N. ΚΟΤΖΙΑS : Bonjour. Je tiens à souhaiter la bienvenue à mon cher ami, le Secrétaire d'Etat américain, John Kerry avec lequel nous avons une coopération étroite dans l'esprit des liens d'amitié traditionnels qui unissent nos deux pays. J'espère qu'il visitera de nouveau notre pays car il aime la mer, la planche à voile et les îles grecques.
M. Kerry est un ministre des Affaires étrangères important qui se distingue pour son esprit rationnel, perspicace et réaliste.
Il met en exergue les contractions et les contrastes. John Kerry est le ministre des Affaires étrangères d'un pays où vit une nombreuse communauté grecque dont le rôle de trait d’union entre la Grèce et les Etats-Unis est largement connu.
Nous reconnaissons la contribution des Etats-Unis lors des récentes négociations sur la crise économique et nous apprécions l'esprit ouvert des Etats-Unis pour ce qui est de la gestion de la dette, qui constitue, dirais-je, une approche constructive à l'égard du règlement de ce problème.
La Grèce est un acteur important dans la région. Elle se trouve au milieu d'un triangle d'instabilité, la Libye et la Syrie formant sa base et l'Ukraine son sommet et c'est un pays stable qui émet des vagues de stabilité dans la région.
C'est un pays qui connaît la région et peut contribuer à toutes sortes de négociations, de discussions, et, si besoin est, de jouer le rôle d'arbitre entre les parties en conflit.
Nous savons que la crise syrienne, la guerre en Syrie provoque de grands problèmes. La politique étrangère grecque soutient le processus de Vienne. Elle soutient l'atteinte d'une solution politique à la question syrienne, à travers l'adoption d’une constitution démocratique et le déroulement d’élections démocratiques et elle le soutient non seulement pour des motifs généraux, mais aussi parce que la crise migratoire est due, dans une large partie, à la situation actuelle en Syrie.
On doit faire preuve d'humanisme à l'égard des conséquences de la crise syrienne et y faire face en coopération avec nos voisins et conformément aux règles des relations internationales et du droit international.
Dans ce cadre, notre priorité est de parvenir à une solution politique en Syrie et de soutenir les pays d'accueil des réfugiés, tels que la Jordanie, le Liban, de renforcer la stabilité dans la région ainsi que dans les pays tels que l'Egypte, le Soudan et la Somalie.
Et, bien évidemment, nous pensons qu'il doit y avoir une répartition des charges équitable émanant de la crise migratoire et de lutter avant tout, d'une manière efficace, contre le terrorisme et l'EI.
C'est pourquoi, je le répète, nous soutenons fermement le processus de Vienne. Avec John, nous avons également parlé d'un autre problème important de la région, le dossier chypriote dont l'état d'avancement incite à un certain optimisme.
Nous soutenons tous les efforts consentis dans le cadre des pourparlers sur la question chypriote qui sont menés sous l'égide de l'ONU.
Nous avons signalé par tous les moyens qu'au 21e siècle il ne peut y avoir aucun Etat membre de l'ONU et de l'Union européenne qui soit soumis à des régimes périmés, comme les garanties et la présence des armées étrangères.
Nous avons également abordé des questions relatives aux investissements et à l'énergie et je voudrais dire que nous formons toujours l'espoir que la Grèce et les Etats-Unis coopèrent dans l'intérêt de la stabilité régionale.
Je voudrais, en concluant, cher John vous inviter dans les îles grecques de la mer Egée où vous pouvez faire de la planche à voile, et notamment à Alonissos, une île que j'aime tant. En un mot, vous allez découvrir les beautés de l'Egée, vous serez l'ambassadeur du tourisme américain pour la Grèce.
Et, en concluant, dear friend, friend John welcome to Athens, it’s nice having you here.
J. KERRY : Merci beaucoup. J'accepte votre invitation, le seul problème que j'ai toutefois est de trouver le temps pour cela. Je ne suis pas sûr que mon travail me permette ce luxe. Mais, pour dire la vérité, je rêve de visiter vos îles depuis bien longtemps, et je voudrais effectuer cette visite.
Monsieur Kotzias, merci beaucoup. Je vous remercie de l'accueil que vous m'avez réservé ici à Athènes. Le berceau de la démocratie. Et c'est pour moi un grand plaisir de me trouver ici afin de renforcer l'alliance continue entre nos deux pays. Nous avons parlé de Boston, ma ville natale où vit une nombreuse communauté gréco-américaine et, comme vous le savez, dans d'autres régions aussi d'Amérique où les Grecs continuent d'apporter leur grande contribution à la vie de mon pays et ils sont les porteurs des traditions de la Grèce à laquelle ils expriment leur attachement.
Tout simplement, les relations entre les Etats-Unis et la Grèce ne seront jamais rompues. Elles sont indéfectibles. Elles sont l'exemple des relations entre pays qui connaissent des hauts et des bas, comme dans toute relation. Mais au fond, notre relation est axée sur des valeurs et sur la tradition de la famille et cela confère à nos relations une puissance bien particulière.
Par mon visite d'aujourd'hui, je voudrais louer l'hospitalité chaleureuse et la résistance du peuple grec qui essaye de sortir de la plus sévère crise économique qu’ait jamais connu son pays tout en laissant ouvertes ses portes aux migrants et aux réfugiés. Notre pays est à vos côtés en tant que partenaire et ami.
Chaque jour, nos pays font face de concert à des questions relatives à la stabilité régionale, au commerce, aux investissements et à la diversification des sources d'énergie, des domaines qui présentent un intérêt commun stratégique. Nous luttons ensemble contre l'EI dans le cadre de l'alliance contre l'EI et je suis tout à fait convaincu que, sur la base des décisions prises par le Président Obama de concert avec nos alliés, la France, le Royaume-Uni qui a récemment reçu le feu vert de son parlement et l'Allemagne du Bundestag et d'autres pays de la région, les pays du Golfe et tous les pays.
Tous ces pays font preuve de leur engagement de manière tangible et je pense que, nous sommes convaincus, au fil du temps, que nous vaincrons l'extrémisme, l’extrémisme violent.
Notre sommes ensemble ici, comme nous l’avons été et nous continuerons de l’être à l’avenir en tant qu'alliés défendant l’espace euro-atlantique dans toute la région où la sécurité est compromise de l’Afghanistan jusqu’au Kosovo.
Les Etats-Unis soutiennent la Grèce dans ses efforts de redresser son économie, au prix de choix très difficiles et de sacrifices du peuple grec.
Nous saluons l'accord entre la Grèce et ses créanciers et le travail très difficile qui a été depuis accompli en vue d'appliquer cet accord. Je me suis il y a peu entretenu avec le Premier ministre avec lequel nous avons discuté de certains besoins au fur et à mesure que le redressement économique avance.
Bien évidemment, il faut consentir plus d'efforts dans les mois à venir mais je suis tout à fait convaincu que la Grèce et ses dirigeants continueront de mettre en œuvre les réformes qui sont indispensables afin que le pays regagne sa compétitivité, que la confiance du marché soit améliorée et que le pays puisse attirer des investissements.
En outre, des pas doivent être faits afin de maintenir l’accès au crédit et de jeter les bases appropriées pour la création d’emplois, pour la croissance économique et pour un futur prospère.
Dans cet effort vous pouvez compter sur le soutien des Etats-Unis. Bien évidemment, nous savons tous qu'au 21e siècle les pays doivent regarder au-delà de leurs frontières afin d'avoir une bonne place au sein du marché qui est d'ores et déjà devenu mondial.
Il ne suffit plus d'avoir seulement des échanges commerciaux avec certains pays. C'est un marché mondial, très compétitif et c'est pourquoi, les Etats-Unis ont salué le renforcement du rôle de la Grèce dans le domaine de la sécurité énergétique et les actions qu'elle a entreprises pour la mise en place du gazoduc transadriatique (TAP) et l’Inter-connecteur Grèce-Bulgarie.
Ce sont des projets énergétiques très importants qui ne vont pas seulement renforcer l'économie de la Grèce, mais contribueront aussi à la promotion de la stabilité régionale et de la prospérité et ces projets offriront, j'en suis convaincu, de nouvelles opportunités pour la réalisation d'investissements américains en Grèce.
Et l'une des priorités auxquelles s'est référé le Premier ministre, M. Tsipras était les investissements directs qui sont la clé pour répondre aux besoins émanant du manque de fonds intérieurs en raison des pressions qui sont exercées sur la Grèce.
Vous pourrez y parvenir par le biais de ces projets. Des projets de ce genre. Des projets énergétiques et autres. En même temps que le gouvernement prend plus de mesures afin de créer un climat plus favorable aux investissements, je vous assure que nous, de notre côté, nous ferons savoir à nos entreprises que la Grèce est prête à faire des affaires.
Et, à l'heure où la Grèce fait des pas pour redresser son économie, elle se trouve en première ligne de cette crise des réfugiés et des migrants.
La Grèce travaille d'arrache-pied et dans des conditions très difficiles pour enregistrer les arrivées en provenance de la Syrie, et d'autres pays et pour offrir aussi de l'aide humanitaire.
Force est de souligner qu'il ne s'agit pas seulement d'une crise grecque. Je dois le souligner. Ce n'est pas exclusivement une crise européenne, ni une crise du Moyen-Orient. C'est une crise mondiale et nous devons tous assumer nos responsabilités.
Dans ce contexte, nous saluons la décision de l'Union européenne d'allouer 1,3 milliards de dollars pour aider les réfugiés syriens en Turquie, et nous ferons de même.
Je suis fier que les Etats-Unis soient le plus important donateur de la relocalisation des réfugiés. Les Etats-Unis ont contribué à hauteur de 4,5 milliards de dollars dès le début de la guerre syrienne et j'ai le plaisir aujourd'hui de vous annoncer qu'à cette somme s'ajouteront 24 milliards de dollars, somme qui sera directement versée au Haut commissariat pour les réfugiés et nous apporterons notre assistance à la Grèce, aux Balkans ainsi qu'à d'autres régions de l'Europe qui sont affectées par la crise des réfugiés.
Nous aiderons à la mise en place des installations d'accueil, nous mettrons à disposition de la nourriture, de l'eau et nous apporterons une aide en matière sanitaire. Et nous faciliterons également des visites éducatives aux Etats-Unis pour les représentants des organisations Asante et Almasar. Ce sont deux organisations non gouvernementales qui travaillent ici et sont en charge de la formation des migrants et nous soutiendront aussi des organisations en Grèce, comme le réseau MELISSA que j'ai visité aujourd'hui.
J'ai été ému par les femmes et par une jeune femme qui travaille là-bas pour aider les femmes réfugiées et migrantes à s'intégrer à la société grecque ou pour les soutenir au cas où elles voudraient s’installer dans un autre pays.
La véritable solution à la question des réfugiés pour toute l'Europe est de mettre fin dans les plus brefs délais à la guerre en Syrie. Et c'est justement ce que nous faisons, moi personnellement et tous les autres par le biais de notre participation aux deux réunions que nous avons eues à Vienne ainsi que par le biais du travail que nous accomplissons pour valoriser les résultats de ces réunions, dans le but d'amener l'opposition à la table des négociations, de lancer les négociations avec Assad et de parvenir à la transition. Et à cet égard, nous avons maintenant à nos côtés la Russie et l'Iran, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, et d'autre pays du Golfe ainsi que les Etats-Unis.
Et nous avons pris l'engagement d'essayer d'accélérer cette initiative diplomatique en vue de parvenir à un cessez-le-feu et d'exercer des pressions pour une transition politique en Syrie. C'est la meilleure façon de procéder, laquelle résoudra non seulement le problème des réfugiés, mais elle encouragera aussi la prospérité et la stabilité dans la région et créera un environnement de sécurité pour les citoyens du pays et ceux d'autres pays.
Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour parvenir à quelque chose dans les semaines qui suivent.
Le ministre, M. Kotzias et moi-même avons également discuté du rôle de la Grèce dans l’alliance aujourd’hui avec d’autres questions régionales sur lesquelles nous coopérons. Et l’une de ces questions est bien entendu Chypre, que je viens de visiter, mais aussi les Balkans et l’application de l’accord nucléaire avec l’Iran.
Dans toutes les difficultés que rencontrent la Grèce et les Etats-Unis et le monde entier, je suis convaincu que nos pays demeureront d’étroits alliés et des amis. Nous avons de remarquables proverbes qui nous ont été légués par les philosophes de la Grèce antique et par l’histoire dans cette partie du monde. Il y a également eu Esope qui nous a enseigné quelque chose de très simple : ce n’est qu’en étant unis que nous réussirons, car divisés nous échouerons.
Et sur ces paroles sages, je dirais que les Etats-Unis sont aux côtés de la Grèce et je suis convaincu que la Grèce et l’Amérique sont aux côtés de nos autres amis européens et des autres pays de la région pour résoudre les graves problèmes de sécurité auxquels nous sommes confrontés à l’heure actuelle.
Je dirais donc « I Ameriki stirizei tin Ellada » (L’Amérique soutient la Grèce, N.d.T.).
JOURNALISTE (Washington Post) : Monsieur le ministre, vous avez de nouveau mentionné votre quête de transition politique en Syrie. A votre avis, le président Assad doit-il partir avant que vous ne vous concentriez sur Daesh ? Ou bien pouvez-vous convaincre les rebelles et l’armée syrienne de le faire simultanément ? J’aimerais également vous demander si le fait que l’IRAN s’en sorte alors qu’il n’a pas dit toute la vérité à l’AIEA à propos de son histoire nucléaire ne créé pas un mauvais précédent ?
Et compte tenu du fait que Jason Rezaian vient tout juste de passer 500 jours dans une prison iranienne et que trois autres prisonniers irano-américains sont emprisonnés là-bas, pensez-vous que l’Iran soit une destination sure pour les binationaux qui souhaitent visiter ce pays et investir ?
J. KERRY : Permettez-moi de dire tout d’abord que je ne suis pas certain d’appeler cela ma quête, bien que les quêtes aient écrit une partie de l’histoire dans cette région du monde. Il s’agit d’un objectif que partagent plusieurs pays qui ont durement réfléchi à la crise en Syrie.
Le Président Obama s’est toujours fixé l’objectif, depuis le premier jour, en pensant qu’il n’y a qu’une solution politique à la guerre civile en Syrie et que cela nécessiterait quelques options de nature militaire afin de renforcer la diplomatie. Mais indépendamment des interventions militaires, en dernière analyse, la solution politique est nécessaire afin de résoudre les différends qui existent dans ce pays.
Donc nous agissons de manière méthodique, avec discipline et intensité, et nous essayons de promouvoir le processus diplomatique, car la Russie a indiqué qu’elle s’est engagée sur la voie de la solution politique et l’Irak aussi. Et tous les pays de la région se sont engagés en faveur d’une solution politique.
Nous sommes donc tous unis actuellement, car nous pensons que c’est peut-être le moment opportun de voir si nous pouvons amener des pays à la table des négociations et trouver une solution rationnelle à ce problème.
En ce qui concerne la question Assad et la conjoncture, j’estime que la réponse à votre question est qu’il n’est pas clair s’il doit partir. S’il y avait une certaine clarté sur ce que pourrait être l’avenir. Et la clarté pourrait se présenter sous la forme de plusieurs choses qui donnent une certitude à ceux qui pensent qu’il peut y avoir une solution et donc ils pourraient probablement coopérer plus étroitement.
Mais il serait très difficile de coopérer sans avoir une indication ou un signe de confiance de la part de ceux qui le combattent, à savoir qu’il existe effectivement une solution en vue. Je ne vois pas comment on pourrait coopérer car dans ces circonstances on pourrait croire que nous le soutenons, nous l’aidons et nous le protégeons, ce qui est évidemment inacceptable.
Et en ce qui concerne l’Iran et l’AIEA. Premièrement, le rapport n’a pas encore été publié. Il y a des fuites, je le sais, il y a en tout état de cause un processus en cours.
Le comité conjoint se réunira. Nous avons une équipe qui se rendra à Vienne qui se réunira sur la question et le Conseil intergouvernemental doit se réunir. Il y a un processus, le P5+1 a un rôle à jouer à cet égard. Je pense donc qu’il est prématuré d’émettre des commentaires. Mais nul n’a de doute au sujet des anciennes ambitions militaires de l’Iran.
Depuis le début, nous avons dit que l’Iran aspirait à un projet nucléaire et s’était engagé dans des activités avant 2003 et jamais nous ne nous étions demandé si ce processus aurait engendré des ambigüités. Nous l’avons prévu.
Mais la question est maintenant de voir comment nous allons avancer, comment nous assurer que rien de ce qui s’est produit dans le passé peut se reproduire dans le futur. Et c’est pourquoi l’application de cet accord sur le nucléaire est aussi critique, c’est pourquoi la question de l’accès a été intégrée à cet accord. C’est pourquoi nous avons une équipe dirigée par l’ambassadeur Steve Mall qui suivra quotidiennement la pleine application de cet accord afin qu’il n’y ait plus de questions concernant le passé, le présent ou l’avenir.
Et je ne commenterais pas davantage la question car comme je vous l’ai dit je n’ai pas lu le rapport entier, qui n’est pas encore finalisé, puisque le comité ne s’est pas encore réuni et le rapport final n’a pas encore été publié.
L’autre question concernait le prisonnier Jason Rezaian. Hier était un jour triste. Ce citoyen est incarcéré depuis 500 jours, une incarcération que nous estimons injustifiée, illégale et nous avons exhorté l’Iran à plusieurs reprises de libérer Jason et les autres prisonniers américains.
Je vous dirais simplement que lors de nos rencontres avec l’Iran, à chacune de nos rencontres ces dernières semaines, les noms de ces Américains détenus sont toujours en première ligne de nos discussions et nous nous employons fermement à essayer de libérer ces personnes et les ramener en Amérique et je le rappelle souvent à l’Iran afin qu’il facilite ce processus et les libère le plus rapidement possible.
JOURNALISTE (ERT): Monsieur le ministre, en dépit de l’aide financière octroyée pour remédier à la question des réfugiés, je voulais demander si les Etats-Unis ont l’intention, dans le cadre de la responsabilité qui leur incombe dans la lutte contre la crise des réfugiés qui met à l’épreuve la société et l’économie grecques, d’intervenir afin de contenir la vague des réfugiés qui viennent des côtes turques et finissent noyés avant de pouvoir traverser la mer de la Grèce ?
Et ma deuxième question, monsieur le ministre : est-ce que vous reconnaissez à la Grèce également le droit de protéger ses frontières des violations de son espace aérien par d’autres avions, comme vous l’avez fait avec la Turquie. Ou bien avez-vous deux poids deux mesures ?
Merci.
J. KERRY : Non, il ne peut y avoir deux poids, deux mesures. Je dirais très simplement que la Grèce et la Turquie ont de toute évidence la voie diplomatique pour discuter des questions liées à l’Egée et je ne changerais pas ces voies aujourd’hui.
Simplement, j’encourage la Grèce et la Turquie en tant qu’alliés de l’OTAN à coopérer et à maintenir des relations de bon voisinage et à encourager la paix, la stabilité par le biais de la coopération. Et je suis convaincu qu’elles le feront et que cette question sera résolue.
En ce qui concerne les réfugiés. J’ai vu de nombreuses vidéos et des documentaires à la télévision qui montrent le parcours des réfugiés qui entrent dans ces embarcations en caoutchouc et passent d’une île grecque à une autre afin de trouver un avenir et une sécurité.
Nous avons tous vu cet enfant de 4 ans, mort, porté par son père sur la plage. Tout le monde est ému par la souffrance des réfugiés. C’est une catastrophe humanitaire à proportions gigantesques. Et c’est pourquoi tout le monde pense qu’Assad ne pourra gouverner légitimement à l’avenir lorsque les ¾ de la population de son pays a fait valoir son opinion en déménageant pour éviter la famine, l’empoisonnement au gaz et la guerre. Pour éviter les terribles conséquences de la torture, de l’emprisonnement et autres.
Ainsi, ce n’est pas une question qui concerne la Turquie seulement, ce n’est pas la souffrance de la Turquie seulement ou du Moyen-Orient ou encore un problème européen seulement. Cela concerne le monde entier. C’est pourquoi, nous avons contribué à hauteur de 4,5 milliards de dollars pour remédier au problème. Mais nous ne voulons pas seulement signer des chèques et placer les gens d’un camp à l’autre. Cela n’est pas une solution.
Quelle est la solution ? Mettre fin à la guerre et le meilleur moyen de faire face à cette crise est de parvenir le plus rapidement possible à un cessez-le-feu, passer aux discussions politiques et laisser les Syriens décider de l’avenir de la Syrie. Tel est notre objectif.
C’est le meilleur moyen de retrouver la paix et de mettre fin à ce cauchemar, aux dangers qu’encourent ces populations pour sauver leur vie, ces populations qui passent d’une barque à l’autre, qui ne savent même pas nager. Le défi est de taille.
J’admire et je respecte la façon dont la Grèce a géré la question. C’est la meilleure preuve des valeurs honorées dans ces circonstances difficiles. Et la Grèce peut être félicitée ainsi que d’autres pays par lesquels passent ces personnes dans l’espoir d’un meilleur avenir. Nous avons tous l’obligation de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour anéantir Daesh et trouver une solution en Syrie, instaurer la paix et bâtir un bon avenir pour tout le monde.
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Je tiens à remercier le Secrétaire d’Etat John Kerry. Et nous partageons tout à fait l’estimation des Etats-Unis, à savoir que la question des réfugiés n’est pas une question relevant de la Grèce seulement, ni de l’Europe seulement. C’est une question mondiale qui est liée à la défaite du Daesh en Syrie, à la solution politique du problème, à l’organisation d’élections équitables avec la participation des réfugiés syriens également, à savoir des Syriens qui aujourd’hui vivent à l’étranger parce qu’ils n’en n’ont pas le choix.
Par ailleurs, nous pensons que les derniers événements aux frontières Est de la Turquie confirment la nécessité de tirer attentivement des leçons de la relation entre souveraineté nationale, droits nationaux et violations. Je pense et j’espère que les dirigeants turcs y réfléchiront aussi.
Nous voulons toujours que soit appliqué le droit international, nous voulons toujours défendre les hommes. Le mot grec « filoxenia » (hospitalité) en dit long.
Merci beaucoup.
December 7, 2015