Je remercie mon collègue Nikola pour l’invitation. Je suis heureux de me retrouver dans ce pays situé au nord et d’avoir tenu mes promesses.
Nous avions dit que dès que le nom de l’aéroport changera, nous viendrions visiter votre belle ville, lancer la deuxième phase de l’accord d’association entre votre pays et l’Union européenne et demander et soutenir votre adhésion à l’initiative Ionienne – Adriatique (Stratégie de l’UE pour la région de l’Adriatique et de la mer Ionienne (EUSAIR).
Je crois profondément en notre avenir commun, notre coopération conjointe qui sera dans l’intérêt des citoyens, de nos pays et de la région tout entière. Je suis profondément convaincu que si nous pouvons – et aujourd’hui nous avons fait des pas en avant – résoudre les problèmes que ni Nikola ni moi n’avons créé – et nous devons les résoudre – cela contribuera à l’amitié entre nos peuples, nos contacts quotidiens, notre coopération économique, la stabilité et la sécurité dans la région. Cela permettra à nos deux pays de contribuer au développement économique de toute la région. Je pense que le dépassement d’obstacles politiques contribue au développement économique et social.
Je suis heureux de rencontrer la plupart des dirigeants politiques du pays. Je souhaiterais remercier à l’avance notamment le Premier ministre Zoran Zaev qui m’offre l’occasion de faire une discussion productive – j’en suis sûr – mais aussi M. Xhaferi et M. Ahmeti, ainsi que M. Michoski, avec qui nous pourrons avoir un échange de vues et les informer de la situation actuelle.
En politique, savez-vous, il est facile de ne rien faire. Notamment en politique étrangère, où je n’ai pas le souvenir – et je dis ceci en qualité de professeur en relations internationales et pas seulement en qualité de ministre – que le monde se soit plaint ou qu’un ministre ait été sujet à la critique parce qu'il ne résout pas les problèmes. Puis vient la vie qui apporte ses propres solutions, très précises. Les ministres des Affaires étrangères, dans le cadre de leur gouvernement et sur l’initiative de leur premier ministre, se doivent de trouver des solutions qui, indépendamment des avis et des jours, aident sur le long terme leur pays.
La Grèce sort aujourd’hui de la crise économique qu’elle a traversée. Je pense, personnellement, que pour parvenir à la croissance économique que tout le monde veut, nous avons besoin de la coopération de la région tout entière, nous avons besoin de l’adhésion de toute la région aux organisations internationales, ce que souhaitent nos pays voisins. Et nous croyons profondément aux compromis honnêtes. Et les deux parties ont tout à gagner d’un compromis honnête. Un compromis honnête, où il n’y aura aucun perdant, et non un mauvais compromis.
Mais dans un compromis – et cela concerne également la Grèce qui souhaite un compromis honnête – on ne peut obtenir tout ce que l’on veut. Il faut penser de manière réaliste et prendre ce qui est essentiel pour nous et laisser à l’autre ce qui est essentiel pour lui. Et le plus important, ce qui est l’intérêt commun pour l’avenir.
Je crois profondément en la stabilité et la sécurité de la région. Je pense profondément que notre pays ami voisin du nord est un pays avec lequel nos relations doivent, au niveau du gouvernement, suivre ce qui se passe dans la vie elle-même. Nous savons combien de millions de personnes se déplacent entre les deux pays, les visitent. Nous savons combien l’économie du nord de la Grèce reçoit les citoyens de votre pays, soit en tant qu’acheteurs, soit en tant que touristes, soit pour des visites amicales et vice-versa. Et je pense que nos deux peuples sont très proches et l’héritage historique essaie de les éloigner l’un de l’autre. Ce sont des peuples qui sont proches et l’avenir devra – si nous y veillons – les rapprocher davantage. Aussi bien nos pays que nos peuples auront tout à gagner des actions communes mises en œuvre à l’avenir et de l’attention accordée aux nouvelles générations de personnes dans la région.
Merci Nikola pour ton invitation.
JOURNALISTE : J’ai une question pour les deux ministres, mais qu’ils se mettent d’accord entre eux pour savoir qui peut répondre. En ce qui concerne la proposition de M. Nimetz , pouvez-vous nous dire si au lieu d’avoir deux avant-projets, deux textes, il est maintenant question de trois?
N. KOTZIAS : Je vous remercie de votre question. Les textes sont élaborés pour que soient précisées les positions et les propositions des parties. Il est certain qu’à la fin nous élaboreront un texte unique. Nous nous sommes dans une large mesure mis d’accord sur ce que nous voulons pour l’avenir, mais aussi sur d’autres questions. M. Nimetz élaborera dans un texte unique les points que nous conviendrons et négocierons avec lui, en sa présence, et le formulera à l’attention du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale. Dans ce texte, il constatera que les problèmes auxquels se réfèrent les résolutions 817 et 845 de l’ONU ont été surmontés et, donc, nous pouvons avancer. Ces pas en avant, nous en conviendrons et verrons comment nous pourrons développer notre coopération. Les textes sont toujours là pour aider la négociation. S’agissant du problème auquel nous sommes confrontés, je suis profondément convaincu que la discussion personnelle et la négociation sont, à mon avis, ce qu’il y a de plus positif.
JOURNALISTE : Messieurs les ministres, je souhaitais savoir si vous étiez disposés à avancer dans le sens d’une solution définitive, claire, sans questions en suspens et ombres. Et quels éléments pourraient constituer une telle solution? Merci beaucoup.
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : La personne qui pose la question a le même nom que nous. J’aimerais dire que je suis d’accord. Nous avons besoin d’une solution équitable, juste, qui ne puisse pas seulement résoudre les problèmes du passé, mais aussi créer un environnement positif, plutôt que d’investir dans de nouvelles tensions à l’avenir. Nous souhaitons donc une solution qui soit stable et qui ouvre la voie et non une solution susceptible de reproduire les problèmes à l’avenir. Merci.
JOURNALISTE : S’agissant d’un accord qui a été ratifié devant le Parlement [...] devient partie de l’ordre juridique interne et a plus de poids que la Constitution si l’on tient compte du fait que cet accord sera soumis aux Nations Unies. Pourquoi demandez-vous de plus grandes garanties, à savoir que l’ARYM appliquera ce qui sera convenu entre les deux pays, puisqu’un accord international est, du point de vue juridique, plus fort.
N. KOTZIAS : Cette question m’a été posée par votre pays lors des négociations, donc elle a lieu d’être. Nous ne demandons pas plus de garanties. Nous tenons juste compte de notre expérience au sein de l’Union européenne, avec les décisions de toute une série de tribunaux constitutionnels qui estiment que leurs constitutions prévalent sur le droit européen et international. Telle est la tradition de l’Union européenne. Je vous rappelle un grand nombre de décisions de la Cour constitutionnelle de l’Allemagne, s’agissant aussi bien du Traité de Maastrich, que du traité de Nice et de Lisbonne. Autrement dit, les traités de l’Union européenne de ces vingt dernières années. C’est un problème concernant le changement constitutionnel que nous demandons. Je pense que nous devons en effet le préciser et nous verrons à la fin ce à quoi nous aboutirons. Je ne pense pas que cela soit une question que nous pourrions voir maintenant, car nous sommes en pleine négociation.
JOURNALISTE : Monsieur Kotzias, vous parlez d’une solution honnête qui satisfera les deux parties. Qu’est-ce pour vous une solution honnête au problème ? Si vous insistez sur un changement de constitution, cela ne semble pas du tout honnête pour le peuple de ce pays. Si vous insistez sur un nom, en un seul mot, non traduisible, cela ne semble pas non plus être une solution honnête pour tous les citoyens du pays, sans exception. Pouvez-vous nous dire ce que contient votre solution honnête ? Comment vous la comprenez ?
Ν. KOTZIAS : Une solution honnête, équitable et juste, à savoir une solution qui tient compte des principaux intérêts de chaque partie. Et les principaux intérêts de chaque partie sont identifiés lors de la négociation que nous menons et en fonction du résultat que nous obtenons. Je ne voudrais pas vous analyser mes positions car nous sommes en pleine négociation.
Mais à un autre moment, je vous citerais des dizaines d’exemples, comment les changements constitutionnels se font et les noms sont trouvés et ce pays, tout comme nous en Grèce, a fait des changements constitutionnels. Ce n’est pas quelque chose de malhonnête. Autrement dit, comme position de principe, je n’entends pas cela par rapport à notre discussion. Les lois, les constitutions, les mentalités changent avec le temps. D’ailleurs, comme je l’ai souligné, le pays lui-même a fait deux changements importants et cinq changements secondaires. Je ne dis pas que maintenant il doit faire des changements spécifiques. Je dis simplement qu’il ne faut pas en faire une question d’éthique, savoir si on fait ou non un changement. Un changement spécifique est ce qui permettra aux deux parties – non pas les extrémistes des deux parties, mais les deux parties – de se sentir satisfaites de voir que la voie s’ouvre vers un avenir commun. Une solution qui détruira – entre guillemets – l’une des parties ou encore dans le cadre de laquelle l’une des parties se vantera – de manière insensée – d’avoir obtenu beaucoup de choses, alors que l’autre non, n’est pas une bonne solution. Ce n’est pas une solution honnête du point de vue éthique.
Ce que nous recherchons maintenant, c’est à travers les différents points de vue que nous avons, c’est une solution globale qui englobera ce que chaque partie juge important. Aucune des deux parties ne peut accepter l’ensemble des positions de l’autre c’est pourquoi nous faisons une négociation. Même dans un foyer, que ce soit un couple ou avec nos enfants, nous faisons des compromis. On ne peut cohabiter avec quelqu’un sans faire de compromis.
Et c’est pourquoi il y a les bons compromis, les compromis équitables, et non les mauvais compromis. Un mauvais compromis est lorsque l’on veut commander à l’autre ou faire marche arrière. Nous avons des forces dans les deux pays qui aimeraient dicter à l’autre ce qu’elle doit faire et comment se comporter. Ce n’est pas comme cela que ça se passe. Nous voulons un avenir commun, nous voulons développer l’amitié, le respect de l’autre. C’est pourquoi nous devons faire un compromis honnête.
March 23, 2018