« Je suis à la fois heureux et honoré d’être accueilli aujourd’hui ici, à Sotchi, par mon cher ami le ministre, quelques mois après sa visite à Athènes. Et je le remercie chaleureusement pour son hospitalité.
D’ailleurs, ici en mer Noire, nous nous trouvons dans une région qui est étroitement liée à l’histoire grecque depuis 2 500 ans et – comme l’a dit le ministre – il y a une communauté grecque prospère que j’aurai l’occasion de rencontrer demain à Guelendjik et à Anapa.
Nous fêtons le bicentenaire de la Révolution grecque et j’aimerais à cette occasion exprimer à la Russie notre gratitude pour sa contribution particulière à la libération de notre pays.
Les liens entre nos deux pays sont historiques et se déclinent à plusieurs niveaux. D’ailleurs, nous espérons que cette année se tiendront le plus grand nombre de manifestations possibles dans le cadre de l’Année de l’Histoire Grèce – Russie pour mettre en avant cette relation.
Aujourd’hui, nous avons discuté de manière détaillée des perspectives d’approfondissement de nos relations dans différents domaines, en nous appuyant sur des discussions que nous avons eues en automne dernier à Athènes, mais aussi sur les contacts du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avec son homologue Mikhail Mishustin, qui nous a fait l’honneur d’assister aux manifestations organisées à l’occasion des 200 ans de notre indépendance.
Dans le domaine économique, il y a de très grandes possibilités offertes. D’ailleurs, nous commençons par un niveau très bas car, s’agissant de la partie grecque notamment, le commerce a considérablement chuté ces dernières années. Nous avons abordé les perspectives des investissements russes.
J’ai eu l’occasion de souligner l’importance immense qu’accorde la Grèce au tourisme, en tant que domaine reliant nos pays et qui présente également un très grand intérêt économique. Depuis une semaine, nous avons déclaré que nous sommes prêts à accueillir les touristes russes désireux de visiter la Grèce et qui ont soit été vaccinés, soit sont porteurs d’un test négatif. Toutefois, j’ai demandé à la partie russe de rouvrir les liaisons aériennes entre les deux pays. Je réitère cette question au débat public, comme je l’ai demandé instamment et en privé à M. le ministre.
L’ensemble des questions bilatérales et de notre coopération sera de nouveau abordé lors de la visite du Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis en Russie, visite qui se tiendra – nous l’espérons – dans le courant de l’année.
Par ailleurs, nous avons eu l’occasion de discuter de questions ayant trait à la région élargie. J’ai informé le ministre des discussions à Genève sur le dossier chypriote mais aussi les questions élargies concernant la Méditerranée orientale.
J’ai souligné la volonté de la Grèce de promouvoir un agenda et un dialogue franc avec la Turquie, toujours sur la base du droit international. J’ai souligné de nouveau la satisfaction de la partie grecque sur le fait que la Russie a, à maintes reprises, soutenu notre droit inaliénable d’étendre nos eaux territoriales et que tous les différends doivent être résolus sur la base du droit international de la mer, ce que le ministre a réitéré lors de nos discussions d’aujourd’hui.
En outre, j’ai exprimé ma satisfaction devant l’attachement de la Russie aux Résolutions du Conseil de sécurité pour ce qui est de la question chypriote.
J’ai exprimé ma préoccupation sur le fait que la Turquie s’érige en successeur de l’héritage ottoman, mais aussi en chef des musulmans du monde entier, une pratique déstabilisant la région élargie.
Nous avons discuté des évolutions concernant le Moyen-Orient. La contribution de la Russie dans la promotion de la stabilité, notamment en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité et du Quartet revêt une importance capitale.
Nous avons enfin eu une discussion franche et ouverte sur les relations entre l’Union européenne et la Russie. Ces relations ne se trouvent pas à un bon niveau et cela nous préoccupe énormément, car nous y attachons une grande importance.
J’aimerais rappeler, à ce stade, que l’accord de partenariat et de coopération Union européenne – Russie a été signé il y a 27 ans, pendant la présidence grecque, à Corfou, l’île d’où je suis originaire. Et, étrange coïncidence car à l’époque je n’avais aucune activité politique, j’étais présent à la cérémonie de signature, à l’Eglise de Saint-Georges.
Le souhait du gouvernement Mitsotakis, du gouvernement grec, est de ramener la relation UE – Russie au niveau où elle était et non pas que celle-ci se détériore davantage. Nous pensons que la Russie fait partie intégrante de l’architecture de sécurité de l’Europe et joue un rôle important dans la lutte contre les défis régionaux et mondiaux. C’est pourquoi il est nécessaire de maintenir les voies de communication avec comme objectif ultime de normaliser ces relations. Cela est dans l’intérêt réciproque des deux parties. Nous pensons, toutefois, que cela est dans l’intérêt de la Russie également puisque l’Union européenne constitue l’un de ses partenaires commerciaux les plus importants et avec l’Union européenne elle fait face à des défis communs. Tel était l’esprit de l’accord signé à Corfou il y a 30 ans.
La Grèce est un Etat membre de l’Union européenne, elle est liée par ses obligations européennes. Néanmoins, elle continuera de souligner la nécessité de conserver et de renforcer le dialogue et la création des conditions qui permettront, dans un climat de respect mutuel, de normaliser les relations entre l’Union européenne et la Russie et dans un deuxième temps de les renforcer. Tel est le message que transmettra demain le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, à ses homologues européens.
Merci beaucoup [en russe], cher ministre [en anglais].»
Réponse du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias à la question d’un journaliste russe.
« Je vous remercie de votre question. Je crois que nous relions deux questions qui sont bien distinctes. Tout d’abord la Grèce reconnait bien entendu le certificat de tous ceux qui ont été vaccinés par le vaccin Sputnik. De ce fait, quiconque souhaite entrer en Grèce avec un certificat de vaccination avec le vaccin Sputnik n’aura aucun problème. En outre – pour être clair quant à la réponse donnée concernant l’entrée [des touristes] en Grèce – une autre alternative est le test à effectuer 72 heures avant l’entrée dans le pays. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, la Grèce est prête à accueillir ses visiteurs et depuis de nombreuses années, bon nombre de ces touristes sont originaires de Russie.
Cela étant, en ce qui concerne la question de la vaccination, vous savez, de la participation de la Grèce à l’UE, que cela dépend en réalité d’une décision prise au niveau européen. Par conséquent, mon pays appliquera immédiatement cette décision. Il est évident que mon pays a tout intérêt à avoir la plus grande gamme possible de vaccins. Nous n’avons aucune raison ou intérêt à ne pas utiliser toutes les possibilités offertes pour lutter contre la Covid. Mais comme cela ne dépend pas de la République hellénique, je ne peux vous donner un calendrier précis ».
May 24, 2021