Déclaration du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg (Vienne, 08.03.2022)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias à l’issue de sa rencontre avec le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg (Vienne, 08.03.2022)Cher Alexander,

Je vous remercie infiniment de votre chaleureuse hospitalité, et je le pense vraiment, ce n'est pas une question de parler. Et merci également pour votre soutien continu au sein de l'UE, au sein du Conseil. Je tire toujours énormément profit de nos rencontres, de votre profonde compréhension de la situation politique, des défis géopolitiques auxquels nous sommes confrontés.

Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit, que cette énorme crise, la crise ukrainienne, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a créé une unité entre nous qui était incroyable il y a seulement quelques jours.

Bien sûr, cette situation soulève de grands défis. La Grèce, comme j'ai eu l'occasion de vous le dire, possède une importante minorité en Ukraine, et autour de Marioupol, environ 150.000 personnes. Je vous remercie pour vos paroles aimables concernant nos pertes. Nous avons au moins 10 victimes d'origine grecque, et beaucoup d'autres qui n'ont pas encore été recensées. Nous essayons de créer un corridor humanitaire pour que les personnes qui veulent partir puissent le faire. Et je dois vous dire qu'en ce moment même, nous avons un Consul général à Marioupol, le dernier diplomate européen sur place, et nous avons beaucoup de mal à le faire sortir du pays. Nous faisons de notre mieux. J'étais à l'OSCE avant, nous venons d'avoir une réunion pour essayer de voir comment nous pourrons finalement établir ce corridor humanitaire.

Mais nous avons également eu l'occasion de discuter des sanctions, de notre réponse coordonnée contre l'invasion. Notre position est très claire : tous ceux qui ont un lien avec l'UE doivent se conformer à ces sanctions. Nous ne pouvons pas avoir différents niveaux d'implication dans cette crise. Tous les pays qui acceptent le droit international et les normes du droit international doivent avoir une position commune.

Et, bien sûr, le troisième point, comme vous l'avez dit à juste titre, concerne les réfugiés. Nous devons nous occuper des réfugiés. La Grèce est prête à faire sa part. Et cela me donne l'occasion de vous remercier pour l’aide autrichienne qui nous a été fournie lors de la crise migratoire de 2020 à la frontière grecque. Cela montre que l'Autriche n'est pas un ami à la carte, mais un pays qui aide les autres pays européens en cas de besoin.

Bien sûr, comme vous l'avez dit, nous n'avons pas seulement discuté de l'Ukraine. Nous avons fait le tour de notre région. Notre région est pleine de défis. Les Balkans occidentaux en sont une partie importante. Merci de souscrire si ouvertement à l'agenda européen des Balkans occidentaux. Nous disons toujours qu'il n'y a pas d'autre voie, seulement la voie européenne. Si nous ne donnons pas l'espoir d'une adhésion à l'UE aux Balkans occidentaux, ces sociétés seront, à mon humble avis, victimes de tentations venant d'autres parties.


Et merci pour votre profonde compréhension, également, des défis que présente la Bosnie-Herzégovine. Nous devons y travailler ensemble. Nous devons également essayer de finaliser l'accord, afin que les négociations entre l'Albanie et la Macédoine du Nord puissent enfin commencer.

Enfin, et surtout, nous avons discuté de la Méditerranée orientale.

Bien sûr, la situation ukrainienne domine, mais les défis sont toujours là.

Et encore une fois, je vous suis reconnaissant d'avoir toujours été apporté votre aide et d'avoir toujours été une voix positive au Conseil pour soutenir, non pas nous, non pas la Grèce, non pas Chypre, mais le droit international.

Et je dis toujours que l'Autriche, un pays enclavé, a souscrit à l'UNCLOS, le droit international de la mer. Pourquoi ? Parce que l'Autriche comprend que si nous n'avons pas de règles, il n'y a pas d'autre moyen. Alors que dans le même temps, les pays qui ont un énorme littoral ne souscrivent pas à l'UNCLOS.

Donc, merci beaucoup. C'était un grand plaisir d'être ici à Vienne, en ces temps difficiles.

Et permettez-moi d'exprimer l'espoir de vous voir à Athènes.

Merci beaucoup.

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Je voudrais commenter la question de l'interdiction des importations de gaz et de pétrole russes en Europe. La Grèce dépend de l'énergie provenant de la Russie pour seulement 30 % de ses besoins globaux. Donc pour nous, cela serait peut-être plus facile. Mais j'aimerais avoir une discussion complète au Conseil. Il y a d'autres pays qui dépendent beaucoup plus que nous, à 70%, 80% ou 90%. Et je voudrais entendre leur avis au Conseil des ministres avant de formuler une réponse.

Cela dit, nous essayons de créer un moyen pour que la diversification puisse exister en Europe. Nous avons deux unités flottantes de stockage et de regazéification qui peuvent importer du gaz liquéfié à partir d'autres sources, de l'Algérie, du Qatar, des États-Unis. Donc, l'Europe peut avoir un choix à l'avenir, mais je souligne, à l'avenir.



March 8, 2022