Je vous remercie Monsieur le ministre,
J’aimerais remercier mon collègue, le ministre, M. Bourita, pour ses propos aimables. Je suis heureux de me trouver au Maroc, un pays avec lequel la Grèce entretient des liens historiques.
Aujourd’hui, nous avons examiné les moyens qui nous permettrons de renforcer nos relations économiques et politiques dans une série de domaines comme le tourisme, l’agriculture et les transports maritimes ainsi que les contacts entre les entreprises de nos pays et la coopération dans la région des Balkans et en Afrique.
Par ailleurs, nous avons échangé des vues concernant notre coopération dans toute une série de questions régionales et internationales concernant la Méditerranée et l’Afrique du Nord et concernant aussi les relations entre le Maroc et l’UE.
Nous aimerions que le Maroc valorise nos bons services dans ses relations avec l’UE et serions particulièrement heureux d’aider le Maroc afin qu’il se rapproche davantage de l’UE.
Je suis très heureux que la Grèce et le Maroc aient une conception commune de ces questions. Mais surtout il convient de noter l’engagement de nos deux pays de rester toujours dans le cadre du droit international sur le plan des relations extérieures.
Nous nous sommes plus particulièrement axés, manifestement, sur le dossier libyen. Dans ce cadre, nous réitérons notre soutien aux efforts de l’envoyé spécial du SG des Nations Unies, M. Salamé avec lequel je me suis entretenu il y a quelques jours à Bruxelles, afin de parvenir à une solution politique.
Nous espérons également que lors du prochain Sommet de Berlin ce progrès sera accompli afin de mettre fin à ce conflit qui perdure.
Permettez-moi de dire que la Grèce a été surprise par le fait que le Maroc n’a pas été invité à la réunion de Berlin, dimanche. Il ne faut pas oublier que le Maroc a été le principal facteur dans l’accord de Skhirat qui a été conclu après huit mois de travail difficile que vous avez consacré Monsieur le ministre. Et toute cette expérience qui est la vôtre, ne pourra être exploitée à Berlin.
En Libye, nous observons une hausse de l’instabilité et une escalade sans précédent des provocations de la Turquie, lesquelles ont d’ores et déjà laissé leur empreinte illégale, comme ce fut le cas en Irak, en Syrie et à Chypre. Il s’agit d’une source sérieuse de préoccupation pour tous les pays de la région.
J’aimerais dire clairement que les accords signés par la Turquie et M. Sarraj n’entrent absolument pas dans le champ d’application du droit international. Ils sont nuls et sans fondement et n’entraînent aucun effet juridique. Et bien entendu, ils vont au-delà de l’Accord de Skhirat qu’ils violent très clairement. Ils constituent une tentative d’usurpation des droits souverains de pays tiers de la Méditerranée, tandis que dans le même temps, ils sapent la stabilité en Libye et dans la région élargie et mettent en péril la sécurité des pays voisins.
Comme je l’ai dit il y a peu, ils violent l’accord de Skhirat, les fondements juridiques nationaux de la Libye ainsi que le droit international et ses règles.
En outre, la décision de la Turquie de déployer des forces armées sur le territoire libyen constitue une violation flagrante de la souveraineté d’un membre des Nations Unies ainsi que des résolutions y relatives du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La Grèce salue les réformes importantes mises en œuvre par le roi du Maroc, Mohamed VI en vue de renforcer la transparence, le progrès et la modernisation à travers l’élaboration d’un modèle de développement adapté et rénové et la promotion d’une régionalisation avancée.
La Grèce salue le rôle du Maroc sous la direction de son roi au niveau régional et international, agissant en tant que facteur de paix et de stabilité ainsi qu’en tant que vecteur de développement dans la région et en Afrique dans son ensemble. Nous soutenons les efforts des Nations Unies visant à parvenir à une solution équitable, réaliste, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental conformément aux résolutions y relatives des Nations Unies. De même, nous incitons toutes les parties à honorer leurs engagements dans un esprit de réalisme et de compromis.
A cette fin la Grèce considère l’initiative du Maroc qui a été soumise aux Nations Unies comme étant une approche sérieuse et crédible pour le règlement des questions.
S’agissant de l’Union européenne, la Grèce salue les accords sur les produits agricoles et de la pêche récemment renouvelés entre le Maroc et l’UE.
Mon collègue a fait une remarque très claire à l’égard de ce sujet. Nous tenons également à souligner notre soutien à la Déclaration du Conseil d’association de juin 2019. Les liens plus étroits entre l’UE et le Maroc se sont avérés mutuellement profitables. Nous espérons que ces liens seront davantage renforcés à l’avenir. La Grèce jouera le rôle qui lui correspond dans le cadre de ce processus.
Cher collègue, je vous remercie beaucoup de l’accueil que vous nous avez réservé ici. J’espère vous accueillir bientôt à Athènes.
Je vous remercie.
JOURNALISTE : [hors micro]
Ν. DENDIAS : Je vous remercie de votre question. J’ai évoqué cette question lors de mon intervention initiale.
Tout d’abord, nous soutenons tout effort visant à mettre fin à ce conflit et à instaurer la paix et la stabilité en Libye et dans la région. L’accord à Moscou n’y a pas réussi et on espère qu’à Berlin des progrès plus importants seront réalisés à cet égard. Toutefois, comme je l’ai tout à l’heure affirmé, nous ne comprenons pas pourquoi la Grèce ne fait pas partie de ce processus et d’autant plus, nous ne comprenons pas pourquoi le Maroc n’a pas été invité à Berlin, alors que ce pays a accompli un important travail à cet égard. Et je dirais, si vous me le permettez, que cet effort a été très réussi, vu que le seul résultat tangible de tous les efforts consentis pour apporter une solution à la question libyenne a été l’Accord de Skhirat. Malheureusement, ni la Grèce, ni le Maroc n’ont été présents à Berlin.
Nous espérons que tout ira pour le mieux.
On verra ce qui va se passer là-bas et par la suite on en discutera.
S’agissant des protocoles d’accord passés entre le gouvernement de Tripoli et la Turquie, notre position est bien claire – position qui est par ailleurs adoptée par le Conseil européen et le State Department – à savoir que lesdits accords sont nuls et non avenus. Ils ont été signés en violation de l’Accord de Skhirat, ils ne contribuent pas à la paix et à la stabilité et ne servent pas les intérêts du peuple libyen. Je ne suis même pas sûr que ces accords servent les intérêts de la Turquie elle-même, mais ce n’est pas à moi d’en juger.
January 15, 2020