Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos a donné aujourd’hui, lundi 30 juin, une conférence de presse à l’occasion de la fin de la Présidence hellénique du Conseil de l’UE.
Lors de la conférence de presse, M. Vénizélos s’est référé aux réalisations les plus importantes de la Présidence hellénique et a répondu à des questions de la presse, tant sur des questions ayant trait à la Présidence hellénique du Conseil de l’UE, que sur des questions plus générales de politique européenne.
MODERATEUR : Bonjour à tous. Nous vous remercions beaucoup d’avoir répondu à notre invitation pour assister à la conférence du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos sur les réalisations de la Présidence hellénique.
A l’issue de l’intervention de M. Vénizélos, il y aura des questions brèves sur la Présidence et des questions plus générales de politiques étrangère.
Monsieur le ministre vous avez la parole.
Ε. VENIZELOS : Bonjour. Je vous remercie de votre présence. Vous me permettrez de souligner tout particulièrement la présence de Messieurs les ambassadeurs des Etats membres de l’Union européenne qui nous honorent de leur présence et des attachés de presse des ambassades. La présence de nos ambassadeurs nous honore particulièrement et montre l’écho positif qu’a reçu la Présidence hellénique qui prend fin aujourd’hui.
Mesdames et Messieurs, c’est aujourd’hui, le 30 juin, que s’achève la cinquième Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne, la cinquième depuis l’adhésion de la Grèce à ce qui s’appelait alors les communautés européennes.
Ce semestre, qui prend fin aujourd’hui, était un semestre plein de défis, mais aussi – permettez-moi de le dire, plein de réalisations.
Le Premier ministre et moi-même aurons l’occasion ce soir, en ce même lieu, le lieu symbolique du Palais Zappeion qui a accueilli les travaux de la Présidence hellénique, lors de la cérémonie de clôture, de nous référer à ce semestre très dense de l’année 2014.
Permettez-moi, pour assurer la discussion, de rappeler que ce semestre n’a pas seulement été le semestre de la Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne, mais aussi celui des élections municipales, régionales et européennes. Les élections européennes ont concerné les 28 Etats membres de l’UE, mais en Grèce nous avions en plus les élections municipales et régionales et ce, dans un environnement politique très tendu.
Ce semestre a été celui de la confirmation de l’excédent primaire qui a été enregistré par notre pays en 2013, avec tout ce que cela peut signifier pour la réalisation de l’ajustement budgétaire et le cheminement vers la sortie de la crise. Et bien entendu ce semestre était un semestre avec, en toile de fond, des crises internationales, dont le point culminant a été la crise en Ukraine et de ce fait la crise dans les relations entre l’Occident et la Russie avec d’importantes répercussions dans tous les domaines, notamment celui de l’énergie.
J’avais dit, au début de la Présidence, que nous avons une très bonne mémoire institutionnelle au ministère des Affaires étrangères et dans l’administration publique grecque, en raison des quatre présidences précédentes qui sont assimilées à de grands développements en Europe ; je citerais les grandes vagues d’élargissement de l’Union européenne, qui lors des présidences helléniques précédentes, est passée de l’Europe des 12 à l’Europe des 15 et de l’Europe des 15 à l’Europe des 25.
Nous avions défini pour ce semestre des priorités claires et vous les connaissez très bien. Des priorités correspondant en réalité aux angoisses et aux besoins des peuples de l’Union européenne. Nous avons essayé d’organiser la Présidence en faisant preuve du plus grand professionnalisme qui soit et avec des moyens financiers très modestes et je pense que grâce à l’association de ces deux éléments nous avons réussi.
En outre, nous avons réussi à avoir le plus haut niveau de coordination interne, de coordination interministérielle en Grèce. Nous avons assuré la coordination de toutes les compositions du Conseil de l’UE sous le rôle de coordination du Conseil Affaires générales. Et je dois à ce titre souligner le rôle du Comité des Représentants permanents du COREPER I et II et de la Commission de sécurité politique.
Nous avons organisé cette cinquième Présidence du Conseil de l’UE dans un climat de coopération étroite et fructueuse avec les représentations permanents du Conseil européen, le Président Von Rompuy, le Conseil Affaires étrangères, la représentante permanente de l’UE et vice-présidente de la Commission européenne, Mme Ashton, naturellement en coopération avec ses services mais aussi en coordination avec la Représentation permanente de l’Eurogroupe qui s’occupe des questions ayant trait à l’ECOFIN, l’une des compositions les plus importantes du Conseil.
Nous avons procédé en totale coordination avec le Président, les membres de la Commission européenne, la Commission de l’UE et bien entendu en coopération avec le Corps des commissaires.
Nous avons par ailleurs eu une très bonne coordination avec le Secrétariat du Conseil.
J’aimerais également souligner, non par obligation institutionnelle, mais parce que c’est la réalité, notre très bonne coopération avec le Parlement européen, avec sa composition dont le mandat arrive à terme aujourd’hui, avec le Président Martin Schultz, la Conférence des Présidents, les présidents et toutes les commissions du Parlement européen.
Permettez-moi aussi, en qualité de ministre des Affaires étrangères, de souligner la coopération avec la Commission des Affaires étrangères et le Président M. Brok, bien entendu avec la séance plénière et tous les groupes parlementaires du Parlement européen.
Il est très important de donner, je pense, quelques données statistiques. Plus de 161 rencontres ont été tenues en Grèce, dont 21 au niveau ministériel. Sous Présidence hellénique, 36 séances du Conseil ont été tenues sous différentes compositions à Bruxelles et à Luxembourg. Plus de 1.500 séances de 150 différents groupes de travail ont été tenues. De plus, 67 séances du Comité des Représentants permanents du COREPER I & II ont été tenues. Le Palais Zappeion a accueilli plus de 12.000 membres de délégations. Plus de 3.000 journalistes des médias européens et internationaux, des techniciens et des gens de la communication ont été accueillis.
Il est en outre important de rappeler que la Présidence hellénique a organisé un programme culturel modeste, mais pour le moins symbolique. Notre politique de communication a, d’emblée, avec le logo et la devise de la Présidence, reçu un écho très positif, elle a été récompensée. Elle a eu, grâce à M. Koutras, représentant de la presse de la Présidence, grâce à son adjoint, aux cadres du ministère des Affaires étrangères, une présence marquée sur l’Internet avec le site de la Présidence, Twitter, une activité qui a été suivie d’effets.
Permettez-moi, avant de passer au bilan politique, d’exprimer mes remerciements à mon collaborateur le plus proche pour ce qui est des questions de la Présidence, M. Dimitris Kourkoulas, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères en charge des affaires européennes, lequel m’a remplacé à plusieurs reprises non seulement au Conseil mais aussi au Parlement. Mais aussi M. Akis Gerontopoulos, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, qui a assumé les missions plus lointaines, de plusieurs jours, en général à l’extérieur de l’Europe.
Permettez-moi aussi de remercier les Secrétaires généraux du ministère, le Secrétaire général, l’ambassadeur M. Mitsialis et le Secrétaire général des Relations économiques internationales, M. Michalos et de citer quelques noms parmi les cadres du ministère des Affaires étrangères et de l’administration publique grecque : l’ambassadeur Mme Alexandra Papadopoulou, secrétaire générale des Affaires européennes qui a porté un lourd fardeau. M. Theodoros Sotiropoulos, notre Représentant permanent à l’Union européenne, l’ambassadeur M. Andreas Papastavrou, Représentant permanent adjoint et l’ambassadeur M. Tziras, chef du Bureau de la Présidence à Athènes.
Et avant de dresser le bilan politique, j’aimerais de nouveau remercier tous les sponsors que nous honorerons comme il se doit, car sans eux nous n’aurions pu faire preuve de la flexibilité nécessaire pour aborder toutes les questions.
Nul besoin de souligner que dès le départ nous étions en coordination étroite avec la présidence italienne qui prend le relais demain. Nous sommes convenus des priorités, nous formons en réalité une Année méditerranéenne à l’Union européenne. Et il n’est pas fortuit que pendant la Présidence hellénique a été constitué le groupe méditerranéen avec les sept pays méditerranéens par excellence membres de l’UE. Ce groupe a déjà eu deux rencontres, une à Bruxelles et une à Alicante, en Espagne.
Et nous nous en réjouissons car, après l’Italie, les deux autres présidences, la Présidence lettone et luxembourgeoise sont prêtes à poursuivre l’œuvre accomplie par la Présidence grecque qui, à son tour, a valorisé autant qu’elle le pouvait les réalisations, les efforts de la Présidence lituanienne. C’est une véritable course de relais à l’Union européenne, qui est très importante dans le sens où elle met en avant un principe que l’on ne doit pas oublier, l’égalité institutionnelle de tous les Etats membres.
Et si je peux résumer en une seule phrase quel a été le plus grand pari de la Présidence hellénique du semestre qui s’achève, ce pari était que la Grèce de la crise qui a alimenté de nombreux articles de presse, des commentaires négatifs et injustes, de nombreux stéréotypes qui ne correspondent pas à la réalité, que la Grèce donc, en vertu justement du principe de l’égalité institutionnelle des Etats membres, assume pour la cinquième fois la Présidence, qu’elle l’exerce de façon organisée, efficace, professionnelle et finalement avec succès, car cela montre une Grèce différente, la Grèce de la normalité, un pays qui peut diriger avec succès les procédures de l’Union européenne au niveau du Conseil. Et qu’elle la représente avec crédibilité et dignité au Parlement européen et aussi au niveau international, dès lors que cela relève de la compétence de la présidence tournante et non des présidences permanentes et notamment de la Haute représentante de l’Union européenne.
Je vous rappelle donc, que la première priorité que nous nous étions fixée en tant que présidence était celle qui concernait les questions de croissance, de création d’emplois, les questions liées à l’emploi et notamment l’emploi des jeunes.
Dans ce domaine en particulier, de la croissance et de l’emploi, nous avons réussi au cours des six mois précédents, à mettre l’accent sur les fonds propres de l’Union européenne qui peut garantir le financement des citoyens européens, de façon stable et précoce selon le cadre financier pluriannuel.
De ce point de vue, cet accord sur le financement du fonds européen de la mer et de la pêche, qui garantit le financement sans heurts de la nouvelle politique commune de la pêche et l’adoption d’actes juridiques qui concernent l’accélération de la réalisation du premier et deuxième acte du marché unique, dans le but ultime de renforcer la compétitivité de l’économie européenne et la qualité des services fournis dans l’intérêt du citoyen, sont deux évolutions caractéristiques.
Une autre évolution est notre effort visant à activer ladite « Initiative pour les Jeunes » qui concerne le cœur du problème européen, à savoir le chômage accru des jeunes et l’octroi de possibilités d’intégration des jeunes qui ont jusqu’à 24 ans sur le marché du travail.
La deuxième priorité concernait l’approfondissement de la zone euro et de la gouvernance économique de l’UE. Force est de noter que nous ayons réussi à nous mettre d’accord sur le règlement concernant le mécanisme de résolution unique, qui est un grand pas en avant dans le sens de l’Union bancaire en association avec l’accord intergouvernemental sur le Fonds unique de résolution des banques.
Dans le même temps ont été adoptés un grand nombre d’actes de lois dans le domaine du marché des services financiers qui visent au renforcement de la sécurité et de la transparence du système financier, mais aussi à la responsabilité des parties impliquées.
Tout ce qui est lié à la gouvernance économique, à l’Union bancaire, aux services financiers, ne concerne pas les banquiers ou les banques, mais les citoyens, les déposants, les entreprises et notamment les PME qui s’efforcent d’avoir accès au système bancaire européen et il est vrai que jamais ne pourra fonctionner au sein de l’UE un marché unique s’il n’y a pas un marché bancaire unique et si les inégalités entre les Etats membres dans ce domaine ne sont pas éliminées.
Ces inégalités sont doubles : la hauteur des taux du crédit aux entreprises et notamment aux petites et moyennes entreprises. Il est inacceptable qu’une PME grecque emprunte à un taux qui est de 5 à 6 fois plus élevé que celui auquel emprunte une entreprise allemande. Et le second point, très important, est qu’il y ait le même sentiment de sécurité des dépôts au niveau européen pour ne pas que les dépôts quittent les pays de la périphérie ou les pays de l’UE les plus faibles pour affluer vers les pays les plus puissants du centre européen.
Notre troisième priorité était celle qui concernait la protection des frontières de l’UE, la gestion des flux migratoires et de la mobilité, notamment par le biais de la promotion du débat sur l’avenir de l’espace européen de liberté, de sécurité et de justice.
Nous avons réussi, je pense, à préciser très clairement que l’immigration n’est pas un problème qui concerne les pays du sud seulement ou les pays qui sont situés aux frontières extérieures de l’UE, mais un problème à caractère européen car les répercussions sur la croissance économique et la cohésion sociale de l’UE sont palpables, même si ces répercussions n’ont pas la même ampleur. De ce point de vue, nous estimons comme étant une réussite absolue de la Présidence hellénique la définition des lignes directrices stratégiques pour la planification législative et opérationnelle du domaine de la justice et des affaires intérieures. C’est ledit « train de mesures de l’Union européenne ». Ce nouveau texte replace au cœur même de ses priorités le principe de solidarité et de répartition équitable des charges entre les Etats membres. Il place ce principe pratiquement au cœur de nos politiques sur l’asile et la gestion des frontières et des flux migratoires. Il associe l’immigration à la politique étrangère de l’Union, la coopération au développement et la coopération avec des pays tiers. Il introduit le principe de ladite conditionnalité positive avec une coopération entre l’Union européenne et des pays tiers et inclut le développement de politiques de retour efficaces en association avec la politique des visas et de réadmission.
Le quatrième axe de nos priorités, comme vous vous en souvenez, ladite priorité horizontale était une politique maritime intégrée, ce qui est compatible avec le caractère de notre pays, en tant que pays maritime et insulaire.
La Grèce, au semestre dernier, a montré la valeur de la mer, en tant que source de prospérité et de sécurité pour les citoyens européens et a posé les conditions devant régir la gouvernance maritime dans le but de protéger la sécurité et d’exploiter les opportunités qui découlent des activités maritimes pour l’économie de l’UE et des Etats membres.
L’adoption de la Stratégie européenne de sécurité maritime au Conseil Affaires générales du 24 juin 2014, le dernier Conseil de la Présidence hellénique, constitue une évolution cruciale. Nous avons réussi à nous entendre sur une liste exhaustive des intérêts stratégiques de l’UE et des Etats membres, ce qui permet leur promotion la plus efficace.
Nous avons montré l’importance de la délimitation des zones maritimes pour l’économie et la prospérité de l’UE, mais aussi des citoyens eux-mêmes ainsi que pour la sécurité énergétique et son importance pour l’économie européenne.
La Stratégie pour la sécurité maritime formule et définit clairement le terme de « frontières maritimes extérieures », elle souligne l’importance de leur protection et la lutte contre les menaces y afférentes, comme le problème de l’immigration, la piraterie, le terrorisme et autres activités illégales. Elle souligne également l’importance de la Convention internationale de l’ONU sur le droit international de la mer. Comme vous le comprenez bien, elle revêt une importance manifeste pour la Grèce, puisqu’une grande partie des frontières nationales sont les frontières extérieures de l’Union européenne.
La nouvelle Stratégie pour la sécurité maritime souligne la solidarité entre les Etats membres pour faire face aux menaces dans l’espace maritime, en tant que principe fondamental régissant cette stratégie. Elle assure le respect du principe de l’autonomie dans la prise de décisions de l’UE dans le cadre de la coopération de l’Union avec des organisations internationales, comme l’Organisation des Nations Unies et l’OTAN, mais aussi des pays tiers pour faire face de concert aux menaces dans l’espace maritime.
Nous devons tenir compte du fait que 90% du commerce extérieur de l’UE et 40% du commerce intérieur est effectué par voie maritime. L’UE occupe la troisième place au niveau des exportations et la cinquième place au niveau des producteurs de produits de pêche. Plus de 400 millions de passagers transitent par les ports de l’UE chaque année. Cela nous aide, je pense, à comprendre l’ampleur de cette intervention du point de vue économique et politique.
Outre tout cela, néanmoins, j’aimerais me référer à certaines réalisations dans le domaine des institutions européennes. Une de ces réalisations est l’adoption du Règlement sur le régime et le financement des partis politiques européens et des fondations politiques européennes. Il est important de souligner également que nous avons mis en exergue le principe de solidarité en tant que principe fondamental de l’UE.
D’un côté, je devrais rappeler les nouvelles règles sur le Fonds européen de solidarité, qui permettra une réaction plus rapide en cas de catastrophes naturelles, d’un autre côté, je devrais mentionner la décision sur le mode d’application de la clause de solidarité par l’UE. La clause de solidarité est prévue par les traités et est désormais appliquée. Du point de vue pratique, cela signifie que l’action commune des Etats membres et de l’Union est renforcée pour porter assistance aux Etats membres en cas d’attaque terroriste ou de catastrophe d’origine humaine ou naturelle.
A l’exception de tout cela, il y a eu bien sûr nos priorités immuables pour ce qui est de l’élargissement de l’Union européenne aux Balkans occidentaux, mais aussi de la Politique de voisinage et cela signifie pour nous, notamment, de garder vivante la dimension sud et le contact avec le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, et de manière générale avec le monde arabe, étant donné que, de toutes façons, le voisinage oriental, en raison de la crise en Ukraine, a fait la une de l’actualité.
Pendant notre présidence, nous avons organisé la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE et des pays des Balkans occidentaux, le 8 mai à Thessalonique, afin de relancer l’Agenda de Thessalonique 2014 qui était la principale réalisation de la quatrième Présidence hellénique en 2003.
La réunion de Thessalonique nous a offert l’occasion de réaffirmer notre insistance à l’égard de la perspective euro-atlantique de tous les pays des Balkans occidentaux. Les conclusions de cette rencontre influenceront, je pense, à l’avenir les décisions y relatives du Conseil et du Conseil européen.
Pour ce qui est du voisinage sud, nous avons accueilli en Grèce, les 10 et 11 juin à Athènes, au Palais Zappeion, la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE et des Etats membres de la Ligue arabe.
Dans le cadre de cette réunion, d’importantes conclusions ont été tirées, des conclusions certes influencées par les crises ouvertes en Irak et en Syrie, et de nombreux contacts bilatéraux ont été organisés, tout aussi importants que les contacts bilatéraux que nous avons eus à Bruxelles, en marge de la conférence au sommet UE – Etats africains.
Force est de noter également que pendant la Présidence hellénique, nous avons eu d’importantes évolutions concernant les pays du voisinage oriental. Nous avons eu le plaisir de recevoir, ici, la direction politique de la Moldavie, le jour de l’abolition des restrictions concernant les visas et par ailleurs, nous avons eu l’occasion de présider toute une série de conseils d’association ou conférences intergouvernementales qui étaient très importants pour l’axe auquel je me suis tout à l’heure référé.
A titre indicatif je dirais que pendant le semestre de la Présidence hellénique se sont tenus des Conseils de coopération, d’association ou de stabilisation et d’association entre l’UE et l’Irak, l’Ouzbékistan, la Tunisie, l’Albanie, l’Algérie, la Turquie, le Monténégro et la Moldavie.
Nous avons eu l’honneur de présider la Conférence intergouvernementale inaugurale sur l’ouverture des négociations d’adhésion de la Serbie à l’UE et la Conférence intergouvernementale UE – Monténégro qui a permis d’ouvrir cinq chapitres supplémentaires essentiels à la négociation sur l’adhésion du Monténégro à l’Union européenne.
Vous me permettrez tout particulièrement de mentionner le Conseil d’association Union européenne – Turquie qui s’est tenu la semaine passée, lundi 23 juin, à Luxembourg et qui nous a permis, bien naturellement, en parlant au nom de l’UE, de souligner combien il est important que notre pays voisin accepte une réalité très simple, à savoir que l’UE compte 28 Etats membres, y compris la République de Chypre, avec tout ce que cela peut signifier pour l’application du Protocole d’Ankara, mais aussi la ratification et l’application de l’accord récent de réadmission signé entre l’UE et la Turquie.
Nous nous réjouissons également du fait que lors du Conseil Affaires générales du 24 juin 2014, sous présidence hellénique, le statut de pays candidat à l’adhésion a été octroyé à l’Albanie. Et nous nous en réjouissons car l’Albanie comprend bien que ce statut est octroyé dans le cadre de l’acquis européen, du droit européen, des critères politiques de Copenhague et bien entendu du droit international.
Je vous rappelle que le statut de pays candidat à l’adhésion a été octroyé en 2005 à l’Ancienne République yougoslave de Macédoine. La Turquie, quant à elle, a non seulement le statut de pays candidat à l’adhésion, mais est aussi un pays en négociation avec l’UE et avec une ouverture progressive des chapitres toujours sur décision unanime des Etats membres étant donné que cette procédure revêt un caractère strictement intergouvernemental.
Je pense que tout cela nous donne un aperçu de ce que nous avons réussi pendant cette période. Une période avec un mandat parlementaire réduit car en réalité notre contact avec le Parlement européen a duré quatre et non six mois, en raison des élections européennes.
La Présidence hellénique a coïncidé avec les élections européennes. Nous avons géré la grande question de la nouvelle narration pour l’Europe, dans la mesure du possible, c’est-à-dire dans la mesure où cela concerne le Conseil européen, donc le Conseil Affaires générales qui prépare les séances du Conseil européen.
Une narration qui apporte une réponse aux différentes formes d’euroscepticisme, une narration qui apporte une réponse aux angoisses réelles des citoyens européens qui ne comprennent pas, souvent, comment il est possible que l’Europe soit assimilée à des politiques d’austérité, avec des rythmes de croissance réduits et un taux de chômage élevé, notamment parmi les jeunes.
Et c’est une grande question, une question qui préoccupe et doit préoccuper l’UE au niveau également du Conseil européen et du Conseil et du Parlement. Nous avons maintenant la procédure de recrutement au sein des organes institutionnels de l’UE sur la base des résultats des dernières élections européennes.
J’aimerais depuis cette tribune féliciter M. Jean-Claude Juncker, qui a été choisi par le Conseil européen comme président de la prochaine Commission européenne.
Ce choix est synonyme de respect du nouveau rôle renforcé du Parlement européen, de respect du scrutin des citoyens européens, de respect d’une interprétation parlementaire du Traité de Lisbonne.
Etant donné que j’ai travaillé de près avec M. Juncker, alors président de l’Eurogroupe, et ce, à une période très critique pour la Grèce, je peux dire que c’est un homme qui agit dans un esprit constructif, de conciliation et qui souvent tend à se surpasser, c’est un véritable Européen qui a conscience des difficultés que rencontre l’UE et des sensibilités ou objections de nombreux Etats membres.
Dans le cadre de notre présidence, nous avons eu l’occasion d’organiser au Conseil Affaires générales, en présence du Président Van Rompuy, une discussion très intéressante sur le mode d’interprétation et d’application du principe de subsidiarité et je pense que cela peut être valorisé par la nouvelle Commission et par le Conseil en établissant un contact avec la nouvelle composition du Parlement.
Il est également très important de souligner, et je conclurais là-dessus, que l’intérêt des médias est axé sur le choix des personnes qui occuperont les postes clés au sein du Parlement européen, mais pour les peuples et les citoyens de l’UE, ce qui importe ce n’est pas le choix de telle ou telle personne, mais le choix de telle ou telle politique.
Une politique plus intelligente et plus efficace peut être basée sur les textes existants sur le Pacte de stabilité et de croissance, mais les textes existants doivent être interprétés de sorte à alimenter la croissance et la création d’emplois, à donner une perspective d’avenir aux citoyens européens de tous âges et notamment les jeunes citoyens européens.
De ce point de vue, la Présidence hellénique a fait tout ce qui était en son pouvoir. Nous savons quelle est la marge de manœuvre de toute présidence tournante, nous n’avons aucun manque de sens de la mesure. Mais nous pensons qu’il est très important d’insister sur le principe de l’égalité institutionnelle des Etats membres.
Et finalement pour nous, les Grecs, il est d’autant plus important de dire que la Grèce a su prouver qu’elle a toujours été – et le restera – un pays normal, un pays membre de l’Union européenne et de la zone euro qui est égal du point de vue institutionnel.
Je vous remercie.
MODERATEUR : Pour que notre discussion soit plus cohérente et brève, je vous prierais de poser d’abord des questions concernant la présidence hellénique et par la suite nous passerons à la deuxième partie. Je vous prierais de dire votre nom et le média que vous représentez. Vos questions s’il vous plait.
D. BOTONIS : Monsieur le ministre, concernant ce que vous venez de dire, sur les personnes et les politiques. En ce qui concerne les personnes, je dirais que le choix de M. Juncker est contesté par de nombreux partis politiques européens qui pensent qu’il n’est pas la personne la plus appropriée pour appliquer ces politiques. Est-ce que vous vous identifiez à ces politiques d’austérité, comme l’affirment de nombreux partis européens ? Et une autre question qui ne figure pas à l’ordre du jour, mais qui a une importance et une valeur au niveau national, et je veux parler de la réussite de la Grèce hier au Brésil, qui a failli se qualifier pour les huitième de finale.
Ε. VENIZELOS : J’aimerais exprimer – je l’ai déjà fait par écrit mais l’oral a également toute son importance – toute ma joie et mon émotion et formuler mes félicitations et mes remerciements, en tant que citoyen grec, à notre équipe nationale, à l’entraîneur et à tous ceux qui composent l’équipe nationale de football. Nous pouvons être très fiers d’eux non seulement parce qu’ils sont montés très haut dans la compétition la plus importante au monde, mais aussi parce qu’ils ont envoyé au peuple grec un message de fierté, de détermination et d’esprit de compétition. Nous avons perdu lors des penalties, où le facteur chance est très important, mais je pense que nous avons fait très bonne impression et c’est ce qui importe.
Concernant la question en rapport avec M. Juncker. Je dirais que ce sont trois grands groupes politiques qui votent au parlement : le groupe du Parti populaire européen, le groupe des Démocrates et Socialistes et enfin le groupe des Libéraux. Même les autres groupes se sont positionnés en faveur de cette interprétation du Traité de Lisbonne, à savoir que le Conseil européen devait choisir comme prochain président de la Commission européenne le candidat qui, pendant la campagne électorale, avait été désigné par le parti qui a recueilli la majorité relative des suffrages et des sièges. Car bien entendu aucun parti n’a la majorité absolue.
Cette interprétation quasiment interparlementaire du Traité se heurte certes à des objections, qui au Conseil européen ont été exprimées par deux pays : le Royaume-Uni et la Hongrie. J’imagine que tous les pays membres respectent à chaque fois les pays minoritaires, mais ici nous avons eu la majorité qualifiée nécessaire.
M. Juncker est un ancien homme politique européen qui a un long mandat en tant que Premier ministre du Luxembourg. En tant que président de la Commission, il n’a pas l’intention d’appliquer le programme du Parti populaire européen. La politique européenne est toujours axée sur deux grands piliers : le principe communautaire et la nécessité de respecter les rapports intergouvernementaux car sans eux le Conseil européen et le Conseil ne peuvent aboutir facilement à des décisions consensuelles.
L’Europe est dirigée par une grande coalition variable. Car un parti à lui seul ne suffit pas au niveau européen car il faut tenir compte de 28 cycles électoraux nationaux qui contribuent à changer les rapports, non pas au niveau du Parlement qui est désigné tous les cinq ans, mais au niveau du Conseil et du Conseil européen, où les gouvernements changent. Par ailleurs, les gouvernements n’expriment pas seulement leur identité politique ou bien leur identité en termes de partis, que ce soient des partis uniques ou des gouvernements de coalition. Ils expriment des stratégies nationales immuables, qui sont appliquées dans de nombreux pays par tous les gouvernements, indépendamment de la couleur politique.
Ce qui veut dire que la réalité politique européenne est particulièrement complexe. Le principe de la majorité et de la minorité, la distinction entre gouvernement et opposition, qui est connue au niveau de l’Etat, ne peut fonctionner aussi simplement et de façon aussi linéaire au niveau européen. Il n’est pas facile, au niveau de l’Union européenne, de parler d’un gouvernement et d’une opposition, d’une majorité et d’une minorité.
Tout cela change au cas par cas, selon les évolutions et c’est pourquoi il est important de tenir compte de tous ces paramètres. L’édifice institutionnel européen est particulièrement complexe. Et si tout cela est valable au niveau de l’Union européenne, il ne fait aucun doute que les choses sont encore plus difficiles au niveau de la zone euro. Car au niveau de la zone euro, la monnaie unique doit être protégée, le marché bancaire unique doit être protégé. Le rôle de la Banque centrale européenne est très important. Le rôle de l’Eurogroupe est très important, un rôle bien distinct du Parlement européen.
Car il n’y a pas de procédures qui prévoient à l’heure actuelle ce contact. Le contact du Conseil de l’Union européenne, en tant que composition de l’Ecofin, avec le Parlement européen est une chose, les activités de l’Eurogroupe en sont une autre. Et il y a aussi des compositions qui ont résulté de la crise, comme la Troïka par exemple, à savoir la Commission, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, une composition qu’aucun texte institutionnel ne prévoit et il s’agit là d’une réalité qui dépasse le cadre institutionnel de l’Union européenne. Nous devons voir tout cela de manière réaliste, voire transcendantale, car il ne suffit pas de comprendre et de décrire la réalité. Nous devons apporter des réponses qui nous font globalement avancer, en tant qu’Union européenne et zone euro.
Bien entendu, chaque pays a ses intérêts nationaux, il y a ce que l’on appelle les patriotismes économiques mais aussi les nationalismes économiques. Nous devons comprendre à nouveau qu’il y a un intérêt européen commun et finalement cet intérêt européen commun est visible dans les chiffres, à savoir dans le résultat économique du marché unique et dans le résultat économique de la formation de la zone euro et de la monnaie unique. Il y a un résultat économique positif qui résulte des échanges entre les Etats membres et la perspective globale de l’Union européenne et de la zone euro et nous devons y croire.
La Grèce a consenti de gros efforts pour pouvoir rester dans la zone euro. Les sacrifices des citoyens grecs sont très grands, insupportables, intenables. Mais imaginez ce que ce pays serait devenu si nous n’avions pas suivi cette voie, si nous avions été pris en otage par les développements, si nous étions sortis de la zone euro et avions en réalité été mis en marge de l’Union européenne.
Les dégâts sur les revenus des ménages, les entreprises, l’emploi, les banques, les dépôts, l’avenir de l’économie grecque auraient été incalculables. Nous ne pouvons comparer les gros dégâts qu’aurait provoqué une faillite désordonnée avec la réduction à néant de l’économie grecque. C’est grosso modo le cadre général au sein duquel nous évoluons.
A. ATHANASSSOPOULOS : Bonjour, Monsieur le ministre, j’aimerais vous poser deux questions. La première est la suivante : vous avez parlé de la stratégie maritime européenne et de l’attribution à l’Albanie d’une date d’ouverture des négociations d’adhésion. Je comprends que la première question est étroitement liée à notre relation avec la Turquie et avec le problème relatif aux zones maritimes. Et, respectivement, la question qui concerne l’Albanie est également liée au problème des zones maritimes. De quelle manière pourrions-nous valoriser ces deux évolutions jusqu’à ce qu’il y ait du progrès à l’égard de ces questions. Telle est la première question.
La deuxième question porte sur ce que vous avez tout à l’heure dit. Vous comprenez qu’en Europe une nouvelle discussion est tenue concernant l’austérité et la croissance. Il semble que le Premier ministre italien, Matteo Renzi est à la tête d’un mouvement visant, sinon à assouplir mais au moins à rendre plus flexible l’application du Pacte de stabilité et je voudrais vous demander dans quelle mesure vous pensez que cela, à savoir l’application plus flexible du Pacte de stabilité et éventuellement le prolongement de la mise en conformité avec les limites concernant les déficits budgétaires, est juste pour la Grèce à l’heure où à l’égard de notre pays il y a une plus grande sévérité. Merci.
E.VENIZELOS : Je commence par la deuxième question qui fait suite à la première. Permettez-moi de rappeler que jeudi dernier, le Premier ministre et moi-même avons eu l’occasion de participer parallèlement à deux importantes réunions institutionnelles des deux grands partis politiques européens qui se sont tenues à Ypres, en Belgique.
M. Samaras a participé avant le Conseil européen à la réunion des dirigeants du Parti Populaire Européen et moi j’ai participé à la réunion des partis gouvernementaux qui participent au Parti Socialiste Européen, à savoir les partis qui sont membres de ce groupe et participent à des gouvernements à parti unique ou de coalition, par conséquent à une réunion des Premiers ministres et des vice-Premiers ministres qui appartiennent au Parti socialiste européen.
Lors de cette rencontre, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec le Président Hollande ainsi qu’avec le Premier ministre de l’Italie, Matteo Renzi et avec d’autres Premiers ministres. Huit Premiers ministres et six vice-Premiers ministres y ont assisté. Il est nécessaire en effet d’appliquer intelligemment un pacte qui ne sera seulement un pacte de stabilité, mais aussi un pacte de croissance. Et nous devons nous rappeler qu’il s’agit d’un pacte non seulement de stabilité, mais aussi de croissance et par conséquent d’emploi. Parce que si nous ne donnons pas une perspective à la compétitivité, à la flexibilité de l’économie européenne, à sa capacité à fonctionner non seulement en tant que grand marché mais aussi en tant que machine efficace d’innovation qui fait augmenter le PIB européen et offre des opportunités aux citoyens européens, nous ne répondrons pas aux préoccupations exprimées par nos sociétés.
En ce qui nous concerne, nous avons encore une très grande responsabilité historique à assumer : nous devons protéger l’acquis social européen, l’Etat social européen, quelle que soit sa version, britannique, scandinave, sud-européenne car il existe un dénominateur commun qui est appelé Etat social européen, acquis social européen qui se trouve à un niveau très élevé. Malgré quelques différences de détail, il existe un dénominateur commun très important. Par conséquent, on ne peut pas investir dans l’annulation de l’Etat social européen, ni dans la réduction du coût du travail en tant que seuls instruments visant à stimuler la compétitivité européenne et le nouveau parcours de l’Europe à travers le monde.
Car sans aucun doute, l’Europe devient plus petite en termes de population, elle vieillit et a d’importants concurrents très nombreux. Il existe d’autres entités régionales qui font preuve d’un très grand dynamisme. Par conséquent, nous devons prendre cela aussi très au sérieux.
Personne ne parle de changer les textes, et même lors du Conseil européen l’idée centrale a été que nous devons faire une interprétation dynamique, intelligente afin de pouvoir redresser l’économie européenne afin que cette dernière soit capable de répondre à toutes ces questions complexes.
En parlant maintenant en ma qualité de Président d’un parti qui participe au Parti socialiste européen, la plateforme préélectorale du Parti socialiste européen doit participer à la politique de la nouvelle Commission.
La Commission dispose d’un Président provenant du Parti populaire européen, M. Junker mais la politique de la Commission doit être dans une large mesure influencée par la proposition préélectorale du Parti socialiste européen ainsi que par celle du groupe des Libéraux de M. Verhofstadt qui s’est positionnée en faveur de M. Junker.
Cela revêt une très grande importance mais, bien évidemment, on doit également prendre en considération les intérêts publics, les sensibilités publiques, même si le principal rôle de la Commission est d’être le garant de la dimension communautaire de l’Union européenne.
Pour ce qui est maintenant de la première question, tout d’abord, je pense qu’il y a un malentendu. Ce qui a été convenu par le Conseil et confirmé par le Conseil européen n’était pas l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Albanie mais l’octroi du statut de pays candidat à l’adhésion, ce qui est complètement différent.
C’est pourquoi j’ai rappelé que l’Ancienne République yougoslave de Macédoine a le statut de pays candidat à l’adhésion depuis 2005 et les dates sont importantes. A la Turquie le statut de pays candidat a été accordé il y a un bon nombre d’années car ce pays avait signé un accord d’association il y a très longtemps. La Turquie a entamé les négociations, mais vous voyez combien il est difficile d’ouvrir chaque chapitre. Pour ce qui est des pays des Balkans occidentaux, seulement deux pays ont entamé les négociations : le Monténégro qui a réalisé des progrès au niveau d’un grand nombre de chapitres et récemment nous avons ouvert lors de la conférence intergouvernementale cinq chapitres, et la Serbie avec laquelle nous avons entamé la négociation mais en réalité nous n’avons encore ouvert aucun chapitre, en dépit de notre volonté de le faire.
Par conséquent, le statut de pays candidat à l’adhésion et l’ouverture des négociations sont deux choses différentes. Afin de parvenir à l’ouverture des négociations, tous les critères de Copenhague doivent être remplis et toutes les indications et les preuves de l’acceptation de l’acquis communautaire doivent être données. Cela concerne également le droit international et le droit international de la mer. Et, quand l’Union européenne et le Conseil votent pour la nouvelle stratégie maritime de sécurité européenne et insiste sur l’importance que revêtent les zones maritimes pour le droit international de la mer, cela en dit long. Car les 28 pays membres de l’Union européenne acceptent bien évidemment la Convention de l’ONU sur le droit de la mer ainsi que la notion des zones maritimes et la nécessité de les délimiter conformément au droit international de la mer.
Ν. CHRYSOLORAS : Monsieur le Président, maintenant que prend fin la Présidence, est-ce que vous avez une idée de ce que cela va coûter pour le contribuable grec ? A ma connaissance, nous avons une estimation jusqu’au 30 mai. Est-ce qu’aujourd’hui nous avons une estimation générale, est-ce que nous avons réellement un excédent de budget car il semblait que jusqu’en mai nous étions créditeurs à hauteur de 45 millions d’euros environ. Est-ce que vous savez d’ores et déjà où sera utilisé cet excédent ?
Ε. VENIZELOS : Comme l’a déjà dit M. Kourkoulas, qui est en charge de ces questions, assisté de ses services et du bureau de la Présidence, nous devrons d’abord dresser le bilan car nous avons encore à nous acquitter de certaines obligations, qui s’élèvent à 18-19 millions. Autrement dit, nous aurons dépensé quasiment 30% du budget total de 50 millions d’euros.
Ce budget était un budget modeste, car celui des autres pays dépassait largement les 50 millions d’euros. Et donc nous, sur la base des bonnes pratiques européennes, avions un budget de 50 millions d’euros pour couvrir les dépenses de tous les ministères, de tous les services et pour toutes les activités.
Finalement, la gestion de ce budget a été très stricte, les dépenses ont été fortement réduites, les sponsors ont été valorisés, ce qui nous a permis d’aboutir à ce résultat qui est, je dirais, très impressionnant. L’argent en surplus sera retourné au ministère des Finances, qui en disposera selon ses propres priorités, car, comme vous le savez, en comptabilité publique c’est le principe de spécification des coûts et de la généralité des revenus qui prévalent.
Le ministère des Finances récolte des revenus de partout, sans distinction, pour les dépenser selon ce qui est prévu dans le budget. A ce titre, j’aimerais remercier M. Kourkoulas et l’ambassadeur M. Tziras ainsi que tous les services du ministère et les autres ministères pour avoir suivi cette logique des dépenses restreintes, une logique qui nous a permis de nous en sortir.
Μme KOURBELA : Monsieur le vice-Premier ministre, je voudrais m'en tenir un peu à la dimension de l'éthique européenne. Ma question est la suivante: Je sais que nos partenaires européens reconnaissent le succès de la Présidence hellénique. Toutefois, est-ce que ces derniers ont reconnu que, vu le succès de cette présidence exercée par un pays en crise - un succès similaire aux succès précédents - les attaques visant le peuple grec étaient injustes? Autrement dit, est-ce que l'injustice faite a été réparée? Telle est ma question et je répète qu'il s'agit d'ores et déjà d'une question d'éthique. Car il est bien évident que de nombreux Grecs ont été blessés par ces attaques injustes. Cela serait un succès d'une autre forme de la Présidence hellénique.
E. VENIZELOS : Je pense avoir déjà répondu à cette question. Notre objectif principal est de mettre en avant la Grèce comme un Etat normal se trouvant sur le même pied d'égalité que les autres Etats membres. Nous avons reçu bien des félicitations de la part du Parlement, du Conseil et du Conseil européen. Ces louanges font partie de la déontologie européenne et les présidences tournantes sont de toute façon obligées d’accomplir certains travaux. Toutefois, fort de mon expérience car c'est la troisième présidence à laquelle je participe et j'ai suivi de nombreuses autres présidences ainsi que leurs cérémonies de clôture, je pense que ces bonnes paroles n'étaient pas seulement imposées par le respect des convenances.
Il y avait autre chose. Et cela est dû au fait que tous sont bien conscients que ce semestre a été marqué par de très grandes difficultés et par des objectifs d'importance majeure pour la Grèce. La Grèce n'était pas seulement chargée d’exercer la présidence. Elle devait également s'occuper d'autres choses. Et c'était cela à mon avis qui a aidé, et aidera dans le futur, au rétablissement de l'image du pays.
G. IGNATIOU : Monsieur le ministre, j'ai deux questions : Au cours de la Présidence hellénique, il y a eu des résultats inquiétants, ce qui a provoqué de nombreuses réactions déconcertantes. Dans de nombreux pays, à savoir en France, au Royaume - Uni, au Danemark, il y a eu des résultats qui ont donné lieu à des discussions sur l'Europe de Mitterrand, de Kohl, d’Andreas Papandréou et sur l'Europe actuelle.
A savoir, des discussions portant sur les impératifs de l'Europe de l'époque et de l'Europe actuelle. Une interview d’Andréas Papandréou a été d'ores et déjà publiée parlant des directoires, etc. Vous êtes la personne la plus appropriée puisque vous avez occupé des fonctions au cours de ces deux périodes. Est-ce que tout cela est lié à des théories de complot, à une sorte d'embellissement du passé en raison des difficultés que traverse l'Europe ou est-ce que les dirigeants de l'époque étaient plus soucieux des problèmes étant donné qu’ils avaient vécu des guerres et la pauvreté?
Et une deuxième question liée aux magistrats grecs et aux décisions prises par rapport à la réalité actuelle. La question est la suivante : Le volume du travail des magistrats grecs est de 60% plus important que celui des magistrats européens. Qu'en pensez-vous ? Merci.
E. VENIZELOS : Je commence par votre deuxième question. La justice grecque est confrontée à d'importants problèmes. Le volume du travail, le volume des affaires en suspens est une question majeure pour de nombreux pays de l'Union européenne, non seulement pour la Grèce. C'est pourquoi nous devons faire preuve de cohérence à l'égard de la nécessité de mettre en place des réformes radicales dans le domaine de la justice.
Nous devons accepter les changements qui s’imposent pour ce qui est des règles procédurales et de la mise en place de nouvelles institutions, telles que les formes alternatives de justice à travers la médiation et, bien évidemment, nous sommes tous pleinement conscients du rôle institutionnel des magistrats lesquels doivent être protégés par des garanties d'indépendance personnelle et opérationnelle, ce qui est explicitement prévu par la constitution grecque et ce, d'une façon beaucoup plus détaillée et claire par rapport à toute autre constitution européenne.
Il existe, bien entendu, des questions liées à l'organisation de ladite justice constitutionnelle, à la façon dont est exercé le contrôle de la constitutionnalité des lois en Europe. Parmi les questions placées sous le contrôle de la constitutionnalité figurent également celles liées à la politique économique, aux plans d'ajustement des économies européennes qui se sont trouvées au cœur de la crise, telles que la Grèce, Chypre, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande.
Nous en Grèce nous disposons d'un système de contrôle de la constitutionnalité bien diffus. Nous ne disposons pas d'une cour constitutionnelle spécialisée. D'autres pays disposent d'une cour constitutionnelle spécialisée. Nous voyons comment évolue ce type de contrôle dans des pays comme le Portugal et la Grèce.
Permettez-moi, maintenant, en parlant en ma qualité de professeur de droit constitutionnel, de dire que face à tout cela on doit se demander quel serait ledit droit constitutionnel de la faillite désordonnée.
A savoir que serait devenu le pays, s'il n'avait pas suivi le chemin difficile de l'ajustement et des sacrifices et si on l'avait laissé faire faillite avec un déficit primaire situé à 15,7% en 2009, soit 26 milliards d'euros. Si le pays n'avait pas d'argent pour payer les salaires et les retraites, si le pays voyait ses banques s'écrouler et les dépôts disparaitre, quelle protection constitutionnelle aurait eu le salarié qui n’aurait pas reçu son salaire, le retraité qui n’aurait pas reçu sa retraite et le déposant qui aurait vu ses économies disparaitre?
Nous devons également considérer cela, afin de voir ce que cela signifie pour l'intérêt général et de quelle façon ce dernier est interprété, lorsque nous sommes confrontés à de grands dilemmes politiques et historiques. Car il y a cette différence :
le magistrat juge toujours en fonction des demandes, en fonction d'une action, d'un recours, d'un différend. Personne ne peut intégrer cela dans une politique globale. Seulement le parlement a cette possibilité ainsi que le gouvernement qui dépend de la confiance du parlement. C'est lui qui peut avoir un aperçu global car il n'existe pas de processus institutionnel. C'est ce qui est prévu par la démocratie.
Pour ce qui est de votre première question, je dois vous dire que j'ai vécu la Présidence hellénique de 1994, aux côtés d’Andréas Papandréou, en ma qualité de ministre de la Presse et de porte-parole gouvernemental et j'ai suivi de près la réunion au sommet de Corfou. A l'époque les pays exerçant la présidence accueillaient également les réunions au sommet.
A la conférence de Corfou ont assisté Thatcher, le Chancelier Kohl, François Mitterrand ainsi que le Président Eltsine, car à l'époque avait été signé l'accord d'association entre l'Union européenne et la Russie.
A l'époque, l'Europe comptait 12 Etats membres et le cycle économique de l'économie mondiale était extrêmement favorable pour l'Europe qui ne disposait pas encore de l'UEM, mais elle avait une perspective d’avenir. Désormais, les choses ont changé.
Tout d'abord, le monde a changé, l'Allemagne a été unifiée, l'Union soviétique a été dissoute, la Yougoslavie a été dissoute et les lignes séparatrices de la guerre froide ont disparu.
Maintenant, l'Europe doit de nouveau trouver sa perspective, sa place dans le monde. S'agissant des questions relevant de la politique étrangère, les éléments structurels n'ont pas, bien entendu, changé car la question de la sécurité européenne a été et demeure toujours une question euro-atlantique. Et ce, à partir de la première guerre mondiale. Depuis que le Président Wilson a décidé de la participation de l'Amérique à la dernière étape de la première guerre mondiale, dont nous ne célébrons pas aujourd'hui le début car on ne peut pas célébrer un événement aussi abominable, mais nous commémorons les 100 ans depuis le début de la Grande Guerre, de la première guerre mondiale qui a coûté des millions de vies avec bien entendu la grippe espagnole.
La réalité politique et le dilemme économique auxquels est confrontée actuellement l'Union européenne sont beaucoup plus complexes. Les dilemmes sont devenus extrêmement complexes et techniques, extrêmement difficiles. Bien évidemment, il est vrai que les traités décrivent une Europe à 28 Etats membres égaux mais la Banque européenne centrale, qui reflète la réalité, est une institution qui fait repartir les votes en fonction de la contribution de chaque pays au PIB européen.
Par conséquent, un pays ayant un PIB plus important dispose d'un plus grand pouvoir d'influence par rapport à un pays ayant un PIB moins important. Telle est la réalité. Comme je l'ai tout à l'heure dit et j'ai eu également l'occasion de le répéter avant-hier lors de la réunion des dirigeants socialistes, au sein de l'Eurogroupe nous voyons une réalité totalement différente, car il existe des pays qui sont « vertueux » du point de vue financier et macro-économique.
Il s'agit d'un très petit groupe de quatre, cinq pays car nous voyons de nombreux pays quitter ce groupe et aucun pays y rentrer. Il y a très peu de pays qui appartiennent à ce groupe, les autres étant plus au moins des pays « pécheurs » et les autres des pays « dépensiers », tandis qu'il y a d'autres pays qui ont adhéré à un plan de soutien financier, tels que la Grèce, l'Irlande, le Portugal, Chypre.
D'autres pays ont adhéré à un plan sans soutien financier, comme cela a été le cas de l'Italie dans une large mesure, et de l'Espagne en partie qui n'a été soutenu que par ses banques, tandis que d'autres pays vivent sous la menace des chiffres.
A ce point, force est de rappeler que nous, avec toutes ces difficultés que nous avons rencontrées, disposons actuellement non seulement d'un excédent primaire mais aussi d'un déficit budgétaire situé au-dessous du seuil de 3%, tel qu'il est prévu par le Pacte de stabilité.
Le déficit budgétaire de la Grèce s'élève à 2,1%. Par conséquent, force est de rappeler que nous nous trouvons dans les limites du Pacte de stabilité et de croissance.
Mme POPOVIK : Monsieur le ministre, est-ce que la Présidence hellénique a fait tout ce qui était en son pouvoir pour aider Skopje dans son parcours vers l'Union européenne? A savoir, avez-vous fait preuve de bonne volonté? Vous avez eu certaines rencontres avec M. Poposki. Pensez-vous que ces rencontres se poursuivront maintenant que la Présidence prend fin, en vue d'aider votre pays voisin dans son parcours? Car je pense que notre parcours vers l'Union européenne est également dans l'intérêt de la Grèce. Pourriez-vous nous dire brièvement de quelle façon la Présidence hellénique a en général contribué à l'élargissement de l'UE aux Balkans occidentaux?
E. VENIZELOS : Je commence par votre deuxième question. Conformément à l'agenda « Thessalonique 2014 », la Présidence hellénique a eu le plaisir de convoquer la Conférence intergouvernementale entre l'Union européenne et la Serbie sur l'ouverture des négociations d'adhésion de la Serbie, tout en récompensant le dialogue entre Belgrade et Pristina.
Nous avons eu également l'occasion de présider la Conférence intergouvernementale entre l'Union européenne et le Monténégro et aider à l'ouverture de cinq chapitres. L'occasion nous a également été offerte, à travers les Conseils d'association que nous avons présidés, d'accélérer les relations entre de nombreux pays de la région élargie avec l'Union européenne.
Permettez-moi de signaler à cet égard, que la Moldavie est très près des Balkans occidentaux du point de vue géographique, bien qu'elle fasse partie dudit Voisinage oriental.
Pour ce qui est de Skopje dont vous avez parlé, en effet, lors de ma visite là bas, en ma qualité de Président du Conseil et non pas en celle de ministre grec des Affaires étrangères, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le Premier ministre, M. Gruevski avec lequel nous sommes convenus de mettre davantage l’accent sur le processus existant mené sous la direction de l'ambassadeur, M. Nimetz, dans le cadre des résolutions y relatives du Conseil de sécurité,
Toutefois, la Présidence est obligée d’appliquer les résolutions du Conseil. La dernière résolution y relative a été celle du 19 décembre 2013 qui pose deux conditions très importantes tout en demandant que ledit pays fasse des pas tangibles pour remplir ces conditions.
L'une de ces conditions est la pleine application de l'accord d'Ohrid, un accord à caractère international, concernant les relations entre l'élément slave et albanais. La deuxième condition est l'application de l'accord du 31 mars 2013 sur les relations entre les deux grands partis, des relations qui se sont détériorées après les dernières élections car les députés du parti social-démocrate se sont vus obligés de renoncer à leurs sièges parlementaires.
Par conséquent, il existe un problème qui n’est pas simplement lié à l'application de l'accord de mars 2013 mais il faut revenir au cadre de l’accord car actuellement pas même le cadre de l’accord n’est appliqué.
Et en outre, force est de rappeler que ladite question du nom n'est pas une question bilatérale comme on le prétend habituellement. Il s'agit d'une question internationale à l'égard de laquelle il existe des résolutions concrètes du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies. Et nous, ce que nous voulons est que notre pays voisin avec lequel nous entretenons des relations économiques très étroites, remplisse en général les critères de Copenhague. A savoir, des critères portant sur la démocratie, l’Etat de droit, le respect des libertés, le respect de la liberté de la presse, le maintien de bonnes relations avec l'opposition, l'absence d'irrédentisme et le respect du droit international.
Ces questions ne sont pas bilatérales. Ce sont des questions liées à la stabilité régionale et à l'application générale des critères de Copenhague.
A. TASSOULIS : Ma question porte également sur la scène politique intérieure. Vous avez tout à l'heure dit que la Grèce a livré une vraie bataille afin d'éviter sa sortie de la zone euro. Vous avez aussi affirmé à plusieurs reprises dans le passé que l'objectif recherché est la stabilité gouvernementale. Est-ce que vous partagez le point de vue exprimé par certains hauts fonctionnaires gouvernementaux, à savoir que si, en cas d'élections, aucun parti ne remporte la majorité, toutes les options d'une coopération des partis de l'axe constitutionnel avec la Nouvelle Démocratie, le PASOK, le SYRIZA, seront possibles, autrement dit il y aura une large coalition des partis. Merci.
E. VENIZELOS : Le pays n'envisage pas de tenir des élections. Le pays, permettez-moi de le dire, a réussi à sortir indemne des élections européennes, municipales et régionales.
Certains ont qualifié ce scrutin de référendum contre ou pour le gouvernement et sa politique, mais le peuple a opté pour la stabilité gouvernementale et la stratégie nationale. Par conséquent, ce que nous devons faire, tous les partis de l'axe constitutionnel, est de lutter pour sortir définitivement de la crise.
De lutter afin de confirmer dans les meilleures conditions la viabilité de la dette souveraine grecque. La dette publique grecque, avec le hair-cut de 2012 et notamment avec la restructuration de 2012, est une dette viable, dès lors que les changements paramétriques sont opérés, changements qui sont considérés comme évidents et qui ont été à maintes reprises présentés par le chef lui-même du mécanisme de stabilité européen, M. Klaus Regling.
Il est très facile d'aménager les questions relatives aux taux d'intérêts, aux échéances des versements et des obligations ou à l'allongement de la durée moyenne de la dette.
Nous avons à maintes reprises affirmé sur tous les tons que, si l'on calcule correctement la dette, à savoir en termes de valeur actuelle nette, la dette grecque est moins élevée et beaucoup plus viable par rapport à celle de nombreux pays européens importants.
Mais nous n'allons pas remettre en cause les règles de l'Eurostat. L'Eurostat elle-même, doit voir comment doit être envisagée la dette publique européenne et la dette publique de chaque Etat membre. En ce qui nous concerne, nous suivons le courant central.
A cet égard, les priorités sont bien claires.
Vous dites que si une majorité n'est pas atteinte... Il n'y aura pas de majorité. Le peuple ne veut pas la majorité. Le peuple veut des synergies. Le système politique a changé, la société a changé, la conjoncture a changé. L'époque de larges majorités parlementaires est révolue. Nous sommes passés d'un système parlementaire axé sur des gouvernements à parti unique à un parlementarisme de synergie. Par conséquent, il y aura des synergies.
Nous, en 2012, avons proposé une coopération entre toutes les forces qui croient en l'Europe et sont responsables. Nous avons proposé une coopération avec SYRIZA et DIMAR ainsi qu'avec la Nouvelle Démocratie. Personne n’a répondu à notre appel en mai. La Nouvelle Démocratie et DIMAR y ont répondu en juin. Par la suite, DIMAR a quitté la coalition.
Notre proposition a été d'emblée rejetée par SYRIZA et elle continue d'être rejetée. Nous avons une position claire. Mais ce sont eux qui doivent prendre position.
P. GIALIATSATOS : Monsieur le ministre, vous vous êtes entretenus avec M. Davutoglu, en marge de la réunion de l'OTAN, et vous avez eu l'occasion également de présider le Conseil d'association avec la Turquie.
En outre, s’est tenu il y a une semaine encore un tour des contacts exploratoires gréco-turcs.
Après la rencontre que vous avez eue avec M. Davutoglu et, en tout cas, après toutes les évolutions de ces dernières semaines, pensez-vous que la Turquie a la volonté de répondre à vos demandes relatives à la question chypriote? Pensez-vous qu'elle est disposée à discuter des questions relevant des zones maritimes? Et, troisième question : pensez-vous que tout ce qui se passe actuellement à ses frontières orientales avec "ISIS" et "ISIL" influe sur l'attitude turque? Je vous remercie.
E. VENIZELOS : Avec M. Davutoglu nous nous sommes entretenus à Bruxelles, en marge de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN. Il m'a demandé que nous nous entretenions en marge de cette réunion car il ne pouvait finalement pas assister à la réunion du Conseil d'association à Bruxelles lors duquel la délégation turque a été dirigée par le ministre des Affaires européennes, M. Tsavousoglu. M. Davutoglu devait en effet s'occuper de cette affaire délicate concernant les otages détenus à Mosul.
Il est évident que la Turquie s'intéresse beaucoup à ce qui se passe à ses frontières. En raison de sa position géographique, la Turquie est tout près d'un grand nombre de foyers de crise. Tels que la crise en Syrie, la crise en Irak. Elle s'intéresse bien entendu beaucoup aux évolutions relatives à l'Iran et au processus 3+3 ou 5+1, selon la façon de voir les choses. Il est évident qu'elle est confrontée à un très grand nombre de questions en suspens et de crises ouvertes qu'elle doit gérer.
Pour ce qui est de la question chypriote, le rôle de la Turquie est décisif. Car, comme la Cour européenne a à plusieurs reprises statué, la Turquie est responsable de l'occupation et de la violation des droits de l'homme dans les territoires occupés.
La Turquie n'a pas la même position que la Grèce à l'égard de la question chypriote. La Grèce est la mère patrie de la communauté chypriote grecque, elle respecte les institutions de la République de Chypre et soutient les initiatives du Président Anastassiadis qui est le Président de la République de Chypre et le chef de la communauté chypriote grecque.
La Turquie a une responsabilité internationale ce qui est reconnu par une juridiction internationale, telle que la Cour de Strasbourg et il existe des décisions en suspens qui doivent être respectées portant également sur des recours interétatiques, ce qui a été tout récemment confirmé par la Cour elle-même qui a prononcé la condamnation au versement d'une indemnité à cet égard.
En outre, la simple réalité doit être reconnue, à savoir que la République de Chypre existe et qu’elle est un membre de l'Union européenne et de la zone euro. Lorsqu'on conclut un accord avec l'Europe des 28, on conclut un accord avec la République de Chypre telle qu'elle est et selon sa situation avant le règlement de la question politique chypriote, un règlement qui doit être conforme aux principes de l'acquis communautaire et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies.
Nous sommes toujours prêts à soutenir les initiatives de l'Organisation des Nations Unies, les initiatives du Président Anastassiadis et de M. Eroglu qui est le dirigeant de la communauté chypriote turque. Nous avons reçu à Athènes le négociateur de la communauté chypriote turque, M. Ozersai, parce que M. Mavrogiannis a été reçu à Ankara et nous sommes disposés à tenir encore une rencontre une fois que cela sera utile et aussitôt que le Président Anastassiadis nous le demande.
Mais il serait très important de soutenir ce processus à travers des pas concrets, faits de bonne foi, et cela porte sur lesdites mesures de confiance proposées par le Président Anastassiadis.
Nous soutenons toute initiative internationale qui pourrait aider dans ce sens. Un effort a été fait avec la visite du vice-président américain, M. Biden. Des efforts de ce genre doivent être poursuivis, et ce, toujours dans le cadre du droit international et de l'acquis communautaire.
Quoi qu'il en soit, l'accord recherché doit être conforme à l'acquis communautaire et approuvé à travers un référendum. Faute d'approbation par le biais d'un référendum, cet accord n'existera pas.
Nous avons également les relations gréco-turques. Il est évident que nous discutons de la délimitation des zones maritimes. 57 tours des contacts ont eu lieu. Le 57e tour de cette série de contacts déroulée depuis 2002 jusqu'en 2014 vient d'être achevé et la Grèce procède toujours en fonction de ses positions déclarées.
Et il est également très important à cet égard de dire que la Grèce, conformément au communiqué y relatif du ministère de l'Environnement, de l'Energie et du Changement climatique, est prête à lancer un appel d'offres portant sur d'importants champs maritimes situés dans ses zones maritimes sur lesquelles elle exerce des droits souverains en mer Ionienne et au sud de la Crète et cela est à mon avis le geste le plus pratique et le plus important pour ce qui est de l'exercice des droits souverains nationaux qui a été fait ces dernières années.
Et cela, bien entendu, est fait en concertation avec le ministère de l'Environnement et le ministère des Affaires étrangères dont les services suivent de près les évolutions, et ce, toujours en fonction du respect du droit international, du plein respect du droit international et notamment en fonction du respect de la Convention de l'ONU sur le droit international de la mer qui prévoit toute évolution relative aux relations et aux Etats ayant des côtes adjacentes ou se faisant face.
MODERATEUR : S'il n'y a pas d’autre question... Pas de question. Nous vous remercions beaucoup. Merci Monsieur le vice-Premier ministre.
June 30, 2014