Je suis très heureux d’accueillir de nouveau à Athènes le ministre des Affaires étrangères de l’Egypte – et permettez-moi de dire mon ami et l’ami de mon pays – M. Sameh Shoukry.
Avec mon collègue égyptien nous nous sommes entretenus des dernières évolutions dans notre région après la signature et l’entrée en vigueur de l’accord historique conclu entre la Grèce et l’Egypte sur la délimitation partielle de nos zones maritimes, il y a un mois environ et je pense que je ne vous dirais pas quelque chose de nouveau en affirmant que la participation de M. Shoukry dans la conclusion de cet accord était déterminante. Grâce à lui, grâce au président el-Sisi et grâce à la relation entre ce dernier et le Premier ministre, M. Mitsotakis, nous avons pu résoudre une question demeurée en suspens depuis plus de 15 ans.
Nous avons eu aujourd’hui l’occasion de discuter – et ce parce qu’il est question de délimitation partielle – de la façon dont nous pourrons relancer les négociations entre nous afin de finaliser cette délimitation.
Comme vous le savez bien, il s’agit d’un accord qui est le fruit de négociations menées de bonne foi, qui est un véritable modèle d’application du droit international, un modèle d’application du droit de la mer, un modèle de respect du principe de bon voisinage entre pays.
Un accord qui contribue à la stabilité et à la valorisation des ressources de la Méditerranée orientale. Autrement dit, tout le contraire de l’accord illégal et non fondé conclu entre la Turquie et le gouvernement de Tripoli qui s’efforce de produire, à volonté, des voisinages nouveaux et invisibles sur la carte.
J’ai exposé au ministre égyptien la situation avec la Turquie ces derniers temps, l’escalade des tensions, ses actions et sa rhétorique agressives.
Une rhétorique qui ne vise pas seulement la Grèce. Mais souvent l’Egypte et le Président el-Sisi personnellement, Chypre et tous les pays de la région.
J’ai également mis l’accent sur le fait que les appels d’Ankara au dialogue ne peuvent qu’être perçus comme un prétexte, lorsqu’ils s’accompagnent de menaces à l’encontre de la Grèce et d’autres pays.
Nous, de notre côté, sommes prêts et gardons notre sang froid afin d’éviter les pièges de l’escalade. Nous sommes prêts à défendre notre souveraineté et nos droits souverains.
Nous avons dit à maintes reprises que notre pays ne fait chanter aucun pays et aucun pays ne peut lui faire du chantage.
Par ailleurs, nous avons affirmé sur tous les tons que nous sommes disposés à participer au dialogue.
Et manifestement [nous sommes prêts à participer] au dialogue avec la Turquie, sur la délimitation de notre plateau continental et des zones économiques exclusives, dès lors que les actions illégales, les menaces, le chantage prendront définitivement fin.
Car il ne peut y avoir de dialogue sous la menace et le chantage. Je veux dire par cela que le retrait du navire de forage turc Oruc Reis était un pas positif, mais à ma grande tristesse j’ai constaté que ce départ était accompagné de propos menaçants.
En tout état de cause, après avoir reconnu ce pas positif, nous attendons de la Turquie de faire preuve de constance et de continuité dans ses actions, vers une direction positive, afin qu’il y ait la possibilité de relancer le dialogue.
Autrement dit, qu’elle laisse de côté les pratiques et les rhétoriques appartenant à d’autres époques. Ce que nous appelons la politique des canonnières et qu’elle vienne discuter de bonne foi dans le cadre du droit international et dans le respect des relations de bon voisinage.
Outre cela, j’ai eu l’occasion de discuter avec mon ami égyptien de nos prochains pas en Méditerranée orientale et de notre coordination nécessaire.
Nous avons passé en revue l’état d’avancement des modèles de coopération tripartites dans notre région. Nous avons recherché des moyens d’approfondir et de développer ces relations. La création d’un secrétariat permanent à Nicosie contribuera dans ce sens. Tout comme dans le sens de l’élargissement de cette coopération dans de nouveaux domaines.
La Grèce et l’Egypte, en coopération étroite, déploient constamment des efforts dans le but d’instaurer la paix et la stabilité dans cette région tourmentée de la planète dans laquelle nous nous trouvons.
Récemment, nous avons salué les accords de normalisation des relations de l’Etat d’Israël avec les Emirats arabes unis et le Bahreïn, qui seront signés à Washington dans quelques heures.
Nous sommes certains que ces pas en avant contribueront à ce que le Moyen-Orient devienne finalement un espace de paix et de prospérité.
Enfin, nous avons examiné de manière détaillée la situation en Libye à la lumière des récentes évolutions. Nous nous sommes accordés sur le fait que la situation dans ce pays demeure particulièrement fragile et toute solution devra provenir de la Libye, sans intervention de tiers dans la région.
Nous avons eu aujourd’hui une discussion productive et substantielle sur tout un éventail de questions qui préoccupent les deux pays. C’est toujours un très grand plaisir pour moi – je le répète – de rencontrer mon cher ami et collègue et pour notre pays de le recevoir.
Sameh, merci encore pour ta visite et bienvenue à Athènes.
September 15, 2020