Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa rencontre avec le maréchal et commandant en chef de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar (Athènes, 17.01.2020)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa rencontre avec le maréchal et commandant en chef de l’Armée nationale libyenne, Khalifa Haftar (Athènes, 17.01.2020)Ν. DENDIAS : Nous avons eu un entretien long et intéressant avec le maréchal Haftar. Comme vous le comprenez, cet entretien a porté sur la situation en Libye, le processus de Berlin et le jour d’après en Libye et dans la région.

Pour notre part, nous avons encouragé le maréchal à participer dans un esprit constructif au processus de Berlin et de tenter, dans le cadre des traités, de parvenir au cessez-le-feu et à l’instauration de la sécurité en Libye, au retrait des mercenaires et à la reconnaissance de la nullité des protocoles d’accord illégaux conclus entre la Turquie et le gouvernement de Sarraj.

Et je dois vous dire avec un plaisir tout particulier que le maréchal Haftar a été d’accord avec toutes nos remarques citées ci-dessus. Vous le verrez par ailleurs dans leurs communiqués où cela apparaît clairement. J’ai également affirmé que la Grèce était prête à apporter son assistance à la Libye le jour d’après, soit à travers sa participation aux forces qui sont nécessaires pour parvenir au cessez-le-feu (mécanisme de surveillance du cessez-le-feu international), soit à travers la participation des forces grecques à l’opération européenne pour l’imposition de  l’embargo sur les armes et le transfert de mercenaires en Libye. Ces actions aident à la mise en place de meilleures conditions en Libye et contribuent à l’avenir du peuple libyen et de la société libyenne.

Nous voulons que la Libye devienne un pays moderne, un pays démocratique moderne qui permettra à ses habitants d’exprimer leur volonté et de faire partie de l’architecture de sécurité globale dans la région. Comme vous le savez, la Grèce ne participe pas au Processus de Berlin, processus entamé en 2015. Toutefois, on pense toujours que les conditions actuelles pourraient amener l’Allemagne, pays hôte de la conférence, à considérer notre participation comme étant positive. Quoi qu’il en soit, puisque nous n’y serons pas présents, nous attendons de l’Allemagne, pays hôte de la conférence, qu’elle soit la gardienne de la position européenne sur les questions de la Libye. Mesdames et messieurs, l’Europe a une position claire qui a été exprimée lors du dernier Conseil européen. Notre position européenne commune reconnait la nullité et l’inexistence des protocoles d’accord conclus par le gouvernement de Sarraj et la Turquie. Nous nous attendons donc, en tant qu’Européens, à ce que l’Allemagne impose et exprime la position européenne dans le cadre du Processus de Berlin. Nous attendons la même chose des pays membres de l’Union européenne qui participent à ce processus. Je vous remercie beaucoup de votre présence aujourd’hui ici.

JOURNALISTE : Quelles sont les perspectives de réussite monsieur le ministre, d’après les discussions que vous avez eues avec M. Haftar ?

N. DENDIAS : …Il n’y a aucun sens pour moi de faire des déclarations et d’exprimer le point de vue du maréchal Haftar. Il peut le faire lui-même ou […]

JOURNALISTE : Si toutefois ce que vous avez dit concernant la nullité des protocoles d’accord n’est pas pris en considération, un veto pourrait être mis à […]

Ν. DENDIAS : Nous voulons que notre participation soit constructive en vue que le processus de Berlin soit couronné de succès. Nous apportons notre assistance dans le cadre des processus des Nations Unies. Je me suis d’ores et déjà entretenu la semaine dernière à Bruxelles avec M. Salamé, le négociateur spécial. Toutefois, dans le cadre dudit processus, nous essayons d’apporter notre contribution non seulement en tant que Grèce mais aussi en tant que pays européen. Le cadre de participation de tous les pays européens a été défini par décision du Conseil européen. La décision même du Conseil européen, notre position européenne commune, prévoit la nullité et l’inexistence des deux protocoles d’accord. Par conséquent,  chaque pays de l’UE, et non seulement la Grèce, sera dans l’obligation évidente de soutenir la position commune, la position que nous avons tous adoptée à l’unanimité au sein du Conseil. Par conséquent, je ne veux pas considérer les choses sous un angle négatif et envisager l’éventualité d’un veto. A mon avis il s’agit d’un effort dans le cadre de notre position européenne commune. Bien évidemment, si la position européenne commune n’est pas respectée, chaque pays européen aura l’obligation bien évidente de défendre cette position et la Grèce a pris, à mon avis, une position très claire à cet égard hier : le Premier ministre, M. Kyriakos Mitsotakis défendra notre position européenne commune. Je vous remercie !

January 17, 2020