Le ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, a rencontré aujourd'hui, mardi 27 juillet, les étudiants de la faculté de droit de l'Université Démocrite de Thrace qui ont été primés au concours international de procès simulé en droit international Telders 2021 (Telders International Law Moot Court Competition 2021). Le groupe d'étudiants a remporté la première place et a reçu le prix Max Huber.
Le groupe était composé de Dionysia Vanikioti, d’Evangelos-Ioannis Arapis et de Michael Moschos, étudiants de troisième et quatrième année.
Le Procès simulé 2021 a réuni 30 groupes d'étudiants, dont des universités de France, d'Allemagne, de Grande-Bretagne et de Russie.
Lors de la rencontre avec les étudiants, M. Dendias a indiqué ce qui suit :
« Tout d'abord, je voudrais vous féliciter. Pour nous, il y a deux choses qui revêtent une importance énorme. La première est le fait que votre groupe vient de Thrace, de l’Université Démocrite. Je suis diplômé de l'Université Capodistrienne, mais il est particulièrement agréable pour nous de constater que ce groupe a été créé à l'Université Démocrite de Thrace.
Et la deuxième chose très importante est, bien évidemment, le fait que ce concours a trait au droit international. Parce que le droit international a toujours été le pilier de notre pays, sous tous les gouvernements.
Par conséquent, le fait que vous ayez remporté un concours ayant trait à ce qui est pour nous un pilier de notre politique, est extrêmement important.
Il y a une troisième chose que je dois vous dire. En voyant votre dossier d'attribution j'ai découvert que parmi les trois juges se trouvait Alain Pellet, qui est un avocat que je connais bien. Nous avons travaillé ensemble dans le passé et il est excellent. Comme je le connais bien, je suis absolument sûr - car il est toujours rigoureux dans son jugement - que vous avez bien mérité ce prix.
Merci beaucoup pour cette visite. Je vous félicite au nom du Premier ministre, M. Mitsotakis, mais aussi au nom du ministère des Affaires étrangères et au nom de notre pays tout entier, pour cette distinction qui constitue pour nous un honneur extraordinaire.
Je vous souhaite encore plus de succès, et si vous le souhaitez, j'espère que vous aiderez le pays en servant à un moment donné dans ce ministère également, soit dans le service juridique spécial qui est « l’épine dorsale » du pays dans tous ses efforts déployés au cours de ces années pour prouver ses droits, que ce soit pour les zones maritimes du pays ou pour nos droits plus élargis.
Encore une fois, je vous adresse mes plus chaleureuses félicitations. »
Répondant également à la question d'un étudiant sur les conseils qu'il donnerait à toute personne souhaitant faire carrière dans ce domaine professionnel, le ministre des Affaires étrangères a déclaré :
« Ce qui a pris énormément d'ampleur ces dernières années, c'est le droit international de la mer. Krateros Ioannou a écrit un livre, avec Mme Stratis, auquel j’ai recours tout le temps ; il s’agit du livre Le Droit de la mer.
Le pays a d'énormes intérêts en termes de droit de la mer et pas seulement pour ce qui est des questions relatives au plateau continental et à la zone économique exclusive.
Comme vous le savez, nous avons réussi à conclure deux accords avec l'Italie et l'Égypte. Avec l'Albanie, nous sommes très proches de la signature d'un accord.
Avec la Turquie, malheureusement, je dois vous dire que nous ne voyons pas les choses de la même manière, car la Turquie rejette l'UNCLOS en principe. Et comme je dis toujours, c’est comme si on essayait de résoudre le même exercice de géométrie mais l’un utilise la géométrie euclidienne qui comporte des parallèles et l’autre la géométrie elliptique qui ne comporte pas des parallèles.
Avec cette approche, on ne résoudra jamais cet exercice ensemble.
Cependant, l'UNCLOS est en train de devenir la norme dans le monde entier. Les Etats-Unis ne l'ont pas signé, mais le nouveau Secrétaire d'État, Anthony Blinken, s'est néanmoins prononcé directement en faveur de sa signature depuis quelques semaines, et même auprès de son propre pays.
Et il y a un très grand nombre de pays au-delà de la Méditerranée, (Australie, Inde, Japon, Indonésie, Vietnam) pour lesquels la CNUDM est très importante.
Tout comme il est très important, au-delà de notre région, que la Grèce soit la première puissance mondiale dans la marine marchande. La liberté des mers revêt une importance considérable pour l'humanité tout entière. Mais le fait qu'un pays relativement petit soit la première puissance navale du monde est un avantage considérable qui lui permet de faire entendre sa voix en matière de droit de la mer.
Je dirais donc que le ministère a également besoin d'expertise dans ce domaine qui s'est développé rapidement depuis les années 1980. Et après les années 1990, c'est devenu notre principale question politique et la principale question du Service juridique spécial ».
Sur la question de savoir dans quelle mesure la politique étrangère influence la politique intérieure, le ministre des affaires étrangères a répondu à la question d'un étudiant :
« Merci de m'avoir posé cette question. En Grèce, historiquement, les questions de politique étrangère ont semé la division à l’intérieur du pays.
Mais dans la conjoncture actuelle, je dois dire que la société grecque dans son ensemble et la majorité écrasante du système politique ont fait preuve d'une formidable maturité face à la crise.
La société grecque a réussi à surmonter les divisions pour ce qui est de la manière de traiter les questions de politique étrangère et à avoir une compréhension plus ou moins unifiée des paramètres et des intérêts de notre pays. Et je pense qu'il s'agit d'une très grande réussite qui doit être maintenue.
Et cela donne de très grandes opportunités à quiconque représente le pays à l'étranger, que ce soit le Premier ministre, M. Mitsotakis, ou moi-même en tant que ministre des Affaires étrangères, lorsque notre interlocuteur sait que nous exprimons en fait l'ensemble du système politique de notre pays et non un parti politique spécifique.
Je pense qu'en cela, le pays a réalisé quelque chose d'extrêmement important, et je le souligne pour mettre en exergue la différence par rapport à ce qui se passait autrefois lorsque nous avions toujours « réussi » à être divisés.
La salle dans laquelle nous nous trouvons s'appelle « Eleftherios Venizelos ». Vous savez ce qui s'est passé sous Eleftherios Venizelos, le plus brillant des hommes politiques grecs, dont les choix ont pourtant été remis en question et le pays a été divisé ».
Enfin, à la question de savoir si les questions énergétiques seront d'une grande importance à l'avenir, le ministre des affaires étrangères a répondu :
« C’est déjà le cas. C'est-à-dire que le transport d'énergie, les pipelines, le transport d'électricité affectent beaucoup notre vie, et ce de manière peut-être prédominante.
Mais à l'avenir, cela deviendra encore plus important car, premièrement, l'énergie renouvelable est quelque chose qui est également très important dans les zones maritimes.
Le magazine Economist a publié un article sur les plateformes flottantes d'énergie renouvelable, que je vous recommande de lire.
De plus, une très grande partie de l'énergie de la planète sera soit de l'énergie créée d'une manière ou d'une autre à partir d'hydrogène, soit de l'énergie solaire provenant de pays à fort ensoleillement, c'est-à-dire de pays situés au sud de nous.
Nous avons une position extrêmement stratégique en matière de transport d'énergie. Donc, l'énergie restera et deviendra un facteur dominant dans les questions de politique étrangère.
Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire que l'énergie consommée par la race humaine augmentera au fur et à mesure que la population et les besoins augmenteront.
Et d'autre part, la nécessité de protéger l'environnement, qui est dominante, nous conduira très vite aux sources renouvelables et à la nécessité de transférer l'énergie de là où elle peut être produite à moindre coût pour servir le développement de l'Europe et de la planète ».
La rencontre avec le groupe d'étudiants de l'Université Démocrite de Thrace s'est terminée par une visite de la salle de conférence « Capodistrias » et du bureau du ministre.
July 28, 2021