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Türkiye

Depuis la création de l’Etat grec indépendant en 1830 jusqu’à ce jour, les relations gréco-turques ont traversé plusieurs phases, elles ont connu des fluctuations, des périodes de conflit, de tension mais aussi des périodes de coopération.

Relations Bilatérales

Depuis la création de l’Etat grec indépendant (1830) jusqu’à aujourd’hui, les relations gréco-turques ont connu différentes phases et changements, marquées par des périodes de conflit, de tension, de calme relatif mais aussi de coopération.

Les accords de Lausanne en 1923 ont mis fin à une période douloureuse pour  l’Hellénisme de la Türkiye marquée par dix ans de conflits. Ces accords - dont l’accord sur l’échange obligatoire des populations-, constituent le cadre institutionnel principal régissant les relations et le statut territorial des deux pays, ainsi que le statut de la minorité musulmane en Thrace et des minorités en Türkiye, entre autres la minorité grecque à Istanbul, Imvros (Gökçeada) et Ténédos (Bozcaada).

Les années trente  sont marquées par les efforts exemplaires des leaders des deux pays, Eleftherios Venizélos et Mustafa Kemal Atatürk, en faveur de l’établissement de relations d’amitié et de confiance entre la Grèce et la Türkiye.

Néanmoins, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et jusqu’au début des années soixante-dix, les relations des deux pays ont été dominées d’une part par la question chypriote et d’autre part par les persécutions de la minorité grecque en Türkiye, le point culminant étant les incidents de septembre 1955 et les extraditions massives de 1964 qui ont conduit à ce que cette minorité soit décimée.

Au début des années soixante-dix commence une période prolongée de tension dans les relations gréco-turques qui perdure encore et s’articule autour de deux axes principaux:

  • les efforts de la Türkiye visant à réviser et à modifier le statu quo territorial qui a été matérialisé dans les accords de Lausanne et dans d’autres traités internationaux ainsi que le statut juridique de l’espace maritime et aérien émanant du droit international à travers des  contestations et des revendications à l’encontre de la souveraineté, des droits souverains et de la compétence de la Grèce, et
  • l’invasion de Chypre et l’occupation par des forces militaires de la partie nord de l’île (juillet 1974), une situation qui perdure jusqu’ à ce jour.

Depuis, les deux pays se sont trouvés au bord du conflit armé (crise en mars 1987 et crise d’Imia en janvier 1996), en raison des contestations et des revendications infondées, contraires au droit international, soulevées par la Türkiye.

En 1999, vu les problèmes durables et à l’occasion des séismes dévastateurs qui ont touché les deux pays, le processus du rapprochement gréco-turc a été mis en route; celui-ci a été structuré, au niveau bilatéral, autour de trois axes:

  • Le développement d’une coopération bilatérale dans les domaines de basse politique (économie et commerce, tourisme, culture, société civile, etc.), c’est-à-dire là où le statu quo et les droits souverains grecs ne sont pas contestés par Ankara.
  • La baisse de la tension, surtout de la tension militaire, avec l’amélioration du climat et des contacts entre les forces armées des deux pays aux différents niveaux à travers l’adoption progressive de Mesures de Confiance.
  • L’examen des perspectives, par le biais des Contacts Exploratoires, pour un règlement convenu de la question de la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive et, en cas d’ absence d’ accord, le renvoi de la question devant la Cour internationale de la Haye.

Le processus de rapprochement s’intègre également dans le cadre du soutien ferme de la perspective européenne du pays voisin, à condition évidemment, que les critères de l’ UE soient entièrement appliqués.

Depuis octobre 2009, des efforts ont été initiés visant à raviver le processus de rapprochement gréco-turc. Dans ce contexte, un nouveau mécanisme de promotion et d’organisation de la coopération entre les deux pays a été mis en place en 2010 dans les domaines d’ importance politique secondaire, le Conseil de Coopération de Haut Niveau (High Level Cooperation Council – HLCC).

La Grèce continue à entreprendre des efforts systématiques visant à la normalisation des relations bilatérales.

Dans ce cadre-là, le Gouvernement grec a -immédiatement après la tentative de coup d’Etat en Türkiye, le 15 juillet 2016- exprimé son soutien au Gouvernement turc démocratiquement élu et en même temps son soutien en faveur des principes démocratiques et de l’état de droit dans le pays voisin.

Les efforts soutenus de la Grèce pour le renforcement des relations bilatérales avec la Türkiye se reflètent dans une série de visites bilatérales et de contacts entre 2017 et 2019, la plus importante étant la visite officielle en Grèce du Président de la Türkiye M. R.T. Erdoğan, le 7 et 8 décembre 2017, 65 années après la dernière visite en Grèce d’un Chef d’Etat du pays voisin. En plus, le 5 et 6 octobre 2019, le Premier Ministre A. Tsipras s’est rendu à Ankara et Istanbul où il a rencontré M. R.T. Erdoğan.

Tout au long 2020, on témoignait l’aggravation de la tension, au premier lieu, quand en Mars 2020 la Türkiye a dirigé des dizaines de milliers d’immigrants irréguliers vers les frontières terrestres de la Grèce à côté de la rivière Evros. Au second lieu, la tension s’aggravât encore une fois durant la deuxième moitié de 2020, à la suite des recherches sismiques conduites par le navire de recherche turc Oruç Reis dans des zones du plateau continental grec, près des îles de Castellorizo, Rhodes et Karpathos. 

Dans le cadre d’un nouvel effort de rapprochement entre la Grèce et la Türkiye, après la désescalade des tensions en Méditerranée orientale, des consultations politiques ont eu lieu le 17 mars 2021 entre les Ministères des Affaires Etrangères des deux pays. Le 15 avril 2021 le Ministre des Affaires Etrangères, N. Dendias, s’est rendu à Ankara, où il a rencontré son homologue turc, M. Çavuşoğlu, qui a effectué une visite réciproque à Athènes le 31 mai 2021.

Lors de la rencontre de deux Ministres à Ankara (15.4.2021), il a été décidé de maitre en avant un agenda positif focalisé sur les relations économiques et commerciales bilatérales. Dans ce contexte, deux réunions ont eu lieu en 2021, entre le Vice-Ministre des Affaires Etrangères, K. Fragogiannis, et le Vice-Ministre des Affaires Etrangères turc, S. Önal, le 29 mai à Kavala et le 16 juin à Antalya.  La troisième réunion de l’agenda positif a eu lieu à Athènes le 21 février 2022.                    

En plus, le 14 juin 2021 le Premier Ministre, K. Mitsotakis et Président Erdoğan se sont rencontrés en marge du sommet de l’OTAN à Bruxelles. 

Cependant, malgré la tendance de désescalade depuis le début de l’ année 2021, la Türkiye est revenue encore une fois à des actes propice à provoquer des tensions aux relations bilatérales, tels que des harcèlements répétés, pendant le mois de septembre 2021, par des frégates de la marine turque du navire de recherche Nautical Geo qui effectuait des travaux de recherche à l’est de la Crète, dans la zone exclusive économique grecque, délimitée (voir l’accord de délimitation de la zone économique exclusive avec l’Egypte,6 Août 2020), dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réalisation du gazoduc EastMed.   

Le 13 Mars 2022, une réunion a eu lieu entre Premier Ministre Kyriakos Mitsotakis et le Président Turc, dans le contexte de laquelle ils ont exprimé leur volonté commune de prévenir des tensions. Néanmoins, pendant une période jusqu’ à Janvier 2023, la Türkiye a escalé, du point de vue qualitatif et aussi quantitatif, les violations de l’espace aérienne grecque et des eaux territoriales nationales. La Türkiye a posé des contestations injustifiées et illégales contre la souveraineté grecque, qui mettaient en danger la stabilité de notre région, et en même temps sa rhétorique s’aggravât.   

Depuis février 2023, suivant les tremblements de terre en Türkiye et l’expression de solidarité grecque, une désescalade de la délinquance aéronautique turc et de sa rhétorique s’est fait apparente.

Ensuite, les contacts bilatéraux ont recommencé avec la visite du ministre des affaires étrangères grec, Nikos Dendias, aux régions de la Türkiye affectées par les séismes. La 4ème réunion de l’agenda positif a eu lieu à Ankara le 22 mars 2023. Premier Ministre Kyriakos Mitsotakis a rencontré le Président turc en marge du Sommet de l’OTAN à Vilnius (12 juillet 2023), où les deux parties ont affirmé leur volonté à maintenir les canaux de communication ouverts et à effectuer une feuille de route des contacts bilatéraux. La réalisation de cette feuille de route a été examiné pendant la réunion des deux ministres des affaires étrangères, Georgios Gerapetritis et Hakan Fidan, à Ankara (5 septembre 2023), qui a préparé la réunion des deux leaders en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies (20 septembre 2023).

En effectuant la feuille de route, des réunions ont eu lieu à Athènes concernant l’agenda positif le 16 octobre 2023 et le dialogue politique le 17 octobre 2023. Le 13 novembre 2023 une réunion sur les mesures d’établissement de confiance a eu lieu à Ankara. L’aboutissement des efforts de rétablissement des contacts fut la convocation du Conseil de Coopération de Haut Niveau à Athènes le 7 décembre 2023, pendant lequel la Déclaration d’Athènes des Relations d’Amitié et de Bonne Voisinage a été signée.

La Grèce est toujours favorable au dialogue avec Ankara ayant comme objectif le règlement, conformément au droit international, de la seule différence gréco-turcque celui de la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive en mer Egée et en Méditerranée orientale. Cependant, la condition préalable à la conduite de ce dialogue est l’abstention durable et consistente, de la part de la Türkiye, d’actes d’agression et de provocation, ainsi que d’un engagement à respecter pleinement le droit international et les principes de bon voisinage.

En marge de la 79e Assemblée générale des Nations unies à New York, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a rencontré le président de la République de Türkiye, Recep Tayyip Erdoğan. Les deux dirigeants ont chargé les ministres des Αffaires étrangères des deux pays, Giorgos Gerapetritis et Hakan Fidan, d'entamer les préparatifs en vue de la convocation du prochain Conseil de coopération de haut niveau entre la Grèce et la Türkiye. Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères a rencontré le ministre des Affaires étrangères de la République de Türkiye le 8 novembre 2024 à Athènes. Il a été convenu que le prochain tour de dialogue politique et d'agenda positif aura lieu à Athènes les 2 et 3 décembre 2024 et que le 6e Conseil de coopération de haut niveau se tiendra au début de l'année 2025.

Conseil de Coopération de Haut Niveau

Le Conseil de Coopération de Haut Niveau (High Level Cooperation Council – HLCC) a été établi lors de la visite du Premier ministre (à l’époque), M. R.T. Erdoğan à Athènes, le 14 mai 2010. Le deuxième HLCC a eu lieu à Istanbul le 4 mars 2013, le troisième à Athènes le 6-7 décembre 2014 et le quatrième à Izmir le 8 mars 2016.

Le 7 décembre 2023, la cinquième réunion du Conseil de Coopération de Haut Niveau entre la République Hellénique et la République de la Türkiye a eu lieu à Athènes. Dans ce cadre Premier Ministre Kyriakos Mitsotakis et le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan, ont signé la Déclaration d’Athènes des Relations d’Amitié et de Bonne Voisinage (voyez ici). En même temps, 15 accords / déclarations / MoUs ont été signées dans les domaines du tourisme, des investissements, du sport, de l’enseignement professionnelle, de l’agriculture, de la science et technologie, de la coopération entre les douanes, de l’infrastructure et des services sociales. Les ministres responsables pour l’immigration ont discuté le renforcement de la coopération pour combattre les réseaux de contrebande et pour limiter les flux migratoires irréguliers. Ils ont aussi annoncé que la Commission Européenne a approuvé le renouvellement et l’expansion d’un mécanisme pour l’accorde aux citoyens turcs de visas d’entrée de façon simplifiée aux 10 îles grecs à la mer Egée orientale, pour une durée des 7 jours. 

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