Conférence de presse conjointe du ministre des Affaires étrangères, N. Kotzias et de son homologue de l'ARYM, à l'issue de leur rencontre (Athènes, 17 décembre 2015)

 Conférence de presse conjointe du ministre des Affaires étrangères, N. Kotzias et de son homologue de l'ARYM, à l'issue de leur rencontre (Athènes, 17 décembre 2015)N. KOTZIAS : Bonjour mesdames et messieurs. C'est avec un grand plaisir que j'ai accueilli mon collègue -  d’ailleurs nous portons le même – le ministre du pays voisin. Nous avons eu une discussion amicale dans un climat de confiance tout en faisant preuve aussi de notre intention de changer les choses là où cela est possible.

Nous voulons coopérer sur la question des réfugiés et contribuer à la stabilité dans la région élargie. L'extrémisme islamique et la guerre syrienne ont créé le grand problème des réfugiés, un problème qui n'est pas de caractère interétatique mais global et va au-delà des frontières européennes. Et le ministre  a eu aussi ce matin une rencontre avec M. Nikos Toskas, ministre délégué à la Protection du citoyen avec lequel il a abordé des questions relevant de la coopération policière qui est en train de se développer.

Notre discussion a été axée sur notre volonté d'entreprendre d'initiatives visant à enrichir notre coopération dans de nombreux domaines de l'économie et du tourisme. Force est de rappeler que la Grèce est le premier investisseur dans le pays voisin. Nous avons discuté de ses perspectives européennes et de la façon dont nous pourrons, dans les domaines en question, mettre à disposition notre expertise concernant une série de réformes nécessaires pour toute la région, en vue de mettre en place un Etat de droit, de faire face au crime organisé et à d'autres questions.     Nous avons tenu une discussion intéressante sur le dossier énergétique ainsi que sur l'intention de relier le pays voisin au système de réseaux énergétiques de la Grèce.

Nous sommes tout les deux en faveur d'une bonne coopération entre les deux Etats. Nous voulons isoler les voix du nationalisme extrémiste et de l'irrédentisme. Nous ne voulons pas faire preuve d'inertie. Nous voulons valoriser les discussions menées au sein de l'ONU sur le problème essentiel, celui du nom. 

Je pense Nikola que nous sommes tous les deux satisfaits de l'initiative que nous avons prise concernant les mesures de confiance. Il y a d'ores et déjà cinq mesures qui ont été mises en route et maintenant nous sommes en train de discuter de six autres. Nous sommes satisfaits de la rencontre tenue, du dialogue politique entre nos diplomates au plus haut niveau et nous voulons dans un esprit de confiance envisager également toutes les autres questions qui préoccupent nos pays sur la scène internationale mais aussi au niveau bilatéral.
Je tiens encore une fois à remercier le ministre Nikola Poposki d'avoir accepté l'invitation que je lui ai adressée lors de ma dernière visite à Skopje. Et nous avons renouvelé notre rendez-vous pour la prochaine fois, quand on aura plus de temps car aujourd'hui nous n'avons pas pu discuter de toutes les questions et nous devons bientôt aller voir le Président de la République qui recevra Nikola Poposki.

Nikola, encore une fois je voudrais te souhaiter la bienvenue et j'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir à l'avenir. J'ai appris qu'il est venu en Grèce en tant que touriste en 1986 et je l'ai invité à revenir en Grèce pour faire des vacances mais aussi en sa qualité de ministre du gouvernement qui sera formé après les élections au mois d'avril. Je lui souhaite tout le succès dans ce domaine aussi.

N. POPOSKI : Je tiens à faire part de mes remerciements et de mon estime à mon collègue Nikos Kotzias pour l'accueil qu'il nous a réservé ici à Athènes,  à moi personnellement à ma délégation. Je pense également que le dialogue avec les hauts fonctionnaires grecs et par cela j'entends le ministère de la Protection du citoyen, la rencontre au parlement et au palais présidentiel.

Je pense que tel est le bon chemin que nous devons emprunter au niveau de notre relation bilatérale. Nous avons discuté d'une série de questions. Nous avons identifié les domaines où nous avons des positions divergentes et les domaines qui sont importants pour nos deux pays. Il existe un différend concernant le nom. Un débat est engagé sur ce différend et dans ce contexte, tout comme nos deux pays, géographiquement parlant, sont séparés par des montagnes, de la même façon il existe des obstacles de taille.

Je tiens à souligner que notre pays a une stratégie dont l'objectif est d'avoir de bonnes relations avec la Grèce et c'est dans ce sens que nos relations devront aller. Nous avons discuté des mesures de confiance lesquelles si elles revêtent un caractère symbolique, elles sont toutefois très importantes et se développent sur une série de domaines comportant, entre autres, une coopération dans le domaine de l'économie, de la culture et de l'éducation.

Nous avons également débattu des moyens qui nous permettront d'avoir une coopération directe sur notre processus d'adhésion à l'UE. Nous pouvons partager avec la Grèce des expériences qui pourront s'avérer très utiles et les valoriser lors de notre processus d'adhésion à l'Union européenne.

Il doit donc y avoir une coopération entre d'autres ministères de nos deux pays. Avec cette situation à laquelle nous sommes actuellement confrontés et j'entends par cela la crise des réfugiés, cette coopération ainsi que cette attitude positive doivent être aussi reflétées dans la gestion de la question des réfugiés. Nous devons donc faire tous ce qui est en notre pouvoir afin d'assurer à ces personnes transitant par notre pays un accueil dans des conditions humaines et nous pensons que l'Union européenne peut apporter sa propre contribution. Il existe des signes d'amélioration au niveau de notre coopération sur le terrain et cette tendance doit également être poursuivie à l'avenir.

En conclusion, je voudrais souligner que nous avons réitéré notre invitation pour une visite l'année prochaine. Toutefois, nous voulons avoir une coopération dans un plus grand nombre de domaines entre nos pays. Tous les deux pays déploient de grands efforts en vue d'améliorer le climat dans leurs relations, en dépit de nos différences. Des deux côtés des frontières il existe un intérêt commun pour une meilleure coopération.  Je vous remercie.


JOURNALISTE (Chaîne de télévision Alfa Skopje): Monsieur le ministre, M. Kotzias, lors de la rencontre d’aujourd’hui, la partie grecque a-t-elle proposé une idée ? Y a-t-il eu de la part de la partie grecque une proposition en vue de la résolution de la question du nom ? Car cela signifierait le déblocage du processus d’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne ? Y a-t-il un pas en avant dans le sens de la résolution de la question ?

Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Nous négocions sur cette question à l’ONU, avec l’aide de M. Nimetz et nous recherchons un compromis honnête qui combattrait l’irrédentisme et le nationalisme extrémiste et contribuerait à la perspective d’avenir des deux parties. Comme vous le savez, les négociations sont menées dans le cadre de l’ONU et leur contenu ne peut être dévoilé. Je vous remercie.

N. POPOSKI: Lors de toute rencontre entre les représentants de nos pays, le différend bilatéral réapparaît sur le devant de la scène. Comme je l’ai dit tout à l’heure, les positions des gouvernements des deux pays sont connues. Force est de conclure que nos positions sont opposées, c’est pourquoi nous devrons franchir les montagnes afin de parvenir à une solution. D’un autre côté, nous reconnaissons qu’il est dans notre intérêt d’œuvrer en faveur de l’amélioration du climat entre les deux pays et d’un dialogue constructif, afin de pouvoir nous axer sur des questions qui nous rapprochent au lieu de nous concentrer sur le seul point à l’origine de notre différend. J’espère que notre dialogue ainsi que les mesures de confiance constitueront des pas en avant dans cette direction.

JOURNALISTE (Chaîne de télévision SKAÏ): Une question pour M. Poposki. Tout d’abord, bienvenue en Grèce. Vous venez de dire que des obstacles de taille doivent être surmontés afin de résoudre le différend existant sur le nom. Si un terrain d’entente est trouvé entre les deux pays, est-ce que votre gouvernement aura toujours l’intention d’organiser un référendum ? Une autre question sur le problème des réfugiés. Est-ce que votre gouvernement est résolu à achever la construction du barrage en cours ou bien est-ce que ce projet pourrait être abandonné compte tenu de la bonne coopération entre les autorités des deux pays ? Et enfin, concernant l’énergie, est-ce que les deux pays ont l’intention de coopérer dans d’autres domaines que celui du gaz naturel ? Merci beaucoup.

N. POPOSKI : En ce qui concerne la question du nom, je pense que les fausses espérances ne sont dans l’intérêt de personne. Nous devrons donc être réalistes lorsque nous présentons la situation. Et dans ce cas, il y a d’importantes différences entre les deux pays. C’est un fait. En ce qui concerne votre deuxième question, oui, nous avons le devoir politique de ne pas convenir d’une quelconque solution et cette solution ne devra pas menacer la constitution et notre identité nationale, si cette solution n’est pas appuyée par la voie du référendum.

En ce qui concerne votre troisième question, les réfugiés, c’est une question pour laquelle il y a un intérêt commun pour les deux pays. La grande difficulté est que le même nombre de réfugiés arrivant sur les îles grecques passe par notre territoire. Nous parlons de centaines de milliers de réfugiés, qui, pour la Grèce, qui compte 10 millions d’habitants, représentent un problème. Ces réfugiés constituent pour nous, qui comptons 2 millions d’habitants, un problème encore plus grand. De ce fait, nous devons tous assurer le traitement sûr et humain et le transit de ces personnes. Pour cette raison, nous avons mis des obstacles à nos frontières pour empêcher le transit illégal et que tous les réfugiés puissent être dirigés vers les points d’enregistrement. Lorsqu’il y aura un système complet d’enregistrement adéquat, alors nous ne serons plus obligés de poser des obstacles car nous ne voulons pas de barbelés aux frontières de deux pays européens. Ces frontières, les barbelés, ne peuvent constituer une solution à long terme.

S'agissant de votre dernière question concernant l'énergie, nous avons confirmé notre volonté de relier notre pays au réseau énergétique de la Grèce. Mes interlocuteurs à Athènes m’ont dit qu'il existe la volonté de promouvoir d'avantage des projets dans le domaine énergétique entre les deux pays et, bien évidemment, en ce qui nous concerne, nous allons soutenir ces projets.

December 17, 2015