Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias à l’issue de sa rencontre avec son homologue allemand, H. Maas (Athènes, 25.08.2020)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias à l’issue de sa rencontre avec son homologue allemand, H. Maas (Athènes, 25.08.2020)Je souhaite pour une nouvelle fois la bienvenue à Athènes à mon cher collègue, Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères.

L’occasion m’a été offerte de l’informer sur l’annulation de la Foire internationale de Thessalonique de cette année, lors de laquelle l’Allemagne serait le pays d’honneur. J’espère que bientôt nous adresserons une nouvelle invitation à la partie allemande.


Nous avons également débattu de la Libye. La Grèce a d’emblée salué la récente annonce du cessez-le-feu. C’est un important pas positif vers une solution politique à travers un processus de réconciliation nationale.

La Grèce est toujours prête à contribuer dans ce sens, chose qu’elle a, à plusieurs reprises, fait connaître à l’Allemagne. Par ailleurs, la Grèce contribue d’ores et déjà à la paix et à la sécurité en Libye à travers une importante contribution  à l’opération IRINI.
A l’opération IRINI participe d’ores et déjà l’Allemagne aussi, avec un bâtiment moderne, la frégate « Hamburg » ce qui constitue une contribution extrêmement importante.

J’ai également répété à mon collègue allemand que la Grèce voudrait également participer à la poursuite du processus de Berlin et je lui ai demandé son aide à cet égard.

Toutefois, comme vous pouvez l’imaginer, nous avons tenu une discussion sincère et constructive en vue du Conseil informel des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne. Ladite réunion, appelée Gymnich, comme vous le savez, se tiendra jeudi et vendredi à Berlin. Lors de cette réunion on débattra également de la question du comportement de la Turquie.

En ce moment même, la Turquie continue ses activités illégales et persévère dans l’escalade de la tension et les provocations en dépit des appels lancés par les voisins, les partenaires et les alliés. Malgré la retenue et la prudence dont la partie grecque fait preuve, elle persévère dans son effort de créer des faits accomplis. Et au lieu d’une désescalade, on constate de nouvelles provocations.

On assiste à une tentative visant à mettre en œuvre des plans expansionnistes aux dépens des pays voisins et alliés. On assiste à l’expression d’idéologies néo-ottomanes, d’un expansionnisme et d’un contrôle déraisonnables de la Méditerranée.

On assiste à une pratique continue visant à saper la stabilité de toute la région. A travers des violations flagrantes et absolument condamnables du droit international et ce, aux dépens de deux Etats membres de l’Union européenne, de la Grèce et de Chypre.

Toutefois,  permettez-moi de clarifier encore une fois, que cette persévérance dans le comportement infractionnel ne produit pas d’effets juridiques. Plus précisément, elle ne conduit nulle part. Et il est bien évident que l’enjeu en Méditerranée orientale dépasse les limites des différends bilatéraux. Il concerne toute l’Union européenne, la famille européenne tout entière.

Il porte sur les droits souverains de l’Union européenne, il porte sur la sécurité énergétique de l’Union européenne. Il porte sur la sécurité de la Méditerranée. Il porte sur la crédibilité de l’Union et c’est pourquoi il ne faut pas qu’il y ait deux poids et deux mesures.

J’ai fait part à mon cher collègue de la conviction du gouvernement grec que sous la présidence allemande, l’Union européenne continuera de préconiser dans tous les sens, au niveau de ses relations extérieures et aussi à son intérieur, l’élément qui fait de notre Union l’endroit du monde le plus attrayant. Ce qui fait de l’Union un unique projet, le projet le plus ambitieux, au service de l’humanité. Et cet élément est le respect sans faille de l’Etat de droit. Le respect des règles du droit international. Le respect des relations de bon voisinage entre les Etats.

Des principes fondamentaux qui constituent le noyau absolu de l’acquis communautaire. Toutefois, l’acquis communautaire n’émane pas du droit divin, il faut le défendre. Il nous faut une défense musclée face aux forces de l’autoritarisme, de l’illégalité, de l’arrogance et de la régression. L’acquis communautaire doit être défendu, qu’il s’agisse d’une provocation provenant de la Turquie ou de la Biélorussie.

Nous nous attendons donc à la défense de l’acquis communautaire. Nous nous attendons à la présentation d’une liste de sanctions que le Haut représentant, M. Borrell a l’obligation de présenter lors de l’imminent conseil informel « Gymnich ». Des sanctions qui montreront clairement que le comportement infractionnel persistant de la Turquie, s’il se poursuit, aura des conséquences. Que l’Europe est prête et a la volonté de défendre son idéologie, une idéologie axée sur la légalité prônée par l’Europe et en fonction de laquelle cette dernière agit.

Et je voudrais à cette occasion être clair envers tous. Sans prononcer de belles paroles, ce qui n’est pas propre à notre pratique, sans arrogance ce qui n’est pas propre à notre manière d’agir, sans proférer des menaces que ne nous utilisons pas, la Grèce défendra, au nom du droit, la souveraineté et ses droits souverains.

La Grèce défendra les frontières nationales et européennes, la souveraineté et les droits souverains de l’Europe. Elle n’a pas le choix d’agir autrement et je voudrais à cet égard qu’il n’y ait aucun malentendu. Nombreux sont ceux qui recommandent le dialogue, mais la Grèce a prouvé qu’elle est et demeure prête à engager un dialogue.  Toutefois, aucun dialogue ne peut être tenu sous la menace. Aucun dialogue ne peut être tenu sous la pression des provocations, et, en fin de compte, aucun dialogue ne peut être engagé, non seulement pour la Grèce, mais pour n’importe quel pays, lorsque ses droits souverains et sa souveraineté sont violés.

La violation du droit ne peut et ne doit pas être permise, et ne doit pas constituer une base de dialogue.

La poursuite du comportement provocateur de la Turquie prouve clairement au niveau international que les références faites au dialogue et au droit international ne sont qu’un prétexte. Un élément indispensable au dialogue est un interlocuteur crédible et un cadre de référence clair et le cadre de référence sont les règles du droit international.

J’espère qu’Ankara – où Heiko se rendra par la suite - le comprendra. Pour nous, l’attachement au dialogue, toujours conformément aux conditions citées-ci-dessus du droit international, est toujours favorablement accueilli. Par contre, le comportement de la Turquie et ses menaces permanentes sont indicatifs de la perception erronée qu’elle a de l’humanité du 21e siècle.  Elle persévère dans l’étalage de sa puissance arrogante, alors que la règle est le respect du droit international et des règles du bon voisinage. L’exemple qui ne concerne pas la Grèce est sa réaction face à la normalisation des relations entre Israël et les Emirats arabes unis. Réaction qui constitue encore une note discordante turque face aux efforts déployés par les pays de la région en vue de promouvoir la stabilité, la sécurité, la coopération et le dialogue.

Cher ministre, cher Heiko, je tiens encore une fois à vous remercier de votre présence à Athènes.

August 25, 2020