Seul l’original fait foi.
C. BILDT: Excusez-nous pour ce retard mais cela est dû au fait que nos discussions ont été excellentes et très constructives. Inutile de dire que nous n’avons pas seulement abordé la situation économique en Europe et en Grèce. Permettez-moi d’exprimer ma conviction personnelle, à savoir qu’après cette période difficile la Grèce parviendra à sortir de cette crise. Un plan de réformes impressionnant a été soumis à la table, un plan qui est appliqué actuellement de manière progressive et il existe aussi une aide européenne substantielle en vue que cette démarche soit couronnée de succès, afin que la Grèce puisse se voir accordée les délais nécessaires pour appliquer les réformes structurelles. Il y a eu d’exemples similaires dans les deux pays, nous l’avons vu en Suède, cela est totalement faisable. Ce n’est pas facile à faire, mais j’ai une totale confiance en Grèce. Elle y parviendra.
Bien évidemment, nous avons consacré une grande partie de nos discussions aux changements qui s’opèrent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à la situation en Libye, en Syrie où les événements suscitent une grande préoccupation. Nous avons également abordé des questions ayant trait à l’élargissement et notamment la question des Balkans. A cet égard, je voudrais vous dire que nos points de vue convergent en majeure partie pour ce qui est de la nécessité de poursuivre le processus d’élargissement afin de créer les meilleures conditions pour la stabilité et la paix ainsi que pour la croissance économique dans cette région.
S. LAMBRINIDIS : Merci Carl. C’est un grand plaisir pour moi de me trouver ici en Suède. Je vous remercie pour cette hospitalité magnifique. La Suède occupe une place spéciale dans le cœur des Grecs. C’est le pays qui a été le refuge hospitalier qui a accueilli les démocrates grecs à l’époque de la dictature militaire. Je le dis car certaines fois l’histoire est importante et je pense que vos paroles chaleureuses attestent du fait qu’en dépit de la distance qui sépare nos deux pays, ces derniers partagent les mêmes mémoires et aujourd’hui les mêmes réalités.
Nous sommes particulièrement fiers de l’œuvre qu’accomplit la Suède dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’Homme. Il s’agit d’une question mondiale d’importance cruciale et le rôle de premier plan de la Suède constitue une source d’inspiration pour nous tous.
Maintenant, comme Carl l’a affirmé, nous avons eu une discussion très constructive sur une série de questions. Nous nous sommes, bien entendu, référés aux questions économiques. La Grèce est en train aujourd’hui de faire de grands changements, des changements difficiles, nombreux sont ceux qui souffrent en raison de ces changements, des changements qui se poursuivront pendant longtemps. Nous le savons. Nous avons pris l’engagement de faire ces changements. Nous avons reçu des emprunts de la part de nos partenaires et nous leur en sommes reconnaissants. Nous allons rembourser ces emprunts, nous ne demandons pas l’aumône et nous rembourserons ces emprunts jusqu’au dernier euro et, qui plus est, avec un taux d’intérêt avantageux. Et nous avons l’intention de poursuivre notre œuvre avec succès, comme nous l’avons fait jusqu’à présent. Et, en dépit des prévisions négatives faites par un grand nombre de personnes, la zone euro est puissante et avance, tout comme la Grèce.
Pour ce qui est de la Libye, nous avons étudié la situation qui est, bien entendu, assez complexe, nous le savons mais nous formons de grands espoirs. A cet égard, je voudrais faire rapidement deux remarques. Premièrement, nous sommes apparemment très près de l’étape finale de la transition et l’Union européenne et la Grèce doivent jouer un rôle très actif, elles doivent protéger, soutenir le processus de démocratisation, non seulement en théorie mais aussi dans la pratique. Nous devons être présents, soutenir la cause du peuple libyen, sa lutte en faveur de la liberté et de la démocratisation. Nous devons également assurer que la violence arrêtera, non seulement de la part des derniers fidèles du régime et qu’il n’y aura pas de représailles. Nous devons construire une nouvelle Libye qui sera fondée sur la paix et la prospérité.
L’élargissement, comme Carl l’a affirmé, a été également une question qui a dominé une grande partie de nos discussions. Nous pensons tous les deux qu’il est très important pour les Balkans d’avoir une perspective européenne, la perspective d’une pleine adhésion, cela exige du temps, chaque pays avancera à son propre rythme, mais nous avons pris de fermes engagements à cet égard. Nous pensons qu’il est très important du point de vue économique et politique à la fois, tant pour ces pays que pour l’UE, d’œuvrer de concert pour voir de quelle façon cet objectif pourrait être promu.
Je pense – nous pensons tous les deux – qu’il est assez important d’assurer également que le processus d’élargissement avec la Turquie se poursuivra. Bien évidemment, l’acquis communautaire doit être protégé et appliqué pleinement. Mais ce processus, un processus de changement porteur d’espoir, qui tant avec le soutien de la Turquie qu’avec celui de l’UE, constitue une opportunité et alimente nos espoirs pour l’avenir. Tous les 27 Etats membres de l’UE participent à ce processus et la Turquie doit le reconnaître.
Merci.
[Questions et réponses en suédois pour C. Bildt]
JOURNALISTE : [question hors micro au sujet de la Libye]
S. LAMBRINIDIS : C’est très facile dans tous les scénarios d’étudier le scénario le plus noir. Je pense que ce scénario est le moins probable. Aujourd’hui, en Libye on assiste à une véritable explosion d’espoir et, bien évidemment, nous ne sommes pas naïfs, nous sommes bien conscients des difficultés, mais c’est cet espoir qui a gardé unies la Libye, les forces de l’opposition pendant tous ces mois, ce qui a, bien entendu, affaibli le régime. Et, c’est dans cet espoir que l’Europe doit investir pour pouvoir procéder à la démocratisation du pays. Je pense qu’en Libye tous ont eu le temps nécessaire pour penser à leurs perspectives, cette transition à la démocratie n’est pas une nouvelle réalité pour eux. Nous avons également discuté de cette question et c’est à nous maintenant d’assurer que cette transition devienne réalité.
JOURNALISTE : Et quels sont les prochains pas que peut faire l’Europe ?
S. LAMBRINIDIS : Nous sommes en train de discuter de cette question et des discussions sont en cours au niveau de nos ambassadeurs. Comme nous l’avons, à maintes reprises, dit, sa participation aux structures transitoires ainsi que son savoir-faire et son expérience peuvent être des éléments décisifs et cruciaux et, pour ce qui est, bien entendu de l’aspect humanitaire, l’objectif dans ce domaine également est d’avoir une contribution efficace et immédiate.
C. BILDT: Tout à fait.
JOURNALISTE : Une question pour M. Lambrinidis, qu’y a-t-il de nouveau concernant l’accord avec la Finlande…
S. LAMBRINIDIS : Les discussions se poursuivent, comme vous le savez, il s’agit d’une décision européenne commune, non pas seulement d’une décision de la Grèce. Les décisions adoptées le 21 juillet ont été d’une importance majeure et ont marqué un tournant pour l’Europe. Tout cet accent mis sur la possibilité d’accorder à la Grèce un délai nécessaire afin que nous puissions appliquer ces mesures très dures, tout ça a en fait écarté le danger. Dans le même temps, l’accent mis sur le développement, sur l’élaboration d’un nouveau plan « Marshall » pour la Grèce est important pour l’Europe. La crise de la dette, comme il a été révélé ces derniers mois, n’est pas seulement grecque, elle est plus élargie. En dépit d’énormes sacrifices du peuple grec, il y avait toujours cette impression que nos efforts étaient inutiles et nos alliés européens qui nous prêtaient de l’argent avaient eux aussi l’impression qu’aucun progrès n’était pas réalisé, puisque il y avait aussi ces prédictions alarmistes concernant l’avenir de l’euro. Le 21 juillet a mis fin à tout ça. Cela alimente nos espoirs et je pense que si nous fondons nos efforts sur cette réussite, nous serons plus forts à l’avenir, en tant que Grèce et en tant qu’Europe à la fois. Maintenant, il faut appliquer ces décisions. Que l’on finisse avec les discussions ampoulées et les discours grandiloquents. Les discussions sont finies. L’important maintenant est d’appliquer ces décisions du 21 juillet au niveau européen et en ce qui concerne nous en Grèce, il faut que nous poursuivions ce processus difficile de la consolidation et de la réforme budgétaires. Nous avons pris l’engagement de le faire, nous le faisons, nous devons le faire, en faisant dans le même temps preuve de détermination.
August 26, 2011