G. GERAPETRITIS : C'est un grand honneur et un plaisir de recevoir aujourd'hui le ministre des Affaires étrangères du Liban.
Monsieur le ministre, cher Abdallah, lorsque nous nous sommes rencontrés en septembre dernier à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, la situation était complètement différente.
Aujourd'hui, la guerre à Gaza et la catastrophe humanitaire nous bouleversent et nous placent tous devant nos responsabilités. Nous devons tout mettre en œuvre pour obtenir une cessation immédiate des hostilités et éviter le débordement de la crise, l'embrasement régional et les effets en chaîne de la guerre.
D'abord au niveau humanitaire, mais aussi au niveau de l'économie mondiale, qui subit la pression de la tension en mer Rouge et de l'insécurité de la navigation internationale.
En ce qui concerne la tragédie qui se déroule à Gaza, la Grèce a maintenu une position de principe depuis le début. L'aide humanitaire doit être renforcée et acheminée par des couloirs durables qui permettent la distribution sans entrave de l'aide humanitaire sous la forme de médicaments et de fournitures médicales nécessaires, ainsi que la restauration des infrastructures de base, telles que l'eau et l'énergie.
Et bien sûr, il est tout aussi important de préserver la sécurité des membres des missions humanitaires, des personnes qui risquent leur vie chaque jour pour une cause morale supérieure.
Les scènes que nous avons tous vécues lors des attaques contre les missions humanitaires étaient en effet au-delà de toute raison.
Pour notre part, nous faisons le nécessaire pour parvenir à une solution viable. Et cette solution viable ne peut passer que par la résolution de la question palestinienne dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la création de deux Etats.
Monsieur le Ministre,
La Grèce a toujours attaché une grande importance à la souveraineté et à la stabilité du Liban. Nous soutenons tous les efforts internationaux visant à renforcer le Liban, la stabilité et la prospérité du peuple libanais.
Nous le démontrons concrètement par l’importance que nous attachons à la FINUL, la mission de maintien de la paix des Nations unies, mais aussi en soutenant toute initiative visant à la désescalade à la frontière sud du Liban avec Israël.
La position de la Grèce est qu'il faut une paix immédiate dans la région et une mise en œuvre complète de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Nous reconnaissons la charge disproportionnée que le Liban supporte par rapport à son territoire et à sa population en termes de gestion de la question migratoire, en particulier des réfugiés en provenance de Syrie.
Nous mettons tout en œuvre pour contrôler efficacement les réseaux de trafiquants qui exploitent les êtres humains, dégradent la dignité humaine et créent des conditions véritablement inhumaines pour les migrants.
Monsieur le Ministre,
La Grèce est à la disposition du pays ami qu'est le Liban pour contribuer à la compréhension de ses points de vue au sein de l'Union européenne et des forums internationaux.
Je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer ma grande satisfaction quant à la coopération entre la Grèce et le Liban dans le cadre des organisations régionales et internationales, ainsi qu'à la coopération trilatérale extrêmement constructive entre le Liban, la Grèce et Chypre.
Avant de conclure, je voudrais mentionner brièvement les nombreux aspects de la coopération bilatérale. Une coopération qui s'étend à des domaines tels que l'éducation, avec l'exemple emblématique du programme de langue grecque et du soutien aux études théologiques à la faculté théologique « Saint-Jean Damascène », à l'université Balamand du Liban, mais aussi à l'économie, au commerce et à l'énergie.
Monsieur le Ministre,
Je souhaite que vous considériez toujours la Grèce comme un pays ami et nous continuerons à nous engager de manière constructive et efficace pour relever les grands défis du Moyen-Orient.
Je vous remercie de votre présence.
JOURNALISTE : Une question pour vous, Monsieur le Ministre. Vous avez dit à plusieurs reprises par le passé que c'était un avantage pour la Grèce de pouvoir parler à toutes les parties concernées au Moyen-Orient. J'aimerais savoir si nous disposons actuellement d'un canal de communication ouvert avec Israël. Et dans quelle mesure, à l'avenir, au lendemain de la guerre, on pourrait dire que l'attitude du gouvernement israélien dans cette guerre perturbe les relations stratégiques qu'il entretient avec la Grèce. Je vous remercie.
G. GERAPETRITIS : C'est une réalité que la Grèce a une communication, un dialogue politique avec toutes les parties, avec toutes les parties prenantes au Moyen-Orient, mais aussi dans la région plus large du Golfe et en Afrique du Nord.
Cela nous donne la possibilité de fournir un bon service en ce qui concerne les deux principaux chapitres du Moyen-Orient, à savoir l'aide humanitaire nécessaire, de sorte que la crise humanitaire majeure à laquelle nous sommes actuellement confrontés puisse être atténuée, mais aussi, d'autre part, de faire partie d'une discussion substantielle sur la question palestinienne le jour d’après.
Bien entendu, nous sommes en contact avec la partie israélienne, avec laquelle, comme vous le savez, la Grèce entretient une relation stratégique. Et nous avons la possibilité d'être régulièrement informés de la situation.
Ce que je voudrais souligner, c'est que la Grèce, consciente de la situation actuelle, consciente du fait qu'aujourd'hui encore des otages israéliens sont détenus dans des conditions inacceptables et contraires à tout concept de droit international, doit insister sur le fait que ce que nous recherchons, c'est une cessation immédiate des hostilités, afin que nous puissions donner à la paix une chance réelle et significative.
Nous nous réjouissons de nos relations d'aujourd'hui et de demain, tant avec Israël qu'avec les pays amis du Moyen-Orient et de la région plus élargie.
La Grèce exercera toujours sa politique étrangère en fonction des principes. Nous sommes attachés au droit international, nous sommes opposés à toute notion de révisionnisme et nous continuerons à nous efforcer de consolider la paix et la prospérité des peuples.
Je vous remercie de votre attention.
April 9, 2024