Déclarations conjointes de N. Kotzias, ministre des Affaires étrangères, et du ministre letton des Affaires étrangères, Edgars Rinkēvičs, à l’issue de leur rencontre (Athènes, 07.09.2018)

20180907_kotzias_latviaΝ. ΚΟΤΖΙΑS : Bonjour. Je voudrais de nouveau souhaiter la bienvenue à mon cher ami Edgars qui a accepté mon invitation de venir à Athènes. Je voudrais aussi remercier, comme toujours, les interprètes grâce à qui l’on peut exercer la diplomatie.

Ce que nous avons encore une fois constaté est que le Sud et le Nord de l’Europe ont des intérêts communs. Nous voulons et promouvons le développement de nos relations bilatérales dans tous les domaines possibles, tels que, entre autres, la sécurité, la culture et l’éducation.

Nous avons évoqué la visite du Président les 13 et 14 septembre à Riga. Mon homologue s’est entretenu avec notre Président, Prokopis Pavlopoulos avec qui il a eu une discussion très intéressante comme toujours.

Nous avons discuté des moyens permettant de développer davantage la discussion et la coopération entre les deux parties, car nous avons un grand nombre d’intérêts communs. Des intérêts communs en matière de sécurité ainsi qu’à l’égard de l’avenir et du budget de l’Union européenne.

Nous pensons que le Nord et le Sud de l’Europe veulent un environnement de sécurité qui sera propice à leur développement. Nous voulons aussi la sécurité dans la péninsule balkanique et en Méditerranée, mais nous voulons aussi la sécurité pour les pays baltes, des pays ayant des traditions et des liens importants avec le reste de l’Europe.

Nous avons évoqué la question migratoire. J’ai encore une fois remercié mon collègue de la solidarité dont son pays a fait preuve ainsi que du fait que ce dernier a honoré tous les engagements qu’il a assumés, ce qui est, malheureusement, une exception au sein de l’Europe.

Et nous avons aussi parlé, bien évidemment, de la situation dans le monde d’aujourd’hui, du rôle des grandes puissances, telles que les Etats-Unis et la Russie.

Et nous avons de nouveau exprimé notre sentiment, à savoir que nous ne voulons pas de conflits avec des tiers, ni à l’intérieur de l’Occident, car nous sommes des Etats dont la sécurité dépend et va de pair avec la paix, la compréhension mutuelle, la diplomatie, les valeurs communes et les visions communes.

Je n’en dirai pas plus pour que nous ne soyons pas en retard pour le déjeuner. Je voudrais de nouveau souhaiter la bienvenue à Edgars et le remercier de l’accueil qu’il nous a réservé à Riga. Je voudrais aussi le remercier pour le leadership dont il a fait preuve dans la direction des travaux au sein du Conseil des ministres au cours de la présidence lettone. Grâce à lui personnellement et grâce aussi à l’attitude de la Présidence, notamment lors des discussions difficiles à l’époque sur des questions telles que le dossier macédonien, nous avons pu parvenir à des solutions efficaces et constructives.

Je voudrais seulement faire une remarque puisque j’ai la parole. Je l’ai affirmé ce matin aussi, l’ARYM a été reconnue en tant que « Macédoine » par 145 Etats dont les Etats Unis. C’est pourquoi les Etats Unis appellent aujourd’hui encore l’ARYM « Macédoine ». Cette reconnaissance a eu lieu sous les gouvernements du PASOK et de la Nouvelle Démocratie. Par conséquent, ce n’est pas du tout responsable de leur part de nous accuser aujourd’hui du fait que ce pays soit encore appelé « Macédoine ».

Ce pays sera appelé par les acteurs internationaux et les pays alliés « Macédoine du Nord », dès que l’accord de Prespès sera ratifié par les deux parlements.
Et cela atteste du fait que l’accord de Prespès vient rétablir le nom correct et non le nom « Macédoine » tout court. Ce dernier a été le fruit de leur propre création, pas la nôtre. Cela est en quelque sorte, si vous me le permettez, une attitude hypocrite qui a fait de leur propagande une absurdité.

Merci.

M. RINKEVICS : Je vous remercie. Nikos je voudrais tout d’abord te remercier de votre aimable, comme toujours, hospitalité. Je dois vous dire que j’ai à plusieurs fois visité la Grèce mais chaque fois je constate que votre hospitalité est extrêmement chaleureuse.

Je voudrais aussi te remercier de la discussion exceptionnelle et constructive que j’ai eue ce matin avec toi mais aussi avec le Président. S’agissant des questions bilatérales, nous avons constaté, ce qui probablement étonnera certains d’entre vous, une convergence de vues à l’égard de plusieurs sujets, tels que la sécurité et l’avenir de l’Europe.

S’agissant des questions financières : il y a 5-6 ans, un journal grec écrivait que la Lettonie constituait un modèle budgétaire en Europe. Mais maintenant nous constatons que nous devons faire face à l’inégalité, à des questions liées au développement et à l’Europe. Le prochain budget européen sera l’un des instruments permettant de faire face à ces questions.

En outre nous voulons la poursuite de la cohésion politique afin que celle-ci soit également utilisée dans le domaine de l’éducation. Nous espérons pouvoir continuer dans ce sens et réaliser des progrès dans nos discussions que nous engagerons au sein de l’Europe.

Je voudrais aussi remercier la Grèce de son soutien lors des discussions au sein de l’OTAN. Dans le monde nous vivons dans des régions intéressantes. Notre voisinage est intéressant et par conséquent il existe une compréhension mutuelle lorsque nous discutons des questions liées à la sécurité. Vous participez à des missions dans la région de la Baltique. Et nous, nous participons à la FRONTEX en Grèce avec des gardes-frontières. Et je pense qu’à travers la coopération pratique, la compréhension est renforcée.

S’agissant des questions régionales : Nikos je voudrais te remercier de tes mots gentils à propos de notre présidence ainsi que des discussions tenues il y a trois ans dans le cadre du processus visant à l’atteinte d’une solution à la question du nom. Concernant la “Macédoine du Nord”, je l’appellerai ainsi, je voudrais exprimer mon admiration pour le courage et le leadership dont tu as fait preuve à ce jour à l’égard de cette question. Nous espérons que ce processus sera finalisé avec l’adhésion de la “Macédoine du Nord” à l’OTAN et à l’Union européenne, et que toutes les questions seront résolues et qu’il y aura encore un Etat membre. Et je pense que vous et le gouvernement avez fait un exploit exemplaire sur un continent où il y a de nombreuses questions en suspens. Et votre attitude à l’égard de cette question peut servir d’exemple à d’autres pays dans le cadre d’autres différends.

Je voudrais aussi dire que nous pensons que l’avenir de l’Europe, question qui fait l’objet des discussions et sur laquelle nous avons échangé des points de vue, doit intégrer aussi les pays de petite et moyenne taille. Nous sommes bien évidemment un petit pays et nous pourrions dire que la Grèce est un pays moyen mais, quoi qu’il en soit, il est nécessaire que les pays fassent preuve de détermination lors de la prise des décisions.

Et pour nous la sortie du Royaume-Uni de l’ UE, la question du Brexit, la question de l’approfondissement de la gouvernance de la zone euro et de son élargissement, la question migratoire et de l’élargissement sont des dossiers importants. Des questions sur lesquelles nous nous pencherons.

Mais je pense que des discussions plus élargies doivent être engagées. Les pays baltes sont trois, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie. Et il y a aussi d’autres Etats membres. La Grèce, la Croatie, la Bulgarie et la Roumanie. Et par conséquent, nous pourrons instaurer un dialogue plus élargi entre le Nord et le Sud.

Je te remercie de nouveau de ta généreuse hospitalité mais aussi de notre discussion extrêmement intéressante et constructive.

September 11, 2018