Déclaration du ministre des Affaires étrangères, M. D. Avramopoulos à l’issue du Conseil des Affaires générales

Bonsoir,

Je viens juste d’informer le premier ministre de l’issue positive du Conseil d’aujourd’hui, pour ce qui est notamment des questions critiques d’intérêt direct pour la Grèce.

Nous avons engagé des discussions très intéressantes ces deux jours portant sur toutes les questions importantes qui préoccupent notre région élargie.

Hier, lors du Conseil des Affaires étrangères nous avons abordé la situation au Moyen-Orient. Nous avons discuté des perspectives du processus de paix après la valorisation du statut de la Palestine au sein des Nations Unies. Lors de ce scrutin, la Grèce a maintenu une position de principe, respectueuse de la nécessité de soutenir une solution à deux Etats, Israël et Palestine, qui coexisteront dans un environnement de paix et de sécurité.   La conjoncture actuelle est très critique pour le processus de paix et c’est pourquoi dans mes interventions j’ai souligné que les deux parties devraient s’abstenir des actions qui entravent la réouverture des pourparlers. La Grèce constitue un interlocuteur crédible dans la région. Un partenaire fidèle pour les deux parties qui peut contribuer à la réalisation des progrès dans ce dossier.

Nous avons également discuté des évolutions en Syrie et avons eu l’occasion de nous entretenir avec le chef de l’opposition, Al Khatib. Notre position est que nous devons poursuivre les efforts en vue de l’atteinte d’une solution politique, d’une issue politique. La voie militaire ne mènera nulle part. Elle ne fera que creuser le fossé et amplifier la catastrophe humanitaire. C’est pourquoi il est important d’investir dans les efforts de l’envoyé spécial de l’ONU et d’essayer d’atteindre un consensus au sein de la communauté internationale. Au même titre, il est important de soutenir les efforts humanitaires et d’aider les pays voisins de la Syrie, notamment le Liban et la Jordanie qui subissent actuellement des pressions.
Quoi qu’il en soit, et je l’ai également souligné lors des débats d’hier, ce que je ferai également demain lors de la réunion du groupe des Amis du peuple syrien au Maroc, nous devons assurer que la solution qui sera atteinte sauvegardera les droits et la protection de tous les groupes religieux et ethniques du pays. Notamment, la communauté orthodoxe grecque de la Syrie est actuellement confrontée, après la perte de son chef spirituel, à des défis de taille.

Un autre dossier abordé lors du Conseil a été celui des relations UE-Russie. J’ai eu l’occasion d’informer mes collègues de ma récente rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la Russie. Dans quelques jours se tiendra la réunion au sommet UE-Russie à la quelle la Grèce accorde une grande importance. Nous pensons que les relations entre les deux parties revêtent une importance stratégique. Le renforcement de notre coopération dans un grand nombre de domaines tels que l’énergie, le commerce et le tourisme sera mutuellement profitable.
Dans ce cadre, nous avons souligné la nécessité de la libéralisation du régime des visas, ce qui contribuera au rapprochement entre nos sociétés. Il est par conséquent important d’axer notre attention sur les questions qui contribuent à notre rapprochement et d’aller de l’avant. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’Europe et la Russie doivent relever des défis communs au niveau mondial et que chaque fois qu’elles oeuvrent de concert, elles peuvent répondre mieux à ces défis.

Pour ce qui est maintenant des travaux d’aujourd’hui dans le cadre du Conseil des Affaires générales, le dossier de l’élargissement a été au centre des débats. La position ferme de la Grèce est que l’élargissement constitue l’une des plus importantes politiques de l’Union européenne. C’est un instrument de consolidation de la paix, de la stabilité, de la sécurité et du développement. Mais, comme l’élargissement revêt une telle importance, il doit être fait conformément aux critères et aux conditions fixés par les décisions unanimes de l’UE. Cacher les problèmes sous le tapis, ne sert à rien. Nous devons confronter ces problèmes en faisant preuve de sincérité et avec le regard tourné vers l’avenir, vers notre avenir européen commun. En cette période notamment marquée par la recrudescence du nationalisme dans de nombreux pays des Balkans, il est plus important que jamais de parler avec la même langue de la vérité. Et non pas de faire des réductions au niveau des normes européennes, mais d’assurer le respect de ces normes par les pays candidats.
C’est dans cet esprit et en faisant preuve d’une attitude constructive que nous avons participé aux discussions. Les conclusions auxquelles nous avons abouti, sont justement marquées par cet esprit. Ces conclusions laissent ouverte la perspective européenne des pays candidats, tout en décrivant avec clarté les pas à suivre afin que ces pays avancent dans leur parcours européen.
Pour ce qui est notamment de l’ARYM : force est de signaler que la Commission européenne avait proposé depuis 2009 déjà, l’ouverture des négociations et dans le rapport de cette année, elle réitère cette proposition. Nous pensons que l’ouverture des négociations avec l’ARYM n’est pas une question technocratique, mais elle revêt plutôt un caractère purement politique.

Durant la dernière période, la Grèce a pris d’importantes initiatives en vue d’une solution définitive  à la question du nom, la plus importante étant celle de la signature d’un protocole d’accord (Memorandum of Understanding) entre les deux pays visant à fixer le cadre et les paramètres fondamentaux de la solution. Grâce à cette initiative, le processus des Nations Unies a été de nouveau activé et la volonté de la Grèce est que ce processus évolue d’une manière substantielle en vue de parvenir à une solution.

La position constructive de la Grèce est axée sur la conviction qu’il s’agit d’une politique correcte. Cette position vient confirmer la confiance de la Grèce en elle-même et son attachement ferme à nos positions et principes. Le respect des relations de bon voisinage est une condition qui doit être remplie.

Telles ont été les positions et les points de vue que la Grèce a présentés lors des débats. Nombreux ont été les pays ayant un rôle influant dans  notre région et sur le processus d’élargissement, qui se sont alignés sur les positions de la Grèce.

Les conclusions que nous avons adoptées aujourd’hui marquent des progrès importants qui pourraient servir de catalyseur.

Pour la première fois, le règlement de la question du nom est explicitement défini, par décision unanime du Conseil, en tant que condition à l’ouverture des négociations d’adhésion de l’ARYM.

La question du nom est d’ores et déjà clairement un élément déterminant, pour ce qui est du respect du critère des relations de bon voisinage.

Plus particulièrement, comme il est noté dans les conclusions, le Conseil évaluera, sur la base du rapport de la Commission, non seulement les pas à suivre afin que le critère des relations de bon voisinage soit rempli, mais aussi l’atteinte d’une solution à la question du nom, dans le cadre des négociations sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Une fois que la solution sera atteinte, le Conseil prendra la décision de donner l’instruction à la Commission d’élaborer le cadre de négociation pour l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’ARYM.

Dans le texte des conclusions, ont été inclus d’autres éléments aussi, entre les quels, le soutien de la part du Conseil, de la proposition grecque adressée  à Skopje sur la signature d’un protocole d’accord (Memorandum of Understanding) qui définit le cadre et les paramètres précis pour le règlement de la question du nom.

Aujourd’hui, l’Union européenne a parlé d’une seule voix et a transmis un message clair à Skopje. Un message positif et sincère. Nous espérons que Skopje fera tous les pas nécessaires et participera de manière constructive aux négociations de l’ONU, afin de parvenir à une solution. Espérons qu’il s’abstiendra des discours du passé et qu’il donnera suite aux initiatives positives de la Grèce afin de pouvoir régler la question et parvenir à une solution mutuellement acceptable respectueuse de l’histoire et de la civilisation de chaque pays. Une solution qui ouvrira un champ de possibilités  dans nos relations et contribuera à la stabilité régionale tout en insufflant un nouvel élan à la perspective européenne de nos voisins. La Grèce continuera d’œuvrer de manière constructive  dans ce sens.

December 12, 2012