Déclarations conjointes de N. Kotzias, ministre des Affaires étrangères et de son homologue arménien, M. E. Nalbandian (Athènes, 13 décembre 2017)

Déclarations conjointes de N. Kotzias, ministre des Affaires étrangères et de son homologue arménien, M. E. Nalbandian (Athènes, 13 décembre 2017)N. ΚΟΤΖΙAS : C’est un plaisir pour moi d’avoir avec nous Edward et la délégation de la République d’Arménie. Nous avons tenu hier au ministère des Affaires étrangères une discussion intéressante avec des centaines de nos cadres, sur la base de la recommandation du ministre des Affaires étrangères de l’Arménie. Aujourd’hui, nous avons poursuivi nos discussions en privé ainsi qu’avec nos délégations. Nous avons signalé les pas que nous avons faits la dernière fois lors de notre rencontre officielle, ainsi que lors de ma visite officielle en Arménie. Il y a déjà des rencontres tripartites entre la Grèce, le Chypre et l’Arménie sur des questions relatives à la diaspora. Et ce soir, M. Nalbandian partira en Arménie avec notre Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, M. Terence Quick car nous aurons de nouveau une rencontre du même type.

Nous sommes convenus de développer un partenariat tripartite entre la Grèce, Chypre et l’Arménie, à titre permanent, sur le modèle des autres partenariats tripartites que nous avons mis en place en Méditerranée orientale. Lors du deuxième jour de notre rencontre, nous inviterons aussi l’Iran, en vue d’engager une discussion sur les questions et les possibilités de coopération dans la région élargie.

Nous sommes convenus d’intensifier notre coopération à tous les niveaux et dans les domaines les plus importants relevant de la responsabilité du ministère des Affaires étrangères. Une coopération au niveau de nos délégations dans les domaines où nous avons des intérêts et des avantages communs. Notre coopération sur des questions ayant trait à l’Union européenne, revêt une importance particulière. Dans ce cadre, la Grèce dispose d’une certaine expertise et peut transférer cette expertise à l’Arménie, à travers un échange de visites tant des Arméniens en charge des questions liées à l’Union européenne que de nos spécialistes en la matière.

Nous accorderons une importance particulière au soutien de la Grèce à l’Arménie dans le domaine aussi de la libéralisation du régime des visas pour l’espace de l’Union européenne.

Nous sommes convenus de commencer à partir de l’année dernière un échange de visites. Lors de la visite que nous effectuerons en Arménie au cours du premier semestre, nous allons organiser conjointement un forum d’affaires en vue de développer nos relations économiques dont le niveau n’est pas aussi élevé que celui de nos relations politiques.

Et, plus particulièrement, nous discuterons des moyens permettant d’établir une coopération dans le domaine de la technologie de pointe. Nous savons que l’Arménie est traditionnellement – elle l’était aussi à l’ère soviétique - pionnière dans les domaines de la technologie, de l’énergie, et notamment des sources d’énergie renouvelables, ainsi que dans les domaines de la santé et du tourisme.

Il est largement admis que l’Arménie soutient toujours, de manière ferme et dans un esprit amical les questions liées au dossier chypriote.

Et nous sommes toujours reconnaissants au pays ami pour les positions soutenues à cet égard. Je voudrais aussi affirmer que la Grèce soutient le processus de Minsk, pour ce qui est de la question particulière du Haut-Karabakh qui constitue un cas particulier sur la scène internationale ainsi que du point de vue du droit international.

Nous soutenons les positions prises à plusieurs reprises par les dirigeants de l’Europe, de la Russie, des Etats-Unis qui participent au processus de Minsk. Nous soutenons les trois principes tels qu’ils ont été formulés par ces derniers. Le principe d’après lequel le problème doit être résolu de manière pacifique, sans recours à la violence militaire ou à la menace de recourir à ce type de violence. Cette solution doit être axée sur la sauvegarde de l’intégrité territoriale de la région et de l’autodétermination de la population vivant dans celle-ci.

J’ai appris, avec un grand intérêt, qu’en dépit de la difficulté et de l’intensité du problème, au cours de l’année dernière il y a eu six rencontres - si je ne m’abuse pas Edward, ce sont six rencontres - entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il s’agit d’un comportement tout à fait différent de celui que nous avons rencontré en Corée où les dirigeants de la République de Corée nous ont dit que son plus grand problème avec la République populaire démocratique de Corée du nord était le fait qu’il n’y avait même pas de canaux de communication à travers lesquels les deux parties pouvaient discuter et échanger des vues sur leurs différends.

Je dis cela car il est manifeste que même s’il y a des différends, qui plus est des différends d’importance stratégique à l’égard de la question abordée, on doit toujours discuter. On doit toujours garder ouverts les canaux de communication. Et il serait très stupide de la part de ceux qui exercent la politique étrangère d’envisager leurs voisins géographiques, les pays voisins avec entêtement, de la même façon qu’ils envisageraient leurs voisins d’immeuble. Moi, dans mon immeuble, je parle avec tous mes voisins et j’entretiens des relations amicales. J’aimerais être clair à cet égard.

Nous croyons beaucoup aussi au soutien des réformes dans le pays ami. Nous croyons en notre coopération au sein de l’Organisation de Coopération Economique de la Mer noire dont la présidence sera exercée l’année prochaine, si je me souviens bien, par l’Arménie. Nous soutenons mutuellement nos candidatures auprès des forums internationaux. Et nous voulons aussi développer nos relations dans le domaine de la culture et de l’éducation.

Les relations entre les Grecs et les Arméniens sont des relations d’amitié, d’appréciation et des souffrances communes. En 1996, nous avons reconnu le génocide à l’encontre du peuple ami arménien.

Le musée dans la capitale du pays est vraiment bouleversant.

J’espère que le peuple ami arménien vivra toujours dans la prospérité et je lui souhaite le plus de paix possible et que son pays, petit par taille mais grand par son histoire, joue un rôle de plus en plus puissant sur la scène mondiale et régionale.

Je me réjouis toujours de te rencontrer Edward. La discussion que nous tenons en privé est toujours constructive pour ce qui est de l’avenir des forces régionales et nous avons toujours quelque chose à apprendre l’un de l’autre.

Nous vous remercions de votre présence d’hier et d’aujourd’hui en Grèce et nous espérons que notre coopération ainsi que nos contacts seront renforcés à tous les niveaux.

Merci beaucoup.

E. NALBANDIAN : Cher Nikos, mesdames et messieurs, je voudrais tout d’abord remercier mon cher ami et collègue, Nikos Kotzias pour son invitation et son accueil très chaleureux. L’Arménie et la Grèce sont deux nations fraternelles. Elles sont unies par des liens amicaux datant depuis des siècles entiers, des relations qui sont axées sur le soutien et la solidarité mutuels. Nous nous rencontrons très souvent avec le ministre, M. Kotzias, au sein des forums internationaux. Je l’ai récemment accueilli à Erevan et maintenant je suis ravi de me trouver à Athènes en vue de poursuivre nos discussions.

J’ai eu un peu plus tôt aujourd’hui l’honneur de m’entretenir avec le Président de la République hellénique, M. Pavlopoulos avec lequel nous avons échangé des vues sur les relations entre la Grèce et l’Arménie.

Ma visite a débuté hier avec un discours que j’ai prononcé au ministère des Affaires étrangères, et comme le ministre des Affaires étrangères l’a affirmé, je voudrais encore une fois vous remercier de m’avoir donné l’opportunité de présenter nos points de vue au niveau régional ainsi que les priorités de la politique étrangère de l’Arménie.

Avec mon collègue, nous avons examiné l’application des accords que nous avons déjà signés lors de la dernière visite du Président arménien en Grèce.

Comme le ministre l’a affirmé, nous avons discuté d’une série de questions bilatérales d’intérêt mutuel et nous avons examiné les moyens permettant d’élargir le dialogue, de renforcer le dialogue politique, le commerce et nos partenariats dans les domaines de la défense, de l’éducation, de la science, de la technologie, du tourisme, de la civilisation etc.

Nous avons échangé des points de vue sur le potentiel de nos relations économiques, un potentiel qui doit être renforcé dans le cadre des travaux du Comité intergouvernemental et à travers l’organisation de forums d’affaires.

La possibilité de participation d’entreprises grecques à la zone de libre échange en Arménie, est très importante, tout comme le sont les perspectives de coopération avec la Grèce dans le cadre de l’union économique.

Nous avons signalé le cadre juridique stable qui existe déjà et qui constitue une base solide pour le renforcement ultérieur de nos liens.

Dans cet esprit, lors de la rencontre à Erevan, nous sommes convenus avec le ministre, M. Kotzias, de mettre en place un groupe spécial entre les ministères des Affaires étrangères de la Grèce et de l’Arménie, en vue d’examiner les progrès réalisés et d’explorer de nouvelles voies. Je me réjouis de l’établissement de ce Comité qui a tenu sa première réunion en octobre.

En outre, nous avons également discuté d’une éventuelle coopération entre la grande diaspora grecque et arménienne et je me réjouis aujourd’hui que nos deux ministères s’engagent à explorer la mobilisation intégrale de ce potentiel.

La coopération entre nos parlements est également très importante. Nous pensons que l’échange de visites peut renforcer la coopération entre nos parlements mais aussi leur rôle sur la scène internationale.

Nous avons discuté de l’intensification de notre coopération au sein des organisations internationales : les Nations unies, l’OSCE, le Conseil de l’Europe et ailleurs. Comme vous le savez probablement, l’année prochaine l’Arménie organisera une réunion au sommet réunissant les pays francophones à laquelle participeront 84 pays, dont la Grèce, et j’ai présenté à mon collègue les travaux de préparation en vue de l’organisation de ce sommet.

Dans quelques jours, l’Arménie assumera la présidence de l’OCEMN et nous avons abordé les dossiers qui figureront à l’agenda de la réunion interministérielle qui se tiendra à Kiev.

En outre, nous avons évoqué l’accord de partenariat avec l’Union européenne, ce qui renforcera davantage notre relation.

Nous avons parlé des questions internationales, telles que la question chypriote. M. Kotzias nous a briefés sur les récents développements. L’Arménie soutient les efforts visant au règlement de la question chypriote. J’ai briefé mon collègue sur les évolutions relatives à la question du Haut-Karabagh ainsi que sur les efforts consentis par le groupe de Minsk, dans le cadre de l’OSCE.

Nous apprécions particulièrement la position équilibrée de la Grèce à l’égard de cette question, une position qui s’aligne sur les approches des trois coprésidents du groupe de Minsk. Et, bien évidemment, nous avons eu un échange de vues sur d’autres questions internationales.

Cher Nikos, je te remercie beaucoup pour l’accueil chaleureux que vous nous avez réservé ainsi que pour la discussion approfondie, riche en teneur et efficace que nous avons tenue. Merci beaucoup.

MODERATEUR : Commençons la séance des questions-réponses. Les représentants de la presse ont la parole.

JOURNALISTE : Une question pour M. Nalbandian.
Monsieur le ministre, voulez-vous nous donner quelques informations supplémentaires sur les perspectives de coopération entre l’Arménie et l’Union européenne ? Et dans quelle mesure la Grèce pourrait-elle contribuer dans ce sens de la manière la plus efficace possible ?

E. NALBANDIAN : Nous avons tenu une discussion approfondie avec mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, sur les possibilités de notre coopération, compte tenu également du cadre du nouvel accord entre l’Arménie et l’Union européenne. Il s’agit d’un accord approfondi, d’un accord global, comme son nom l’indique. Il s’agit d’un document très important. Il s’appelle CEPA en anglais, c’est-à-dire Accord de partenariat global et renforcé.

Il existe donc des champs de coopération, conformément à cet accord qui comprend un volet économique et un volet politique et nous voulons développer une coopération étroite avec l’un des pays les plus amicaux au sein de l’Union européenne.

Autrement dit, nous voulons que cet accord soit ratifié dans les plus brefs délais de la part de la Grèce. Par la suite, nous examinerons chaque paragraphe de cet accord, en fonction de son application.

Cet accord a un contenu à plusieurs facettes et un champ d’application élargi. Merci.

MODERATEUR: Prochaine question s’il vous plait.

JOURNALISTE : Monsieur le ministre, votre relation avec la Turquie – et je me réfère à son Excellence M. Nalbandian – vos relations avec la Turquie ne sont pas très bonnes. Alors qu’avec l’Azerbaïdjan vous avez fait six rencontres, d’après ce que nous a dit le ministre grec des Affaires étrangères. Combien vos relations avec la Turquie, s’agissant du dialogue, ont-elles avancé ? Et est-ce que vous avez demandé à la Grèce une coopération dans ce domaine car il y a des voies de communication ouvertes entre la Grèce et la Turquie.

Et une question pour M. Kotzias, un bilan de la visite du Président Erdogan en Grèce.

Je vous remercie.

E. NALBANDIAN : Concernant nos rencontres avec nos voisins azéris, j’ai informé mon collègue des six dernières rencontres entre les ministères des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, tout au long de cette année. Nous avons eu aussi la réunion au sommet à Genève, en octobre. Et cette dernière a été positive. Malheureusement, toutefois, l’Azerbaïdjan, tout de suite après la fin de cette réunion s’est exprimé dans une rhétorique de guerre.

Lors de la dernière rencontre des ministres des Affaires étrangères à Vienne, la réunion a duré quatre heures, nous avons eu une discussion détaillée. Et de manière générale, je peux dire que le climat était positif. Et tout de suite après la discussion j’ai dit « attendons de voir les évolutions par la suite ». Car comme je l’ai dit tout à l’heure, la réunion au sommet à Genève s’est déroulée dans un esprit positif, mais tout de suite après les Azéris ont continué leur rhétorique de guerre, ils ont continué de proférer des accusations contre l’Arménie.

Nous verrons donc comment les choses évolueront. Ce qui est toutefois important et qui ressort de la discussion de Vienne est que nous sommes convenus de poursuivre ces rencontres. La prochaine aura lieu dans la deuxième quinzaine du mois de janvier.

S’agissant des relations avec la Turquie, des choses sont faites suite à l’initiative du président arménien. Pour la normalisation de nos relations, les négociations ont débuté et se sont achevées déjà avec la signature de deux protocoles à Zurich sur l’établissement des relations diplomatiques, l’ouverture des frontières et le développement de nos relations. Nous avons signé des accords mais, depuis, la Turquie refuse de ratifier et d’appliquer ces accords.

Par conséquent, les accords ne doivent pas être pris en otage en raison de cette situation étrange, à savoir lorsque l’une des parties, en l’occurrence la Turquie, n’est pas en mesure de les ratifier, de respecter la teneur des accords signés et de les appliquer.

Par conséquent, par une déclaration du Président arménien, nous considérerons ces accords nuls et non avenus au printemps de l’année prochaine, si la situation n’évolue pas du côté de la Turquie. Je vous remercie.

N. ΚΟΤΖIAS : Demain, le ministère des Affaires étrangères dressera le bilan devant le Parlement. Je me limiterais donc à ne dire que ce qui suit : la visite du Président Erdogan était une visite qui, selon l’opposition, a échoué avant même d’avoir commencé. Et d’après nous, cette visite a été un succès puisqu’elle a eu lieu.

C’est une question de timing. Eux ont évalué la visite avant son commencement. Alors que nous avons apprécié les faits réels. Deuxièmement, c’est une visite qui s’inscrivait dans l’agenda, contrairement à 2004 où M. Erdogan, pour ceux qui savent, avait prononcé 4 discours qui n’avaient pas été convenus à Thrace et a dépassé de 4 heures le temps qui avait été prévu au programme car il avait visité de son propre chef différentes régions et villages à population majoritairement musulmane.

La visite était un succès car le Président du pays et le Premier ministre ont parlé franchement et ouvertement. Les questions que nous connaissons tous ont été soulevées et je crois que l’autre partie a fait preuve de plus de réalisme à la fin des discussions.

J’estime que le président Erdogan a mieux compris les positions grecques et a dans une large mesure montré qu’il y tenu compte. La visite a également été un succès car nous avons réactivé les canaux de communication, ce qui était nécessaire, car ces canaux avaient été fermés après la tentative de coup d’Etat en Turquie.

Elle a également été un succès car nous avons préparé une série de rencontres. D’ailleurs des discussions ont lieu sur une éventuelle visite en Turquie de M. Mouzalas, ministre de l’Immigration.

Et nous avons eu la préparation, pour février, des réunions de gouvernement à gouvernement. Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous ne devons pas envisager nos relations avec nos voisins sous le coup de l’émotion, mais plutôt voir comment nous pourrons l’influencer et le pousser vers un agenda positif et dans la direction que nous souhaitons. Afin de créer à nouveau les meilleures conditions possibles pour résoudre les problèmes existants.

Les problèmes, lorsqu’ils existent, doivent être abordés et résolus. On ne doit pas, lorsqu’ils existent, les regarder, être triste et les dénoncer. Ce sont les journalistes qui peuvent le faire, pas les hommes politiques.

Je vous remercie.

MODERATEUR: Prochaine question s’il vous plaît.

JOURNALISTE : Bien que vous ayez répondu en partie à ma question, j’aimerais me référer davantage aux déclarations, ou plutôt au discours prononcé hier devant le Parlement turc par le Premier ministre turc, où il a soulevé la question de l’Egée, des îles, etc. Que pensez-vous de cette évolution à l’heure où un effort est déployé, comme vous l’avez également dit, pour ouvrir les voies de communication, réchauffer le climat, etc.

N. ΚΟΤΖIAS : Tout d’abord, j’aimerais dire que nous avons déclaré de différentes façons – et j’ai parlé avec la direction de la Turquie – que le droit international est là pour être appliqué et compris. D’un autre côté, certains feraient bien de faire attention à la façon dont ils évoquent certaines questions.

L’opposition kémaliste en Turquie critique depuis longtemps le gouvernement turc car il a laissé la Grèce, au cours de ces dernières années, s’emparer de 18 îles « turques ». Le premier ministre turc n’a pas soulevé la question de l’Egée. Il a répondu à l’opposition en disant que son gouvernement n’avait pas permis qu’une seule pierre, voire une seule île ne soit saisie.

Bien entendu, il y a une expression qui dit : « Beaucoup de bruit pour rien ». Ils discutaient de « la saisie des îles » – l’opposition posait des questions, le gouvernement répondait qu’il n’avait permis aucune saisie – qui n’ont jamais été saisies car elles appartiennent toujours – du moins au 20e siècle – à l’Etat grec sur la base des lois internationales.

Mais une clarification mérite d’être faite et je vous demande d’y prêter attention : lorsque l’opposition en Turquie a dit « ils vous ont saisi des îles », le premier ministre turc a répondu « ils n’ont saisi aucune île ».

Le problème n’est pas de savoir ce qu’a dit le Premier ministre de la Turquie, selon moi. Mais c’est ce point de vue, profondément erroné, que l’opposition turque a mis dans l’agenda du Parlement. Nous n’avons pas saisi des îles. La Grèce est une puissance très pacifique. Je sais que certains le contestent depuis des décennies et parlent de « zones grises », mais je vous le dis publiquement pour la première fois : si leurs critères sont appliqués, nous trouverons probablement des « zones grises » en Turquie.

JOURNALISTE : (Hors micro)

N. ΚΟΤΖIAS : Selon les critères que certains utilisent – pas le gouvernement de la Turquie – pour déterminer les « zones grises », j’affirme que certains îlots rocheux, qui appartiennent à la Turquie, se retrouveront dans cette catégorie. Je le dis publiquement pour la première fois.

JOURNALISTE : Une question pour le ministre arménien. Après le dernier rapprochement entre la Turquie et la Russie, avez-vous constaté un changement dans l’attitude de Moscou à votre égard s’agissant de la question du Haut-Karabagh.

Ε. NALBANDIAN : S’agissant de la question du Haut-Karabagh, il y a une position commune des trois pays co-présidents au groupe de Minsk. Une position s’exprimant en cinq points. Cette position n’a pas changé, elle est régulièrement réitérée et la dernière fois c’était à Vienne, il y a quelques jours, dans le cadre de l’Assemblée ministérielle de l’OSCE. Et il y avait les ministres des Affaires étrangères de la Russie, des Etats-Unis et le chef de la délégation française.

Autrement dit, le conflit devra être résolu sur la base de trois principes du droit international : non recours à la violence ou menace de recourir à la violence, intégrité territoriale, droits égaux et auto-détermination.

Les trois co-présidents ont exprimé, en même temps, la nécessité de l’importance d’appliquer un tel accord et notamment des accords auxquels ont abouti les conférences au sommet à Genève, Saint-Pétersbourg et Vienne. A savoir, respect de l’accord tripartite sur la trêve, la création d’un mécanisme d’élargissement des violations de la trêve au niveau de la ligne de contact et des frontières. Et par extension, élargissement de l’équipe de l’envoyé spécial du Chef de l’OSCE sur place.

Tels sont les accords auxquels nous avons abouti lors des trois dernières conférences au sommet. Mais aussi à plusieurs reprises auparavant. Et souvent l’Arménie a déclaré et réitéré son engagement en faveur du plein respect et de l’application de ces accords. Mais malheureusement, l’Azerbaïdjan essaie de faire des pas en arrière.

Et lors de la dernière rencontre des trois co-présidents à Vienne, avant à Hambourg, nous avons eu la preuve que la communauté internationale ne tolèrera pas le non respect et la non application des accords. Des accords auxquels nous avons aboutis au niveau des Présidents, avec le soutien des trois pays co-présidents qui ont reçu le mandat de médiation et de résolution pacifique de cette question.

Je vous remercie.

N. ΚΟΤΖIAS : J’aimerais remercier nos interprètes, sans qui nous ne pourrions, ici dans ce ministère, faire beaucoup de choses, du moins comme nous les faisons. Je vous remercie pour votre travail ainsi que tous les techniciens qui nous ont aidés et nous aident afin que cette conférence de presse soit rendue possible.

December 13, 2017