MODERATEUR : Bienvenue à la conférence de presse accordée par le ministre des Affaires étrangères, Nikos Kotzias à l'issue des travaux de la 3e réunion ministérielle Grèce - Albanie - Bulgarie et ARYM. Nous allons commencer par une prise de position générale du ministre des Affaires étrangères de la Grèce, M. Nikos Kotzias, qui sera suivie par une séance de questions.
N. KOTZIAS : Merci M. Yennimatas. Bonjour. Merci de votre accueil. Il s'agit de la 3e réunion quadripartite. C'est l'une des initiatives que nous avons prises au cours de ces trois dernières années. Comme vous le savez, notre prochaine initiative sera jeudi et vendredi à Sounio. Là, se réuniront 15 pays, les pays du groupe de Visegrád avec la Slovénie, les quatre pays membres balkaniques de l'Union européenne, à savoir la Croatie, la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce et les pays candidats ou non, les six parmi les États des Balkans occidentaux, pour aborder les questions liées à l'Union européenne et à l'avenir de l'Union européenne.
Par ailleurs, nous nous reverrons à Rhodes où se réuniront au total 22 États de l'Europe du sud-est ainsi que des pays arabes. Avec des observateurs du Vietnam, de Colombie et d'Indonésie pour aborder des questions ayant trait au développement de la stabilité et de la coopération en Méditerranée orientale. Par ailleurs, mardi nous serons à Chypre pour la réunion tripartite Grèce - Chypre et Israël. Tel est le programme de ces prochains jours.
Samedi, après Sounio, nous aurons à Athènes une nouvelle rencontre avec mon homologue, M. Dimitrov et M. Nimetz viendra également pour apporter sa contribution aux discussions portant sur le nom. Aux discussions que nous avons eues hier. J'aimerais dire également que j'ai aussi vu M. Dimitrov hier avant le diner, lors duquel nous avons eu une discussion approfondie allant dans le sens positif.
Nous avons une ou deux questions centrales à résoudre. Hier et aujourd'hui, nous avons discuté de plusieurs alternatives de solutions ou de possibilités s'agissant des questions qui nous occupent.
Mais cela n'était pas la question centrale de notre conférence. La question centrale concerne les relations entre les quatre pays avec lesquels nous partageons des frontières communes, au sud des Balkans, voir comment nous pourrons développer cette coopération. A cet égard, nous avons pris une série de décisions : intensifier la coopération entre les ministères des Affaires étrangères, organiser des rencontres fréquentes des directeurs politiques et certaines directions du ministère des affaires étrangères qui s'occupent de questions revêtant un intérêt commun, comme par exemple nos Directions des questions européennes, du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord.
Nous sommes, par ailleurs, convenus du fait que la prochaine rencontre portera essentiellement sur le développement de l'économie et à cet effet une réunion d'experts sera organisée en amont en vue de la préparation de cette rencontre.
Nous avons réfléchi à une coopération entre une grande université de chaque pays, pour créer un réseau avec nos plus grandes universités et centres de recherche. Nous avons également abordé une question qui vous intéresse et la Bulgarie a été chargée de la préparation, avec Nikola Dimitrov, concernant la rencontre de journalistes en vue d'une meilleure compréhension mutuelle de nos pays. Une rencontre que nous n'organiserons pas, mais nous chargerons des entités publiques - qui bénéficieront de notre soutien - d'organiser ces rencontres.
Nous avons par ailleurs pensé que nous devons continuer notre coopération dans le domaine énergétique qui revêt une grande importance pour nous également, mais aussi pour les autres pays des Balkans. Certains d'entre eux n'ont pas leur propre route, outre celle qui passe par la Grèce, pour garantir la quantité énergétique dont ils ont besoin.
Nous nous pencherons de nouveau sur la question migratoire lors de la réunion prévue à la fin du mois d'octobre, début novembre de cette année, pour faire un bilan après l'été, voir les mesures que nous devrons prendre.
J'aimerais dire également que la Grèce organise un "petit déjeuner" au Luxembourg, avant la réunion des ministres des affaires étrangères, avec l'Albanie. Avec l'Albanie, nous nous trouvons dans un processus en vue de résoudre nos problèmes bilatéraux. Il y a des accords. Il y a la question des ZEE qui demeure toujours en suspens et nous espérons la résoudre d'ici la fin du mois. Et il nous reste à voir quelques questions, d'ordre pratique surtout, des décrets présidentiels. A savoir la mise en œuvre, la traduction - pour ainsi dire - de textes contraignants.
Par ailleurs, il y a eu les rencontres des ministres des Transports et des ministres de l'Intérieur, portant sur des questions de protection civile. La particularité de ces rencontres des quatre pays à Thessalonique et leur point positif est que différents ministères se rencontrent en même temps et des séances plénières ont lieu.
J'ai d'ailleurs les conclusions. J'ai devant moi les conclusions des séances spéciales de nos deux ministères. En ce qui concerne les rencontres de M. Toskas, il a été constaté - et cela est très positif pour notre coopération - que nous avons mis en œuvre les décisions d'octobre dernier. Tout ce qui avait été programmé a été mis en œuvre : les rencontres et les coopérations des directeurs de police, des chefs de police, des sapeurs-pompiers, notre coopération en matière de sécurité et de lutte contre les incendies. Nous formons et formerons ces prochains jours à Ptolémaïs, des hauts officiers du corps des sapeurs-pompiers originaires d'autres pays.
Lors de la rencontre d'aujourd'hui, cinq questions ont été convenues. Renforcement ultérieur de la formation conjointe et organisation de séminaires sur les questions précitées, renforcement des contacts au niveau des services, échange d'informations opérationnelles sur la criminalité et la lutte contre celle-ci. Une série d'initiatives communes sur la coopération transfrontalière et bien entendu la protection civile et la lutte contre les incendies.
Vous voyez - comme nous avons pu le constater l'été dernier, les sapeurs - pompiers de Grèce - et je remercie encore une fois M. Toskas - ont été très présents dans les pays voisins, notamment en Albanie, car les incendies ne connaissent pas les frontières. Ils traversent les frontières et il vaut mieux contribuer à les éteindre plutôt que de les laisser gagner du terrain.
Les questions dont nous avons discuté et qui s'inscrivent dans notre agenda positif, sont celles abordées par le ministre, M. Spirtzis et je l'en remercie. Son ministère et sa politique sont un outil important pour nos relations internationales en tant qu'agenda positif. C'est aussi que nous avons une vision et avoir une vision cela veut dire - bien que M. Spirtzis en soit à l'origine, c'est une vision qui va de soi - que nous voulons, à l'avenir, pour cette région, que les citoyens n'aient pas l'impression de se heurter à des obstacles lorsqu'ils voyagent d'un pays à un autre, de subir des retards ou de se heurter parfois à des difficultés et qu'il n'y a pas la sécurité nécessaire.
Telle est la vision - corrige-moi Christos - et ce que j'ai compris c'est qu'il y a eu toute une série d'accords dans les liaisons - routières et ferroviaires - ainsi que de nouvelles idées pour ce qui est des télécommunications, comme également le transport en hydravions, vu que la région compte beaucoup de lacs, de rivières et de grandes mers.
Par ailleurs, il y a autre chose que je ne savais pas et que j'apprends lors de mes contacts avec le ministère compétent, c'est qu'il y a des besoins et des capacités de mettre en place des systèmes communs visant à valoriser les nouvelles technologies et concernant la surveillance des réseaux routiers. Il y a des dysfonctionnements certes, notamment lorsque l'on passe d'un pays à un autre, dans le suivi du trajet des gros camions dont les propriétaires veulent parfois éviter les douanes et leurs autres obligations.
De plus, nous avons décidé de transmettre notre savoir-faire en matière de législation européenne et de questions liées aux appels d'offre, aux normes, au cahier des charges de ces appels d'offre. Pour notre connexion de télécommunication et les fibres optiques ainsi que la valorisation des nouvelles technologies.
Et étant donné que les questions liées à la connectivité sont très variés, qu'elles revêtent un caractère économique important et offrent de larges perspectives, nous avons pris la décision d'organiser ici à Thessalonique une conférence avec la participation d’hommes politiques, scientifiques, fonctionnaires, de sociétés exerçant leur activité dans le domaine de la connectivité.
Personnellement, je dois dire, en tant que personne, que les rencontres tenues à Thessalonique - celles-ci parmi tant d'autres - et a conférence que nous organiserons avec l'aide du ministre des Transports compétents, mettent en avant le fait que lorsque les frontières dans la région tomberont, que nous développerons notre coopération à notre manière et que tous les problèmes générant des paralysies seront résolus, il sera prouvé que Thessalonique est le centre par excellence de toute cette région. Une ville avec une grande tradition dans les relations internationales, ses contacts avec les autres populations et peuples de la région. Et cette revalorisation confèrera à Thessalonique la place qu'elle mérite, tant du point de vue géographique qu'historique et culturel, mais aussi du point de vue des capacités économiques qui existent dans toute la région.
Je vous remercie.
MODERATEUR : Monsieur le ministre va répondre à vos questions. Veuillez s'il vous plait dire votre nom et le média que vous représentez.
JOURNALISTE : Une précision monsieur le ministre, si vous le permettez. Vous avez évoqué 1-2 questions centrales s'agissant de la rencontre avec M. Dimitrov. J'aimerais savoir si ces questions centrales peuvent permettre l'organisation, très rapidement, d'une rencontre au niveau des Premiers ministres des deux pays et si vous voyez des évolutions concernant la question du nom.
N. KOTZIAS : Je pense que mon ami, Nikola Dimitrov, et moi-même avons tellement travaillé ces dix derniers mois qu'il serait dommage que nos efforts ne portent pas leurs fruits. D'ailleurs, pour plaisanter, nous disons que nous nous voyons plus que nos familles. Si je ne me trompe, pour cette année, se fut la 10eme rencontre. A Sounio, ce sera la 11eme, puis avec M. Nimetz la 12e et à Rhodes la 13e, un numéro qui porte chance. Ce qui veut dire que nous avons beaucoup de rencontres car nous accomplissons un travail approfondi. Je crois qu'aujourd'hui nous avons réfléchi à plusieurs alternatives. Nous n'avons pas abouti à quelque chose. Car nous devrons informer nos premiers ministres respectifs. Si nous aboutissons à ces alternatives, les conditions seront mures pour organiser des rencontres à un plus haut niveau. Mais cette décision ne relève pas des ministres des Affaires étrangères, mais de leurs supérieurs, qui, lorsque les pas en avant seront faits, pourront directement établir des contacts et se renseigner eux-mêmes sur leurs rencontres. Mais je pense que nous devons mener notre combat jusqu'à la fin, afin que cette solution soit trouvée.
Je suis très heureux car au début du mois de juin, nous en aurons fini avec toutes ces questions demeurées en suspens que nous avions avec l'Albanie et qui remontent, pour certaines d'entre elles, à 40, 60 ou 70 ans. Toutes ces questions semblaient irrésolues, mais les ministres des Affaires étrangères, de ce point de vue, ont le devoir de résoudre les problèmes et de créer le meilleur contexte possible pour que les autres ministères puissent agir – ils agissent d'ailleurs – et je leur en suis toujours reconnaissant. Notamment à M. Spirtzis et M. Toskas qui aident à la réalisation des objectifs de la politique étrangère.
JOURNALISTE : Je suppose Monsieur le ministre - et corrigez-moi si je me trompe - que les deux principales questions sont le nom final et la question de savoir si l'autre partie va changer ou non sa constitution.
N. KOTZIAS : Il pourrait y en avoir d'autres mais c’est vous qui tirez les conclusions.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, allez-vous avoir le temps, comme disait Harilaos. Autrement dit, les dates auxquelles se tient la conférence de l’OTAN, l’Union européenne, l’adhésion…
Ν. KOTZIAS : J’aimerais dire qu’il s’agit d’une question très intéressante – car vous savez je lis tout – j’ai trouvé également une rencontre de Harilaos [note : Harilaos Florakis] avec les dirigeants de Skopje. Cela doit être il y a 25 ans et je remercie la personne qui me les a donnés. Il est toujours très intéressant de lire l’histoire. L’histoire nous devance. Nous devons devancer l’histoire.
JOURNALISTE : Constatez-vous la même volonté politique de la part de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine pour résoudre la question du nom ? Est-elle prête à parvenir à un compromis assez douloureux?
N. KOTZIAS : Je pense que plus le temps passe, plus ils pensent que le problème doit être résolu. Vous savez, premièrement, nous avons investi tellement d’énergie humaine dans cette histoire. Deuxièmement, les bénéfices seront tellement nombreux. Il ne faut pas voir cette négociation au sens strict du terme, les va-et-vient en matière de nom, qui gagne, ce qu’il perd, mais voir son importance. Je dirais que la solution à ce problème, et cela devient profondément compréhensible de l’autre partie, ce sera ce qu’appellent les Anglais « the game changer », c’est-à-dire celui qui change le jeu. Le bouton qui fera changer le jeu. Car je pense qu’après certains mois où le problème sera résolu, il y aura une autre perspective. Par ailleurs, je pense que les deux parties comprennent de plus en plus que nos gros problèmes géopolitiques et géostratégiques ne sont pas nos relations réciproques. Je pense que chaque homme grandit et murit à travers la négociation. Et cela me concerne également, pas seulement l’autre partie. Et la volonté de parvenir à une solution grandit aussi. J’espère n’avoir déçu personne.
Bien entendu, en cette période nous avons eu le courage, nous avons fait les compromis que nous devions faire de notre côté. Ils doivent eux aussi puiser du courage parmi leur société et faire les dernières actions. Je pense néanmoins que ce sont des personnes de bonne volonté, disposées à faire preuve de leadership politique, si l’on peut s’exprimer ainsi. Et je veux être optimiste. Depuis mon plus jeune âge, je disais que ma philosophie est la philosophie de l’optimisme historique. Sans elle, nous ne pourrions affronter toutes ces questions. Eux ont l’expérience positive, récente, avec l’accord qu’ils ont conclu avec la Bulgarie et où beaucoup de choses négatives étaient dites dans les deux sociétés. Mais maintenant que cela est totalement assimilé, seules des choses positives sont dites sur cet accord dans les deux sociétés. Nous sommes sur le point de conclure l’accord avec l’Albanie. Et ce que je dis toujours est valable, à savoir que l’histoire doit être une école et non une prison. J’espère donc que nous n’irons pas en prison.
JOURNALISTE : Monsieur le ministre, nous allons maintenant en Egée, où nous avons eu encore un incident, entre, cette fois, un navire commercial turc et une canonnière grecque. Est-ce que la mobilité dont fait preuve ces derniers temps la Turquie vous préoccupe, en dépit des prévisions contraires ?
N. KOTZIAS : Certes, votre question sous-entend que je suis certain que l'accident avec le navire de la marine marchande turc était volontaire et non le fruit du hasard. Je ne peux le dire à l'heure actuelle. Est-ce que cela me préoccupe? A 04h40 j'ai été réveillé et de 04h40 jusqu'à ma venue ici je donnais des instructions. Car ce sont des questions qui ont davantage trait au ministère des Affaires étrangères. Ce sont des questions relevant du droit international, des questions de représentation de l'OTAN et de précisions avec la partie turque. Mais il faut également faire le travail pour lequel nous nous trouvons ici.
S'agissant de la Turquie, j'en ai parlé de manière exhaustive lors d'une récente interview. Vous savez, je n'accorde pas souvent des interviews. Je pense que le ministre des Affaires étrangères doit essayer de faire de la politique étrangère et non autres choses. La Turquie - je le dis toujours au risque de vous fatiguer - est un pays contradictoire. Et devant les élections, outre le révisionnisme et la nervosité, elle manifeste de l'insécurité, des peurs ainsi qu'un sentiment de confiance démesuré, telle est la contradiction. Je pense qu'il y a des puissances dans la région qui voient bien que les développements dans le domaine énergétique n'avancent pas comme ils le devraient. Pour ce qui est des problèmes qu'ils posent, en mer Egée ou à Chypre, au fond, ils ont ajouté un autre problème, celui-là. Autrement dit, avec leur nervosité et leur révisionniste, il y a ce qu'aurait dit un ancien marxiste, les intérêts logistiques devant nous.
Je pense que le travail de la politique étrangère est de valoriser les analyses - je ne veux pas toujours faire des analyses publiquement, il y a mes collègues professeurs qui connaissent parfaitement le sujet - et de faire de l'action politique de manière à empêcher que se manifestent les nervosités, les révisionnismes et les intérêts logistiques de manière à dépasser les lignes rouges.
S'agissant du bateau de la marine marchande, les informations qui me sont parvenues jusqu'à 8h00 étaient que celui-ci n'est pas resté dans les eaux territoriales grecques. Mais vous avez mieux suivi cette affaire. Le bateau est sorti pour aller dans les eaux territoriales turques. Nous avons demandé aux Turcs de prendre les mesures prévues par le droit international, nous le verrons.
JOURNALISTE : Monsieur Kotzias, vous nous avez dit que vous avez rencontré M. Dimitrov hier soir et ce matin. Vous nous avez dit que vous avez résolu certaines questions et que d'autres doivent être résolues. Diriez-vous qu'il y a eu un changement radical permettant de parvenir à une solution pour ce qui est de la question du nom, de la question de l'erga omnes?
N. KOTZIAS : Si cela s'était produit, j'aurais fait la fête. Mais nous avons l'intention de faire la fête, voyez-vous. Je pense que si on y arrive ce sera la seule raison pour laquelle je suis heureux, depuis que je fais de la politique. Vous savez ce que je dis de la politique, car je ne suis pas un professionnel de la politique, je suis un animal politique selon Aristote ou encore un être politique pour le dire plus joliment, que celle-ci est très amère mais n'est jamais ennuyeuse. Maintenant si en plus elle pouvait me procurer de la joie, cela me ferait du bien.
JOURNALISTE : Je voudrais vous demander si lors des rencontres que vous avez eues avec votre homologue de Skopje vous avez soulevé la question de la minorité grecque à Skopje. Est-ce que vous avez demandé la protection des droits de l'homme de la minorité grecque vivant là-bas et si vous avez demandé l'aide de la minorité grecque afin de parvenir à une solution avec le pays voisin? Je vous remercie.
N. KOTZIAS : Je suis avec grand intérêt une discussion qui a lieu dans une certaine catégorie de médias sur la minorité grecque. J'imagine que vous voulez davantage parler des Valaques hellénophones.
JOURNALISTE : Etant moi-même Valaque, je veux davantage parler des Valaques hellénophones monsieur le ministre.
N. KOTZIAS : C’est bien ce que j’ai compris. Je pense qu'il y a des personnes remarquables qui représentent les Valaques en Grèce et qui sont mieux placées pour vous donner des informations à ce sujet. Des Grecs, titulaires de passeports grecs, sont au nombre de 300, 400 dans le pays voisin. Nous ne pensons pas qu'il existe de minorités de nature à en parler. Je vous rappelle que le premier point qu'avait soulevé Konstantinos Karamanlis et Konstantinos Mitsotakis à l'autre partie, était de parler de ressortissants grecs de l'étranger, de Grecs de la Diaspora, mais non de minorités.
JOURNALISTE : Si vous me permettez, monsieur le ministre. Skopje a déclaré, suite à un recenssement, que les Valaques étaient au nombre de 300.000 au moins.
N. KOTZIAS : Oui, je le sais. Je vous le dis, ce sont les Valaques.
JOURNALISTE : Lesquels ont une conscience grecque.
N. KOTZIAS : Je suis d'accord avec vous, mais ce n'est pas une minorité dans ce sens là. Je pense que vous avez ici, à Thessalonique, des Valaques remarquables qui connaissent bien le sujet. Je pense, par exemple, à M. Mertzos qui en est un. Tout Nymfaio, dans le nord, est une région. J'aimerais dire la chose suivante car j'ai le sentiment que le préfet d'Epire est lui aussi Valaque. Je veux dire que les Grecs Valaques, je parle en général, saisissant l'occasion de votre question, sont des personnes de qualité, très érudites et animées d'une haute conscience patriotique et internationaliste. Mais je parle des Valaques en Grèce.
JOURNALISTE : Lors de votre dernière rencontre, à Ohrid, avec M. Dimitrov, celui-ci insistait sur...
N. KOTZIAS : C'était l'avant-dernière. A Vienne je l'ai vu la dernière fois.
JOURNALISTE : Merci pour cette précision.
N. KOTZIAS : Non, j'essayais juste de m'en souvenir. C'était la 3e rencontre à Vienne que nous avons tenue.
JOURNALISTE : M. Dimitrov s'est référé également à l'irrédentisme de la Grèce. Lui avez-vous répondu ou bien insiste-il?
N. KOTZIAS : Merci pour la question. Tout d'abord, je suis étonné que M. Dimitrov l'ai dit là-bas et que je lui ai répondu là-bas. Et dans la presse grecque, il y avait seulement une chose et pas l'autre. Il ne sert donc à rien de rabâcher les mêmes choses. J'aimerais toutefois vous donner des précisions. Nous disons que les livres scolaires - car c'est de cela qu'il s'agit notamment - les livres scolaires du pays ami, notre voisin, ce beau pays, contiennent des éléments irrédentistes. Et que pour ouvrir la voie il faut en finir avec cela. Le ministre des Affaires étrangères du pays ami m'a posé la même question que celle posée par le ministre des Affaires étrangères de l'Albanie lorsqu'il y a 1 an et demi nous avons mis sur pied des commissions pour les livres Albanie - Grèce: «Ai-je le droit de voir les livres grecs, si quelque chose me dérange? » Et je lui ai répondu: «Bien entendu que tu as le droit». Autrement dit, dans les relations internationales je ne peux pas dire: «Je regarde des livres, mais tu ne peux pas regarder les miens». Et alors que nous avons trouvé des dizaines de pages qui comportaient des problèmes, ils n'en ont trouvé que deux sur une page. Tel était le sens de la discussion, à savoir que lorsque nous sommes d'accord de voir les livres du pays ami pour voir s'ils ne contiennent pas des éléments irrédentistes, ils doivent nous faire part de leur pensée, quelle qu'elle soit. Nous avons vu nos livres et ils ne contiennent pas d'éléments irrédentistes à leur détriment. Et nous n'avons pas peur qu'ils lisent nos livres. Je ne comprends pas la presse grecque. Autrement dit, nous allons prendre leurs livres, leur faire des remarques, qu'ils doivent accepter de manière contraignante et eux n'ont pas le droit d'exprimer leur opinion? Cela n'est possible qu'en contexte de guerre, lorsqu'une partie est sorti victorieuse de la guerre et la France l'a fait après la première guerre mondiale avec l'Allemagne et on a vu que cela nous a mené à la 2e guerre mondiale.
Nous exigeons l'application du droit international et lorsque nous l'exigeons, nous ne dérogeons pas à la règle, les autres peuvent aussi nous le demander. Ce n'est pas une acceptation - retenez-le - d'irrédentisme grec. C'est une acceptation de leur droit car ils doivent également maintenir les équilibres dans leur pays. Que vont-il dire autrement dit? Que les Grecs sont venus voir nos livres et que nous ne regardons pas les leurs? Nous reconnaissons les mêmes droits, sans aucune crainte, car nous n'avons pas ce genre de choses. Nous n'avons pas de cartes qui intègrent dans notre territoire une partie de leur territoire, alors qu'eux ont ce genre de cartes. Cela ne nous dérange pas qu'ils regardent nos cartes et nous les leurs. Nos cartes ne suscitent aucun problème. Je suis l'ennemi d'une politique étrangère phobique.
Je n'ai pas non plus de problèmes avec les lois internationales pour me cacher, ni des syndromes phobiques. Je suis un homme et notre politique étrangère tout comme notre gouvernement sont ouverts. Nous avons confiance en nous et savons, à mon sens, si nous avons tort ou raison et si nous rencontrons ou non des problèmes.
Par conséquent, toute la discussion menée dans la presse grecque présupposait que celle-ci ne mentionne pas ma réponse. Je saisis cette occasion pour faire une remarque générale. Il y a certains grands journaux ou sites qui sont remarquables. Tel homme d'Etat dans tel département vient parler de la politique étrangère: scoop. Tel autre homme d'Etat vient parler : scoop. Le ministre des Affaires étrangères vient parler : on passe sous silence ses propos. Autrement dit, moi en tant que ministre des Affaires étrangères, ne suis-je pas un scoop pour la politique étrangère? Seulement les autres? Je ne le dis pas en tant que fonctionnement, mais en tant qu'institution. Et donc mon collègue Dimitrov - qui est un collègue remarquable - me dit quelque chose et je lui réponds. La presse grecque ne s'intéresse qu'à ce qu'il m'a dit. Ma réponse n'existe pas. C'est une forme de journalisme bizarre. Je vous remercie, par conséquent, de votre question qui m’a permis de faire cette constatation. J'en suis reconnaissant.
Je vous remercie. Nous nous reverrons de nouveau ici en octobre - novembre.
May 4, 2018