Déclaration du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à l’issue de sa rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian (Athènes, 19.11.2021)

Déclaration du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, à l’issue de sa rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian (Athènes, 19.11.2021)Cher Jean-Yves,

D’habitude, quand je suis à Athènes je m'adresse seulement en Grec. Mais aujourd'hui je voudrais faire une exception à cette règle.

Étant donné que tu as un programme fort chargé, je voudrais te remercier pour ta présence.

On s'est déjà rencontrés vendredi passé à Paris, mais ta visite a une valeur symbolique très appréciée.

Maintenant, je vais continuer en Grec.

Les relations entre nos deux pays, la France et la Grèce, ont été extrêmement étroites à travers les âges. Il suffirait de regarder les photos devant l'ambassade de France, il y a quelques jours, pour comprendre la profondeur et l'historicité de ces liens. Photos illustrant les contacts bilatéraux entre le président De Gaulle et le président Valéry Giscard d'Estaing avec le premier ministre de l'époque, M. Karamanlis, et le président Macron avec le premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

La France est l'un des partenaires commerciaux et d'investissement les plus importants de la Grèce, mais nos liens vont au-delà dans tous les domaines, y compris, je dois le dire, la culture et l'éducation.

Je voudrais donc exprimer ma satisfaction quant à la présence du ministre français à Athènes aujourd'hui, et même nos chaleureux remerciements, étant donné que nous célébrons cette année les 200 ans du nouvel État grec et que nous devons rendre grâce à la manière dont la France a aidé à Navarino. Sans cette bataille navale, l'État grec actuel n'aurait peut-être pas vu le jour.

Nous retenons également - et nous en sommes particulièrement heureux - l'intention de la France de généraliser l'enseignement du grec ancien dans les écoles françaises.

Mais le couronnement du niveau sans précédent de nos relations est l'accord de partenariat stratégique. Un accord qui comprend une clause d'assistance mutuelle en matière de défense, combinée à l'acquisition de systèmes d'armes français - très modernes - tels que les nouvelles frégates Belharra et les avions Rafale, qui créent une force de dissuasion contre toute menace extérieure.

La Grèce, bien sûr, fournit à la France des équipements de défense. Et la France fournit la Grèce parce que la Grèce est un pays qui favorise la stabilité régionale.

Et permettez-moi de dire très clairement que nous aimerions que les autres États membres de l'Union européenne suivent l'exemple de la France.

Et qu'ils n'arment pas les pays qui menacent d'autres pays de guerre, notamment les pays de l'Union européenne.

Et qui déstabilisent la région de la Méditerranée orientale par leur comportement et leurs pratiques.

Et, bien sûr, les pays qui n'acceptent pas l'acquis européen, c'est-à-dire la CNUDM et le droit international de la mer, alors qu'ils sont candidats à l'adhésion à notre maison commune européenne, l'Union européenne.

Mais je voudrais réitérer quelque chose que nous avons souligné, et que la partie française a souligné, à savoir que notre accord avec la France ne menace personne.  Il n'est pas dirigé contre personne.

Notre accord prévoit également une coordination étroite entre nous sur les questions de politique étrangère.  

Et notre rencontre aujourd'hui avec mon cher Jean-Yves est une mise en œuvre de la condition de cet accord. Parce que nous avons discuté et examiné des défis communs et qu'il est très important qu'il y ait une convergence de vues entre nous.

Nous avons parlé de l'Union européenne et de la prochaine présidence française, ainsi que des priorités que la France a choisies pour sa présidence.  La Grèce mettra tout en œuvre pour que la présidence française soit un succès.

Nous aiderons à promouvoir le triptyque « relance, puissance, intégration », qui a été choisi.

Nous contribuerons à l'approfondissement de l'intégration européenne par le développement de la défense européenne, qui est, selon nous, pleinement compatible avec nos engagements envers l'OTAN.

Nous avons également longuement discuté de la situation particulièrement préoccupante au Sahel et du risque de propagation de l'instabilité à l'ensemble de la région. La Grèce partage les préoccupations de la France concernant le Sahel et suit désormais de près ces développements par l'intermédiaire de notre nouvelle ambassade au Sénégal.

Nous avons également abordé les questions relatives aux relations avec l'Afrique subsaharienne. Comme vous le savez, il y a quelques jours, j'ai fait mon premier voyage dans un pays d'Afrique sub-saharienne, un pays de la francophonie, le Rwanda. Et je dois vous dire que ce voyage a été effectué dans un avion français, un Falcon Dassault.  

Nous sommes impatients de renforcer nos relations avec les pays d'Afrique subsaharienne. La semaine prochaine, je serai au Gabon et au Ghana où nous ferons don de vaccins.  Nous donnerons également des vaccins en Algérie car c'est notre devoir européen, c'est notre devoir humanitaire. La santé est un droit humain pour toute la planète et c'est le point de vue du gouvernement Mitsotakis.

Mais je veux qu'il soit clair que nous avons une coordination constante avec la partie française sur les questions concernant l'Afrique.

Nous avons également discuté de l'évolution de la situation dans les Balkans occidentaux. Je suis désolé de dire que nous sommes préoccupés par la situation dans les Balkans occidentaux.

Nous avons discuté de la Bosnie-Herzégovine. Nous avons discuté de la nécessité de donner un message clair aux Balkans occidentaux sur leur perspective européenne.

La Grèce est favorable à des négociations d'adhésion avec l'Albanie et la Macédoine du Nord avant la fin de l'année. Et je voudrais aussi remercier publiquement Jean-Yves d'avoir invité la Grèce à la conférence de Paris sur la Libye, qui a été un grand succès. Une conférence qui a adopté des conclusions qui doivent être mises en œuvre précisément dans l'intérêt de la Libye et de la société libyenne.

Enfin, nous avons eu une discussion approfondie sur la Méditerranée, sur les questions relatives à la sécurité et à la stabilité. Quoi qu'il en soit, ces questions seront abordées dans le cadre de la réunion quadrilatérale que nous aurons peu après.

Cher Jean-Yves,

Encore une fois merci pour ta présence ici.

Juste après tes remarques on procèdera à la rencontre avec nos homologues Chypriote et Égyptien.

November 19, 2021