Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors de la conférence de presse à l’issue de la Conférence de haut niveau sur la perspective des Balkans occidentaux (Thessalonique, 24.02.2020)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors de la conférence de presse à l’issue de la Conférence de haut niveau sur la perspective des Balkans occidentaux (Thessalonique, 24.02.2020)« Je suis particulièrement heureux d’avoir accueilli aujourd’hui, ici à Thessalonique, mes homologues des pays des Balkans occidentaux, des pays membres voisins de l’UE ainsi que la Commission européenne et le Service européen pour l’Action extérieure.

Plus précisément aujourd’hui, nous avons eu l’occasion d’accueillir à Thessalonique les ministres des Affaires étrangères de la Bulgarie, de la Croatie, pays exerçant actuellement la présidence, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie et la Slovénie, ainsi que le ministre des Affaires étrangères par intérim de l’Albanie, le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères de la Bosnie – Herzégovine et les Secrétaires généraux du ministère des Affaires étrangères de la Roumanie, en charge des questions européennes et régionales. Ont également été présents, la Secrétaire générale du Service européen pour l’Action extérieure ainsi que le directeur général adjoint en charge des questions d’élargissement de la Commission européenne. Le ministre kosovar des Affaires étrangères était également présent à la conférence tandis que le ministre italien des Affaires étrangères, M. Luigi Di Maio était absent, en raison du problème du coronavirus qui a frappé l’Italie, et était représenté par l’ambassadeur de l’Italie.

Nous avons eu une discussion très fertile, un échange de vues et d’idées, tant durant notre première séance, que durant le repas qui a suivi, concernant la perspective d’adhésion des pays des Balkans au sein de l’Union européenne.

Je peux en toute sécurité résumer notre position commune à tous : nous soutenons la perspective européenne des Balkans occidentaux, à la condition sine qua non qu’ils respectent pleinement l’acquis européen, ainsi que les conditions du processus d’adhésion, ladite conditionnalité.

La raison est manifeste. Car, nous estimons que la pleine adhésion politique, économique et physique de tous les pays à l’Union européenne sera d’une part bénéfique à l’Union elle-même, qui acquerra une continuité géographique, de l’Irlande jusqu’à Chypre, d’autre part car l’adhésion en soi mais aussi en tant que continuité physique des réformes qui ont précédé, constitue la garantie la plus puissante de la croissance et de la prospérité des peuples des Balkans et de la stabilité en Europe du sud-est.

Dans cet effort, la Grèce a toujours constitué le moteur de l’intégration européenne des Balkans occidentaux. D’ailleurs, la ville de Thessalonique s’identifie historiquement à l’avenir européen des pays de la région : avec l’ « Agenda de Thessalonique », 2003 a ouvert la voie au rapprochement de ces pays à la famille européenne.

Aujourd’hui, 17 ans plus tard, la ville constitue de nouveau un point de référence pour la perspective d’adhésion de la région, dans le cadre d’un effort qui culminera avec la Conférence UE – Balkans occidentaux qui se tiendra dans la capitale croate.

Je pense qu’aujourd’hui, en coopérant étroitement et durablement avec la Croatie, nous avons réussi à préparer la voie en vue de la Conférence de Zagreb, confirmant collectivement que l’avenir des Balkans, notamment des Balkans occidentaux, ne peut être qu’au sein de l’Union européenne.

La confirmation de la perspective européenne des Balkans occidentaux revêt une importance particulière, constituant un investissement stratégique pour une Europe unie, stable et puissante, au lendemain de la conjoncture défavorable du départ volontaire du Royaume-Uni - du Brexit - de notre maison commune, mais aussi à l’ombre des défis régionaux et mondiaux sans cesse croissants, que peu de pays, pour ne pas dire aucun, ne peuvent relever tous seuls.

L’occasion a donc été donnée aujourd’hui aux pays en cours d’adhésion, mais aussi à ceux qui ont plus de chemin à parcourir, d’être entendus, d’exprimer leurs positions et avis, avant l’adoption de la nouvelle méthodologie sur l’Elargissement. Et aussi de confirmer leur attachement à la mise en œuvre des réformes nécessaires.

Et je pense qu’aujourd’hui, nous avons transmis de concert le message sur l’importance que revêt le parcours d’adhésion et finalement l’adhésion des Balkans occidentaux à l’UE, mais aussi notre engagement en tant qu’UE de maintenir vivante la perspective européenne de ces pays.

Je vous remercie ».

ANIMATEUR : Vous êtes priés de citer votre nom et le média que vous représentez. M. Tzimas vous avez la parole.

JOURNALISTE : Stavros Tzimas du journal « KATHIMERINI ». Ma question s’adresse à M. Dendias et à son homologue croate. Tout semble indiquer que lors de la prochaine réunion sera probablement abordée la demande d’adhésion à l’UE de la Macédoine du Nord et de l’Albanie. Ma question est la suivante : Quelle a été la position adoptée par la Conférence et notamment la position d’Athènes ou de la présidence croate, chacune prise isolément ? Est-ce que l’ouverture des négociations d’adhésion sera faite simultanément pour ces deux pays ? Ou sera-t-elle faite séparément  si cela s’avère nécessaire ou si  les progrès réalisés par la Macédoine du Nord par exemple sont considérés plus significatifs quant au respect des exigences et des critères  y relatifs ?  Les deux processus seront – ils menés séparément et l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Albanie sera-t-elle éventuellement reportée ou vice-versa ?

[…]

Ν. DENDIAS : Je vous remercie de votre question. Tout d’abord,  je répèterai la position de Gordan selon laquelle l’objectif et l’hypothèse de travail initiale est que ces deux pays, la Macédoine du Nord et l’Albanie remplissent les critères et les modalités y relatifs  ce qui  permettra à tous les deux pays d’obtenir une date pour l’ouverture des négociations, de préférence en mars.

Telle est la position grecque et, si vous me le permettez, tel est également l’espoir de notre pays. L’objectif ferme de notre pays depuis 2003 est l’élargissement de l’Union européenne dans la région et la participation des pays balkaniques et des pays des Balkans occidentaux au projet européen unique. La Grèce considère que cela aide ces pays, aide l’Europe, nous aide tous à mettre en place une société favorisant la liberté de circulation et le développement de la personnalité humaine. Et le développement de l’économie aussi. Toutefois, il faut que certains critères et modalités soient remplis, notamment de la part de la partie albanaise.  Nous observons la situation. Nous espérons que tous les deux pays  seront prêts et que nous n’allons pas être confrontés à des dilemmes douloureux.

JOURNALISTE : Journal « TO VIMA ». Ma question s’adresse au  ministre grec des Affaires étrangères. Monsieur le ministre, vous avez évoqué la question de la conditionnalité  dans le cas de l’Albanie. Il y a à peine quelques jours le Premier ministre albanais, M. Rama,  a de nouveau soumis au parlement la loi sur les biens patrimoniaux, sans que son pays soit conformé, semble-t-il, aux dispositions du rapport de la Commission de Venise. Par ailleurs, la question de l’auto-identification en vue du recensement qui aura lieu dans le pays voisin demeure aussi en suspens.   Si ces deux conditions ne sont pas remplies, y aura-t-il un changement de position de la part de la Grèce à l’égard de l’octroi d’une date aux deux pays simultanément pour l’ouverture des négociations ? Merci.

Ν. DENDIAS : Monsieur Athanassopoulos, la façon dont nous voyons les choses, comme l’a tout à l’heure dit Gordan, mon collègue croate et ami, est positive. Nous ne percevons pas les conditionnalités comme quelque chose qui est imposé de manière exogène aux sociétés et gouvernements de ces pays. Nous les percevons comme un processus interne de conformité à l’acquis européen. Et permettez-moi de vous dire que les questions qui concernent la protection des minorités, comme celles concernant la protection des biens patrimoniaux, du patrimoine en général, constitue le noyau dur du droit européen. Ce n’est pas une question concernant nos relations bilatérales avec l’Albanie. C’est une question de conformité de ce pays avec l’acquis européen. Par conséquent, nous voulons voir cela de façon positive. Nous pensons que l’Albanie perçoit bien la nécessité de se conformer. Nous ne voulons pas lui imposer quoi que ce soit. Nous ne faisons aucun chantage. Nous comprenons bien que l’Albanie perçoit son parcours vers la date des négociations et après comme un processus long et permanent de conformité et d’intégration de l’acquis européen. D’ailleurs, c’est l’objectif en général du projet européen. La création d’une région unique de croissance économique, de protection des droits de l’homme, un projet important dans l’histoire du genre humain. Nous estimons donc que l’Albanie, percevant les choses ainsi, a elle-même toutes les raisons de suivre cet exemple, celui de la protection des droits patrimoniaux et de la protection des minorités.

MODERATEUR : Les ministres vont prendre une autre question, car ils doivent partir pour Genève.

JOURNALISTE : Georgios Georgiadis de la chaîne ERT 3. Ma question s’adresse à M. Dendias. Le 12 avril est la date des élections en Macédoine du Nord et selon les sondages, le parti de l’opposition aurait une longueur d’avance. Si cela est confirmé et qu’il y a un changement politique dans le pays, connaissant leur agenda, ils voudront changer l’Accord de Prespès. En cas de changement politique dans le pays voisin, est-ce que le gouvernement grec discutera d’un changement quelconque, ne serait-ce que si celui-ci porte sur un seul article de l’Accord de Prespès, ou bien vous orienterez-vous vers le droit de veto du fait de cette tentative unilatérale de changer l’accord ?

Ν. DENDIAS : Permettez-moi de vous dire, malgré votre sensibilité tout à fait justifiée que vous laissez transparaître en posant votre question. Vous êtes journaliste à ERT 3, en Macédoine. Je ne peux répondre à des scénarios hypothétiques. Autrement dit, accepter comme hypothèse de travail un résultat électoral, quel qu’il soit, non seulement ce que vous avez dit au sujet d’un pays voisin et ami, et sur la base de cette hypothèse de travail répondre sur la position future du gouvernement grec. Mais si je devais de manière générale exprimer une pensée librement – sans qu’une question ne me soit posée – je dirais que Kyriakos Mitsotakis a donné un exemple, à savoir comment les Etats dans la vie et les sociétés contemporaines ont une continuité. Je vous remercie.

February 24, 2020