Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa visite avec le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, Josep Borrell, à Evros (Kastanies, 24.06.2020)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l’issue de sa visite avec le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, Josep Borrell, à Evros (Kastanies, 24.06.2020)C’est toujours un grand plaisir pour moi de rencontrer mon cher ami, Josep Borrell, Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Cette fois dans le cadre de sa visite à Kastanies, frontière terrestre de la Grèce et de l’Union européenne avec la Turquie.

A ce même endroit, il y a moins de 4 moins, les Grecs, les Européens et la communauté internationale ont été témoins d’une situation impensable : de l’exploitation par la Turquie de l’espérance de milliers de personnes pour une vie meilleure. 

De l’exploitation des personnes qui ont été activement dirigées ici en vue de traverser la frontière, manipulées par des campagnes de désinformation orchestrées par des hauts fonctionnaires turcs au plus haut niveau, lesquels soutenaient que cette frontière était ouverte et que plus de cent mille personnes l’avaient traversée, en entrant sur le territoire de la Grèce et de l’UE.

Cette triste tentative de chantage sur l’UE en vue d’extorquer des concessions de la part de cette dernière, s’est soldée par un échec.

Ici à Evros, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis avec les Présidents du Conseil de l’UE, du parlement européen et de la Commission européenne, ainsi qu’avec le Premier ministre de la Croatie, ont exprimé le 3 mars la détermination de l’UE à protéger de manière efficace ses frontières extérieures, conformément au droit européen et  international. 

Dans les jours qui ont suivi, les forces de FRONTEX ont été déployées dans la région et demeurent sur place à ce jour.

L’UE a rejeté la violation par la Turquie de la Déclaration commune UE-Turquie de mars 2016 et a dénoncé avec la plus grande fermeté l’instrumentalisation de personnes innocentes.

Actuellement, après une brève pause à cause de la pandémie, la Turquie a de nouveau déclaré que sa frontière terrestre avec l’Europe était ouverte.

Dans le même temps, sa garde-côte escorte des navires remplis de migrants jusqu’aux îles grecques. 

En outre, la Turquie persévère dans ses efforts visant à saper la sécurité et la stabilité ainsi que la paix en Méditerranée orientale.  

Elle a causé des problèmes à tous ses voisins. 

Elle viole de manière systématique la souveraineté de la Libye, de la Syrie, de l’Irak et de notre partenaire européen, de la République de Chypre.

Elle viole presque quotidiennement l’espace aérien de la Grèce et ses eaux territoriales, en effectuant, entre autres, des survols au-dessus des régions habitées ici à Evros et en Egée, avec des avions de guerre armés.

A Chypre, pour la sixième fois consécutive en l’espace d’une année, elle poursuit ses activités de forage illégales dans la ZEE chypriote.

En Libye, en défiant encore une fois la légalité internationale, elle viole de manière flagrante l’embargo sur les armes des Nations Unies en vue de satisfaire ses aspirations néo-ottomanes.

Sur la base d’un protocole d’accord illégal signé avec l’administration de Tripoli, elle tente de priver l’Europe de ses zones maritimes, en s’accaparant des régions situées sur le plateau continental grec, à 6 milles nautiques des îles telles que la Crète et Rhodes.

Elle néglige de manière flagrante les appels lancés à plusieurs reprises par l’Europe au respect de la légalité internationale. 

La Grèce a fait preuve de manière tangible de sa volonté et de sa capacité à régler ses différends durables avec ses voisins, sur la base du droit international, du droit de la mer et des principes du bon voisinage.

Des conditions sine qua non pour tout membre de l’UE mais aussi pour les pays souhaitant adhérer à cette dernière. 

Nous sommes toujours ouverts au dialogue mais nous ne sommes pas disposés à engager une discussion  sous la pression de menaces ou à aider à la légitimation des violations constantes de la légalité de la part de la Turquie.

Le dialogue entre des voisins dont les côtes sont situées l’une en face de l’autre sur la délimitation de la ZEE et du plateau continental est la seule voie à suivre, en vertu du droit international de la mer.

La Grèce a, à plusieurs reprises, signalé au plus haut niveau sa volonté de discuter en toute bonne foi de cette question avec la Turquie et demeure toujours prête à le faire, et ce, toutefois, strictement dans le cadre du droit international et du droit de la mer.

Néanmoins, cela ne peut être envisagé que si Ankara répond aux appels de la communauté internationale et de l’UE à la désescalade des tensions, à l’abandon des actions unilatérales et au retour à la légalité. 

Le déguisement des canonnières du 19e et du 20e siècle en navires de forage rouges et blancs, ne peut tromper la communauté internationale.
Les récentes remarques du Président Emmanuel Macron concernant la Turquie ont été très pertinentes et d’actualité. 

Ankara doit suivre l’exemple européen et renoncer à la diplomatie de la canonnière, telle que celle-ci a été manifestée avec le récent incident lors duquel des frégates turques n’ont pas hésité à prendre pour cible un navire de la marine française qui participait à une mission de l’OTAN en Méditerranée

Cher Josep, permettez-moi de vous remercier encore une fois de votre présence ici, présence qui est particulièrement appréciée. 

[La déclaration du ministre des Affaires étrangères a  été faite en anglais]

June 24, 2020