Déclarations conjointes de N. Kotzias, ministre des Affaires étrangères et de F. Mogherini, vice-présidente de la Commission européenne et haute-représentante de l’UE, à l’issue de leur rencontre (Athènes, 21 juillet 2017)

Déclarations conjointes de N. Kotzias, ministre des Affaires étrangères et de F. Mogherini, vice-présidente de la Commission européenne et haute-représentante de l’UE, à l’issue de leur rencontre (Athènes, 21 juillet 2017)N. KOTZIAS : Je voudrais souhaiter la bienvenue à Federica Mogherini, la Dame de l’Europe. Une personne qui, au prix d’un dur labeur, d’énormes efforts et avec créativité, a renforcé la présence de l’Europe dans le monde et a développé sa politique étrangère et de sécurité.

Nous apprécions beaucoup son travail et soutenons aussi ses choix. Nous soutenons la politique visant au façonnement d’une politique européenne commune dans les domaines d’intérêt pour notre ministère. Nous soutenons également l’importante initiative qu’elle a entreprise depuis l’année dernière visant au façonnement d’une Stratégie globale de l’UE. C’est le premier effort entrepris pour nous inciter à nous pencher sur le rôle de l’Europe à long terme ainsi que sur sa perspective dans un monde en évolution constante.

Nous vivons dans une époque qui exige de notre part de la réflexion, afin de pouvoir se rendre compte à temps des changements qui s’opèrent et élaborer la meilleure politique possible pour notre pays et, avec Mme Mogherini, pour l’Europe.

En outre, nous soutenons la Stratégie globale, parce que cette dernière a mis fin aux approches unilatérales au sein de l’Europe qui faisaient que les problèmes étaient chaque fois envisagées de manière isolée. Toutefois, la vie a prouvé qu’il est possible d’avoir au même temps des problèmes en Europe du Nord-est – on avait le problème de l’Ukraine- mais aussi dans le sud de l’Europe, avec les vagues des réfugiés, dans la région des Balkans occidentaux, où nous prenons des mesures pour soutenir leur perspective européenne, ainsi qu’au Moyen-Orient.

Nous soutenons la politique de la Commission européenne concernant l’intégration des Balkans occidentaux dans la famille européenne, ce qui est d’ailleurs la volonté aussi des peuples de cette région. Les Balkans occidentaux sont une région « difficile » d'un point de vue historique, à l’égard de laquelle il convient de dire que l’histoire ne doit pas être une prison, mais une école qui nous aidera à nous améliorer, par rapport a ce que nous sommes aujourd’hui, et à progresser.

Nous soutenons la politique d’élargissement pour les Balkans occidentaux et ce toujours à condition que tous les critères soient remplis. Nous soutenons le parcours du Monténégro. Nous soutenons l’unité de la Bosnie-Herzégovine.

Nous sommes toujours prêts, lorsque cela nous sera demandé, à aider l’Albanie à remplir les cinq critères définis par le Conseil des ministres et nous soutenons également le parcours européen de notre pays ami au nord, l’ARYM, à condition que – et on espère qu’il sera pour ce pays plus facile qu’avant de remplir cette condition – la question du nom soit réglée.

Nous nous alignons sur la position de la vice-présidente concernant les questions liées aux relations de l’Union européenne avec la Turquie. En faisant preuve d’audace et de fermeté, Mme Mogherini soutient la nécessité non seulement de voir la Turquie devenir européenne, mais de se comporter aussi comme un pays européen.

Et je voudrais affirmer, depuis cette tribune, qu’il est dans notre intérêt, dans l’intérêt de la Grèce d’avoir, un voisin à la fois européen et profondément démocratique.

Par conséquent, ce sont nous qui auront à tirer le plus grand profit d’une Turquie européanisée. Et c’est pour cela que nous soutenons fermement, en dépit des difficultés et des tournants de l’histoire, ce parcours.

Je tiens à remercier l’ONU, le Secrétaire général et Mme Mogherini, l’Union européenne et son Président, d’avoir soutenu aussi fermement Chypre et une solution à la question chypriote de manière à ce que Chypre devienne un Etat normal - c’est-à-dire un Etat où il n’y aura pas d’armées étrangères, un Etat dans lequel des tiers ne pourrons pas intervenir - terme qui a également été adopté, à notre plus grande satisfaction, par le Secrétaire général de l’ONU.

Federica, je voudrais encore une fois te remercier d’être venue en dépit des difficultés et du long voyage que tu as dû effectuer depuis un endroit qui, dans d’autres conditions, ne serait pas aussi loin d’ici.
Nous te remercions de ta présence.

F. MOGHERINI : Merci. Nikos c’était pour moi un grand plaisir de me trouver ici. J’attendais vraiment avec impatience mon voyage ici et j’ai été déçue par ce retard. Il existe des infrastructures qui doivent être renforcées, tel est le paradoxe de la région. Pour aller au Sud il faut d’abord passer par le Nord et vice-versa. Quoi qu’il en soit, je voudrais venir ici afin de tenir une discussion approfondie avec Nikos, avec le Premier ministre, sur une série de questions d’intérêt mutuel qui font l’objet d’un travail en commun.

La Grèce est un Etat membre de l’Union européenne et de ses institutions. J’aimerais tout d’abord faire part, officiellement et publiquement, de mes condoléances pour les victimes du séisme survenu hier soir en mer Egée. Nous avons mobilisé les moyens dont dispose l’Union européenne dans le cas où la Grèce en aurait besoin.

Le Commissaire, M. Stylianidis qui, comme vous le savez, est responsable de ce soutien et du mécanisme de la protection civile, viendra également à Athènes la semaine prochaine et il s’est dit prêt, du côté de l’Union européenne, non seulement à faire preuve de solidarité, mais aussi à offrir de l’assistance au gouvernement. Toutefois, je voudrais aussi personnellement exprimer ma solidarité. En tant qu’Italienne, je sais très bien ce que cela signifie et je voudrais exprimer ma solidarité, non seulement en ma qualité de vice-présidente de la Commission, mais aussi personnellement, à l’égard des Grecs qui ne sont pas pour la première fois confrontés à un séisme.

Nous avons discuté de notre travail commun que nous sommes en train de faire avancer. Je ne répèterai pas ce que le ministre des Affaire étrangères a dit, car mon cher ami Nikos a tout très bien expliqué. Pour une fois, il est bien qu’un Etat membre soit un représentant de l’Union européenne aussi efficace.

J’aimerais souligner quelques points qui sont au cœur de notre travail commun de tous les jours.

Premièrement, les Balkans : pour les instances de l’Union européenne, mais pour moi aussi personnellement, la première priorité est de garantir la sécurité, la paix, la coopération régionale et l’unification de la région et nous savons très bien que pour renforcer la stabilité, la paix, la réconciliation et l’unification régionale, y compris le développement économique, il faut intensifier le parcours de toute la région vers l’Union européenne.

Le rôle de la Grèce est, par conséquent, important et nous remercions cette dernière de l’aide qu’elle apporte à l’UE, à travers un travail sérieux, systématique et persévérant et nous espérons que tout ira pour le mieux. Personnellement, j’aimerais que d’ici deux ans, à la fin de mon mandat, toute la région atteigne un point où son parcours vers l’Union européenne sera irréversible. Je pense que, dans les prochains mois, il y aura bien des opportunités qui vont se présenter.

Nous avons discuté en détail de la façon dont nos efforts apporteront des fruits, pour ce qui est notamment de la question du nom ainsi que des évolutions liées au dialogue entre Belgrade et Pristina, mais aussi de la situation qui prévaut en général dans la région.

Nous avons également débattu de la question chypriote. Nous étions ensemble à Crans-Montana, où j’ai pu personnellement constater l’excellent travail accompli par le ministre lui-même, en vue de parvenir à une solution à cette question. Je suis convaincue qu’à un certain moment ce processus pourra être relancé. J’étais présente lors de l’ouverture et de la clôture des pourparlers et je suis convaincue qu’il existe assez d’éléments substantiels pour la poursuite de ce processus, quand les conditions politiques appropriées seront réunies.

Nous avons également discuté de notre relation avec la Turquie. Le ministre a détaillé cette question, mais nous avons aussi discuté des projets positifs que nous sommes en train de mettre en place au sein de l’Europe. A ce point, j’aimerais évoquer notamment le rôle important que joue la Grèce dans l’élaboration de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne.

Très souvent nous voyons l’Union européenne à travers notre prisme national, c’est-à-dire que cette dernière intervient dans nos affaires intérieures ou que son intervention n’est pas toujours positive. Mais l’Union européenne a quelque chose qui est utile pour tous les Européens dans ce contexte mondialisé : il n’existe pas de petits et de grands pays au sein de l’Union européenne. Il est illusoire de penser que les pays sont grands. Tous les pays sont d’une taille moyenne. Mais, lorsque nous unissons nos forces, nous devenons tous de grands pays et cela contribue énormément à l’élaboration d’une politique étrangère commune. En ce moment de notre histoire, cela est plus important que jamais.

Un pilier fort qui soutiendra des actions multilatérales visant au développement, à la coopération, à l’instauration de la paix, au renforcement des efforts humanitaires et une approche concrète à l’égard de l’exercice de la politique étrangère qui préconisera toujours la diplomatie et les négociations pour le règlement des problèmes : telle est la voie européenne qui doit être construite avec l’excellente aussi contribution qu’apporte quotidiennement la Grèce.

L’Union européenne ne peut exister sans ses Etats membres et je suis reconnaissante du travail que nous avons tous accomplis dans ce domaine, au sein de tous les forums internationaux, dans notre région et dans le monde entier. Et, j’aimerais dire encore une fois qu’il est plus important que jamais aujourd’hui d’agir de concert en tant qu’Européens. Nos partenaires dans le monde veulent que nous soyons forts, présents et que nous déployions des efforts.

Il existe un domaine particulier auquel j’aimerais me référer qui ne fait habituellement pas la une des journaux, mais il a des chances que ceci se produise en Grèce. Une contribution particulière apportée ces dernières années à l’Union européenne par la Grèce et d'autres Etats membres est le développement de notre diplomatie culturelle. Des pays, tels que la Grèce, l’Italie est d’autres sont bien conscients que l’Europe puise sa 'soft power' dans ses fondements culturels. Et, il serait inutile que je m’étende trop là-dessus. Vous le savez déjà! Je pense que nous réalisons finalement en tant qu’Européens que nous avons à notre disposition d’excellents instruments qui pourraient être valorisés davantage. Nous devons aussi utiliser notre culture en tant que moyen pour instaurer le dialogue, pour renforcer la compréhension mutuelle, pour prévenir et gérer les conflits et pour établir des partenariats sur la base de notre coopération culturelle.

Et tout cela n’est qu’un exemple de tout ce que nous pourrons accomplir ensemble au sein de l’Union européenne. Pour cette raison-là, j’aimerais remercier la Grèce.

JOURNALISTE : Une question adressée à la haute-représentante : le ministre des Affaires étrangères a formulé la position - ce qui est aussi la position du gouvernement grec que le Secrétaire général de l’ONU a également adoptée – qu’une Chypre réunifiée doit être un Etat normal, sans garanties et sans la présence d’armées étrangères. Pour l’Union européenne qui est axée sur des principes, des valeurs et qui prône l’exercice d’une politique étrangère commune, une solution à la question chypriote qui comporterait des droits d’intervention d’un Etat tiers dans un Etat membre serait-elle acceptable ? Est-ce que l’Union européenne pourrait l’accepter ? Merci.

F. MOGHERINI : Nous l’avons d’emblée clarifié, lors de l’ouverture des négociations, et je l’ai moi-même aussi clairement affirmé à Crans-Montana il y a quelques semaines. Premièrement, nous voulons accueillir l’île unifiée en tant qu’Etat membre de l’Union. Deuxièmement, cela signifie que, quelle qu’elle soit la solution à la question chypriote, celle-ci doit être conforme à l’architecture de sécurité de l’Union. Il existe un acquis qui porte sur le règlement intérieur de la question, mais il existe aussi une question liée à la sécurité qui doit répondre aux exigences de l’architecture de sécurité actuelle de l’Union.

Formellement, il n’existe pas d’acquis concernant la sécurité mais il existe une entente sur ce qui est acceptable pour un Etat membre de l’Union européenne et sur ce qui ne l’est pas. Cela a été clair pendant les négociations, au niveau bilatéral mais aussi lors de la conférence. L’Union européenne ne participe pas aux négociations sur la question chypriote. Nous faisons très attention, nous respectons notre rôle qui doit être très clair du point de vue institutionnel, nous sommes des observateurs aux négociations.

Nous n’y participons pas, nous ne sommes pas des garants. Nous suivons et nous soutenons les négociations. Nous avons consenti des efforts et je suis sûre que nous continuerons nos efforts en vue d’assurer la participation d’une île unifiée à l’Union européenne. Merci.

JOURNALISTE : Mme Mogherini quelle est votre position à l’égard des réformes entreprises en Albanie. Nous avons parfois le sentiment que Bruxelles se concentre seulement sur la réforme judiciaire et n’accorde pas beaucoup d’importance aux autres quatre conditions relatives aux réformes que l’Albanie doit mettre en place. Cette approche ne transmet-elle pas un « mauvais » message aux pays et alimente-t-elle des politiques nationalistes et irrédentistes ? Car cela ne se passe pas seulement en Albanie mais aussi au Kosovo, en ARYM et dans des pays de l’Union européenne. Merci.

F. MOGHERINI : Le travail que nous accomplissons avec l’Albanie, ainsi qu’avec d’autres pays des Balkans occidentaux, se concentre sur les priorités qui ont été avant tout fixées par les citoyens de ces pays. Ce sont des réformes communes qui sont, bien évidemment, mises en place par les directions politiques et ces réformes sont aussi mises en place en Albanie.

J’ai constaté que la direction politique actuelle, le gouvernement actuel a mis un accent particulier sur les réformes traditionnelles, mais aussi sur les réformes contre la corruption et sur toutes les réformes économiques et sociales qui sont nécessaires. La même chose est aussi valable pour nos autres partenaires dans les Balkans occidentaux. Les directions politiques sont conscientes du fait que les réformes ne sont pas mises en place sur la demande des Bruxelles, mais sur celle des citoyens du pays.

Et cela est très important, non seulement pour les pays qui ne sont pas des Etats membres, mais aussi pour ceux qui le sont.

Je viens moi aussi d’un pays où il y a souvent l’impression que certaines choses sont faites sur la demande de Bruxelles. L’Union européenne, comme je l’ai affirmé, appartient à tous. L’Union européenne ne peut exister sans les Etats membres. La même chose est aussi valable pour les Balkans occidentaux.

Dans le cas des pays des Balkans occidentaux, qui ne sont pas encore des Etats membres de l’Union européenne, ce que nous faisons est de les assister et de soutenir les réformes que les citoyens et les sociétés ont fixées en tant que priorités, dans le domaine de la gouvernance, de l’Etat de droit, de la lutte contre la corruption, des réformes traditionnelles mais aussi des réformes sociales.

Tout cela fait l’objet du travail que nous accomplissons avec tous ces pays, y compris l’Albanie. Et comme le ministre l’a affirmé, le processus porte constamment sur les avantages qu’apportent les réformes qui ont été adoptées et qui sont en train d’être mises en place.

Nous voulons apporter notre assistance, nous voulons répondre aux besoins des citoyens, fournir une aide politique, économique et ce dans bon nombre de cas et dans la mesure de nos possibilités, car nous pensons que la région a besoin de réformes et que ces réformes qui pourront être lancées tout au long du parcours de ces pays vers l’Union européenne, peuvent bénéficier aux sociétés.

JOURNALISTE : Mme Mogherini, je reviens sur la question chypriote sur la base aussi de la déclaration que vous avez faite tout à l’heure, lorsque vous vous êtes entretenue avec le Premier ministre, dans laquelle vous avez exprimé votre intérêt personnel à l’égard de ce dossier. Est-ce que, dans le cadre de la question chypriote, l’Union européenne pourrait satisfaire les demandes turques concernant le traitement, sur un même pied d’égalité, des citoyens turcs et grecs, ces derniers étant bien évidemment des citoyens d’un Etat membre de l’Union européenne ?

Quelle est par conséquent la position de l’Union européenne à l’égard de la question de l’égalité de traitement et des droits des citoyens européens, des journalistes français qui sont violés en Turquie. Merci.

F. MOGHERINI : Je vous demande de m’excuser, mais je ne peux pas répondre à la première partie de votre question. Je ne voudrais pas révéler aux médias les détails de nos positions de négociation, qui plus est les négociations sont en pleine évolution. Je pourrais vous répondre à une autre occasion.

Je voudrais toutefois dire deux mots sur la deuxième partie de votre question. Il ne s’agit pas seulement des droits des citoyens de l’Union européenne en Turquie. Il s’agit des droits de l’homme en Turquie. La Turquie n’est pas seulement un pays candidat, ce qui implique de sa part certains engagements en matière de droits de l’homme et d’Etat de droit. La Turquie est également membre du Conseil de l’Europe et cela comporte des conditions bien claires. Et c’est pourquoi nous coopérons souvent avec le Secrétaire général du Conseil de l’Europe, avec lequel je me suis entretenu il y a quelques jours à Strasbourg, en vue d’assurer que les engagements pris par la Turquie en tant qu’Etat souverain, à l’égard d’un niveau élevé de respect des droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la liberté des médias, tout comme des droits de l’opposition, seront honorés.
Et, bien évidemment, je discute tout le temps de cette question avec mes interlocuteurs turcs. Je m’entretiendrai, dans le cadre du dialogue de haut niveau qui se tient régulièrement, avec le ministre des Affaires étrangères et le ministre des Affaires européennes de la Turquie à Bruxelles. Et nous discuterons, bien entendu, aussi de cette question. Et nous attendons à ce que la Turquie fasse certains pas attestant de son engagement vis-à-vis des mêmes principes auxquelles elle a adhéré, lorsqu’elle est devenue membre du Conseil de l’Europe et pays candidat de l’Union.

N. KOTZIAS : J’aimerais faire une déclaration. Nous voulons entretenir avec la Turquie des relations de bon voisinage. Une Turquie engagée sur la voie européenne est dans notre intérêt.

Je trouve regrettable, en tant qu’ami de la Turquie, que cette dernière adopte une approche obsolète et qu’elle pense, pour ce qui est de la question chypriote, que ses « droits d’intervention » ainsi que son armée d’occupation doivent être maintenus, car cette approche date d’une époque révolue. Et je trouve regrettable aussi le fait que les droits de l’homme soient violés, comme il s’est passé hier lorsque un citoyen allemand a été arrêté, lequel se trouve actuellement en prison, ce qui rend difficiles les relations entre la Turquie et l’Allemagne. Cette démonstration de force que fait la Turquie appartient au passé. Elle ne fait pas preuve d’une attitude constructive, consensuelle, axée sur cette culture que j’ai coutume d’appeler culture du consensus et des compromis, cette culture européenne.

Notre politique - et c’est pourquoi je ne réponds pas aux attaques qui sont lancées contre moi - est une politique qui est axée sur la conviction qu’une meilleure Turquie est dans notre intérêt. Une Turquie avec le regard tourné vers le passé ou une Turquie qui use des moyens du passé est un voisin beaucoup plus difficile qu’une Turquie européenne. En d’autres termes, cela n’est pas dans l’intérêt de notre pays. Nous, dans l’exercice de notre politique étrangère, ne cherchons pas à nous venger, nous ne voulons nous montrer plus intelligents que l’autre.

L’objectif de notre politique étrangère est de maintenir ouvertes toutes les voies pour tous les Balkans et aussi pour la Turquie, afin que l’on puisse développer les relations intergouvernementales et étrangères dans un contexte moderne et progressif. Et si nous pouvons, même si ce n'est que dans une certaine mesure, empêcher ce retour au passé, cela sera dans l’intérêt de notre civilisation, de nos deux pays et de tous. Je vous remercie.

July 21, 2017