Ε. VENIZELOS : Je vous remercie pour votre introduction et votre accueil chaleureux. Mon voyage ici, à Tirana, marque la fin d’un grand voyage dans notre région historique commune des Balkans occidentaux. J’ai visité six capitales en quatre jours, en ma double qualité de Président du Conseil des ministres de l’UE pendant ce semestre et bien entendu de vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la République hellénique.
Ma visite à Tirana, aujourd’hui est très amicale et marque la dernière étape réussie de ce long parcours. Et je suis très heureux de pouvoir redire que l’octroi à l’Albanie du statut de pays candidat à l’adhésion est un point crucial de sa perspective européenne, un point qui figure toujours parmi les priorités de premier rang de la Présidence hellénique du Conseil. Et notre intention et notre objectif est d’organiser de nouveau la discussion y afférente jusqu’en juin, afin de pouvoir réaliser cet objectif aussi juste que légitime, à savoir l’octroi à l’Albanie du statut de pays candidat à l’adhésion.
Comme vous le savez, la position nationale grecque était positive pour l’octroi de ce statut en décembre dernier. Les conclusions du Conseil européen parlent maintenant d’une invitation ouverte à l’Albanie à poursuivre ses efforts pour l’attribution du statut de pays candidat à l’adhésion comme point de départ de l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Albanie à la famille européenne.
Pour nous, cela est tout aussi important qu’attrayant, non seulement dans le cadre de la coopération stratégique bilatérale exceptionnelle, mais aussi pour des raisons régionales évidentes, car pour nous l’objectif est toujours la stabilité, le soutien et le renforcement de l’ambition régionale de voir tous les pays du continent adhérer à l’Union européenne.
Je suis certain que vous n’êtes pas sans ignorer que la présidence actuelle grecque du Conseil est la cinquième, historiquement parlant, depuis l’adhésion de la Grèce aux communautés européennes en 1981. La présidence précédente, en 2003, avec la fameuse conférence de Thessalonique à Halkidiki est corrélée à l’ « Agenda Thessalonique 2003 ». Cet agenda de l’intégration européenne et euro-atlantique des Balkans occidentaux constitue aujourd’hui la politique européenne actuelle pour la région.
Nous entendons organiser une réunion ministérielle à Thessalonique, la dernière semaine du mois d’avril, en coopération avec la Haute Représentante et la Commission européenne pour renouveler l’ « Agenda Thessalonique 2003 ». Une réunion prévoyant la participation des 28 ministres européens, des ministres des Affaires étrangères des 6 pays de la région et des Premiers ministres, afin de discuter non seulement au niveau politique, mais aussi de mettre en œuvre des plans diplomatiques pour la préparation de l’intégration européenne de la péninsule.
Pendant mon voyage, cette semaine, j’ai eu l’occasion de discuter directement avec tous les gouvernements, le personnel politique et les représentants officiels des six pays. Le dénominateur commun de mon voyage était la volonté régionale en faveur de l’intégration européenne et de la perspective européenne considérée comme un facteur de stabilité, non seulement pour des raisons économiques et sociales, mais aussi politiques. De ce point de vue, la situation dans les différents pays de la région, et selon mon estimation, est très cruciale, juste avant le dernier pas vers l’intégration européenne. Permettez-moi de me référer plus précisément à ma visite en Serbie, pendant la période préélectorale. Mon impression est que, même pendant la durée de la période préélectorale, les dirigeants serbes, sont toujours prêts à renforcer et à soutenir le dialogue politique crucial entre Pristina et Belgrade.
Il y a quelques semaines, j’ai présidé à Bruxelles la conférence intergouvernementale sur l’ouverture de la négociation entre la Serbie et l’UE. Et je redirais que ce processus de négociation constitue une grande occasion, non seulement pour l’intégration européenne de la Serbie, mais aussi pour l’intégration européenne et euro atlantique et l’avenir du Kosovo.
A Pristina, j’ai eu l’occasion de discuter avec le Premier ministre, avec le ministre des Affaires étrangères, non seulement en ma qualité européenne, mais aussi au niveau bilatéral. Et maintenant nous avons un cadre bilatéral très stable et très concret entre la Grèce et le Kosovo et nous proclamons à nouveau notre volonté de transmettre notre savoir-faire ainsi que la mémoire institutionnelle très riche des présidences précédentes, non seulement en Serbie, pour le processus de négociation, ou encore en Albanie pour la préparation des prochains pas à faire, pour la préparation des Etats candidats à l’adhésion, mais aussi au Kosovo pour la préparation de l’administration locale et pour le soutien de ses ambitions européennes.
La situation au Monténégro est très claire, très calme et par ailleurs, très ambitieuse, car récemment cinq chapitres de négociation ont été ouverts et la situation en Bosnie-Herzégovine est toujours très fragile et très cruciale.
Il est de notre devoir historique et institutionnel européen commun de protéger la cohésion, l’unité et le destin européen de ce pays par le biais de mécanismes constitutionnels très difficiles et toujours par le biais de relations intercommunautaires tout aussi difficiles que fragiles.
Au niveau bilatéral, ma visite ici, ma rencontre, hier avec le Premier ministre Edi Rama, ma rencontre aujourd’hui avec mon homologue, M. Bushati étaient une occasion exceptionnelle d’approfondir davantage nos relations bilatérales dans le but d’examiner toutes les questions en suspens qui existent dans un esprit de bonne volonté. Et toujours par le biais d’un cadre de référence très clair dicté par l’acquis communautaire et le plein respect du droit international, y compris le droit de la mer. Notre volonté commune est d’avancer rapidement, car notre volonté commune, et nos décisions politiques communes, est de renforcer le caractère stratégique de nos relations bilatérales, de notre partenariat bilatéral.
JOURNALISTE : Pourriez-vous nous parler de l’agenda de la rencontre à Thessalonique. Avez-vous discuté avec le ministre albanais des Affaires étrangères de la question des frontières maritimes et de la question des cimetières militaires ?
E. VENIZELOS : Pour ce qui est de votre deuxième question, permettez-moi de vous renvoyer à mes déclarations conjointes avec le ministre albanais des Affaires étrangères, M. Bushati. Ce ne serait pas juste que je répète ma réponse. Mais ma déclaration précédente, au ministère des Affaires étrangères, était très précise et concrète. C’était pour moi une très bonne occasion de présenter en détail notre position commune sur certaines questions en suspens. Je réitère nos principes communément admis. L’acquis communautaire et le droit international.
En ce qui concerne votre première question, notre mission consiste à organiser la manifestation commémorative de l’Agenda de Thessalonique, non en tant que priorité de la présidence tournante, mais en tant que position et stratégie européennes communes. Cela représente une grande occasion, notamment pour les autorités albanaises, qui pourront discuter avec les Etats membres de l'UE quelques jours avant la prochaine discussion au Conseil, concernant le statut actuel des pays candidats, au Luxembourg.
C’est une grande occasion pour le gouvernement albanais et mon homologue albanais de présenter le niveau de préparation de l’administration albanaise, de l’ordre légal albanais, du personnel politique albanais pour ce qui est de l’octroi du statut de pays candidat à l’adhésion. Cette préparation est très cruciale, non seulement pour le statut de pays candidat à l’adhésion, mais aussi pour la négociation elle-même. Le principal objectif n’est pas seulement le statut de pays candidat à l’adhésion, mais l’adhésion elle-même, l’intégration.
L’Albanie a un avantage important. Elle est membre de plein droit de l’OTAN, membre de plein droit de la famille euro atlantique et maintenant l’intégration européenne est la seconde étape. Mais le point de départ est tout aussi fort que stable.
JOURNALISTE : Avez-vous discuté de la reconnaissance mutuelle des pensions des citoyens grecs et albanais ?
E. VENIZELOS : Oui, nous sommes prêts à discuter de questions liées à la sécurité sociale dans le cadre de l’accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne. Comme vous le savez, conformément à l’accord de stabilisation et d’association nous avons l’obligation mutuelle commune d’harmoniser les deux processus et les deux législations.
JOURNALISTE : Qu’entendez-vous exactement par « situation cruciale » dans la région ?
E. VENIZELOS : Je vous remercie beaucoup de votre question qui me donne l’occasion d’apporter certaines précisions à ce sujet. La Bosnie-Herzégovine est dans une situation cruciale, car la situation est très fragile et il faut surmonter la tension existante entre les différentes forces politiques et sociales. Notre devoir européen est de maintenir les entités constitutionnelles existantes et de faciliter la coopération entre les composantes constitutionnelles de ce pays voisin.
February 23, 2014