Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa rencontre avec son homologue américain, Michael Pompeo (MAE, 5.10.2019)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à  l’issue de sa rencontre avec son homologue américain, Michael Pompeo (MAE, 5.10.2019)N. DENDIAS : (En anglais) « Cher ministre des Affaires étrangères, cher Mike, avant de commencer permettez-moi de parler en anglais. Je vous souhaite la bienvenue à Athènes. Votre présence ici, aujourd’hui, atteste du lien étroit qui unit la Grèce et les Etats-Unis. Un lien qui date de 200 ans et qui aujourd’hui est plus fort que jamais.

Permettez-moi maintenant de poursuivre en grec.

Je suis particulièrement heureux d’avoir signé devant vous avec M. Mike Pompeo, mon collègue américain, le nouvel accord de coopération en matière de défense entre la Grèce et les Etats-Unis.

Un accord qui, grâce à sa mise à jour aujourd’hui, permet de revaloriser considérablement la coopération stratégique entre nos deux pays et de mettre en avant de la meilleure façon qui soit, notre volonté commune de garantir l’efficacité de nos capacités de défense.

J’aimerais saisir cette occasion pour remercier, depuis cette tribune, le ministre de la Défense nationale, M. Nikos Panagiotopoulos, pour sa coopération et sa contribution à cet effort commun.

La nouvelle dynamique marquant les relations entre la Grèce et les Etats-Unis, n’est pas une dynamique de circonstances. Notre pays, après une décennie de repli sur lui-même en raison de la crise, revient sur la scène internationale avec confiance. Il redéfinit sa relation avec ses plus proches alliés et est en mesure de jouer son rôle en tant que pilier de stabilité et de sécurité dans l’environnement proche et la région élargie. Une région secouée par les crises perdurant, les menaces et les comportements infractionnels qui sapent la légalité internationale.

Je me réfère manifestement, Mesdames et Messieurs, à l’intention de la Turquie de mener de nouveaux travaux de forage dans la Zone économique exclusive de Chypre. Une décision qui arrive après toute une série de violations commises au détriment de la souveraineté et des droits souverains de la République de Chypre. Une décision qui constitue une violation du droit international, de l’acquis européen et qui sape tout effort visant à instaurer la paix et la coopération dans la région. La revalorisation stratégique de notre coopération avec les Etats-Unis, à proprement parler, est une garantie de sécurité et une source de stabilité, de croissance et de prospérité.

Ce ne serait pas exagéré de dire que les relations gréco-américaines aujourd’hui ont atteint leur point culminant historique et que le couronnement de cette nouvelle étape est sans aucun doute le Dialogue stratégique, dont le deuxième cycle débute lundi.

C’est également la preuve de l’engagement de la Grèce et des Etats-Unis d’Amérique d’aller vers une vision stratégique holistique de notre coopération qui embrasse tous ces domaines qui jusqu’à aujourd’hui évoluent indépendamment l’un de l’autre.

Ainsi, notre coopération s’étend des questions régionales, la défense et la sécurité, jusqu’à l’économie, le commerce, les investissements, la lutte contre le terrorisme, les relations de nos sociétés et bien entendu les questions énergétiques. S’agissant de l’énergie, l’enjeu principal demeure la sécurité énergétique et la diversification des sources et voies énergétiques.

Afin de mettre en œuvre toutes ces planifications, nous coopérons étroitement avec nos alliés et partenaires américains, en promouvant ensemble la coopération, la stabilité et la sécurité régionales, toujours sur la base de la légalité internationale.

Sur ces pensées, j’aimerais souhaiter de nouveau la bienvenue à mon cher collègue, Mike Pompeo, à Athènes. Lui souhaiter un bon séjour et lui exprimer ma conviction qu’aujourd’hui nous inaugurons une nouvelle ère.

Permettez-moi de clore mon propos comme je l’ai commencé, c’est-à-dire en anglais, en vous lisant une partie de la lettre que Theodoros Kolokotronis a adressé au sénateur Edward Everett en 1826.

Je vous la lis dans sa traduction en anglais. «Le peuple grec n’est pas ingrat envers ses bienfaiteurs. Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui, d’une voix forte, ont proclamé et soutenu notre combat héroïque. Nous avons enregistré leurs noms qui resteront à jamais gravés dans les annales d’une Grèce régénérée afin que nous puissions nous rappeler à travers les siècles – nous et les générations futures – leur contribution ».

Je vous remercie Monsieur le ministre

JOURNALISTE : (Question concernant la signature de l’accord en matière de défense)

N. DENDIAS : Je vous remercie de votre question à laquelle je souhaiterais répondre précisément. Cet accord revêt pour nous trois dimensions. Premièrement, la dimension nationale. Nous estimons que cet accord est tout à fait bénéfique pour la Grèce car il accroit l’empreinte américaine dans le pays en matière de défense. Cela est positif dans le sens où il contribue au transfert de savoir-faire des Etats-Unis en Grèce et parmi les forces armées grecques et aussi parce qu’il permet de générer une activité économique dans le pays.

Nous estimons toutefois, dans le cadre des relations bilatérales et des relations avec l’OTAN, mais aussi du rôle élargi que nous voulons jouer dans la région à la sortie de la crise – je l’ai réitéré à plusieurs reprises et ce sont les mots du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis –, que la Grèce revient sur la scène internationale après la crise.

Dans ce contexte, donc, nous estimons que cet accord est un facteur de stabilité dans la région. Il renforce la Grèce, il renforce les relations bilatérales, il sert les Etats-Unis et opère comme un facteur de stabilisation dans la région élargie. Et en tant que tel, un facteur qui ne va pas à l’encontre de qui que ce soit, mais est malgré cela visible dans le cadre des règles prévues et constitue un message à quiconque pense pouvoir opérer dans la région en faisant fi des règles du droit international et du droit de la mer.

Nous devons tous opérer dans le cadre des règles internationales. La communauté internationale, l’humanité si vous voulez, a parcouru beaucoup de chemin depuis l’époque de la diplomatie de la canonnière. Nous sommes aujourd’hui à l’époque du Droit et de la compréhension entre les peuples. Tout pays ou direction politique qui ne le comprend pas se trouve tout simplement à une autre époque. Et très franchement, nous aspirons à avoir des relations de bon voisinage avec tout le monde, nous percevons bien les positions de chacun mais opérons toujours dans le cadre impératif du droit international que nous avons acquis au 21e siècle.

Je vous remercie.

October 5, 2019