Le ministre des Affaires étrangères de la République de Chypre, Ioannis Kassoulidis, le ministre des Affaires étrangères de la République hellénique, Nikos Kotzias et le ministre des Affaires étrangères de la République arabe d’Egypte, Sameh Shoukry ont eu aujourd’hui, le 29 septembre 2015, une réunion trilatérale à New York. Ladite réunion s’est tenue pour la troisième année consécutive.
Les ministres ont réitéré l’engagement mutuel des trois gouvernements en faveur du mécanisme de consultation trilatérale ainsi que d’un partenariat permanent et d’une coopération au service de la paix, de la stabilité et de la prospérité de la Méditerranée orientale, ainsi que prévu dans les déclarations conjointes publiées à l’issue des conférences au sommet de haut niveau du Caire, le 8.11.2014 et de Nicosie, le 29.04.2015. Dans ce contexte, les ministres ont réaffirmé leur engagement d’œuvrer constamment en faveur du renforcement de leur consultation trilatérale à tous les niveaux.
Les ministres ont passé en revue les relations entre l’Union européenne et l’Egypte, en soulignant le caractère mutuellement profitable de ce partenariat. Ils ont salué la volonté de l’Egypte de développer une coopération plus étroite avec l’Union européenne dans différents domaines politiques et économiques. Ils sont convenus de la nécessité pour l’Union européenne de reconnaître la situation réelle en Egypte, de soutenir cette dernière, tant au niveau économique que politique et de soutenir son combat contre le terrorisme ; de promouvoir davantage les échanges dans les domaines du commerce, de la gestion des crises et dans le cadre de consultations politiques sur des questions régionales, tout en reconnaissant le rôle central de l’Egypte pour la sécurité et la stabilité en Méditerranée orientale et dans la région élargie.
Ils ont examiné les évolutions dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international par le biais d’une action coordonnée, globale et collective de la communauté internationale. Dans ce contexte, ils ont réitéré leur engagement en faveur de l’effort collectif visant à combattre l’Etat islamique et autres organisations terroristes et ont souligné la nécessité de combler les lacunes dans les efforts visant à mettre fin à l’afflux de combattants étrangers et à la fourniture d’un soutien financier et militaire aux organisations terroristes.
Ils sont convenus de la nécessité urgente de faire face à la crise migratoire et aux flux de migrants accrus qui sont la conséquence des troubles persistants dans notre voisinage. Ils ont souligné par ailleurs la nécessité d’une approche holistique pour s’attaquer aux causes profondes du problème et notamment la nécessité de résoudre les conflits. Les trois pays se sont engagés à déployer tout effort possible en vue de s’attaquer – par priorité – à l’aspect humanitaire de la crise en vue de prévenir de nouvelles pertes de vies humaines en mer, en coopération avec les pays d’origine et de transit, dans le but de lutter contre les activités des passeurs. Les ministres se sont déclarés prêts à contribuer à s’attaquer aux aspects humanitaires de la crise des réfugiés qui perdure en coopération avec tous les pays impliqués.
En ce qui concerne la Syrie, ils ont exprimé leur soutien aux efforts de l’envoyé spécial des Nations Unies, Stefa de Mistura visant à relancer le processus politique. Ils ont par ailleurs reconnu la nécessité de poursuivre le soutien offert aux pays voisins en vue de lutter contre les répercussions de la crise et d’étendre leur soutien aux efforts de l’Egypte visant à faciliter l’atteinte d’un consensus entre les partis d’opposition syriens dans le but de promouvoir une solution politique à la crise syrienne conformément au Communiqué de Genève.
S’agissant de la Libye, les ministres des Affaires étrangères ont exprimé leur soutien aux efforts du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Bernardino León et au parlement élu et à son gouvernement nommé jusqu’à la formation définitive d’un gouvernement d’unité nationale. Ils se sont dits vivement préoccupés par la situation de sécurité en Libye et ont de nouveau appelé à la mise en œuvre d’une stratégie anti-terroriste par le biais du dialogue politique, du processus de réconciliation nationale et de l’application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Ils ont exprimé leur soutien sans faille au gouvernement légal du Yémen et à la sauvegarde de son unité et de son intégrité territoriale. Les efforts consentis sous l’égide des Nations Unies avec la participation du Conseil de coopération du Golfe sont le seul moyen approprié conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. La lutte contre les organisations extrémistes et terroristes, la protection des civils et la fourniture libre et illimitée d’une aide humanitaire à la population civile sont une nécessité impérieuse.
S’agissant de l’Irak, les ministres des Affaires étrangères ont réitéré leur soutien aux efforts consentis par le gouvernement irakien en vue de parvenir à la stabilité et de lutter contre le terrorisme et ont exprimé leur soutien sans faille aux efforts consentis par le gouvernement et le peuple d’Irak en vue de parvenir à la stabilité et de lutter contre le terrorisme ; ils sont exprimé leur plein soutien à l’aspiration du gouvernement et du peuple d’Irak à la cohésion politique, à la tranquillité et à la paix.
Ils ont salué l’accord conclu à Vienne le 14 juillet 2015 entre l’Iran, les trois Etats membres de l’UE et les trois autres Etats (E3/EU+3) concernant le programme nucléaire iranien, après plus de deux années de négociations intenses, ce qui constitue une évolution importante et ont souligné la nécessité d’une application globale et fidèle dudit accord. Ils ont exprimé l’espoir que cet accord constitue un pas en avant vers la création d’une Zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.
Ils ont appelé à l’atteinte d’une solution équitable, globale et permanente au Moyen-Orient conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et à l’instauration d’un Etat palestinien souverain, viable et doté d’une continuité territoriale dans les territoires occupés depuis le 4 juin 1967, avec Jérusalem-est comme capitale, qui coexistera dans des conditions de paix et de sécurité avec tous les pays voisins, conformément aux positions et aux initiatives de l’Union européenne et de la Ligue arabe. Une telle solution est la seule garantie permettant d’éviter la récurrence des décès de civils innocents, la destruction et l’escalade de la tension.
Ils ont exprimé leur soutien à la réouverture des négociations visant à un règlement global du problème sur la base d’une solution à deux Etats et ont salué la volonté du Quartet international de coopérer plus étroitement avec les pays arabes qui jouent un rôle clé. Dans ce contexte, ils ont appelé à la cession immédiate de l’escalade à la mosquée Al-Aqsa et ont exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour ce qui est de la protection des lieux saints dans les territoires palestiniens occupés.
Ils se sont déclarés résolus à renforcer leur coopération afin que la découverte d’importants gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale puisse jouer un rôle de catalyseur pour la coopération régionale et la prospérité. Ils ont souligné que cette coopération est fondée sur le respect mutuel de principes bien établis du droit international et de la Convention des Nations Unies pour le droit de la mer (UNCLOS). En particulier, ils ont souligné l’importance de la récente découverte du gisement de gaz naturel « Zohr » dans la Zone Economique Exclusive de l’Egypte. Ils sont convenus d’engager sans plus tarder des négociations sur les questions en suspens concernant la délimitation des zones maritimes adjacentes.
Ils ont réaffirmé leur soutien sans faille aux négociations en cours sur le règlement de la question chypriote qui réunira l’île conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce règlement ne sera pas seulement dans l’intérêt du peuple de Chypre dans son ensemble, mais contribuera de manière déterminante à la stabilité et à la paix dans la région.
Ils se sont dits préoccupés par les destructions et les attaques perpétrées contre l’héritage culturel des pays du Moyen-Orient ainsi que par le pillage organisé et le trafic illicite des biens culturels qui ont des conséquences dramatiques sur le patrimoine historique inestimable de la région. Ils ont partagé les expériences de leurs propres pays concernant ce phénomène particulièrement préoccupant et ont souligné leur détermination à continuer de s’employer à lutter contre les destructions, les pillages et le trafic illicite des biens culturels. Ils sont convenus de la nécessité d’une résolution forte du Conseil de sécurité des Nations Unies qui imposera des restrictions mondiales au niveau du commerce et du transport d’objets d’art provenant de toutes les zones de conflit avec l’obligation de prouver la légalité de ce commerce incombant aux commerçants, aux maisons de vente aux enchères et aux acheteurs et non au pays d’origine.
Convaincus du caractère stratégique de cette coopération trilatérale, nos trois pays continueront de travailler en étroite coopération afin de libérer le plein potentiel de cette coopération, dans l’intérêt de leurs peuples et de la région élargie.
September 30, 2015