Conférence de presse conjointe du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et du ministre israélien des Affaires étrangères, A. Liberman (Athènes, 20 mars 2014)

Conférence de presse conjointe du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et du ministre israélien des Affaires étrangères, A. Liberman (Athènes, 20 mars 2014)E. VENIZELOS : Je souhaite la bienvenue à Athènes, au ministère des Affaires étrangères, à M. Liberman, ministre des Affaires étrangères de l'Etat d'Israël, avec lequel je me suis entretenu il y a quelques années au ministère de la Défense nationale lors de sa première visite en Grèce en sa qualité de ministre des Affaires étrangères.

J'ai félicité M. Liberman pour son nouveau mandat au ministère des Affaires étrangères et nous avons eu l'occasion de confirmer et de mettre à jour ce qui a été convenu et signé lors de la réunion intergouvernementale bilatérale de haut niveau tenue en octobre à Jérusalem.

Nos deux pays sont liés par un partenariat stratégique auquel nous attachons une importance majeure. Nous sommes également liés par la coopération tripartite Grèce-Israël-Chypre et par conséquent aujourd'hui l'occasion nous a été offerte de parler de toutes les grandes questions, de la situation dans la région élargie du Moyen-Orient, des questions internationales en suspens et, bien évidemment, de la grande question qui nous préoccupe tous, à savoir l'état d'avancement du processus de paix au Moyen-Orient.

J'ai eu l'occasion de briefer M. Liberman sur les priorités de la Présidence hellénique et des dernières visites que j'ai effectuées à Kiev et à Téhéran. Nous avons également parlé de toutes les questions en suspens dans la région élargie.

Nous avons notamment mis l'accent sur les questions liées à l'énergie ainsi que sur notre position commune face à tous les phénomènes liés à l'antisémitisme, au racisme, à la xénophobie, face aux comportements pronazis qui sont malheureusement présents dans de nombreux pays. S'agissant de ces questions, la Grèce a fait preuve d'une réaction très organisée et décisive, la question de l'Aube dorée étant au cœur de ses préoccupations.

Nous avons eu l'occasion avec M. Liberman d'évoquer la coopération excellente entre les Grecs de l'étranger et les organisations juives à travers le monde. La coopération entre les deux communautés aux Etats-Unis apporte des résultats très importants.

Nous avons eu également l'occasion de discuter de notre coopération dans le domaine de la défense et, bien évidemment, de souligner la nécessité de faire avancer et appliquer tout ce qui a été convenu, aux niveaux à la fois intergouvernemental et d'affaires, lors de notre dernière rencontre en octobre dernier à Jérusalem.

Enfin, comme il est bien évident, j'ai eu l'occasion d'informer M. Liberman sur les nouvelles évolutions relatives à la question chypriote en liaison, bien évidemment avec l'état d'avancement des relations gréco-turques qui influent sur la situation en Méditerranée, tout en étant elles-mêmes influencées à leur tour par cette dernière.

Comme vous le comprenez, les évolutions à Chypre présentent un grand intérêt pour nous dans le cadre aussi de la coopération tripartie Grèce-Chypre-Israël, une coopération particulièrement importante dans le domaine, entre autres, de l’énergie.

Monsieur le ministre, je vous souhaite encore une fois la bienvenue et je vous prie de prendre la parole.

AV. LIBERMAN: Je vous remercie beaucoup. J'aimerais tout d'abord exprimer mon estime pour votre pays, et, bien évidemment, pour notre amitié et nos bonnes relations qui ont été établies il y a quelques années lorsque vous assumiez vos fonctions précédentes et souligner, bien évidemment, l'importance qu'accorde mon pays à ses relations avec la Grèce.

J’effectue cette visite officielle ici en Grèce – visite qui fait suite à notre dernière rencontre de haut niveau en Israël au niveau ministériel - en vue de renouveler et de renforcer nos relations ainsi que de promouvoir nos engagements mutuels à l'égard des questions d'intérêt commun.

Le niveau de nos relations bilatérales ainsi que le fait que la Grèce exerce actuellement la Présidence de l'Union européenne, nous offrent une excellente occasion de discuter des questions d'intérêt régional et, bien évidemment, de nos pourparlers avec les Palestiniens ainsi que d'autres dossiers politiques importants ayant trait à l'énergie et à la coopération entre les trois pays, Grèce, Israël et Chypre dans le domaine, entre autres, de l'énergie.

Nous avons également échangé des points de vue sur la question iranienne. Il était très intéressant de recueillir vos impressions de votre dernière visite à Téhéran et je voudrais exprimer ma préoccupation à l'égard de l'état d'avancement des négociations entre le groupe 5+1 et l'Iran.

Et, bien évidemment, je tiens à souligner encore une fois combien nous apprécions la position ferme de la Grèce à l'égard des questions liées à l'antisémitisme, à la xénophobie et au racisme. Je vous remercie beaucoup.

JOURNALISTE: Ma question porte sur l'intention d'Israël qui a été exprimée par le Premier ministre, M. Netanyahou lors de votre dernière visite officielle en Israël, concernant le transport de gaz naturel via un gazoduc passant par Chypre et par la Grèce et non pas par la Turquie. Est-ce que cette offre demeure toujours valable ou ne l'est-elle pas vu la solution qui tend à être trouvée au conflit opposant la Turquie à Israël sur la question de Mavi Marmara ? Et, dans ce contexte, une autre solution pourrait-elle être trouvée? Pensez-vous que le gouvernement turc est un partenaire crédible pour Israël? Quid des relations entre Israël et la Turquie?

AV. LIΒERMAN: Je vous remercie. Je pense qu'il y a un petit malentendu à l'égard de la question de la prospection et de l'extraction du gaz naturel.

Tout d'abord, il s'agit d'un projet relevant du secteur privé et quand la société obtiendra l'autorisation nécessaire à la mise en œuvre de ce projet, elle décidera de la façon dont elle procédera. Actuellement, certaines compagnies, parmi les plus grandes de l’Australie, sont en train d'examiner toutes les possibilités et de rédiger une étude.

Ce sont elles qui dirigeront tout le processus, elles devront examiner toutes les possibilités, toutes les opportunités et toutes les possibilités d'investissement. Tout d'abord, un plan d'affaires doit être élaboré. Par conséquent, la décision de construire un terminal GNL ou un gazoduc passant par la Méditerranée, via Chypre ou la Grèce ou par une autre voie relève de l'investisseur privé.

Il s'agit d'un processus extrêmement coûteux. Nous attendons les conclusions de la société qui est en train de rédiger l'étude. Quoi qu'il en soit, puisqu’il s’agit d’un projet privé, les décisions seront prises par l'organisme privé.

E. VENIZELOS : Je voudrais faire un commentaire relatif à la question qui a été posée. Bien évidemment, le rôle du secteur privé, les critères concernant la prise en charge de ce projet, les possibilités de financement jouent un rôle déterminant.

La Grèce, en tant qu'Etat membre de l'Union européenne, applique les principes fondamentaux de la politique énergétique européenne qui sont axés sur la nécessité d'assurer la sécurité d'approvisionnement, de diversifier les sources d'hydrocarbures ainsi que les voies de transit, que ce soit des gazoducs ou des couloirs conduisant à des terminaux GNL ou GNC.

Par conséquent, il est bien évident que les planifications comportent un paramètre qui est privé, commercial. Il existe toujours un paramètre qui est institutionnel, politique, intergouvernemental et, à cet égard, comme nous l'avons tout à l'heure affirmé M. Liberman et moi-même, nous accordons une très grande importance à la coopération tripartite Israël-Grèce-Chypre. Une coopération qui ne va pas à l'encontre d'autres parties mais qui promeut notre perception commune vis-à-vis de nombreuses questions liées à la région de la Méditerranée.

AV. LIBERMAN: J'aimerais juste faire une remarque. Comme je l'ai affirmé, une étude de faisabilité est en cours d'élaboration actuellement. Une fois que cette étude sera achevée et après avoir étudié ses conclusions, il y aura bien évidemment des discussions et des consultations avec la Grèce et Chypre, car, en définitive, il est dans notre intérêt commun d'adopter une approche sincère et transparente à l'égard de cette question délicate.

JOURNALISTE: [question hors micro]

AV. LIBERMAN: Tout d'abord, j'aimerais affirmer que nous entretenons des relations diplomatiques et commerciales avec la Turquie. Les échanges commerciaux ont enregistré une hausse l'année dernière, ce qui est une bonne nouvelle. Il faut avoir beaucoup de temps et faire preuve d'un esprit ouvert. En tout cas, actuellement la balle est dans leur camp.

JOURNALISTE: Ma question est la suivante: Pensez-vous que les dernières évolutions en Crimée ont nuit aux intérêts d'Israël vu que dans la presse européenne et américaine, mais surtout dans la presse européenne, on soutient que les sanctions contre Israël concernant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem doivent être renforcées ?

AV. LIVERMAN: Je ne vois aucun rapport entre la question de la Crimée et nos défis liés au Moyen-Orient. Notre position est bien claire. Nous ne nous ingérons pas et n’intervenons pas non plus dans les affaires intérieures d'autres pays.

Par conséquent, nous n'avons pas l'intention d'intervenir dans les affaires de l'Union européenne, des Etats -Unis et de la Russie.

Nos propres problèmes et nos propres défis sont envisagés d'une manière totalement différente que celle de la question de la Crimée et nous empêcherons toute tentative visant à relier notre question à celle de la Crimée.

March 20, 2014