« Chère amie, chère Donika,
Permettez-moi de vous remercier de votre aimable hospitalité ici à Pristina. Je reviens ici à peine quelques mois après ma visite précédente, ce qui atteste de notre attachement au renforcement ultérieur de nos relations. Permettez-moi de souligner que nous voulons développer davantage nos relations économiques et commerciales. Nous sommes proches du point de vue géographique.
C’est pourquoi aujourd’hui je suis accompagné du Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Kostas Fragogiannis qui est responsable des relations économiques et commerciales internationales. J’ai demandé à Kostas d’entreprendre de pas concrets pour renforcer nos relations.
Nous avons déjà une présence importante ici, mais nous pensons qu'il existe un énorme potentiel pour la renforcer davantage, ainsi que de nombreux domaines présentant aussi un important potentiel de croissance. Il s'agit, entre autres, des infrastructures, des produits agricoles et des transports.
En outre, il existe un large éventail d’opportunités de coopération dans le secteur de l'énergie, à travers le renforcement de la sécurité énergétique et de la diversification des sources d'énergie. Nous pensons que l'ensemble des Balkans occidentaux devrait être relié au gazoduc Transadriatique (TAP), via des gazoducs d'interconnexion. Nous pourrions également apporter notre soutien et notre expertise pour réduire la dépendance au lignite et accroître l'utilisation des sources d'énergie renouvelables. C'est dans ce sens que va l'humanité, car nous devons protéger notre environnement.
Un autre domaine auquel nous attachons une grande importance et dont nous avons discuté et où il existe un énorme potentiel inexploité est celui de nos relations culturelles. Nous devons chercher à accomplir des progrès dans ce domaine également.
Par ma présence ici je voudrais également transmettre un message supplémentaire. Depuis deux décennies, la Grèce a toujours soutenu l'adhésion des Balkans occidentaux à l'UE. Le gouvernement du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis reste ferme dans cet engagement. Et nous avons pris plusieurs initiatives à cette fin. Nous soutenons fermement l'organisation de la première conférence intergouvernementale avec l'Albanie et la Macédoine du Nord dès que possible, idéalement au cours de ce mois.
Nous avons également veillé à ce que la question des Balkans occidentaux demeure une priorité pour l'UE. Nous le faisons, non pas par intérêt personnel, mais parce que nous sommes fermement convaincus que cette région doit faire partie intégrante du projet européen. Nous ne devons pas permettre à d'autres puissances de saper la fragile stabilité de notre région en essayant de créer des sphères d'influence ou de se consolider en invoquant des affinités culturelles, historiques ou religieuses. En bref, nous pensons que les Balkans occidentaux appartiennent à l'Europe et doivent faire partie intégrante de l'UE.
Dans ce contexte, nous sommes résolument en faveur d'une libéralisation des visas pour vous, puisque vous avez rempli les critères énoncés dans la feuille de route correspondante.
Nous nous sommes ouvertement prononcés à cet égard au sein du Conseil des ministres des affaires étrangères [de l'UE] et nous continuerons à plaider en faveur de ces questions.
Nous apprécions particulièrement vos efforts dans les domaines de l'État de droit, de l'administration publique et de la lutte contre la corruption et le crime organisé, malgré le manque de ressources. Nous sommes là pour vous aider, si vous le souhaitez.
Dans ce contexte, nous apprécions le travail effectué par la mission EULEX Kosovo, dans le cadre de laquelle plusieurs hauts fonctionnaires grecs sont actuellement en poste. Je les rencontrerai à l’issue de mes entretiens ici.
Vous savez très bien que la Grèce adopte une approche constructive à l'égard du Kosovo, conformément à l'approche de l'UE statut neutre (« status neutral »).
Il y a un " Bureau des affaires commerciales et économiques du Kosovo " à Athènes depuis 2019, mais comme vous avez eu la gentillesse de le noter, nous avons récemment pris des mesures pour renforcer la coopération et faciliter le fonctionnement de ce bureau, qui est devenu un " Bureau des intérêts du Kosovo à Athènes ". Et nous espérons que cela permettra au Bureau d'étendre ses contacts en Grèce.
Il est clair - et nous l'avons dit en privé - que nous soutenons pleinement la poursuite du dialogue Belgrade-Pristina. Je saisis cette occasion de ma présence ici aujourd'hui, pour appeler une fois de plus toutes les parties concernées à intensifier leurs efforts afin de trouver une solution juridiquement contraignante et viable. Une telle solution permettra de stabiliser l'ensemble de la région, ainsi que de la rapprocher de la famille européenne. Je suis en contact régulier avec mon cher ami et ancien collègue, le représentant spécial de l'UE Miroslav Lajčák. La Grèce soutient activement tous ses efforts.
Enfin, je voudrais souligner l'engagement de la Grèce à l'égard de la KFOR, l'opération la plus ancienne de l'OTAN. Nous continuerons à la soutenir afin qu'elle remplisse son mandat de manière équitable et impartiale. Notre position est que toute modification de la mission doit être effectuée en fonction des critères et des modalités en vigueur et non pas en fonction d’un calendrier.
Par ces mots, cher Donika, permettez-moi de vous remercier encore une fois pour votre très aimable hospitalité. C'est un grand plaisir d'être à Pristina aujourd'hui. Merci beaucoup.
June 4, 2021