qui pensent que la Grèce en raison de sa dette renoncera à sa souveraineté et à sa contribution active à la politique européenne, se trompent.
Nous voulons être des patriotes, des pro-européens et nous voulons être des internationalistes mondiaux. Nous voulons avant tout un ministère qui pensera, qui osera penser d'une façon différente, qui tournera la page et sera au service de notre peuple et de ses perspectives et qui fera disparaitre les inquiétudes du peuple.
Force est de rappeler que la politique n’est pas seulement synonyme de plans d'actions, de négociations, la politique ce sont aussi des sentiments comme j'ai coutume de le dire. Nous pensons, nous compatissons avec notre peuple et nous essayons de trouver les moyens qui permettront à la Grèce d'avoir la meilleur place possible au sein du système européen et international.
Je vous remercie d'être venus ici cet après-midi, je tiens à remercier aussi le ministre pour cette séance d'information tenue dans son bureau, le Président Alexis Tsipras ainsi que les deux ministres délégués avec lesquels nous allons vivre des moments à la fois difficiles et intéressants.
Et je tiens aussi à vous remercier d'avance car je sais que vous aimez être des penseurs libres et apporter votre contribution à la créativité de la Grèce. Je vous remercie beaucoup.
E. VENIZELOS : Monsieur le ministre, permettez-moi de vous souhaiter tout le succès dans vos fonctions qui commencent déjà à partir de demain. Puisque ces cinq dernières années très difficiles j'ai assumé les fonctions de ministre de la Défense nationale, des Finances, des Affaires étrangères et de vice-Premier ministre du gouvernement, je voudrais vous assurer ainsi que le peuple grec que la Grèce n'a jamais subi des pressions et aucune tentative de pression n’a était faite au niveau des questions relevant de la politique étrangère et de la politique de sécurité et de défense en raison de la crise économique et notamment au niveau des questions liées à la dette souveraine.
Non seulement elle n'a subi aucune pression, mais aussi personne n'a osé exercer une telle pression et corréler ces questions. Je dis cela car vous avez établi un lien entre les responsabilités du ministère des Affaires étrangères et la négociation, le plan d'ajustement, la prochaine étape et la dette souveraine.
Et puisque j'ai été présent à la négociation sur la dette souveraine, à la restructuration drastique, à la seule restructuration qui ait lieu au niveau international et j'ai vécu les nuits du 21 Février et du 9 mars 2012, j'espère que le Premier ministre, le ministre des Finances et tout le gouvernement ne vivront pas des expériences similaires et qu'ils réussiront à apporter des résultats encore plus significatifs par rapport aux résultats déjà acquis, des meilleurs résultats et non pas des résultats qui soient pires.
Ν. KOTZIAS : Monsieur le ministre, je vous remercie pour vos vœux. Les élections ont jugé ces questions et tout le monde sait que nous avons une autre manière de penser à l'égard de certains problèmes. C'est pourquoi j'invite tous nos collaborateurs au ministère à faire preuve d'un esprit critique et à apporter des idées novatrices, à faire preuve de créativité en vue de contribuer en tant que ministère des Affaires étrangères au règlement des problèmes qui oppriment notre peuple. Je vous remercie encore une fois de votre présence.
E. VENIZELOS : Je vous remercie aussi et je voudrais signaler qu'avant la démocratie il y a l'histoire ce qu'il ne faut jamais oublier.
Ν. KOTZIAS : Et maintenant M. Nikos Chountis, ministre délégué, veut prendre la parole.
NIKOS CHOUNTIS : Je vous remercie beaucoup. Je ne voudrais pas vous fatiguer davantage.
E. VENIZELOS : Je vous en prie.
Ν. CHOUNTIS : Toutefois, je pense qu'il est de mon devoir de dire quelques mots. Deux jours se sont à peine écoulés depuis les résultats du scrutin. Par la suite, les évolutions ont été très rapides et je n'ai pas eu l'occasion de m'exprimer publiquement. Je voudrais tout d'abord remercier les citoyens qui ont voté pour SYRIZA tout en permettant la formation d’un gouvernement de la base populaire.
Et, bien évidemment, j'aimerais remercier le Premier ministre, M. Alexis Tsipras qui m'a confié ce poste.
Je tiens à remercier la direction actuelle, M. Vénizélos et leurs collaborateurs, M. Kourkoulas et M. Gerontopoulos, qui nous ont accueillis et nous ont informés.
Je voudrais vous dire, mes chers amis, que j’ai une longue expérience en matière de politique étrangère car j'étais le premier membre après la révision de la constitution, du Conseil national sur la politique étrangère. Mais, je pense que mon expérience acquise au cours de ces cinq dernières années en tant que membre du Parlement européen et qui plus est en tant que membre de la Commission des Affaires étrangères et de la sous-Commission pour la Sécurité et la Défense, m’aidera à l’exercice de mes fonctions.
Et j'aimerais de nouveau dire qu'à l'époque nous avons eu une très bonne coopération sur ces questions avec M. Kourkoulas qui m'a beaucoup aidé et nous a aidé à avoir un meilleur aperçu des dossiers et une meilleure efficacité.
Chers amis, dans le cadre des fonctions que je viens d'assumer et sur la base de l'expérience que j'ai acquise en ces temps difficiles, mon intention ainsi que celle du gouvernement grec est, pour ce qui est des négociations, de faire en sorte que nos partenaires européens nous traitent sur le même pied d'égalité que les autres membres de l'UE, car nous sommes des membres à part entière ayant à la fois des obligations et des droits découlant des traités de l'Union européenne et c'est sur cette base que nous assumons nos obligations tout en faisant valoir nos droits.
Tel sera mon effort dans le cadre des mes fonctions ainsi que les efforts communs que nous consentirons tous ensemble en tant que gouvernement à l'égard des problèmes que nous devons résoudre.
Je ne voudrais pas vous fatiguer davantage. C'était, à mon sens, de mon devoir de le dire et je voudrais aussi dire qu'avec les hauts fonctionnaires du ministère, car je suis au courant du travail qu'ils accomplissent, nous aurons les meilleures relations possibles - j'en suis convaincu - ainsi qu'une très bonne coopération, chose qui est également exprimée par les ministres, les ministres délégués pour ce qui est de cet effort en cours, un effort responsable et sérieux. Je me réjouis de pouvoir prendre part à cet effort. Je vous remercie beaucoup et j'espère que nous aurons une bonne coopération. Je vous remercie.
M. EUCLIDE TSAKALOTOS : Je voudrais également remercier M. Vénizélos et le ministère pour l'accueil qu'il nous a réservé. Lors de la période préélectorale un grand débat a été engagé sur l'existence ou non de la continuité de l'Etat. A mon sens, il existe à la fois de la continuité et de la non continuité. En tant que professeur universitaire, j'apprends à mes étudiants que les sociétés et les citoyens ont toujours des choix et qu'il existe toujours des confrontations, des analyses différentes, des idées différentes et des impératifs différents. Nous, au sein du parti SYRIZA, nous axerons notre travail sur les bases existantes tout en apportant de nouvelles analyses, de nouvelles idées et de nouvelles propositions.
Bien évidemment, toutes ces propositions seront toujours ouvertes à la critique et feront toujours l’objet de débats et de consultations. Je pense que pour ce qui est du domaine des relations économiques internationales, nous avons beaucoup à dire. Je pense que l'Europe ainsi que le monde en général y prêtent une oreille attentive. Aux journalistes étrangers j'ai dit que si l'on a des choses à dire, tout le monde y prête attention.
Je pense que nous, au sein du parti SYRIZA, nous avons beaucoup de choses à dire concernant la façon dont la négociation doit se dérouler et le cadre macroéconomique que nous devons mettre en place ainsi que concernant une série de réformes dont certaines auront une continuité et que d'autres non.
J'attends également avec intérêt une très bonne coopération. Nous, au sein du parti SYRIZA, nous étions envahis par des sentiments de tristesse bien avant la crise en raison de la dépréciation des fonctionnaires du secteur public ainsi que de la perception qui prévalait selon laquelle les fonctionnaires étaient responsables pour tous les maux. Nous pensons que cette critique généralisée était injuste, que si l'on veut réformer le secteur public, on doit garder les éléments positifs et par la suite sur ces bases nous pouvons créer une nouvelle structure dont notre pays a tant besoin.
Je vous remercie encore une fois M. le Président. Merci à tous.
January 27, 2015