Nous vous communiquons ci-dessous les déclarations et les réponses données aux journalistes par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos et le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, à l'issue de leur rencontre tenue aujourd'hui au ministère des Affaires étrangères :
E. VENIZELOS : Je souhaite la bienvenue au nouveau Secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg en Grèce, à Athènes, au ministère des Affaires étrangères.
M. Stoltenberg est une personnalité politique européenne éminente et il a assumé depuis de nombreuses années les fonctions de Premier ministre de la Norvège et de chef du Parti social-démocrate dans son pays. Par conséquent, il a la capacité à exercer ses fonctions en tant que Secrétaire général de l'OTAN tout en faisant preuve de la sensibilité et de la perspicacité qu'exige notre époque. Car l'Alliance doit relever un bon nombre de nouveaux défis puisque nous nous trouvons dans une période marquée par un nombre de crises sans précédent dans notre voisinage sud et oriental.
Et l'occasion nous a été offerte de discuter avec le Secrétaire général de toutes des questions revêtant un intérêt spécial pour notre pays concernant sa participation à l'OTAN. La Grèce est un ancien membre crédible de l'alliance ces derniers 62 ans, et nous continuerons d'être un membre crédible et actif de l'alliance car la politique euroatlantique est un cadre de référence solide qui sauvegarde nos intérêts nationaux.
J'ai eu l'occasion de briefer M. Stoltenberg sur la situation qui prédomine à Chypre, pour ce qui est du plateau continental chypriote et de la ZEE, sur la rencontre tripartite d'hier que nous avons tenue à Nicosie avec mes homologues de Chypre et d'Egypte.
Nous avons eu l'occasion de discuter des dernières évolutions en Ukraine. Nous avons abordé les crises en cours dans l'arc du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord et les nouveaux défis que doit relever l'alliance elle-même.
La Grèce participe aux opérations de l'OTAN. Nous continuerons de participer à ces opérations. La Grèce est l'un des quelques pays membres de l'OTAN qui répond largement aux conditions relatives à la hauteur des dépenses militaires, en dépit de la crise budgétaire et économique en général.
Et j'ai eu également l'occasion d'expliquer à M. Stoltenberg les raisons historiques pour lesquelles le peuple grec et la société grecque, attend que l'OTAN fasse preuve de sa solidarité à l'égard de nos propres problèmes et de nos propres sensibilités.
Et je suis certain que M. Stolenberg, avec les capacités politiques dont il dispose, il a très bien compris quelles sont nos propres priorités, nos propres sensibilités et nos propres aspirations.
C'était en général une réunion très amicale et substantielle qui m'a donné l'occasion de lui transmettre mes félicitations pour la prise de ces hautes fonctions et de lui souhaiter tout le succès dans l'accomplissement de sa mission.
J. STOLTENBERG : Je vous remercie beaucoup. Monsieur le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. C'est un grand honneur de me trouver ici et de vous rencontrer en vue de poursuivre notre coopération. Et, permettez-moi tout d'abord de transmettre mes remerciements à la Grèce pour son soutien continu à l'OTAN et qui plus est de façons aussi nombreuses et différentes.
Je viens de voir vos forces armées en action. Vos forces armées jouent un rôle très important pour le maintien de la sécurité de la Grèce et de tous les alliés et contribuent au maintien de la puissance de l'OTAN. En outre, vos forces jouent un rôle important au Kosovo et dans notre opération en Afghanistan. Et, nous sommes véritablement reconnaissants pour la contribution de la Grèce dans le domaine de la sécurité dans la région de la Méditerranée. Et, notamment pour sa contribution à l'opération « Active Endeavor ».
Aujourd'hui, nous avons discuté d'une série de questions et nous avons abordé des défis importants en matière de sécurité auxquels nous sommes confrontés dans la région de l'Europe du sud et de l'est. Nous saluons les actions décisives entreprises par la coalition des pays qui luttent ensemble contre l'organisation terroriste EI. Et, bien évidemment, cette coalition internationale est constituée de nombreux alliés de l'OTAN, parmi lesquels, figure également la Grèce. Je pense que les efforts déployés par l'alliance en vue de lutter contre l'EI et ses actions terroristes sons très importants.
L'extrémisme et les actions y relatives génèrent l'instabilité et la violence dans toute la région du Moyen-Orient et cela peut conduire à l'exportation du terrorisme vers nos pays.
Nous invitons la Russie à mettre fin aux actions déstabilisatrices en Ukraine et à retirer ses forces de l'Ukraine. En outre, nous appelons l'Ukraine à déployer des efforts afin que la trêve soit respectée.
Pour ce qui est des soi-disant élections proclamées par les forces séparatrices en Ukraine de l'est, ces élections pourraient saper l'accord de Minsk et ne peuvent pas contribuer à l'atteinte d'une solution pacifique en Ukraine.
Tous ces défis dans notre région montrent la raison pour laquelle nous avons besoin d'une Alliance puissante. Par conséquent, tous les efforts que nous déployons visent à l'application des décisions qui ont été prises lors de la réunion au sommet de Galles. Le plan d'action (Readiness Action Plan) figure parmi les décisions qui ont été prises. Cette décision rendra nos forces plus flexibles et renforcera leur capacité à réagir face aux menaces.
Bien évidemment, je sais que nous pouvons compter sur le soutien de la Grèce. La Grèce est un allié puissant et c'est pourquoi j'apprécie beaucoup cette occasion qui a m'a été offerte de discuter avec vous de toutes ces questions.
JOURNALISTE: Vu l'instabilité au Moyen-Orient, que pensez-vous des actions de la Turquie et de la violation des droits souverains de la République de Chypre dans sa ZEE par un Etat membre de l'OTAN? Et comment pourrait-on parvenir à une désescalade de la crise?
J. STOLTENBERG : J'incite toutes les parties impliquées à faire preuve de modération et d'axer leur attention sur les défis importants auxquels est confrontée actuellement l'Alliance. Je me réfère aux menaces provenant du Sud, à l'instabilité en Irak et en Syrie et à la politique agressive de la Russie. Je pense qu'il est encore plus important, plus que jamais, de préserver l'unité au sein de l'Alliance afin de répondre de manière claire aux défis auxquels nous sommes confrontés, des défis extérieurs à l'OTAN. Par conséquent, je voudrais inciter toutes les parties à faire preuve de retenue dans cette région afin d'éviter les tensions entre les membres de l'OTAN.
E. VENIZELOS : J'ai eu l'occasion d'expliquer au Secrétaire général qu'il y a toujours une seule solution, à savoir le respect du droit international et notamment du droit international de la mer. J'ai eu également l'occasion de souligner que le véritable problème est, malheureusement, le refus de la Turquie de reconnaitre l'existence et la personnalité juridique internationale de la République de Chypre qui est un Etat membre de l'ONU, membre de l'Union européenne qui est reconnue par toute la communauté internationale. Les choses sont aussi simples que cela, tout comme les solutions.
JOURNALISTE: Ma question est adressée au Secrétaire général. Je saisi l'occasion de ce qui s'est arrivé hier, à savoir les exercices effectuées par l’aviation russe qui ont été qualifiées d'inhabituelles par l'Alliance, pour vous demander si, à votre sens, nous assistons actuellement à un retour à l'époque de la guerre froide ou s'il existe encore la possibilité de retourner à la normalité? Merci.
J. STOLTENBERG : Tout d'abord, permettez-moi de souligner que ce que nous avons vu hier vient confirmer ce que nous avons constaté l’année dernière, à savoir une activité accrue de l’aviation russe tout au long des frontières de l'OTAN.
Toutefois, l'OTAN continue de faire preuve de vigilance et de sa capacité de réaction. Par conséquent, les missions d' interception contre les appareils militaires russes ont enregistré une hausse spectaculaire. A ce jour, pendant l'année en cours, plus de cent missions d'interceptions contre les appareils militaires russes ont eu lieu ce qui veut dire que les incidents ont triplé par rapport à l’année dernière. Il s'agit d'une augmentation très importante. Toutefois, nous faisons ce que nous devons faire, nous sommes prêts à procéder à des missions d'interception et nous réagissons.
Nous ne sommes pas confrontés à des conditions de guerre froide, toutefois le comportement de la Russie a considérablement sapé le sentiment de confiance et nous avons fait des pas en arrière pour ce qui est des efforts visant à établir une coopération plus constructive entre l'OTAN et la Russie, après la chute du mur de Berlin et après la fin de la Guerre froide.
Cela signifie que l'OTAN doit rester puissante. Nos forces doivent continuer d'être en alerte. Par conséquent, nous investissons dans une capacité de réaction accrue et dans de nouveaux moyens. Nous mettons en œuvre et nous appliquons les mesures d'assurance ce qui signifie que nous renforçons le contrôle des ciels face à l'activité accrue de l'aviation russe. C'est justement ce genre de puissance dont nous devons faire preuve à l'égard de la Russie et nous devons répondre de manière claire à cette activité accrue de la part de la Russie ce dernier temps.
Seul le prononcé fait foi.
October 30, 2014