Déclaration du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à la suite de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de Serbie, Nikola Selaković (Belgrade, 03.06.2022)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à la suite de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de Serbie, Nikola Selaković (Belgrade, 03.06.2022)Cher Nikola,

Merci beaucoup pour vos aimables paroles. Je suis si heureux d'être de retour à Belgrade. C'est ma troisième visite. Cela en dit long. J'ai eu l'occasion de vous recevoir à Athènes en novembre dernier. J'espère vous revoir bientôt au sommet du SEECP de Thessalonique. Mon Premier ministre, le Premier ministre Mitsotakis, était ici en février dernier et le Président Vučić était également à Alexandroupolis il y a quelques jours.

Ces contacts et relations très étroits témoignent donc de nos relations bilatérales cordiales, profondes et de longue date.

Je suis ici aujourd'hui, dans le cadre de ma tournée dans les Balkans occidentaux. Avant le sommet de Thessalonique du Processus de coopération de l'Europe du Sud-Est qui aura lieu la semaine prochaine. Un sommet, presque 20 ans après le sommet européen de Thessalonique, au cours duquel la Grèce a présenté officiellement l'agenda pour les Balkans occidentaux.

Et c'est le message clé que je transmets à tous mes interlocuteurs, à savoir que l'avenir des Balkans occidentaux est dans l'Union européenne. Je dois être honnête avec vous. Je comprends qu'il y ait une certaine fatigue et une certaine frustration face à la lenteur du processus d'adhésion des Balkans occidentaux, et cela vaut également pour la Serbie, une nation amie très chère.

Mais, laissez-moi aussi être clair. Nous pensons que c'est la seule voie vers la paix, la stabilité et la prospérité de notre région. Et je dois dire que la région ne doit pas écouter les fausses promesses et que nous devons aborder la question des puissances révisionnistes qui veulent que notre région revienne en arrière, afin de faire revivre les anciens empires et d'essayer de redessiner la carte des Balkans. Nous ne pouvons pas permettre cela.

Et à cet égard, je voudrais faire trois remarques.

Premièrement, la Grèce est là pour apporter son soutien. A la fois politique, mais aussi technique si nécessaire, afin de rapprocher encore plus la Serbie de l'UE. A travers la poursuite des négociations d'adhésion et nous affirmons cela ici ou à Bruxelles et partout que la Serbie est un partenaire clé de l'UE. Nous apprécions vos efforts de réforme et nous vous invitons à les poursuivre, dans les domaines fondamentaux de l'acquis européen, ainsi qu'à vous aligner sur les décisions de politique étrangère de l'UE.

Deuxièmement, il s'agit de notre région, toute la région doit se tourner vers un avenir commun, et non vers le passé. Nous devons relever les défis qui se présentent à nous et, à cet égard, nous avons discuté aujourd'hui de nombreuses choses. Nous avons discuté des Balkans ouverts, un sujet qui nous intéresse. Et je dois vous dire que nous en avons discuté avec le Premier ministre Rama à Tirana il y a quelques jours.

Nous avons également discuté du Kosovo et j'ai réitéré notre position sur le Kosovo. Et la nécessité d'y voir des progrès, comme vous l'avez dit, afin de parvenir à un accord global et juridiquement contraignant, conformément au droit international et à l'acquis communautaire. Nous avons également parlé de la situation en Bosnie-Herzégovine, où je me trouvais il y a quelques jours à peine. Je veux répéter ici aujourd'hui ce que j'ai dit à Sarajevo. La modification des frontières n'est pas la voie à suivre. Nous devons essayer d'aider, nous devons surmonter les différences et travailler ensemble pour apporter la paix dans notre avenir commun. Nous devrions également, dernier point, mais non le moindre, essayer d’instaurer la stabilité et la prospérité régionales, afin de renforcer la coopération bilatérale et régionale.

La Grèce reste déterminée à renforcer davantage les liens bilatéraux avec notre ami de longue date, la Serbie.


La Serbie est un partenaire important pour le milieu d'affaires grec. Notre secteur privé a investi près de 3 milliards d'euros en Serbie. Nous sommes fiers car les entreprises grecques ont créé 25 000 emplois en Serbie, mais espérons qu'elles en créent davantage. Maintenant, nous sortons d'une crise économique, d'une crise pandémique et, espérons-le, nous sortirons bientôt de la crise ukrainienne, de l'invasion de l'Ukraine. Nous devrions investir davantage en Serbie, ce qui contribuera également à la croissance de la Serbie et à la nôtre, ainsi qu'au renforcement de nos liens.

Nous saluons l'intention de la Serbie d'ouvrir un office du tourisme à Athènes. En fait, la Grèce reste l'une des principales, sinon la principale, destination touristique des Serbes, et cela vaut également pour mon île natale, Corfou, dont je sais combien elle est proche du peuple serbe.

Nous avons également discuté de l'interconnectivité dans le domaine des transports et de la logistique. Nous avons discuté du corridor paneuropéen X et de la liaison ferroviaire Le Pirée-Skopje-Belgrade-Europe centrale.

La coopération énergétique, vous l'avez évoquée, est un autre domaine où il existe des perspectives pour notre région. L'inauguration de l'unité flottante de stockage et de regazéification d'Alexandroupolis, à laquelle le président Vučić a assisté, est une étape majeure vers la coopération énergétique régionale.

Notre coopération militaire est mutuellement bénéfique.

Nous avons également discuté aujourd'hui de la manière dont nous pouvons coopérer davantage dans les instances internationales. Et je dois vous remercier publiquement pour votre soutien à notre candidature à l'élection au Conseil de sécurité de l'ONU. Je vous en remercie vivement.

Nous avons également discuté des perspectives de partenariats multilatéraux qui, comme vous l'avez dit, incluent Chypre, mais aussi d'autres pays comme la Macédoine du Nord. Et, je dois dire, que cela pourrait être un moyen de favoriser des relations plus étroites.

Et j'ai informé [Nikola] de l'escalade sans précédent à laquelle nous sommes confrontés, de la rhétorique révisionniste et des menaces émanant de notre voisin, la Turquie. Et j'ai souligné la différence qualitative, puisque la Turquie a déclaré publiquement et à plusieurs reprises qu'elle voulait couper tous les liens avec la Grèce. Et la Turquie remet ouvertement en question la souveraineté grecque sur les îles de la mer Égée, en faisant des allégations sans fondement.

Et je dois dire ouvertement que nous rejetons totalement ces allégations. Nous restons fermes dans la protection de nos intérêts. Conformément au droit international, au droit international de la mer, à la Charte des Nations Unies.

Cher Nikola,

Merci beaucoup pour ton accueil chaleureux que tu me réserve toujours ici à Belgrade. Il y a tant de choses  pour lesquelles je voudrais vous remercier, ainsi que le Président Vučić. Je vous suis très reconnaissant de votre chaleureuse hospitalité et je me réjouis de vous voir la semaine prochaine à Thessalonique et à Athènes dans un avenir proche.

June 3, 2022