Déclaration du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Dmytro Kuleba (Kiev, 5 juillet 2021)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de l'Ukraine, Dmytro Kuleba (Kiev, 5 juillet 2021)« C'est un grand plaisir d'être ici à Kiev aujourd'hui, quatre ans après la dernière visite d'un haut fonctionnaire grec dans la capitale de l'Ukraine.


Et bien sûr, cette année est une année symbolique. Une année symbolique pour l'Ukraine, qui fête ses 30 ans d'indépendance. C'est avec grand plaisir que j'ai participé à cette conférence et que j'ai eu l'occasion d'exprimer nos points de vue. C'était un grand honneur pour moi et pour mon pays.


C'est aussi une année symbolique puisque la Grèce célèbre le 200e  anniversaire du début de sa lutte pour l'indépendance.

Cela crée une base solide pour nos liens, les liens entre la Grèce et l'Ukraine, qui remontent à l'antiquité. Mais bien sûr, aucun Grec, même jeune, n'oublie que c'est ici, à Odessa, que je visiterai bientôt, qu'a été fondée la Société des Amis, qui a préparé la révolution grecque.

Lors de notre rencontre préalable, nous avons discuté de nos relations bilatérales. Nous poursuivrons la discussion lors du déjeuner.

Un élément qui unisse nos deux pays est la présence historique de la diaspora grecque en Ukraine, qui compte aujourd'hui plus de 100 000 habitants, et nous nous réjouissons - comme je l'ai déjà évoqué avec le ministre - de la préservation de leurs droits. Ils font partie intégrante de la société ukrainienne et constituent un pont entre nos deux pays et nos deux peuples. Nous sommes également très heureux que notre langue et notre culture grecques soient enseignées dans les universités ukrainiennes.


Et je voudrais aussi exprimer ici, clairement, mes remerciements pour la contribution des Ukrainiens au développement de l'économie grecque. Environ trente mille Ukrainiens - un nombre très important - travaillent dans la marine marchande de la Grèce, la plus grande industrie maritime du monde. Nous apprécions beaucoup leur contribution à cet égard.

Et bien sûr, des milliers de nos amis ukrainiens visitent notre pays chaque année. J'espère que nous les accueillerons cette année encore. Comme vous le savez, nous reconnaissons les certificats de vaccination de l’Ukraine comme je l'ai dit au ministre tout à l'heure.


Mais nous pouvons faire beaucoup plus. Nous pouvons renforcer nos liens bilatéraux et nous pouvons renforcer nos échanges commerciaux. Et aussi, bien sûr, nous pouvons avoir un dialogue franc et soutenu, permanent, car les deux pays sont confrontés à des défis.

Je proposerais que nos deux pays adoptent en tant que principe fondamental ce qui constitue une politique immuable pour la Grèce : l’attachement strict au droit international, l’attachement strict à la résolution pacifique des différends,  l’attachement strict à l'abstention de la menace ou de l’utilisation de la force.


La Grèce - je l'ai dit avant, je le dis maintenant, je le dis tout le temps, tel est le mandat que le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis m’a confié et telle est toujours la position de la Grèce - soutient l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. Nous le répétons sans cesse au sein de tous les forums et de toutes les organisations internationales auxquelles nous participons. Tant au sein de l'Union européenne que de l'OTAN et de l'OSCE. Et nous continuerons à le faire, quel qu'en soit le coût pour nous, car c'est une question de principe.

Nous pouvons être l'allié idéal de l'Ukraine et l'aider sur son chemin européen, car nous voulons renforcer ces relations. Nous sommes un pays situé à l'est de l'Union européenne ; l'Ukraine est un pays voisin pour nous. À ce stade, si nous devions formuler une opinion, nous suggérerions à l'Ukraine de profiter pleinement de toutes les dispositions de l'accord d'association et de poursuivre ce que son gouvernement fait déjà, à savoir les réformes nécessaires.

Nous soutenons également le choix de l'Ukraine de renforcer ses liens avec l'OTAN. Et nous participons activement à la protection de l'Ukraine grâce à notre base aérienne d'Aktion, à notre présence navale régulière en mer Noire et aux forces en général que nous mettons à disposition en tant que membre permanent de l'OTAN.


Puisque je tiens toujours à être honnête, je voudrais signaler que pour cette raison on s’étonne quand l'Ukraine ne s'aligne pas, comme le fait tout pays qui veut renforcer ses liens avec l'Union européenne, sur les décisions de la politique étrangère commune de l'Union. Et, qui plus est, quand il s’agit d’actions qui violent la souveraineté et les droits souverains des États membres de l'Union et contreviennent au droit international.  Je pense que c’est sur cette base que l'Ukraine elle-même s'adresse à la communauté internationale pour ce qui est de ses propres droits et elle a tout notre soutien à cet égard.

Nous espérons que l'Ukraine s'alignera bientôt sur la politique étrangère européenne.

Mon cher Dmytro, nous avons encore beaucoup de choses à dire. Ce sera un grand plaisir de poursuivre notre conversation et de vous accueillir très prochainement à Athènes dans un bâtiment aussi beau, mais pas aussi grandiose que celui dans lequel vous me faites l'honneur de me recevoir.

Merci beaucoup pour la cordialité de votre hospitalité et de votre accueil. »

JOURNALISTE : Je voulais demander aux ministres s'ils ont discuté et s'il y aura des mesures concrètes pour renforcer le statut des droits de la diaspora grecque en Ukraine ?

N. DENDIAS : Je vous remercie pour cette question et je remercie mon cher collègue pour les assurances qu'il vous a données. Nous avions également discuté de cette question en privé et je voudrais réitérer les assurances qu'il vient de vous donner et qu'il m'avait déjà données en privé - et je le dis à son honneur - qu'il n'existe aucune législation, ni antérieure ni prochaine, qui restreindrait les droits de la minorité grecque en Ukraine. Au contraire, les services d'un membre de cette minorité sont utilisés pour élaborer une législation qui étendra et consolidera les droits de cette minorité qui, comme je l'ai dit précédemment, constitue un pont d'amitié entre les deux États et les deux peuples et une présence historique de l’Hellénisme dans la région de la mer Noire depuis des milliers d'années.

July 5, 2021