Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d’accueillir aujourd’hui mes deux très chers collègues et très bons amis, les ministres des Affaires étrangères d’Israël et de la République de Chypre, respectivement Gabi Ashkenazi et Nikos Christodoulidis.
Nos pays sont unis par des liens étroits d’amitié, des valeurs communes. Par ailleurs, nous sommes confrontés à des défis communs. Nous sommes trois démocraties contemporaines avec une très longue histoire. Nous sommes géographiquement parlant placés dans une région troublée qui offre néanmoins des perspectives de coopération dans de nombreux domaines.
Nous sommes unis par des liens étroits d’amitié et des valeurs communes. Et nous sommes confrontés à des défis communs.
Notre principe fondamental est le respect du droit international et le développement des relations de bon voisinage. Dans ce contexte, je salue la normalisation des relations entre Israël et les Emirats arabes unis, le Bahreïn et récemment le Soudan. La Grèce, pour sa part, grâce au soutien de tous les Grecs, a contribué à la stabilité de la région : grâce aux accords conclus avec l’Italie et l’Egypte ainsi que celui conclu avec l’Albanie concernant le renvoi à la Haye de nos différends portant sur la délimitation des zones maritimes.
Ainsi, nous avons pu montrer à la communauté internationale que les pays contemporains règlent leurs différends. Par un accord, dans la mesure du possible, ou par le renvoi devant les instances juridiques internationales, si le règlement au moyen d’un accord n’a pas été possible, et ce, toujours dans le cadre du droit international. Nous sommes très fiers de cela. Nous sommes très fiers car en quelques mois nous avons résolu des différends qui étaient irrésolus depuis près d’un demi-siècle et nous avons été un exemple remarquable, un exemple sur la façon dont nous pouvons garantir la paix et la stabilité dans notre région.
J’aimerais par ailleurs, dans ce contexte, exprimer ma satisfaction, la satisfaction du gouvernement grec suite aux déclarations faites hier par le ministre russe des Affaires étrangères qui a souligné l’évidence. À savoir que la Grèce a tout à fait le droit d’étendre à 12 miles marins la limite de ses eaux territoriales, sur la base du droit international en vigueur. Il a ainsi rejeté, de la manière la plus solennelle, un mythe répandu depuis très longtemps. À savoir que la Russie s’oppose soi-disant au droit inaliénable de notre pays d’étendre ses eaux territoriales tant en Egée, qu’en Méditerranée orientale.
Mes chers collègues,
Les liens étroits qui nous unissent, tant au niveau bilatéral, que multilatéral, constituent un gage de sécurité pour notre région. Une région ravagée par les crises et les révisionnismes dangereux. Nous avons des valeurs et aspirations communes. Nous sommes confrontés à des défis communs et créons des compréhensions communes. Nous sommes prêts à apporter des réponses communes à ces défis. Et bien entendu de nouvelles opportunités s’ouvrent à nous.
Aujourd’hui, la coopération tripartite entre la Grèce, Chypre et Israël est un choix d’horizons plus étendus s’ouvrant sur tout un éventail de questions et constitue un exemple pour un grand nombre de pays. Les résultats de notre coopération sont tangibles. Il s’agit d’une forte coopération qui dépasse de beaucoup les limites d’un programme purement axé sur l’énergie. Certes l’énergie est notre priorité, mais nous comptons sur le développement ultérieur tant de nos relations économiques, que politiques.
Aujourd’hui, avec Gabi et Nikos, nous avons repris le fil et avons échangé des vues sur la façon dont nous pouvons approfondir et élargir cette relation profitable qui, comme l’a affirmé Nikos, qui est le plus expérimenté de nous trois, prend la forme aujourd’hui pour la première fois à Athènes d’une réunion se tenant au niveau ministériel.
De la défense à la sécurité et la technologie, en passant par la recherche, la gestion des eaux, le dessalement, les sources d’énergie renouvelables, la protection de l’environnement et la santé – qui revêt toute son importance en cette période difficile marquée par pandémie de Covid que nous traversons – l’éducation et la gestion de notre héritage culturel commun. Et bien entendu la coopération entre les représentants de nos communautés à l’étranger. La coopération de la nouvelle génération, des ressortissants de nos pays. Un champ nouveau prometteur de coopération future est celui de l’entreprenariat novateur. Israël, qui constitue un exemple impressionnant, a beaucoup à nous apprendre dans ce domaine.
La fondation d’un secrétariat permanent à Nicosie améliorera fortement l’efficacité de notre coopération. Il servira à coordonner nos actions.
Permettez-moi de souligner à nouveau que la relation stratégique entre la Grèce, Chypre et Israël est très prometteuse et elle n’est tournée vers personne. Bien au contraire. Elle est une invitation ouverte à tous les pays, sans exception.
A une condition bien entendu. Et quelle est cette condition ? Ce qui va de soi : le respect du droit international, le respect des relations de bon voisinage. C’est une condition placée au-dessus de la légalité internationale. C’est pour cela qu’elle est pleinement soutenue par l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique. La Grèce, Chypre et Israël coopèrent de manière méthodique avec les Etats-Unis d’Amérique en vue de promouvoir la sécurité et la prospérité dans notre région dans le cadre du modèle du modèle 3+1. Et bien entendu nous sommes tout à fait ouverts à la perspective d’élargissement de ce modèle à d’autres pays de la région. Ainsi, nous créons une nouvelle géographie de compréhension qui dépasse les vieux stéréotypes, qui redéfinie la carte de notre région.
Permettez-moi de clore mon propos en disant quelques mots sur les récentes évolutions dans notre région. Malheureusement, notre rencontre se tient sous le poids de nouvelles actions illégales de la part de notre voisin, la Turquie. En quelques jours seulement, la Turquie essaie de nouveau, par ses actions, de saper toute perspective de dialogue constructif, en réservant illégalement des régions à l’intérieur du plateau continental grec pour effectuer des recherches sismiques illégales ou en adoptant une attitude provocatrice, avec la visite illégale du vice-président turc dans le territoire occupé de Varosha, en violation flagrante des résolutions y relatives du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Nous avons fermement condamné ces actions. Ces évolutions ont bien entendu été au cœur des contacts que j’ai eus hier et aujourd’hui avec mes homologues. Le point commun de ces contacts était que nous devrons trouver des moyens pour contrer l’agressivité et le rôle déstabilisateur de la Turquie. Toujours dans le cadre de la légalité internationale.
Parallèlement, nous avons souligné conjointement que l’antidote aux visées révisionnistes et à la tentative de la Turquie d’imposer ses positions par la force est le développement d’une coopération multipartite dans l’intérêt de l’ensemble des pays et des peuples de la région. J’aimerais encore une fois être très clair. Notre région n’a pas l’intention de revenir en arrière, au 19e siècle. Nous ne le permettrons pas. Elle poursuivra sa voie dans le 21e siècle, sur la base des compréhensions communes que nous créons avec cohérence et constance.
En conclusion j’aimerais remercier vivement mes amis, Gabi Ashkenazi et Nikos Christodoulis pour notre rencontre d’aujourd’hui particulièrement constructive. Je compte sur la continuité de nos contacts réguliers à l’avenir, soit sous cette composition tripartite, soit sous une composition plus élargie.
Je vous remercie.
October 27, 2020